Mon rapport à M. Night Shyamalan

Que les choses soient claires entre vous et moi, je suis un fan de la "première" heure de M. Night Shyamalan. Sixième Sens (1999) et Incassable (2000) comptent parmi mes premières gifles cinématographiques. J’ai même vécu le second au cinéma, et ce fut à titre personnel une révélation. Bruce Willis en super-héros désabusé… une master class tout simplement. Par la suite, j’ai pris de plein fouet Signes (2002) et Le Village (2004) avant de me détourner du réalisateur indo-américain par la force des choses.

Split (2016), le second film de sa trilogie “héroïque”, m’a réconcilié avec son œuvre. Il faut dire que ce dernier est porté par les performances hors normes de James McAvoy et Anya Taylor-Joy. Malheureusement, Glass (2016) puis Old (2019) ne sont pas parvenus à convaincre la critique, et il en va de même pour moi qui suis resté finalement de marbre devant ces deux longs-métrages réalisés au demeurant avec soin. Dire que j’attendais fébrilement le retour de M. Night Shyamalan dans les salles de cinéma serait un euphémisme, d’autant plus que le pitch de départ de Knock at the Cabin - la fin du monde - me parle tout particulièrement.

Le club de l’apocalypse

J’ai toujours été friand des films qui disséminent des indices, manipulent leur audience pour mieux la surprendre par un twist qui retourne le cerveau et redéfinit l'œuvre projetée devant des yeux écarquillés. Knock at the Cabin est de cette trempe, même s’il évite de recycler la formule narrative qui a fait la gloire du réalisateur par le passé. Au contraire, cette vision intimiste de la fin du monde sème le doute du début à la fin, et apporte les réponses nécessaires à la progression de l’intrigue en temps voulu sans abuser d’effets scénaristiques éculés.

Knock at the Cabin revisite le mythe des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, et confine le destin de toute une espèce - l'Homme - à une seule unité de lieu... un chalet perdu au milieu des bois. La fin du monde décidée le temps d’un huis-clos claustrophobique, telle est la proposition de M. Night Shyamalan, et cela fonctionne à merveille. 100 minutes durant (1h40), ce thriller choral jongle habilement entre des séquences d'éprouvante et une certaine légèreté qui distille sciemment un sentiment gênant de malaise.

Il faut dire que ce long-métrage jouit d’un casting investi dans leurs rôles avec en tête d’affiche un Dave Bautista touchant en illuminé empathique au dernier degré, mais déterminé à mener à bien sa "mission". D'autant plus que le reste de la distribution donne la réplique à cette force de la nature avec justesse, et participe grandement à la réussite de ce film qui prouve que M. Night Shyamalan a encore des histoires à conter. Il convient de finir sur les qualités formelles de Knock at the Cabin qui, de par sa réalisation inspirée du genre épouvante-horreur et sa bande-son, prend aux tripes et laisse en paix les spectateurs qu’une fois le sort de l'humanité décidé.