Les Zinzins de l’espace

Le ciel est bleu et les oiseaux chantent quand un cartel d’aliens belliqueux connu sous le nom de G3 s’aperçoit que l’espèce humaine est la drogue la plus forte du cosmos. Le groupuscule n’a alors plus qu’une idée en tête : nous l’aspirer pour connaître le trip de sa vie. Plutôt que de prendre la poudre d'escampette, le jeune héros qu’incarne le joueur se bat pendant l’invasion soudaine de notre planète. Cette lutte va lui permettre de rencontrer Kenny, un flingue bavard, qui dans la panique va téléporter son sauveur sur Blim City. La mission, si vous l’acceptez : faire équipe avec diverses armes parlantes afin d’abattre les mafieux de l’espace.

Puisque nous sommes de véritables drogués de jeux vidéo, il est assez aisé de dénicher les ingrédients composant la substance hallucinogène faite dans les laboratoires de Squanch Games. High on Life prend la forme d’un FPS humoristique composé d'éléments déjà goûtés dans d’autres créations. Dans sa direction artistique, son second degré assumé et ses éléments de jeu de plates-formes, le soft conçu par Squanch Games rappelle un certain Journey To The Savage Planet. Dans sa structure et ses armes vivantes, nous retrouvons du Oddworld : La Fureur de l'Etranger. L’ossature du jeu est simple : en tant que chasseur de primes, le joueur a sept monstres à abattre cachés dans des niveaux qui leur sont propres.

Pourtant mises en avant dans les trailers, les armes parlantes n’ont rien de phénoménales dans leur utilisation, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus regrettable. Elles ne sont finalement là que pour baratiner le joueur durant l’intégralité de l’épopée. Le soft est effectivement bavard : les protagonistes profitent de n’importe quel prétexte pour dérouler de longs monologues. Des personnages étranges, l’utilisateur va en rencontrer une pelletée avec des créatures loquaces allant du chasseur de primes cul-de-jatte mal famé aux mères cyclopes prônant l’infanticide. En outre, dans High On Life, les décisions les plus cruelles sont toujours récompensées (au minimum par un succès). Il est dommage de noter que le jeu n’est pas doublé en français. Les vannes balancées pendant les scènes d’action ont des risques de ne pas être comprises si le joueur ne focalise pas son attention sur les sous-titres quand les tirs fusent. La VO de qualité a au moins le mérite d’être délirante.

C’est de la bonne pour le Game Pass ?

Vous l’aurez compris, le point fort de High on Life réside dans son humour qui oscille entre celui de Rick and Morty et celui de South Park. Son intro est à ce titre particulièrement réussie. Pour le reste, ce FPS irrévérencieux dans son ton demeure classique dans sa forme. Le joueur peut compter sur l’ironsight, le dash, le grappin, les tirs secondaires, le scanner indiquant le chemin de l’objectif, les tonneaux explosifs et les bonus lâchés par les adversaires afin de progresser sans encombre. En combinant tous ces éléments aussi bien utiles dans les phases d’exploration qu’en combat, les sensations se révèlent assez satisfaisantes sans jamais faire de l’ombre aux ténors du genre. Les développeurs n’hésitent pas à larguer des poignées d’ennemis au fil des affrontements, faisant traîner en longueur des séquences d’action qui auraient mérité d’être plus concises, la faute à un gameplay ne laissant que peu d’espace à la créativité malgré des pétoires amusants. Néanmoins, le 60 images par seconde – constant depuis l’arrivée du patch sur Xbox Series X – aide à rendre les contrôles agréables.

Sorti le 13 décembre 2022, High on Life dispose actuellement d’un 72/100 sur Metacritic (basé sur 9 reviews). PC Invasion lui a attribué un 8,5/10, Game Rant un 4/5, alors que GamesRadar+ et Digital Trends lui ont octroyé un 3,5/5. Chez TheGamer, l'heure n'est pas à la fête avec un 2/5. De son côté, Eurogamer donne la note minimale, reprochant “un cocktail misérable d'idées provenant d'autres action-platformers et des pires moments de Rick et Morty”. Oui, le titre conçu par Squanch Games divise la presse spécialisée, comme Scorn et Somerville avant lui, quand bien même il permettrait de regarder Tammy et le T-Rex (un film avec Denise Richards et Paul Walker) dans son intégralité. Si vous souhaitez lui donner une chance, il est important de bien savoir dans quoi vous mettez le nez, à savoir un bon gros délire de Justin Roiland qui dynamite les codes du jeu vidéo par la parole (grâce à son humour corrosif), mais épouse son classicisme par les actes. Du nez dans la poudre à la poudre aux yeux, il y a une différence.

High on Life est disponible sur PC, Xbox Series X|S et Xbox One. Il fait partie du catalogue Game Pass au moment où nous écrivons ces lignes.