Je préfère les jeux courts, concis et que je peux terminer le temps d'une soirée aux vastes open world.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
Quand on entre dans la vie active et qu’on endosse un boulot à plein temps par choix ou par dépit, il arrive que nos loisirs doivent être soigneusement sélectionnés pour s’imbriquer au mieux dans de courtes plages horaires du soir ou le week-end. Et si je rentre d’une longue journée de travail et que je gaspille le peu de temps qu’il me reste à entamer des films sans parvenir à les terminer ou à chercher mon prochain jeu en vain, je considère la soirée perdue. J’aime mieux rentabiliser. Et en ce sens, les jeux courts, soit ceux que je peux finir en une soirée ou deux, me paraissent être des alternatives idéales en semaine. Évidemment, il est aussi question de goûts et de problématiques tout à fait personnels. La durée de vie vertigineuse d’un J-RPG m’a toujours rebutée : envisager l’éventualité qu’il me sera peut-être impossible d’achever le jeu par manque de temps ou d’envie de poursuivre me décourage par avance. Dépenser des semaines entières sur le même jeu ne m'intéresse que trop peu.
If On A Winter's Night, Four Travelers est un point n'click sorti l'an dernier qui suit le périple de quatre personnages qui évoluent à la fin des années 1920. Depuis sa luxueuse chambre d'hôtel, Carlo attend impatiemment l'arrivée de son amant secret Patrick. Lady Winterbourne, fraîchement veuve, reçoit à son manoir des lettres de nouveaux prétendants à sa fortune. Dr. Jordan Samuels, constamment rabaissé par ses collègues, se réfugie dans les sciences occultes. Enfin, Laylah, lassée de sa routine, va aller à l'encontre des ordres de ses patrons.
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Le bon jeu linéaire
Après avoir bouclé Journey en une courte soirée, j’ai eu le sentiment d’avoir non seulement fait quelque chose de ma soirée, mais aussi d’avoir ajouté un nouveau titre à ma bibliothèque de connaissances et surtout d’avoir découvert une œuvre fabuleuse. Le jeu ne dure à peine que deux heures, mais sa poésie est exceptionnellement riche et m’a permis de vivre une expérience multijoueur hors du commun. Dans un autre registre, j’ai adoré boucler A Short Hike le temps d’une courte matinée. Faire grimper tranquillement un gentil oiseau sur le haut d’une falaise en dégustant mes tartines m’a laissée un souvenir plus impérissable que mes longues balades à cheval dans Assassin’s Creed Odyssey à errer sans but. Trop d’indicateurs, d’éléments d’interface et d’informations qui me perdent au lieu de me motiver ; un avis d'ailleurs partagé par Aubin dans un billet qu'il avait baptisé "Zelda BOTW m'a gâché tous les autres open world" : "Les PNJ ne cessent de nous réquisitionner et comme beaucoup de productions Ubisoft en monde ouvert, la plus grande peur du titre est que le joueur s'y ennuie. Ainsi il ne cesse de lui ajouter des objectifs et de le solliciter." Achever une longue quête tout en sachant qu'une dizaine d'autres tâches sans liens évidents m'attendent derrière, ce n'est pas pour moi. Je préfère savoir où je vais directement.
En y repensant, la plupart de mes jeux favoris durent bien moins de dix heures : Mutazione, What Remains of Edith Finch, Firewatch, Sayonara Wild Hearts. Bien souvent, il s’agit de jeux narratifs. Il y a une différence bien présente entre les jeux narratifs concis et qui savent s’épargner les longueurs inutiles et les jeux narratifs trop expéditifs. Il existe bien des jeux trop courts : ceux qui n’ont pas su exploiter l'entièreté de leur potentiel narratif ou qui ne sont pas parvenus à traiter correctement l’ensemble de leurs intrigues. J’aime plutôt les expériences qui vont droit au but pour délivrer leur message. En trois heures et demi, Alba : A Wildlife Adventure a délivré un joli récit sur l’écologie en proposant une aventure des plus relaxantes. En deux heures et demi, What Remains of Edith Finch a offert un travail de mise en scène si magistral qu’il restera gravé dans les annales. Ces jeux sont relativement linéaires. En fait, j'aurais presque pu nommer ce billet : "Je préfère les jeux linéaires aux gros open world", la corrélation étant si vite faite. Si le fil narratif est bien ficelé, cela ne me pose aucun souci de le suivre consciencieusement.
- Mutazione, un "feuilleton mutant" aux superbes dialogues dans lequel nous suivons la jeune Kai, venue au chevet de Nonno son grand-père souffrant sur une île très atypique.
- What Remains of Edith Finch, petit bijou de mise en scène qui retrace les péripéties d'une famille maudite dans l'État de Washington.
- Journey, expérience poétique d'un voyage initiatique très aérien.
- Sayonara Wild Hearts, sorte d'album pop interactif absolument jouissif.
- Solar Ash, un jeu qui oscille entre plateformes et exploration et qui nous plonge dans un univers particulier dans la peau de Rei, une “Coureuse du vide” au design assez incroyable
- The Artful Escape, courte balade musicale qui trace la quête identitaire d’un certain Francis Vendetti.
- Her Story, jeu culte en FMV où vous devrez naviguer au sein d'un moteur de recherche rattaché à un dossier criminel.
- Mirror's Edge, monument du parkour où vous incarnez la charismatique Faith.
- The Vanishing of Ethan Carter, jeu d'aventure où vous incarnez un détective aux étranges pouvoirs, parti à la recherche d'un garçon disparu.
- Everybody's Gone to the Rapture, walking sim dans lequel vous tentez de comprendre ce qui est arrivé aux habitants d'une ville désertée.