La guerre des consoles, voilà une phrase qui parlera aux forumeurs de JV, mais également aux joueurs de longue date. Atari contre Mattel, Nintendo contre SEGA, Sony contre Xbox, ces oppositions ont fait l'Histoire du jeu vidéo, polarisant les joueurs, défendant leur console et leurs jeux préférés. Mais était-elle organisée ?
Une fois que le crack du jeu vidéo en 1983 a été absorbé par une industrie naissante, ils n'étaient plus que quelque-uns à être capables de proposer des consoles à grande échelle et des licences fortes. Il y a eu SEGA contre Nintendo, Sonic contre Mario, puis la PlayStation est entrée dans la danse. Ecrasant tout sur son passage, la console de Sony a créé un nouveau paradygme, dans lequel est ensuite venu s'insérer Microsoft avec sa Xbox. Ecarté du jeu après la Dreamcast, SEGA laisse Nintendo, Sony et Microsoft s'affronter. Après le relatif échec commercial de la GameCube, Nintendo abandonne ses ambitions techniques pour se concentrer sur des expériences novatrices : la Wii, la WiiU, la Switch.
Le duel PS3 / 360 : une bataille de longue haleine
Après une première escarmouche lors de la génération Xbox / PS2, qui a vu la console de Sony devenir la machine la plus vendue à ce jour, on a rempilé avec la PS3 et la Xbox 360. A sa sortie, la PS3, trop chère, a du mal à rentrer dans les foyers. Microsoft en profite et propulse la Xbox 360, qui rencontrera un grand succès malgré le fameux et terrible problème du Red Ring of Death. La PS3 rattrapera progressivement son retard pour conclure son existence très légèrement devant sa concurrente.
Durant toute cette période, les joueurs ont défendu leur machine, vantant d'un côté le online gratuit, de l'autre le lecteur blu-ray, tandis que certains opposaient le catalogue des jeux. Les discussions enflammées sont devenues monnaie courante, mais, si elles existent encore aujourd'hui, la Guerre de Console a tendance à s'estomper. Mais dans l'esprit du grand public, la Guerre des Consoles est alimentée par des hordes de fans, pas toujours très objectifs.
Un duel créé et entretenu par les constructeurs ?
Et si cette opposition avait été entretenue par les constructeurs eux-mêmes ? Selon Peter Moore, l'ancien patron de la branche Xbox de Microsoft, oui ! Aux commande de la marque de 2003 à 2007, il a participé au lancement de la Xbox 360, dont l'objectif n'était plus de tenter une entrée sur le marché, mais de s'y imposer. Dans le podcast Front Office Sports, Peter Moore a affirmé que cette idée de « guerre » entre la Xbox 360 et la PS3 était de son fait, avec l'objectif de stimuler le marché :
Nous avons encouragé la guerre des consoles. Pas pour créer la division, mais pour se stimuler les uns les autres. Quand je dis les uns les autres, je parle de Microsoft et de Sony. Si Microsoft n’avait pas continué sur cette lancée après l’histoire du Red Ring of Death, le monde du jeu vidéo serait plus morne et nous n’aurions pas la concurrence que nous avons aujourd’hui.
Autrement dit, la guerre des consoles a été entretenue dans le but de faire oublier ce dramatique Red Ring of Death, et de poursuivre de façon commercialement agressive l'installation de la marque Xbox. L'idée n'était donc pas de créer une vraie opposition entre les communauté, mais de vanter les mérites du produit afin d'élargir la base de clients. L'ancien boss de Xbox s'était même tatoué le nom des jeux à annoncer lors d'un E3 pour marquer le coup.
De l'histoire ancienne ?
Le retour de bâton a eu lieu à l'E3 2013 au moment des annonces des prix de vente de la Xbox One et de la PS4, lorsque Sony avait parodié le prêt de jeu, après que Don Mattrick ait eu des propos malheureux au sujet de la connexion à internet. Aujourd'hui, la communication sert toujours cet objectif d'attirer les clients, mais passe plus par la proposition de services variés et accessibles que part une opposition frontale entre les exclus et les consoles. Le développement du cross-play, du cross-plateforme, le développement des services et le multiplateformes troublent de plus en plus la frontière entre les grands constructeurs, et atténuent le phénomène.
Evidemment, il reste des passionnés qui défendent corps et âme leur marque préférée, mais l'industrie joue beaucoup moins directement dessus avec des acteurs plus complémentaires. Pour rappel, Peter Moore, après avoir quitté Microsoft, est devenu président d'EA Sport avant de prendre les rênes du Liverpool FC puis de Unity, où il oeuvre encore aujourd'hui.