Voici comment l’on pourrait résumer les résultats d’une étude menée par des scientifiques allemands, qui ont établi une corrélation entre les pics de chaleur et la prolifération de tweets haineux sur le réseau social à l’oiseau bleu.
Des vagues de chaleur synonymes de vagues de haine sur Twitter
Voilà bien une conséquence du réchauffement climatique à laquelle nous n’avions pas pensé : plus il fait chaud, et plus l’être humain semble sujet aux accès de rage. L’inverse serait également vrai, le froid ayant aussi des conséquences sur l’humeur.
C’est en tout cas ce que constatent Annika Stechemesser, Anders Levermann et Leonie Wenz, les trois chercheurs et auteurs de l’étude « Impacts de la température sur le discours haineux en ligne : une analyse de 4 milliards de tweets géolocalisés aux États-Unis », publiée ce 1er septembre.
La méthodologie de recherche de ces trois scientifiques est la suivante : 4 milliards de tweets, datant de 2014 à 2021, et publiés par des internautes originaires de 773 villes américaines, ont été analysés par une intelligence artificielle. Les données ont ensuite été croisées avec le calendrier des pics de chaleur sur ces huit mêmes années.
Le résultat est sans appel : lorsque les températures deviennent extrêmes — soit trop basses, soit trop chaudes, c’est-à-dire lorsqu’elles dépassent la fenêtre de 12 à 21°C — les tweets haineux sont plus nombreux. Ainsi, par des températures inférieures à -4°C, la part de tweets problématiques augmente de 12,5 % ; et par des températures supérieures à 45°C, le nombre de tweets toxiques grimpe de 22 %.
Au-delà des tweets, une étude sur les conséquences psychologiques et sociales du réchauffement climatique
On pourrait rétorquer que corrélation n’équivaut pas causalité, mais les auteurs de l’étude estiment que ces observations sont révélatrices de l’incapacité, pour l’être humain, à s’adapter à des températures excessives, dans un sens du thermomètre comme dans l’autre.
« Ces résultats indiquent des limites à l'adaptation aux températures extrêmes et mettent en lumière un impact sociétal du changement climatique encore sous-estimé : les conflits dans la sphère numérique, qui ont des répercussions sur la cohésion sociale et la santé mentale. » — Annika Stechemesser
Le but des chercheurs, avec cette étude, est donc d’alerter sur une conséquence encore trop survolée du réchauffement climatique : si les pics de chaleur et les canicules peuvent avoir des effets néfastes sur la santé physique, ils peuvent aussi dégrader significativement la santé mentale, ainsi que les rapports sociétaux, à toutes les strates de la société.
« Pendant des siècles, la littérature scientifique s'est penchée sur la question de savoir comment les conditions climatiques affectaient le comportement humain et la stabilité de la société. Aujourd'hui, avec le changement climatique en cours, cette question est plus importante que jamais. » — Leonie Wenz