Dans le tunnel incessant de jeux présentés lors de la semaine du Summer Game Fest, il n’était pas rare de décrocher, déboussolé par la cadence effrénée à laquelle s'enchaînaient les bandes-annonces. Mais certaines se sont montrées suffisamment singulières pour marquer les esprits. Avec ses visuels ultra-colorés et son pitch bien particulier, celle de Kaichu fut l’une d’entre elles. Dans cette simulation de rencontres développée par le studio Squiddershins, le joueur incarne un Gigachu, sorte de gros dino très romantique à la recherche de sa moitié. Pour trouver celui qui fera battre son cœur, il faudra bien mener une vingtaine de dates dans des lieux historiques où il sera question de détruire une flopée de monuments tout en se charmant à base de rugissements. Des scènes d’anthologie ponctuées par les mélodies de Clark Aboud (Kind Words, Slay the Spire).

Si la proposition vous semble étonnante, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. La même soirée a mis en lumière Lovebirb, un autre dating sim qui met cette fois en scène des couples d’oiseaux célibataires. Ce Tinder-like réservé aux bêtes à plumes qu'on ne s'attendait certainement pas à voir passer durant le Wholesome Direct fait naturellement penser à Hatoful Boyfriend. Mais il n'est pas là question de draguer tout un tas d'oiseaux dans la peau d'un humain, mais plutôt de faire copuler deux animaux ailés entre eux. Le titre intègre des mini-jeux de rythme semblables à des parades nuptiales. Le tout se propose gratuitement sur la plateforme itch.io.

Hatoful Boyfriend et compères

Si l’on cite Hatoful Boyfriend, c’est qu'il est tout de même un représentant notable du genre animalier. Sorti en 2014 déjà, il est le fruit d’une seule personne : la mangaka Moa Hato, une jeune femme qui aime bien les pigeons et qui réalise là son premier jeu. La première version a été créée en l'espace d'une demi-journée et publiée sous la forme d'un titre pour navigateur réalisé avec Adobe Flash. Mais la popularité est si folle que le trafic fait planter le serveur Web. Le développement se poursuit dès lors sur le moteur de jeu FamousWriter. La protagoniste est une jeune fille humaine qui a l’opportunité d’intégrer le prestigieux lycée St Pigeonation, uniquement composé de l’élite des volatiles. Au-delà de l’effet “blague,” le visual novel renferme tout de même 14 fins différentes et certaines mènent même à des bad endings dramatiques. “Si les fans du genre y trouveront une parodie très satisfaisante, les allergiques à la fiction passivement interactive fuiront à tire d'aile tant la formule est perchée” écrivions-nous à l’époque en conclusion de notre test.

Plus qu'un jeu simulant purement une relation amoureuse, les dating sims se rapprochent souvent bien plus du jeu de gestion qui consiste à gagner l'amour d'un personnage en effectuant les bons choix et en usant des bonnes ressources. Deux paramètres qui affectent dès lors vos statistiques. Et au fil des années, on s'éloigne complétement du schéma du simple fantasme. Les structures traditionnelles de l'amourette standard sont maintenant bien trop usées, alors autant créer des scénarios aussi bizarres qu'inattendus pour capter l'attention.

C'est une période passionnante, car il y a une telle soif de romance bien écrite, et la plupart des grands studios ne se risquent toujours pas à faire des relations un argument de vente essentiel - Tanya X. Short, créatrice de Boyfriend Dungeon, à GamesIndustry.biz.

Un puits de créativité

L'un des premiers titres considérés comme une simulation de rencontre est Girl's Garden, publié en 1984, dans lequel une jeune fille tente de gagner le cœur de son amoureux en cueillant des fleurs. Puis un an plus tard sort Tenshitachi no Gogo, jeu bishoujo composé d'éléments pornographiques et cette fois destiné aux jeunes hommes adultes. Le but est de séduire une fille populaire du club de tennis. Aujourd’hui, les propositions tout aussi folles que Hatoful Boyfriend s’enchaînent. Uma Musume Pretty Derby notamment, nous charge de nous occuper de femmes anthropomorphes à moitié cheval. Forcément les visuels surprennent et peuvent prêter au rire, et pourtant le jeu est un véritable succès local en 2021. Troisième du classement des applications les plus populaires sur l'Appstore et le Google Play japonais, le jeu a même dépassé Genshin Impact et Pokémon GO en avril dernier en termes de revenus. Il terminait ainsi le deuxième trimestre avec plus de 361 millions de dollars de bénéfices. Un succès d’ailleurs récompensé par un prix d'excellence aux derniers Japanese Game Awards. Et en Occident, les expériences atypiques rencontrent une bien plus grande popularité que les scénarios classiques. Enfin citons Creature Romances: Kokonoe Kokoro, dans lequel vous incarnez un lycéen amoureux de son amie d'enfance mi-fille mi-sauterelle, Paca Plus qui vous confronte à un alpaga, ou encore Jurassic Heart qui vous propose, sans surprise, de séduire un T-Rex qui joue du ukulélé. On pourrait les croire limités dans leurs capacités, mais les dating sims n'ont pas fini de nous surprendre.

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