Street Fighter II a presque lancé le genre du versus fighting (comprenez jouer contre d'autres joueurs dans un jeu de baston), Street Fighter IV, quant à lui, a relancé les jeux de combat lorsque ceux-ci étaient au plus bas... A croire que chaque épisode au nombre pair est une révolution, ou tout du moins se démarque d'une manière ou d'une autre. Qu'en sera-t-il de Street Fighter 6 ? A priori, et après une heure de jeu sur une version non finalisée, il semblerait que ce soit l'âge de la démocratisation pour que tous les joueurs puissent réellement en profiter. Mais avant de rentrer dans le dur, débutons pas un constat évident : Street Fighter 6 profite, tout comme Street Fighter IV en son temps, d'une direction artistique qui se démarque franchement.

Street Fighter 6 Rainbow Edition ?

La direction artistique d'un jeu est essentielle et celle de Street Fighter 6 est déjà une perle. Si quelques uns, comme lors de l'annonce du quatrième opus d'ailleurs, ont déjà du mal avec elle, sachez que nous n'avons pu la voir de nos propres yeux sur PS5. Et son rendu est excellent. Nous n'avons pu profiter que deux décors différents, mais ils utilisent le même procédé : des environements teintés, quasiment en noir et blanc à certains endroits, avec quelques éléments flashy qui se démarquent, un peu à la manière du Street Art moderne. Les deux combattants, au rendu plutôt réaliste, s'incrustent sur les environnements et, eux, profitent de couleurs presque criardes qui tranchent avec l'ensemble. S'ajoutent à cela des effets de fumées, de traits de pinceaux comme pour SF IV préféreront dire certains, particulièrement colorés qui s'opposent automatiquement aux décors, une fois encore, pour des explosions de couleurs presques innatendues à chaque fois. S'il est compréhensible que certains doutent, pour nous, c'est déjà un succès car le mélange subtil des couleurs fait mouche et ne casse en rien un rendu visuel superbe qui devrait se dévoiler avec le temps d'ici la sortie, avec les nouveaux décors et autres personnages bientôt présentés plus en détails.

Des combats clairs et efficaces

Outre son rendu graphique séduisant et inédit, SF 6 bénéficie d'un système de combat réellement hérité de la série (Street Fighter Alpha, Street Fighter III et Street Fighter IV en tête). Ici, deux personnages en 3D se font face sur une ligne sur laquelle ils sont bloqués, à la manière d'un jeu en 2D. Une recette qui a déjà fait ses preuves. Les coups spéciaux sont évidemment toujours là et les Super Art aussi. A l'écran, une barre de vie, en haut, pour chaque lutteur, une jauge de Drive, juste en dessous, aux divers possibilités qui peut s'épuiser, et une jauge de Super Art tout en bas. C'est simple et compréhensible rapidement. La jauge de Super Art sert à accumuler de l'énergie en frappant pour pouvoir réaliser ensuite les différents Super Arts, comprenez les furies ou les plus grosses attaques si vous préférez (oui, vous pouvez accumuler plusieurs jauges de Super Arts pour de plus grosses furies). Le Drive sert pour tout le reste et tous les personnages peuvent l'utiliser : le Drive Parry pour parer les attaques, le Drive Impact pour repousser son adversaire, le Drive Reversal pour contrer les coups adverses et le Drive rush pour avancer sur l'adversaire dans un enchainement et poursuivre l'assaut plus aisément. Enfin, la jauge de Drive peut aussi servir pour améliorer au moment opportun ses coups spéciaux (cela est nommé l'Overdrive et fait penser aux fameux coups EX). Evidemment, chaque utilisation diminue la barre de Drive (celle-ci remonte progressivement avec le temps) et elle peut même s'épuiser à un moment, ce qui veut dire que si vous la gérez mal, vous pouvez vous retrouver dans l'impossibilité de réaliser des parades ou des contres. Et ça change tout puisque vous risquez alors subir plus encore l'agressivité d'un adversaire trop entreprenant.

Pour le reste, six boutons, des poings faibles aux forts en passant par les moyens et il en va de même pour les coups de pieds. Une prise au corps à corps, communément appelée "chope" et... c'est à peu près tout ! Si nous sommes loin d'avoir percé tous les secrets de la jouabilité de ce Street Fighter 6, sachez que rien qu'avec ça, les rentournements de situatons sont légions et les rebondissements nombreux pour peu que vous commenciez à gérer vos jauges correctement. Tout cela s'annonce donc pas mal du tout, sans pour autant totalement révolutionner la formule. Et ceci, même s'il s'agit bien d'un jeu de combat différent au rythme finalement plus haché qu'auparavant, même si ça ne saute pas aux yeux à l'écran, mais plutôt en pratiquant. Quoiqu'il en soit, la révolution est finalement plus dans l'accessibilité car si vous pouvez jouer normalement avec des contrôles classiques, les contrôles modernes viennent chambouler la formule.

