Malgré les fermetures fréquentes de sites liés au piratage de contenus culturels, la France tient bon en ce qui concerne cette activité illégale. Elle est actuellement à la cinquième position des pays les plus actifs en la matière.
Les coups de filet sur les sites de téléchargement illégal et les menaces de sanctions agitées par l’ARCOM, anciennement HADOPI, n’ont pas l’air d’ébranler la motivation des Français qui piratent films, séries, livres ou encore jeux vidéo sur Internet. Une étude réalisée par MUSO et relayée par TorrentFreak met en avant que l’Hexagone est cinquième au classement des pays qui piratent le plus à travers le monde.
La France pirate, mais ce n’est pas la seule
Dans ce classement que l’on peut qualifier de peu reluisant, la France n’a cependant pas la « pire » place : les États-Unis sont premiers avec plus de 5,6 milliards de visites sur des sites de piratage durant les trois premiers mois de l’année 2022. La Russie est deuxième avec trois milliards, talonnée par l’Inde, quasiment au même niveau. La Chine affiche quant à elle presque 1,8 milliard de visites et vient ensuite la France, avec 1,6 milliard.
Il faut cependant souligner que la France est le pays le moins peuplé du top 5 : elle compte 67,8 millions d’habitants, soit plus de deux fois moins que la Russie qui est le second pays le moins peuplé avec 145 millions d’habitants. La fréquentation moyenne de sites pirates selon le nombre d’habitants du pays est donc significativement plus élevée en France. Cependant, l’étude souligne que « Les États-Unis continuent d’abriter le plus grand nombre absolu de pirates ».
Le piratage est en hausse, les plateformes légales n’y peuvent rien
Malgré (ou à cause de ?) la multiplication des offres légales disponibles sur le marché, comme Netflix, Disney+, Amazon Prime Vidéo, Salto, Paramount+, Hulu et bien d’autres, le piratage a connu une hausse spectaculaire de 2021 à 2022. L’étude met en avant une augmentation de 29% des visites sur des sites illégaux dans le monde, entre le premier trimestre de l’année dernière et celui de cette année.
Les séries représentent le contenu le plus piraté à hauteur de 48%. Viennent ensuite le domaine de l’édition à 27%, puis les films à 12%, la musique à 7% et les logiciels à 6%. Le graphique ci-dessous montre la hausse sur un an pour ces différentes catégories.
Selon MUSO, la montée en puissance du piratage dans le domaine de l’édition tient surtout à une catégorie d’ouvrages : les mangas. Les sites spécialisés dans le téléchargement illégal de BD japonaises cumulent, pour certains, plus de visites mensuelles que de nombreuses plateformes de téléchargement pirate généralistes. Cela n’empêche pas les éditeurs de vendre des millions de mangas chaque année, mais on imagine bien que cette situation représente un manque à gagner pour le secteur.
Une tendance qui va continuer ?
Les observateurs qui voyaient la solution au piratage dans les offres légales doivent désormais revoir leurs copies. Si le choix n’a jamais été aussi conséquent en matière de SVOD, la fragmentation du marché et des tarifs toujours plus élevés ont de quoi décourager bien des consommateurs, qui n’ont, souvent, pas le budget pour s’abonner à tout. Par ailleurs, les chiffres liés aux catégories piratées montrent que les séries et les films ne sont pas les seuls contenus recherchés par les pirates. On remarque tout de même que la catégorie des logiciels, qui concerne aussi les jeux vidéo, est loin d’être la plus représentée.
« L’augmentation continue, et très marquée, des visites sur des sites de piratage est une lecture alarmante pour les industries du divertissement », estime MUSO. Le cabinet d’études estime que la tendance va se poursuivre, « en particulier avec le climat actuel dans lequel les plateformes de SVOD se mènent une véritable guerre des abonnements, associée à la pression économique et à la croissance rapide de l’inflation à travers le monde ». En résumé, si quelqu’un en doutait, le piratage a encore de beaux jours devant lui.