Maintenant que Hogwarts Legacy est enfin sorti depuis plusieurs semaines et que bon nombre de joueurs l’ont déjà terminé, il est enfin temps de revenir plus en détail sur le scénario du jeu. Car si le titre d’Avalanche Software mérite amplement son 18/20 (tout particulièrement pour les fans de la saga du sorcier à la cicatrice, mais pas que), son scénario peut parfois lui faire défaut. Un constat fort dommage quand on voit l'excellente qualité de ses quêtes annexes et de ses personnages secondaires, dont nous vous parlions déjà dans le test du jeu. Vous l’aurez compris, cet article aura pour but de revenir plus en profondeur sur la trame scénaristique de Hogwarts Legacy et sur ses personnages, en plus d’en proposer une réécriture partielle. Pour ce faire, je n’aurai donc d’autre choix que de spoiler allègrement un bon nombre d’éléments clés de l’histoire, dont sa toute fin. Si vous n’avez pas encore terminé l’aventure dans son intégralité (quêtes principales, annexes et de relations comprises), je vous conseille donc de passer votre chemin.

Quelques excellentes idées

Avec un titre pareil et le développement que je m’apprête à vous confier, vous pourriez croire que mon avis va à contre-courant de celui de notre test, et que j’ai passé un très mauvais moment devant Hogwarts Legacy. Alors avant de passer aux choses qui fâchent, j’aimerais rappeler qu’un jeu ne se limite évidemment pas qu’à son histoire (sinon on en ferait un livre), et que même si cette dernière me pose quelques problèmes, elle comporte également son lot de très bonnes choses, à commencer par ses personnages secondaires.

Les personnages secondaires de Hogwarts Legacy sont exceptionnels

Nous vous en parlions déjà dans notre test et je ne peux qu’appuyer ce que ma collègue a déjà abordé à cette occasion : Hogwarts Legacy brille en partie grâce à des personnages secondaires hauts en couleur et particulièrement bien écrits. Je pense évidemment et particulièrement au trio d’élèves qui nous accompagnera à de nombreuses occasions au cours du jeu : Sebastian, Natsai et Poppy. Si je regrette que leurs quêtes ne soient que secondaires et ne permettent pas de les faire se rencontrer (mais je reviendrai sur cet aspect plus tard), il faut bien avouer qu’accomplir leurs missions respectives m’a donné l’impression de vivre une aventure digne de celle du fameux trio Harry Potter / Ron Weasley / Hermione Granger.

Sans ce trio de personnages secondaires, le jeu serait bien moins passionnant

En effet, chacun de ces personnages dispose d’une personnalité aussi affirmée qu’attachante, ainsi que de quêtes personnelles à la portée scénaristique au moins aussi passionnante que le reste de l’aventure. De plus, en apprendre plus sur ce trio nous permet également de faire la connaissance d’autres personnages à l’écriture tout aussi soignée comme Ominis et Anne, qui viennent d’ailleurs complètement nuancer les valeurs de la maison Serpentard jusqu’alors bien trop associée aux antagonistes purs et durs. Mieux encore, les fans d’Harry Potter pourront même remarquer qu’Ominis n’est autre qu’un ancêtre de Voldemort lui-même, alors qu’il est celui qui militera le plus ardemment contre l’utilisation de la magie noire et des Sorts Impardonnables, un véritable vent de fraîcheur dans l’univers relativement manichéen de J.K. Rowling.

Hogwarts Legacy porte très bien son nom

Par ailleurs, la question de l’héritage du passé et de celui que l’on laisse aux générations futures est l’un des thèmes les plus centraux de Hogwarts Legacy. Logique vu le nom du jeu me direz-vous, et pourtant, il est loin d’être complètement évident. Si la trame principale traitera bien évidemment de ce sujet grâce au lien entre les Gardiens, Isidora et le personnage principal, il faudra vraiment se pencher sur les personnages secondaires pour en saisir toutes les subtilités.

Comme quoi il porte bien son nom ce jeu

En effet, le jeu nous propose quatre visions différentes sur l’héritage à travers les différents arcs de Hogwarts Legacy :

• Celui que l’on veut refuser (Ominis veut à tout prix s’éloigner de l’histoire de sa famille, Poppy s’est enfuie de la sienne)
• Celui que l’on a du mal à embrasser (Natsai est trop rongée par sa culpabilité vis à vis de son père et par la protection de sa mère pour pleinement assumer son statut d’animagus et sa nature de protectrice léguée par son père)
• Celui après lequel on court (Sebastian avec sa fascination pour Serpentard et sa relique, Victor Rookwood qui cherche à acquérir un pouvoir qui ne lui est pas destiné sous prétexte que son ancêtre était un Gardien)
• Celui qui nous tombe dessus sans y être préparé (le personnage principal du jeu qui hérite d’un pouvoir immense sans connaître son histoire ou savoir le contrôler)

A leur manière, chacun de ces personnages nous apportera donc une vision différente de l’héritage et de ce que l’on peut en faire, ce qui apporte un véritable sens au titre du jeu et lui donne une portée un peu plus profonde que ce que l’on pourrait penser à première vue.

Un discours dans l’air du temps

Enfin, malgré les problématiques liées à la transphobie de J.K. Rowling et les nombreux appels au boycott lancés par la communauté LGBTQIA+, il faut bien avouer que le jeu fait quelques efforts dans son discours global, finalement relativement progressiste. Je ne reviendrai pas sur la présence de Sirona Ryan, premier personnage transgenre du Wizarding World dans le jeu (qui a le mérite d’exister, mais dont j’aurais aimé une présence plus centrale et un nom un peu mieux travaillé), mais il est bon de noter que mes craintes quant au traitement de la révolution des gobelins ont été plus ou moins écartées une fois la manette en main. Pour rappel, cette révolution fait suite à plusieurs autres ayant été initiées par les gobelins du monde d’Harry Potter afin de revendiquer un traitement égalitaire entre les sorciers et les gobelins, jusqu’alors considérés comme une race inférieure ne méritant même pas le droit d’utiliser une baguette. Fort heureusement, la majeure partie des personnages de Hogwarts Legacy montrent une certaine sympathie pour la cause de ces derniers et il n’est pas vraiment question de réprimer la révolution dans le jeu d’Avalanche Software.

Le sous-texte du jeu reste relativement progressiste

De plus, le titre propose un discours relativement engagé en faveur de la cause animale en proposant au joueur de sauver les animaux fantastiques des Highlands entourant Poudlard contre les braconniers qui s’y trouvent. Ce sera d’ailleurs le cœur des motivations de Poppy, dont la quête ira jusqu’à sauver quelques dragons et retrouver des œufs d’une créature que l’on croyait éteinte.

Mais une exécution parfois décevante

Cependant, malgré une volonté évidente de bien faire, c’est justement en se penchant sur ces tentatives de discours progressistes que l’on commence à toucher aux points négatifs du scénario et sur son exécution parfois décevante. Qu'on se le dise, le jeu n'est jamais vraiment à l'opposé de ce qu'il essaie de raconter, et il aurait pu se planter de façon bien plus spectaculaire. Mais quand on creuse un peu au-delà de la surface, le scénario se révèle tout de même très bancal sur certains points et fait même un peu tâche par rapport au reste du jeu, voire devient décevant sur certains aspects.

Are we the baddies…?

Car oui, croyez-le ou non, il ne suffit pas de dire que l’on sauve des animaux et que l’on est plutôt d’accord avec les gobelins pour faire du scénario une histoire bienveillante et progressiste. Commençons par analyser le traitement des animaux dans Hogwarts Legacy. Pendant l’intégralité du jeu, que ce soit au cours des quêtes de Poppy ou de celles de Cheek (l’elfe de maison qui nous aide à entretenir notre Salle sur Demande), on ne cesse de nous mettre en garde contre les méchants braconniers. En effet, ces derniers capturent les mignons petits animaux des environs uniquement pour les exploiter et revendre leurs plumes, griffes et autres éléments, quand il ne s’agit pas de les revendre tout entier ou de les faire se battre dans des arènes.

