Au début de l’été, la confusion dans le traitement des bagages au sein de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle a causé des sueurs froides à des milliers de voyageurs. Un grand nombre d’entre eux a vu ses bagages disparaître, parfois pour de bon. Si l’on ajoute à cela le vol de valises, malheureusement de plus en plus courant dans les aéroports du monde entier, on peut comprendre pourquoi certains voyageurs ont de plus en plus souvent le réflexe d’installer des traceurs GPS dans leurs bagages.

Parmi les accessoires les plus en vogue, on trouve le AirTag d’Apple. Ce petit appareil permet de suivre n’importe quel objet qui en est équipé depuis un iPhone. La technologie Ultra Wideband (UWB) est utilisée pour faire communiquer les deux appareils. De cette manière, le passager d’un avion peut s’assurer, avant le décollage, que sa valise est bien présente en soute, mais il peut aussi la localiser si elle est perdue.

AirTags d’Apple dans les bagages : Lufthansa sème le doute

Le problème, c’est que les AirTags émettent des ondes. Et la compagnie aérienne allemande Lufthansa a laissé entendre que les ondes en question pouvaient perturber les ordinateurs de bord de ses avions. Début octobre, une rumeur a commencé à se répandre, laissant entendre que la compagnie ne voulait plus d’AirTags dans les valises de ses passagers. Sur Twitter, elle a d’ailleurs répondu à l’un de ses clients : « Lufthansa bannit les AirTags allumés dans les valises, car ils sont classés comme étant dangereux et ils doivent être éteints. »

Une prise de position qui a, ensuite, été confirmée publiquement par un porte-parole de la Lufthansa auprès de la chaîne BFMTV. « Nous ne faisons que suivre les recommandations de l’OACI », a-t-il simplement déclaré, pointant du doigt l’émission de fréquences pouvant perturber le bon fonctionnement des avions.

Les AirTags d’Apple sont-ils vraiment dangereux pour les avions ?

Le problème des déclarations de Lufthansa, c’est qu’elles sont floues. Le site Apple Insider s’est penché sur les fameuses directives de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et a constaté qu’elles concernent les appareils qui sont équipés d’une batterie lithium-ion. Or, l’AirTag d’Apple est doté d’une pile CR2032, ce qui est très différent : « L’AirTag utilise une batterie qui est bien trop petite pour être considérée comme étant un problème ciblé par ces directives », explique un expert de l’avion au site. « Si une pile CR2032 représente un danger, alors il faut interdire la plupart des montres dans les avions. »

Alors, AirTag ou pas AirTag ? (Source : Pexels)

D’autres points interrogent. L’AirTag est un appareil qui émet des ondes très faibles, qui ne représenteraient aucun risque pour les avions. Par ailleurs, un autre expert estime que les directives de l’OACI concernent essentiellement les appareils plus gros, à l’image des ordinateurs portables de type MacBook Pro : ces derniers doivent effectivement être éteints lors des phases de décollage et d’atterrissage des avions.

Interdiction de l’AirTag : Lufthansa botte en touche

Toujours chez Apple Insider, un expert de l’aviation civile se risque, sous couvert d’anonymat, à une intéressante théorie. Pour lui, la Lufthansa chercherait surtout à « s’éviter l’embarras des bagages perdus » en empêchant les passagers de tracer leurs valises égarées.

En l’espace de quelques jours, l’histoire a fait du chemin et personne ne semble d’accord sur le sujet. Pas même chez Lufthansa : la preuve, la compagnie aérienne a tenu un discours très différent auprès de Airways Mag. Un porte-parole de l’entreprise a assuré au média qu’elle n’a « jamais interdit les AirTags ». « Il n’existe aucune régulation chez Lufthansa pour bannir les AirTags, mais il existe une réglementation permanente de l’OACI sur ces appareils. Cela n’a rien à voir avec Lufthansa ou d’autres transporteurs. »

Il y a différentes manières d’interpréter ce discours. La première, c’est que les AirTags ne sont pas interdits sur les vols de Lufthansa. L’autre, c’est qu’ils le sont, mais que la compagnie aérienne allemande n’est pas responsable de cette décision.

On peut, par ailleurs, noter que cette question concerne uniquement les AirTags d’Apple : qu’en est-il des autres dispositifs du même type, y compris ceux qui disposent d’une batterie au lithium-ion ? Et quid des autres compagnies aériennes ? On peut parier que ces questions vont continuer d’agiter le secteur, à l’heure où de nombreux passagers décident d’équiper leurs valises de ce genre d’accessoires pour se tranquilliser l’esprit.