Kirby est une franchise hyper attachante, pleine de bons sentiments et qui est née sur Game Boy en 1992. À l’époque, le jeune employé de HAL Laboratory, Masahiro Sakurai, imagine un petit personnage rondouillard et facile à dessiner afin que les graphistes apprivoisent le héros rapidement. L’autre raison qui le pousse à lui donner cette forme provient du concept qui germe dans son esprit depuis un moment, avec un avatar pouvant rebondir et se gonfler d’air.

Juste après avoir rejoint Nintendo, ils acceptaient les documents de game design pour un titre ‘pouvant plaire à tout le monde’. Je me suis alors dit : « Je veux créer un personnage principal mignon que tout le monde adorera.» Ce jeu que j'ai fini par réaliser n’était autre que Kirby's Dream Land sur Game Boy. J’ai préparé ce document en mai 1990. J’avais 19 ans. Nous n’avons pas débuté le développement tout de suite mais celui-ci a duré environ une année. Les jeux, à l’époque, avaient tendance à être difficiles, donc nous avons créé notre jeu en l’imaginant comme une porte d’entrée aux joueurs débutants.

KIRBY, DE L’INNOVATION DÈS SES DÉBUTS

Ce n’est qu’en 1991 que le développement de Twinkle Popo, un nom de code en référence au héros alors appelé Popopo, débute. À l’aide d’outils surprenants (une Twin Famicom équipée d’un logiciel programmé sur mesure appelé Game Maker + un trackball-maison faisant office de souris), la petite équipe travaille environ un an pour donner vie à ce premier titre sur portable.

L'ingéniosité au coeur du processus de création de Kirby's Dream Land.

La suite de l’histoire ? On la connaît. Kirby’s Dream Land est un succès, si bien que Nintendo demande un portage pour sa console de salon, la NES. Masahiro Sakurai accepte, mais va aller bien au-delà de la simple adaptation :

La console NES a eu une longue durée de vie. Si je me souviens bien, on m'a demandé de concevoir Kirby’s Adventure comme un portage du jeu Game Boy sur NES. Le jeu Game Boy était destiné aux débutants et ce projet me convenait, mais je me suis dit que les joueurs NES de l'époque ne seraient plus du tout novices. J'ai abandonné l'idée de faire un portage et j'ai décidé d'ajouter la capacité Copier. Grâce à elle, les débutants allaient pouvoir s'amuser à avaler puis recracher des choses, tandis que les joueurs avancés pourraient utiliser des capacités plus élaborées.

KIRBY ET LE MONDE OUBLIÉ, UN TOURNANT ?

Kirby a ainsi évolué à travers les années et les décennies. Omniprésent et disponible sur tous les supports du constructeur japonais, il a souvent eu du mal à surprendre les joueurs et il a peu à peu glissé dans la catégorie des aventures qu’on aime, mais qui ne font pas vendre des consoles. Cela n’enlevait rien à la qualité des jeux, mais il manquait parfois (souvent ?) la petite étincelle des productions Nintendo. Avec Kirby et le monde oublié, il s’est passé quelque chose, c’est indéniable. C’est comme si Kirby avait plongé dans un monde à la Super Mario Odyssey, plus ouvert et surtout riche d’idées de transformation absolument géniales. Le jeu est en plus parcourable à deux en simultané et on est constamment happé par les graphismes ultra colorés, l’atmosphère musicale entraînante et la fraîcheur qui se dégage des mécaniques de jeu.

Aussi, les joueurs ne s’y trompent pas. Selon GamesIndustry, Kirby et le monde oublié est tout simplement le n°1 des ventes physiques au Royaume-Uni (alors que le jeu est sorti vendredi !) et il caracole également en tête des ventes sur Amazon. Pour donner un ordre de comparaison, il s’est vendu actuellement 2,5 fois plus de Kirby et le monde oublié que Kirby Star Allies paru en 2018 ! Mieux, en quelques jours, il est déjà classé 5ème des meilleures ventes de jeux Kirby au Royaume-Uni depuis les débuts de la série. Cela montre bel et bien que ce Kirby réussit là où d’autres épisodes se contentaient de dépoussiérer une formule sans chercher à surprendre. Monde plus ouvert, des transformations originales (la voiture !), une 3D colorée et soignée, une direction artistique hyper accrocheuse, le cocktail gagnant !