La première fois que Jeff Bezos, le milliardaire fondateur d’Amazon, a commencé à évoquer la livraison des commandes par drones, c’était il y a près de 10 ans maintenant. Le boss de fin de la vente en ligne promettait alors « des livraisons en moins de 30 minutes » avec un service baptisé Amazon Prime Air. Une vision fantasmée de la livraison rapide dans laquelle l’humain n’avait plus sa place, qui faisait rêver, à l’époque, ceux pour qui attendre d’être livré le soir même semblait déjà trop long.

10 ans plus tard, Amazon s’est enfin lancé dans la livraison par drone. Mais alors que l’on pouvait croire qu’une décennie d’innovation autour du sujet aurait été profitable au projet, la réalité est tout autre, et le cybermarchand tombe de haut !

Les drones d’Amazon n’intéressent personne…

En décembre 2022, Amazon a lancé un projet-pilote dans deux villes américaines : Lockeford en Californie, dans laquelle vivent 3500 habitants, et College Station au Texas, plus grande avec ses 120 000 habitants. Dans ces villes, les résidents peuvent profiter de la livraison de leurs commandes Amazon via des drones. Mais en pratique, ils ne le font pas.

Des sources proches de l’affaire ont déclaré au site The Information qu’à la mi-janvier, moins de 10 foyers dans ces villes ont choisi d’avoir recours à Amazon Prime Air. Cela signifie que les utilisations concrètes de toute une logistique développée durant 10 ans par Amazon se comptaient alors sur les doigts des deux mains.

Plus précisément, deux maisons situées à Lockeford auraient sollicité trois fois Amazon Prime Air, et cinq maisons à College Station auraient utilisé une fois chacune cette possibilité. Pas vraiment la folie, en somme.

… mais inquiètent les habitants et les autorités

Vraisemblablement, les habitants de ces lieux ne trouvent pas la proposition très attractive. Au contraire : beaucoup s’inquiètent de la démarche. Selon Insider, de nombreuses personnes ont exprimé des réticences à voir un drone d’Amazon atterrir dans leur jardin, ce qui les motiverait à ne pas choisir cette solution de livraison. Un habitant de College Station a déclaré craindre qu’un « drone tombe du ciel sur notre maison, notre voiture, nos enfants » lors d’une réunion publique.

Et il faut ajouter à cela le fait que la Federal Aviation Administration (FAA) a mis des bâtons dans les roues d'Amazon concernant le développement de ce mode de livraison, en interdisant aux drones de l’entreprise de survoler les routes et les logements sans autorisation préalable. Cela contribue à complexifier fortement les itinéraires pris par les engins volants pour aller livrer les commandes sans compromettre leur autonomie.

La livraison par drone d’Amazon n’a sans doute pas un grand avenir

Face à ce constat d’échec, on peut se demander si Amazon compte persévérer dans cette direction. La réponse la plus probable semble négative. Amazon Prime Air n’a pas vraiment bonne presse : Cheddi Skeete, un ancien responsable du programme de livraison de drones de l’entreprise, a intenté un procès à la firme après avoir été licencié. Selon lui, il aurait été écarté du projet après avoir émis des inquiétudes concernant la sécurité des drones de livraison. Amazon dément fermement cette accusation et déclare « avoir hâte que le procès commence ». Mais si le doute existe auprès des consommateurs, cela peut suffire à ruiner complètement l’initiative.

Et restent, bien évidemment, les réticences de la FAA concernant les autorisations de vol : dans le contexte actuel, Amazon Prime Air n’a absolument aucun avenir dans les grandes agglomérations américaines. On a du mal à imaginer qu’il en soit différent en Europe. En bref, ce n’est pas demain la veille que vos commandes Amazon vous seront livrées en 30 minutes.