Si vous suivez l’actualité musicale – ou les médias en général – vous n’êtes pas sans savoir que la 65ème cérémonie des Grammy Awards a largement consacré Beyonce. Mais pour cette édition, et pour la toute première fois, les organisateurs ont décidé de faire une place à la musique du jeu vidéo. Plusieurs titres étaient en compétition et c’est finalement la compositrice américaine Stephanie Economou qui a remporté la récompense. On vous en dit plus.
Dimanche soir, l’Académie des Grammy Awards a consacré la compositrice d’Assassin's Creed Valhalla pour son travail sur les DLC du dernier épisode de la série d’Ubisoft. Aux côtés de Beyonce, Harry Style ou encore Adele, elle est repartie avec le célèbre gramophone et devient ainsi la toute première gagnante de la catégorie aux Grammy Awards. Pour Stephanie Economou, cette récompense est une surprise :
Je n’avais pas de grands espoirs dans cette catégorie car je suis très novice dans le domaine de la musique de jeux vidéo et je me retrouve face à des géants et des vétérans.
Celle qui estime que ce nouveau prix représente « une étape importante pour que les gens reconnaissent enfin que les jeux vidéo sont dans l’air du temps » était surtout connue pour son travail sur des films et séries. C’est donc un véritable accomplissement pour elle, surtout qu’elle faisait face à des pointures comme Christopher Tin, Richard Jacques ou encore Bear McCreary.
Watch composer @StephEconomou win a GRAMMY for their work on "Assassin's Creed Valhalla: Dawn Of Ragnarök." 🎶
— Recording Academy / GRAMMYs (@RecordingAcad) February 6, 2023
👏 "Thank you for acknowledging and validating the power of video game music," Economou said. #GRAMMYs https://t.co/7MI2Rxgwcd
Le son des vikings aux Grammy Awards
Stephanie Economou a été contactée par Ubisoft pour réaliser la bande-son de l‘extension Le siège de Paris (avant d’enchainer par L'Aube du Ragnarök) d’Assassin’s Creed Valhalla. Dans une longue interview accordée au site de l’éditeur français, elle explique :
Ubisoft m’a proposé de composer une démo de 5 à 6 minutes sur la seule base du synopsis du jeu. C’est l’un des défis de la musique de jeu vidéo : tu dois être créative et dotée d’une grande imagination, car même après avoir décroché un job, tu risques de devoir composer pendant un bon bout de temps sans avoir autre chose que des notes d’intention et des dessins préparatoires sous la main.
En s’inspirant des travaux de Sarah Schachner, Jesper Kyd et Einar Selvik, la compositrice parvient peu à peu à s’imprégner de l’ambiance de la saga. Pour respecter l’ambiance de Valhalla, elle décide se plonger dans de longues recherches, à l’image de ce qu’elle aurait fait pour un film ou une série. Passionnée par les spécificités culturelles et régionales des courants musicaux ainsi que leur évolution à travers l’histoire, elle imagine alors des thèmes forts.
Avec des tambours en peaux de bêtes, n’importe quelle caisse en bois à laquelle on aurait attaché des cordes que l’on frappe, pince, frotte… ouvre un tas de possibilités.
Elle se retrouve alors confrontée aux codes du jeu vidéo et au piège de la « boucle ». C’est le plus grand challenge auquel j’ai dû faire face en débarquant au milieu du film et de la télé, où les musiques sont linéaires. J’ai dû profondément changer mon processus de création. La majorité de mes compositions pour Assassin’s Creed fonctionnent ainsi par couches. Il va par exemple y avoir une couche de base adaptée à une phase d’exploration, par-dessus laquelle je vais venir ajouter une couche avec plus de tension dans le cas de la survenue d’un combat.
Grâce à une musique modulable, elle parvient à donner vie à l’ambiance musicale des extensions d’Assassin’s Creed Valhalla. Son travail, remarquable, vient d’être justement récompensé par un Grammy Award, mais voir son nom à ce niveau n’est pas une si grande surprise, elle qui fut la collaboratrice d’un certain Harry Gregson-Williams, bien connu des amateurs de jeux vidéo pour sa musique de Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty.