
Travailler dans le jeu vidéo peut tout aussi bien être un rêve qu’un cauchemar. Heureusement, une décision majeure vient d’être prise pour simplifier un peu plus le climat de travail au sein des gros studios.

Il était une fois Activision Blizzard

Activision Blizzard a fait une bonne partie de l’actualité de ces dernières années, et malheureusement pas grâce à ses jeux. L’année passée, on a beaucoup entendu parler du rachat par Microsoft, mais ce n’est pas tout. Les péripéties ont commencé à la fin 2021 avec une grosse enquête qui a eu l’effet d’un véritable raz-de-marée chez ce géant de l’industrie. Elle révélait notamment des “cas de harcèlement, d'agressions sexuelles, de protection des dirigeants au sein de l'entreprise, et d'actes qu'aurait commis ou ceux dont aurait été au courant Bobby Kotick, PDG d'Activision-Blizzard-King.”
Et comme si cela ne suffisait pas, d’autres problèmes internes ont été révélés au grand jour, notamment à travers la grève des testeurs d’assurance qualité de Raven Software (Call of Duty : Warzone). Cette dernière visait à pointer du doigt des promesses non tenues et des licenciements jugés abusifs. Et durant celle-ci, certains salariés ont pris une décision historique : lancer une procédure visant à créer un syndicat interne. S’en est suivi un véritable bras de fer entre Activision et les salariés qui a finalement donné naissance, en mai 2022, au premier syndicat d’Activision-Blizzard : Game Workers Alliance. Il sera rapidement suivi par le syndicat des testeurs de Blizzard Albany. Pour une industrie qui a toujours vu d’un mauvais œil la syndicalisation de ses employés, c’est un pas de géant. Et les avancées n’en finissent plus.

Le plus gros syndicat de l’industrie

À la fin de l’année dernière, c’est ZeniMax, ancienne société mère de Bethesda et actuelle filiale de Microsoft, qui a décidé de s’y mettre. 300 employés de son pôle qualité ont exprimé leur volonté de créer un syndicat, le premier côté Microsoft. L’entreprise avait alors affirmé ne pas vouloir “résister” aux efforts de syndicalisation des employés. Une affirmation d’autant plus lourde de sens qu’elle a été prononcée en plein milieu du rachat du groupe Activision Blizzard. C’était donc l’occasion pour Microsoft de se démarquer des agissements de l’entreprise qu’elle convoitait, tout en s’offrant une belle image. Si bien que le studio Proletariat Inc. (Blizzard), au moment de déposer sa récente demande de syndicalisation auprès de la Communication Workers of America, a cité Microsoft comme un exemple à suivre :
Les tentatives de la direction d’Activision d’empêcher ses travailleurs de se regrouper en syndicat n’ont pas seulement été une perte de temps et d’argent, elles ont causé des dommages supplémentaires au moral et souligné la réputation de l’entreprise de créer un environnement de travail toxique et hostile.
Microsoft a montré que même les plus grandes entreprises américaines peuvent choisir une voie différente et permettre aux travailleurs de choisir librement et équitablement s’ils veulent ou non une représentation syndicale. Il n’est pas trop tard pour que les dirigeants d’Activision changent de cap et commencent à réparer l’image publique de l’entreprise et la relation avec leurs travailleurs en reconnaissant le syndicat des travailleurs Proletariat et en s’engageant à un engagement productif à la table des négociations.
Sara Steffens, secrétaire-trésorière de la CWA

Mais rien n’avait été acté pour le moment. Un retournement de situation était toujours possible. Mais pour Microsoft, chose promise, chose due. L’entreprise est restée neutre dans le processus de syndicalisation chez ZeniMax, permettant ainsi la création de ce nouveau syndicat qui vient tout juste d’être officialisée. Et si l’événement est aussi important, c’est parce qu’il s’agit là du plus gros syndicat existant dans l’industrie du jeu vidéo. Une nouvelle victoire qui incitera peut-être d’autres développeurs et testeurs à sauter le pas pour rendre les conditions de travail dans les studios plus attractives.
Happy New Year! We won our union!
— ZeniMax Workers United - CWA (@ZeniMaxWorkers) January 3, 2023