Alors, pour éviter que ces fameux animaux tout mignons ne finissent dans les cages des braconniers, le joueur sera amené à… aller en capturer directement dans leurs nids pour les ramener dans la Salle sur Demande, où l’on pourra exploiter leurs plumes, griffes et autres éléments avant de les revendre à Pré-au-Lard. Alors oui, je sais, on les caresse et on leur donne à manger et surtout on ne les fait pas se battre dans des arènes façon Pokémon. Et oui, je suis le premier à avoir passé bien plus de temps que je ne l’aurais cru à leur faire des papouilles dans la Salle sur Demande, et il est tout à fait possible de leur construire un véritable paradis sur Terre. Mais dans les faits, le joueur devra faire littéralement la même chose que les braconniers, avec juste un peu plus de tendresse. Un peu moyen comme message, alors qu’on aurait pu penser à quelques alternatives bien moins problématiques (que j’explorerai un peu plus tard).

Dis au revoir à ta famille et à ton nid, tu rejoins ma collection personnelle !

Concernant la révolution des gobelins, certes la majeure partie des personnages qui en parlent expriment une certaine sympathie pour leur cause, mais encore une fois le jeu ne traduit pas vraiment cette prise de position dans son exécution. En effet, l’antagoniste principal reste Rannrok, un leader révolutionnaire dont les actions un peu trop extrémistes nous poussent à devoir l’arrêter. Comme très souvent quand on veut rendre un méchant un peu moins manichéen que l’archétype du mal type Voldemort ou Sauron, plutôt que d’adresser le problème légitime de ce dernier, on préfère le rendre beaucoup trop extrême pour simplifier le récit et invisibiliser totalement le combat qu’il mène. Tant pis si Rannrok se bat pour que les gobelins soient considérés comme les égaux des sorciers, il tue des gens dont son propre frère, il s’allie avec les pires des raclures, il doit donc être éliminé, et sa cause restera au point mort à la fin du scénario. Un bon exemple de ce que le vidéaste Bolchegeek appelle le Syndrome Magneto dans sa vidéo éponyme, que nous vous invitons à regarder pour plus d’informations à ce sujet.

Toujours au sujet des gobelins, j’ai également relevé une conversation particulièrement crasse entre le joueur et Sebastian à la fin du jeu. Pour remettre les choses en contexte, Anne, la sœur de Sebastian, a reçu un terrible et incurable mauvais sort de la part d’un gobelin il y a plusieurs années. Depuis, le jeune Serpentard voue une haine particulière à l’entièreté des gobelins, et ira jusqu’à remettre en question son amitié avec le personnage principal quand ce dernier lui avouera s’allier avec Lodgok le gobelin. Seulement voilà, à la toute fin du jeu, on apprend que Anne n’a pas été maudite par un gobelin mais par Victor Rookwood, un sorcier. Et ce seul twist suffit à "excuser" le racisme complètement assumé de Sebastian, qui demande pardon auprès du personnage principal en disant qu’il n’aurait pas dû lui en vouloir de s’allier avec Lodgok, puisque ce n’est pas un gobelin qui a maudit sa sœur. Mais Sebastian, est-ce que ça veut dire que si le twist n’avait pas eu lieu, ton racisme serait justifié ? Que tu aurais eu raison de mettre tous les gobelins dans le même sac sous prétexte que l’un d’entre eux a fait du mal à ta sœur ? Et du coup, maintenant que tu sais que le criminel était un sorcier, est-ce que tu détestes tous les sorciers ?

Alors oui, là encore je ne pense pas que les scénaristes voulaient justifier le racisme de Sebastian (qui en dehors de cette conversation est d’ailleurs l’un des personnages les mieux écrits du jeu), mais cette conversation atteint tout de même des niveaux stratosphériques de maladresse, que j’ai eu un peu de mal à avaler en l’ajoutant au reste.

Quatre épreuves, c'est pas un peu trop ?

Pour sortir de l’aspect moral et progressiste et se recentrer sur la qualité du scénario elle-même, revenons sur un problème que l’on retrouve malheureusement trop souvent dans les jeux vidéo : l’urgence de la quête principale est complètement amoindrie par le rythme de cette dernière (et des nombreuses activités annexes offertes par le monde ouvert, mais c’est un autre sujet). En effet, alors que l’on sait que Rannrok et Victor Rookwood passent tout leur temps à trouver le dépôt de magie ancienne pour pouvoir s’accaparer son pouvoir et s’en servir pour semer le chaos, les quatre Gardiens s’entêtent à nous faire passer QUATRE épreuves pour nous révéler une histoire en QUATRE parties différentes.