Une jouabilité trop simple destinée aux joueurs débutants ?

C'est bien l'impression que les raccourcis du mode de contrôles modernes donnent au début : une jouabilité trop simple pour aider les débutants. Avec une "chope", le Drive Impact et le Drive Parry, réalisables chacun avec un seul bouton, tous les coups spéciaux faisables avec une direction et un bouton spécifique et des coups normaux, indistinctement pieds ou poings, qui s'enchainement facilement avec seulent trois boutons plus une direction et, comble de l'amateurisme, un bouton d'enchainements assistés qui fait presque tout pour vous lorsque vous touchez un adversaire, certains crieront sans doute au scandale. Pour autant, il s'agit là d'aider les nouveaux venus et ces enchainements de boutons plus simples fonctionnent vraiment bien, sans pour autant entacher le rythme des rixes. Cependant, difficile de passer du mode de contrôles classiques au mode de controles modernes en un instant tant la manière de jouer est différente. Reste donc à savoir ce que Capcom va réellement en faire lorsque deux joueurs se feront face : les obliger à jouer de la même manière, peu probable, séparer les classements en fonction des contrôles, allez savoir... Mais ce qui est déjà sûr, c'est que cette porte d'entrée est là pour accueillir un nouveau public et ça, c'est une bonne nouvelle pour tous les joueurs de jeux de combat, n'en déplaisent à ceux qui pensent être des puristes.

Un casting quatre étoiles, vraiment luxe ?

Si pas mal de personnages de Street Fighter 6 sont déjà connus comme vous pouvez le voir ici, quatre d'entre eux étaient accessibles pendant notre heure de jeu sur cette démo : Chun-Li, Ryu, Luke et Jamie. Si les trois premiers sont connus, sachez qu'on retrouve leurs coups (normaux et spéciaux) avec quelques variations ou modifications, c'est finalement Jamie qui nous a le plus étonné avec son style de combat façon Kung-Fu alcoolisé. Il illustre parfaitement la fluidité des batailles avec des enchainements crédibles, des déplacements rapides et une gestion de l'espace hors norme. A noter qu'il peut boire jusqu'à plus soif pour se transformer et profiter de coups particuliers supplémentaires. Les trois autres ont aussi de l'agressivité à renvendre et jouissent de coups améliorés et convaincants pour des affrontements saisissants, même si certains impacts manquent encore de puissance à notre goût, sauf pour les Super Arts utlisant trois jauges d'un coup, tous vraiment impressionnants. Et avec seulement quatre lutteurs nous avons déjà pu nous amuser et, surtout, varier les plaisirs, ce qui n'augure que du bon pour la suite. Et puis dans ce registre, Street Fighter a toujours su se diversifier au travers de ses protagonistes, tant sur la forme que sur le fond. A noter que l'on peut faire quelques grimaces avant chaque combat, un plaisir coupable et optionnel qui saura séduire ceux qui aiment narguer avant d'en venir aux mains.

Dernier élément à retenir lors de ce premier contact avec Street Fighter 6, les fameux commentateurs qui donnent des avis en temps réel sur le match qui se déroule. L'idée est de vous plonger dans l'ambiance d'une compétition. Indéniablement, cela fonctionne et ceci sans géner l'atmosphère de la joute ou même les musiques. Pour être clair, ces commentaires de spécialistes s'intègrent parfaitement à l'ambiance sonore du jeu sans jamais la gâcher. A noter que nous en avons profité en Anglais et que cela nous a même encore plus fait entrer dans la compétition. Enfin, pas d'inquiétude, il serait aberrant que ces commentaires ne puissent pas être désactivés à loisir.

En résumé, Street Fighter 6 se veut plus accessible, plus beau avec les prouesses de son moteur graphique RE Engine et plus osé dans sa direction artistique. Le résultat sur cette simple démo d'une version non finie est particulièrement prometteur, sans pour autant que nous puissions déjà savoir si cet opus sera capable de révolutionner, à sa manière, la saga. Néanmoins, ces premiers échanges de coups ont su nous convaincre, d'autant que contrairement à Street Fighter V, ce volet doit proposer plus de contenu tout de suite aux joueurs et cela devrait plaire à ceux qui furent révoltés par la formule discutable lancée lors de la sortie de l'opus précédent...