Ces derniers temps, Microsoft ne lésine pas sur ses efforts pour expliquer aux analystes pourquoi le rachat d’Activision Blizzard serait bénéfique pour les joueurs. Malgré tout, une partie des observateurs de l’industrie peine à être convaincue. Pire, elle pense que les jours de Xbox sont comptés. Alors, “Xbox va mourir” ? Phil Spencer prend la parole.
Sommaire
- Le président de Microsoft mouille la chemise
- De lourdes conséquences en cas d’échec du rachat d’Activision Blizzard ?
- Phil Spencer l’assure, Activision n’est pas vital pour la Xbox
Le président de Microsoft mouille la chemise
La semaine médiatique de Microsoft a été compliquée. Pourtant, tout semblait commencer sous les meilleurs auspices. Le mardi 21 février 2023, Xbox organisait à Bruxelles une conférence de presse centrée sur le projet d’acquisition d’Activision par Microsoft. L'événement faisait suite à une audience privée sur le dossier d'examen du rachat menée par la Commission européenne. Lors de cette journée, le président de la firme de Redmond, Brad Smith, a brandi deux contrats signés par des mastodontes de l’industrie : Nintendo et Nvidia, assurant d’un côté la venue de la série Call of Duty sur les consoles Nintendo pendant 10 ans (si le rachat se fait) et, de l’autre, la venue immédiate des jeux Xbox PC sur GeForce Now. L’opération visait à rassurer les régulateurs craignant une hypothétique exclusivité de la célèbre franchise tout en transformant un ancien opposant en nouveau partenaire.
De lourdes conséquences en cas d’échec du rachat d’Activision Blizzard ?
Malgré les efforts du géant américain pour convaincre la presse, les retombées de l’événement n’ont pas été aussi positives qu’attendues. Il y a quelques jours, le site spécialisé sur les actualités business du jeu vidéo, GamesIndustry, tirait à boulet rouge sur la firme de Redmond par l’intermédiaire d’un billet d’opinion rédigé par le rédacteur en chef du site, Christopher Ding. Un papier revu et corrigé depuis, à cause d’erreurs factuelles y figurant. L’auteur a reconnu par la suite sur Twitter “ne pas avoir fait un bon boulot” et a livré une nouvelle version de son article. Le lendemain, le site a publié un autre billet, rédigé cette fois-ci par Rob Fahey. Les deux opinions allaient dans la même direction : celle d’un point presse “faisant du bruit mais qui ne veut rien dire”, avec des “concessions qui ne répondent pas aux principales préoccupations”. En outre, la manière de communiquer d’Activision est comparée à une “rhétorique (...) qui a valu à Trump beaucoup de soutien aux États-Unis”.
Le 27 février dernier, c’est le rédacteur en chef de VGC qui a exprimé son opinion sur Twitter (avant de limiter son compte). D’après lui, “indépendamment des mots de Spencer, (...) beaucoup d'experts de l'industrie pensent que la vente de la branche Xbox par Microsoft est une véritable possibilité si le rachat est bloqué”. Il ajoute “Je ne m'attends pas à ce que cela se produise, mais je peux affirmer avec autorité que certaines personnes importantes y pensent”. Le 18 février 2023, Metro.co.uk publie l’avis d’un lecteur, Taylor Moon, estimant que la firme de Redmond devrait vendre son segment Xbox à Sony en cas d’échec de la fusion.
Phil Spencer l’assure, Activision n’est pas vital pour la Xbox
De son côté, IGN a approché des experts afin de déterminer quelle pourrait être l’issue de l’acquisition. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les spécialistes n’arrivent pas à se mettre d’accord. Jez Corden de Windows Central a lui aussi exprimé quelques craintes sur Twitter. “Je ne crois pas que sous Phil et Satya, le segment Xbox sera fermé chez Microsoft. Mais étant donné comment Microsoft a tué des produits majeurs dans le passé, il n'est pas ridicule de se poser la question”.
I don't believe that under Phil / Satya Xbox will be shut at Microsoft.
— Jez (@JezCorden) February 27, 2023
But given how MS has killed off major products in the past, its not ridiculous to ask.
Windows Phone was actively being used by millions when they killed it. Corp didn't care about that community *at all.*
Dans ce climat pointant du doigt certaines errances du dossier Xbox dans le rachat d’Activision, où certains analystes vont jusqu’à évoquer la vente du segment gaming de Microsoft, Phil Spencer a pris la parole chez Times afin de rassurer les fans. “C’est une acquisition importante pour Microsoft, mais ce n’est pas un pivot pour l’avenir. Xbox existera même si l’accord ne se fait pas” explique-t-il. Rien de nouveau sous le soleil puisque Satya Nadella, le PDG de l’entreprise derrière Windows, avait déjà annoncé il y a trois mois que réussite ou échec de la fusion, "Microsoft est le domaine du jeu depuis des décennies et le restera à l’avenir". Ces propos rassurants ont été interprétés par certains comme étant une tentative de préparer les esprits à l’abandon du rachat, tandis que d’autres observateurs pensent que Spencer aurait dû déclarer le contraire afin de mettre une pression supplémentaire aux régulateurs. Pour rappel, le gaming chez Microsoft représente 9 % du chiffre d’affaires global de la firme de Redmond. Depuis 5 ans, tous les signes vont plutôt dans le sens d’un engagement majeur du géant américain dans le jeu vidéo (rachat de studios et d’éditeurs), plutôt que vers un retrait.
D'après Ampere Analysis, la part de marché de Xbox serait désormais égale à celle de Nintendo dans le monde (en prenant en compte les ventes de jeux, consoles, services). La firme de Redmond serait également le seule à connaître une progression en 2022.