J'espère que vous aimez leurs têtes, parce que vous allez les voir souvent

Alors heureusement, le jeu a au moins réussi à se diversifier en proposant notamment une troisième et une quatrième épreuve particulièrement réussies et marquantes, mais en termes de scénario, j’aurais préféré passer moins de temps à chercher les bribes de souvenirs d’Isidora et des Gardiens. Qu’on se le dise, je comprends bien les raisons derrière la méthode des Gardiens, et je suis totalement d’accord avec leur souhait de vouloir nous tester, et nous faire connaître toute l’histoire d’Isidora. Mais je reste persuadé que tout aurait pu être réglé en une ou deux épreuves maximum, et que l’on aurait pu combler le reste avec d’autres péripéties qui ne seraient pas venues complètement ralentir le rythme de l’histoire.

Mais pire encore que le fait que l’histoire principale soit trop artificiellement fragmentée, je retiens de Hogwarts Legacy que ses quêtes annexes, elles, sont bien mieux construites et auraient largement pu être intégrées au scénario principal du jeu. J’en parlais plus haut au moment d’aborder les personnages secondaires, mais les quêtes de Sebastian, Poppy et Natsai sont au final au moins aussi intéressantes que la quête principale, voire davantage encore. C’est simple, j’ai tout simplement largement préféré toute l’histoire entourant Sebastian, Ominis et Anne à celle entourant les Gardiens et Isidora.

Avouez que ce moment dégageait plus de classe et de tension que toute l'histoire principale, non ?

Et si l’on réfléchit un peu, on peut aisément se rendre compte d’à quel point cette histoire secondaire est liée à l’histoire principale, sans pour autant que le jeu ne les mêle à aucun moment. En effet, alors que Sebastian nous accompagne lors de la découverte de la pensine d’Isidora, il remarque lui-même que le pouvoir de la magie ancienne pourrait tout à fait convenir pour sauver sa soeur jumelle, mais le jeu ne refait jamais mention de cette possibilité et Sebastian retourne aveuglément dans sa quête destructrice pour retrouver l’artéfact de Serpentard. De même, la quête de Natsai est directement liée à l’aventure principale puisqu’elle cherche à se battre contre le bras droit de Victor Rookwood, mais réaliser cet arc ou non n’a finalement aucun impact sur la trame principale. Si je suis évidemment content que le jeu propose un contenu annexe aussi passionnant, le traitement de ce dernier m’apporte finalement encore plus de frustration sachant que la quête principale, elle, n’est pas toujours aussi intéressante…

Des choix un peu trop légers

Aaah, si j’avais eu un euro supplémentaire à chaque fois que j’avais écrit quelque chose de l’ordre de “Sachez que votre choix n’aura aucune importance sur la suite du scénario et ne vous condamnera pas à une mauvaise fin” lors de la rédaction de notre soluce complète de Hogwarts Legacy… Qu’on se le dise, je ne suis pas vraiment de ceux qui aiment pouvoir changer tout le scénario sous prétexte que je joue à un jeu vidéo. J’aime pouvoir le faire quand le titre est pensé pour (comme dans un jeu purement narratif comme Life is Strange par exemple), mais j’aime tout autant que l’on me raconte une histoire sans que je ne puisse y changer quoi que ce soit (comme dans un Uncharted ou un God of War). Cependant, Hogwarts Legacy ne cesse de nous faire miroiter cette possibilité, sans jamais vraiment nous l’offrir pleinement. Même le choix final ne change que quelques détails sans aucun réel impact sur la fin du jeu, et le fait d’apprendre et de se servir des Sorts Impardonnables devant d’autres professeurs n’a absolument aucune conséquence.

Dénoncer Sebastian ? Garder la magie ancienne pour soi ? Quasiment aucune différence...

