Si Resident Evil 7 s’est révélé être le renouveau de la série, il a bien failli l’être en suivant une toute autre vision : aujourd’hui, son producteur a révélé les plans initiaux de Capcom pour cet épisode très important pour la saga.
Un jeu-service, free-to-play et multijoueur
En 2017, Capcom réussissait un coup d’éclat avec Resident Evil 7 : revenir aux sources de la saga - celle de l’épouvante pure - tout en rafraîchissant la formule avec une vue à la première personne et même une compatibilité avec le PlayStation VR. Un pari réussi menant à la réalisation d'un record de ventes et un Resident Evil Village marchant dans ses pas, avec un succès similaire.
Et pourtant, les choses ont bien failli être différentes. Très différentes. Avant même que le producteur Jun Takeuchi n’ait commencé à préparer les plans pour Resident Evil 7 avec son équipe, les hautes sphères de Capcom leur imposaient des directives toutes autres, de façon à coller aux tendances de l’industrie.
Il s’est exprimé lors d’une entrevue filmée avec Shinji Mikami (à la tête de Tango Gameworks et créateur de Resident Evil ou Devil May Cry, soit dit en passant).
Quand nous avons commencé à travailler sur RE7, nous sommes revenus sur cette discussion “qu'est-ce que l'horreur ?”. J'en ai beaucoup parlé avec Koshi Nakanishi (le directeur du jeu) en lui demandant ce que nous allions faire. Nous avons fait tout ça avant même de débuter le développement.
À cette époque, il y avait une forte pression de Capcom. Une pression commerciale, qui stipulait de “faire les jeux que les joueurs demandent”. Donc on nous disait “faites ceci, faites cela” et c'était très dur pour les directeurs, à cette période. “Mettez un multijoueur en ligne et des DLC. Faites des jeux service ! Avec des microtransactions ! Faites un jeu Resident Evil qui remplit tous ces critères”.
Sauvé par le gong
Jun Takeuchi continue :
Sérieusement, il y avait tellement de demandes du genre… Ah, ces pauvres réalisateurs. Enfin, notre président, Tsujimoto, est intervenu. Il avait entendu parler de toutes les tentatives infructueuses de cette période là. C'est devenu un de ces moments inoubliables pour moi.
C'était le 4 janvier, le premier jour de travail de la nouvelle année. Le président m'a appelé dans son bureau : "Resident Evil 7 est en très mauvais état. Takeuchi-kun, interviens et aide à faire le jeu !” C’est ainsi que j’ai fini par travailler sur Resident Evil 7.
Autant dire que ce fut la bonne décision. Par la suite, Jun Takeuchi a expliqué qu’il avait poussé à ce que les fonctionnalités comme le live-service ou les microtransactions soient supprimées, malgré les demandes incessantes de Capcom.
Tout d'abord, nous avons décidé que les racines de Resident Evil soient celles de l'horreur. Nous en avons beaucoup parlé. L'idée du multijoueur a été tuée assez rapidement. Si nous avions pu le faire, nous aurions pu créer un jeu multijoueur d'horreur passionnant, mais nous n'avions pas vraiment de bonnes idées, alors nous avons tout mis de côté.
Nous avons parcouru la liste de nos idées en les supprimant tour à tour, jusqu'à ce que nous ayons le pire cauchemar du marketing : un vieux jeu d'horreur solo ordinaire. C'est avec ça qu'on s'est retrouvé.
Bien mal leur en a pris : aujourd’hui, Resident Evil VII culmine à presque dix millions de ventes et s’impose comme le numéro un de la saga. Comme quoi, le culot de certains développeurs, ça paie.