Quitte à nous priver de ce genre de choix et de leurs conséquences, j’aurais préféré que le jeu ne nous laisse quasiment rien choisir en dehors peut-être de quelques répliques pour garder un aspect role play et donner vie à notre personnage. J’aurais d’ailleurs presque préféré devoir renoncer totalement à créer mon propre personnage et devoir à la place choisir entre quatre prédéfinis (un pour chaque maison), qui auraient chacun eu leur propre personnalité et potentiellement une fin différente. Mais on s’éloigne du sujet pour se rapprocher davantage d’un changement global du jeu, je préfère donc m’arrêter là pour cette partie et passer à mes propositions de réécriture du scénario du jeu.

Réécrire le scénario de Hogwarts Legacy

Maintenant que j’ai mis à plat tout ce que j’ai apprécié et tout ce que je n’ai pas aimé dans le scénario de Hogwarts Legacy, il est temps de synthétiser le tout en proposant une réécriture partielle de ce dernier. Encore une fois, notez que cette réécriture est totalement personnelle et qu’il y a de fortes chances que vous préfériez le scénario d’origine ou que vous ayez pensé à d’autres choses que vous pourriez estimer plus pertinentes.

Comment dynamiser la quête principale ?

Si je devais réécrire le scénario du jeu, je commencerais par supprimer purement et simplement toute mention des gobelins, et donc de Rannrok. Certes, le jeu se déroule pendant leur révolution dans le lore, mais on peut tout à fait imaginer que cette dernière n’impacte pas le cocon qu’est l’école de Poudlard, et sincèrement, ils n’apportent que des problèmes à la trame principale. On pourrait alors tout à fait imaginer garder Victor Rookwood en antagoniste principal, qui voudrait récupérer la magie ancienne pour les mêmes motivations que ce qui est déjà utilisé dans le jeu : la soif de pouvoir et la réclamation d’un héritage qui lui revient de droit de par sa lignée. Certes, ce serait plus manichéen, mais au moins on éviterait le Syndrome Magneto, le discours raciste de Sebastian, et les accusations d’antisémitisme qui entourent l’univers de J.K. Rowling.

Bye bye Rannrok et les gobelins, c'est pour votre bien, promis

Puisque Rookwood menacerait la sécurité des environs de Poudlard avec ses fidèles, et que notre personnage principal serait de toute façon toujours lié à cette fameuse magie ancienne, le but du jeu serait alors de s’en emparer avant lui, exactement comme c’est déjà le cas dans Hogwarts Legacy. Pour ce faire, on pourrait donc garder le fait de devoir retrouver les Gardiens, mais rendre cette quête beaucoup plus longue afin que ces derniers nous mettent à l’épreuve une seule et unique fois avant de nous raconter toute l’histoire une fois leur confiance acquise. En d’autres termes, plutôt que de retrouver chaque gardien au fur et à mesure depuis le début du jeu, on pourrait à la place trouver des indices qui nous mèneraient dans leur direction, et les trouver tous les quatre en même temps vers les deux-tiers du jeu. En attendant d’y arriver, ce serait alors l’occasion d’intégrer les arcs de Sebastian, Poppy et Natsai à la quête principale et ce de façon totalement parallèle, un peu à la façon d’un Cyberpunk 2077.

Comment placer Sebastian, Anne et Ominis au centre de l’histoire ?

Très honnêtement, je ne changerais pas grand-chose à l’histoire de ce trio tant elle était déjà suffisamment intéressante dans le jeu. Comme dit précédemment, je ferais juste en sorte de la rendre obligatoire pour l’avancée du jeu, jusqu’à arriver au moment fatidique où Sebastian tue son oncle après que ce dernier ait détruit la relique. Dans ma version du scénario, ce moment signerait alors la fin de l’arc de Sebastian, et ce dernier rejoindrait l’arc principal au moment où l’on apprendrait qu’Isidora se servait de la magie ancienne pour retirer la douleur du corps des autres. Sebastian ferait alors le lien avec sa sœur, et, ignorant une fois de plus l’avis d’Ominis et d’Anne, il supplierait le joueur de retrouver le dépôt de magie ancienne pour pouvoir utiliser ce pouvoir sur sa jumelle.

Comment faire honneur à la cause animale grâce à Poppy ?

De façon globale, la quête de Poppy serait certainement la plus secondaire des trois, mais constituerait l’intégralité de l’aspect “sauvetage de créatures fantastiques” du jeu. Plutôt que de débloquer cette possibilité via Cheek l’elfe de maison, il serait question d’attaquer des camps de braconniers et de libérer des animaux potentiellement maltraités par ces derniers. Ainsi, au lieu de les capturer directement depuis leurs nids, le joueur pourrait alors trouver l’ensemble des créatures magiques en attaquant les-dits camps, et récupérer les blessées pour les soigner dans la Salle sur Demande. Une fois les créatures remises sur pattes, elles laisseraient quelques ressources et vous n’aurez plus qu’à les relâcher dans la nature, tel le vrai ami des bêtes que vous êtes censés être.

Il aurait été bête de ne pas se servir de ce superbe dragon

En plus de cet aspect là, je conserverais bien évidemment les parties de la quête où l’on part sauver un dragon et lui restituer son œuf, ainsi que celle où l’on retrouve les œufs de Vivets. Afin de lier le tout à la quête principale, on pourrait tout à fait imaginer que le dragon que l’on a sauvé vienne nous aider lors de la quête finale de l’assaut contre Rookwood, ou même que les braconniers soient de mèche avec Rookwood et qu’ils aient quelques informations au sujet des Gardiens.

Comment rendre Natsai plus importante ?

Alors que la quête de Natty était certainement la moins intéressante des trois dans la version originale du jeu, je pense qu’elle aurait très clairement pu être directement liée à la quête principale étant donné sa nature. En effet, le but de l’aventure de Natsai est de traquer le bras droit de Rookwood, qui serait dans ma version l’antagoniste principal. On pourrait donc tout à fait imaginer que cet arc soit précisément celui qui nous permettrait d’en apprendre plus sur Victor Rookwood mais également sur son ancêtre Charles, et de fil en aiguille sur tous les Gardiens, jusqu’à trouver la salle de la carte où ces derniers nous mettraient à l’épreuve et nous montreraient les souvenirs d’Isidora. Si je ne changerais donc pas vraiment l’issue de la quête et le combat final contre Harlow dans la cour du manoir, cette dernière serait surtout celle qui ferait avancer le scénario principal pour retrouver le dépôt de magie ancienne.

Comment rendre la fin plus marquante ?

Enfin, puisque Sebastian, Poppy et Natsai seraient finalement tous les trois liés à la lutte contre Rookwood et à la quête pour trouver la magie ancienne, la dernière quête du jeu pourrait se faire en compagnie des trois personnages secondaires pour former un vrai quatuor marquant rappelant le trio des livres d’origine (bien plus en tout cas que le duo avec le professeur Fig, qui ne sert pas à grand chose dans l’aventure…). Concernant le déroulé de cette ultime quête, je garderais plus ou moins le même que celui du scénario original à la différence que Fig ferait partie du cortège protecteur des professeurs, et qu’ils seraient donc également assistés par le dragon que l’on aurait sauvé lors de l’arc de Poppy. Les vrais changements arriveraient plutôt à la fin, au moment du choix final.

Comme Rannrok a finalement réussi à nous rattraper dans le jeu d’origine, Rookwood nous retrouverait devant le dépôt de magie ancienne, prêt à s’en emparer. S’ensuivrait alors un premier boss final dans la même veine que celui du jeu d’origine (avec potentiellement l’aide de votre trio d’amis), à l’issue duquel Ominis réussirait à vous rejoindre juste avant que le même choix final n’apparaisse : absorber le dépôt de magie ancienne ou le contenir dans cette salle. A la différence du jeu d’origine où ce choix n’a finalement aucune importance, vous devrez ici choisir entre prendre le potentiellement dangereux pouvoir de sauver Anne, ou la condamner à son triste sort sous les yeux de Sebastian. Selon votre choix, deux branches scénaristiques se formeraient :

• Si vous choisissez d’absorber le dépôt de magie ancienne, Ominis décidera de s’interposer et un ultime combat final se déclenchera pendant lequel vous devrez vous battre contre Ominis en compagnie de Sebastian.
• Si vous choisissez de contenir le dépôt dans la salle, Sebastian vous affrontera pour le récupérer lui-même afin de s’en servir pour sauver sa sœur. Vous devrez alors le battre en compagnie d’Ominis.

Alors, Sebastian ou Ominis ?

Quel que soit votre choix, une fois que vous aurez battu le vrai boss final, ce dernier tentera de vous arrêter de façon radicale avec un lancer d’Avada Kadavra. Votre allié lancera alors Repulso plus rapidement pour vous sauver, projetant son ancien meilleur ami dans le vide par la même occasion et le tuant par accident. De quoi provoquer une perte bien plus impactante que celle de Fig, à la fois pour le joueur et pour les personnages.

Une fois cette quête terminée, afin de boucler la boucle initiée par les souvenirs d’Isidora, on pourrait également imaginer une conversation avec Anne pour terminer le jeu. Si vous avez choisi de soutenir Ominis, cette dernière serait rassurée que cette histoire soit terminée sans que vous ne soyez tombé dans la spirale infernale de la magie noire ou de la magie ancienne, mais bien évidemment anéantie d’avoir perdu à la fois son oncle et son frère. Ominis lui servirait de soutien émotionnel, en plus du trio de personnages principaux. Si vous avez choisi de soutenir Sebastian, Anne refuserait de se faire soigner, trop apeurée des choix que Sebastian a fait pour en arriver jusque là. Vous pourrez alors choisir de respecter son choix, ou de vous servir quand même de la magie ancienne, comme l’a fait Isidora des centaines d’années plus tôt.

Tirerez-vous des enseignements de l'histoire d'Isidora ?

Bon, je vous l’accorde, cette fin modifiée serait un tantinet plus sombre que celle d’origine et ne laisserait que peu de place à une conclusion joyeuse pour Hogwarts Legacy. Que voulez-vous, c’est mon côté greek-mythology nerd, j’aime les fins dramatiques. Si vous préférez un type de choix plus classique “bonne fin / mauvaise fin”, vous pouvez tout à fait imaginer que choisir de soutenir Ominis laissera Sebastian en vie, et qu’il se rendra compte qu’il est allé trop loin, un peu comme dans la conclusion du jeu d’origine (qui est une conclusion satisfaisante pour Sebastian d’ailleurs, rien à redire là-dessus).

Concernant la véritable fin du jeu (celle qui amène au générique de fin), puisque vous aurez dans tous les cas éliminé la menace que représentait Rookwood, et qu’il y aurait tout de même un décès sur les bancs de Poudlard, on peut s’imaginer quelque chose dans le même genre que ce que le jeu nous a déjà proposé, bien que j’aurais aimé une cérémonie de coupe des quatre maisons un peu moins calquée sur celles des livres et films Harry Potter où Dumbledore/Weasley se fait une joie de rajouter 100 points au personnage principal pour le faire gagner au dernier moment.

Le scénario de Hogwarts Legacy : désastre ou simple maladresse ?

Vous l’aurez compris, mon problème majeur avec le scénario de Hogwarts Legacy réside dans sa quête principale, trop fragmentée et trop séparée des quêtes annexes qui, elles, sont bien plus intéressantes. Il est en effet assez frustrant de voir à quel point les personnages de Sebastian, Poppy, Natsai, mais également ceux d’Ominis et d’Anne peuvent être aussi intéressants et plaisants à voir évoluer, sans jamais qu’ils ne puissent prendre la place qu’ils méritent au sein de l’histoire du jeu. A la place, le joueur est obligé de se farcir quatre épreuves différentes pour apprendre une histoire qui aurait pu être dévoilée en une seule partie, le tout en espérant que son adversaire principal n’en profite pas pour le dépasser entre temps.

De plus, le fait de faire d’un gobelin révolutionnaire extrémiste l’antagoniste principal semble trop risqué en terme de morale quand on sait que ces derniers se battent simplement pour leurs droits, et mettre cette motivation sous le tapis en se focalisant sur l’extrémisme de Rannrok en fait un personnage creux et aussi manichéen qu’un méchant lambda, qui apporte finalement plus de défauts que de qualités. Si je note bien évidemment les bonnes intentions des scénaristes derrière leur histoire finalement dans l’air du temps, je retiens tout de même les nombreuses maladresses qu’ils ont laissé passer et qui auraient pu être évitées. Le tout a donc laissé un arrière-goût un peu amer à mon expérience, bien que le jeu en lui-même reste tout à fait excellent sur bien d’autres points, et qu’il mérite amplement son succès critique et commercial.