L’histoire

Tiny Tina’s Wonderlands raconte l’histoire de la Main du Destin, un “noble” aventurier ou aventurière supposé libérer le Wonderlands du joug du nécromancien Seigneur Dragon et de ses légions de morts revenus pour ainsi dire à la vie. Tel est le postulat de départ du récit imaginé par les studios Gearbox Software. Si ce scénario vous semble cousu de fil blanc, c’est on ne peut plus normal. Les scénaristes se sont principalement inspirés des jeux de rôle sur table avec en première ligne Donjons & Dragons, mais pas uniquement.

La structure même de l’aventure rappelle ces longues épopées nées de l’imagination fertile d’un maître de jeu qui par instant n’en fait qu’à sa tête. Et qui de mieux que Tiny Tina, un personnage iconique de la saga Borderlands ayant une fâcheuse tendance à partir en vrille, pour incarner une narratrice loufoque et volatile ? La principale force du jeu, pour ce qui est de la narration, réside dans ce ton propre à la plume de Gearbox et l’imprévisibilité de l’histoire contée. Tina altère le récit quand bon lui semble et surtout à sa manière ce qui agrémente l’épopée avec une dose de surprise qui n’est pas pour nous déplaire.

Il faut toutefois reconnaître que l’humour omniprésent ne plaira pas à tout le monde. Le titre tape fort et fréquemment sous la ceinture au point de désamorcer la dimension épique de l’histoire par une tirade bien sentie, mais totalement sortie de nulle part. Tiny Tina’s Wonderlands ne sort pas des sentiers battus pour tout ce qui touche à la mise en scène, mais se démarque par son approche décomplexée et souvent hors-piste du récit fantastique traditionnel.

Les graphismes

Gearbox Software compense un moteur quelque peu vieillissant par une direction artistique colorée en Cel Shading qui a fait ses preuves par le passé et prouve encore en 2022 sa capacité à lisser les visuels pour un résultat soigné. Tiny Tina’s Wonderlands n’est clairement pas à la pointe de la technologie, et cherche à aucun moment à l'être. Par contre, niveau expérience de jeu, les studios assurent. L’aventure est fluide, et surtout exempte de bugs. Aucun ralentissement, aucun désagrément d’une quelconque nature ne vient ruiner une aventure solide techniquement parlant et surtout dépaysante à plus d’un titre.

Les studios troquent l’habituel univers punk-apocalyptique qui a fait le succès de la saga Borderlands pour celui de l’heroic-fantasy avec tout ce que cela implique en termes d’environnements et de créatures. L’exploration des zones semi-ouvertes qui composent le Wonderlands est une fois de plus une pierre angulaire de l’expérience ludique concoctée par Gearbox Software. Il va falloir crapahuter des heures durant dans des environnements variés, inspirés de la piraterie, de l’Egypte antique, de la cité engloutie d'Atlantis ou encore du Mordor. Tiny Tina’s Wonderlands invite les joueurs à ouvrir grand les yeux et à profiter de décors au rendu séduisant. Il en va de même pour les effets pyrotechniques qui a eux seuls illuminent les affrontements et mettent en lumière les pouvoirs des héros.

Le gameplay

Le gameplay repose majoritairement sur la formule estampillée Borderlands, et ne s’en éloigne que très peu, même si les nouveautés intégrées par Gearbox Software soufflent une brise rafraîchissante sur la saga. Les fans de Borderlands retrouveront leurs bonnes vieilles habitudes quelques secondes après avoir foulé du pied le Wonderlands. Ce spin-off fait la part belle aux combats acharnés face à un bestiaire renouvelé. Il est toujours aussi grisant d’occire par centaines les sbires du Seigneur Dragon avec l’aide d’un arsenal plaisant à prendre en mains et de pouvoirs magiques aux effets dévastateurs. Malheureusement, les attaques de mêlée peu exploitées, malgré le contexte fantastique, empêchent Tiny Tina’s Wonderlands de se démarquer ludiquement parlant de ses prédécesseurs.

Gearbox Software passe la seconde pour tout ce qui touche à la personnalisation ludique et cosmétique des avatars. Les studios offrent aux fans une fonctionnalité attendue depuis plusieurs épisodes… un éditeur complet de personnages. Finis les sets prédéfinis, place à des dizaines d’options pour modifier le visage, la morphologie, l’armure et les décorations de votre Main du Destin afin de créer un héros à votre image, ou non d’ailleurs. La décision vous appartient désormais. Il faut également mentionner le système de multi-classes qui enrichit un peu plus la dimension RPG en permettant de fusionner deux classes parmi les six disponibles et ainsi créer un personnage théoriquement unique.

Dans Looter-Shooter, il y a Looter. Pour looter, vous allez looter en masse, parfois même un peu trop au point d’en devenir frustrant par instant. Il n’est pas rare dans Tiny Tina’s Wonderlands de dégoter un équipement ou une arme sacrément “stylée”, mais qui ne correspond en rien à votre héros forgé durant de longues sessions de jeu. Si la montée en puissance est omniprésente et gratifiante la majorité du temps, cette gestion trop aléatoire des récompenses pourrait en dérouter plus d’un. Le titre de Gearbox Software souffre aussi d’une certaine répétitivité de sa boucle de gameplay qui, comme son genre l’indique, consiste à Looter et Shooter encore et encore. Aussi fun soit la formule, elle peut devenir à la longue redondante.

Autre nouveauté pensée pour faire du Wonderlands un univers cohérent… l’Overworld. Cette surcouche aux allures de carte interactive sur laquelle se déplacent des avatars “chibi” lie les différentes zones entre elles. Si sur le papier cette feature est une bonne idée, dans les faits elle force à de multiples allers-retours et ralentit au final la progression des joueurs. L’Overworld est en réalité accessoire, mais souligne l’approche jeu vidéo de rôle sur table souhaitée par les studios Gearbox Software.

Le scénario

Il faut bien avouer que le scénario, aussi inventif et décalé soit-il, ne surprend les joueurs qu’à de rares occasions. Pour ce qui est du fond, Gearbox Software déroule une aventure fantastique inspirée des œuvres cultes du genre, non sans y ajouter ce petit quelque chose qui fait toute la différence. Au-delà de son univers ultra référencé qui fera vibrer les amateurs d’heroic-fantasy et de pop-culture en général, ce sont les séquences totalement What the F*ck qui font du spin-off Tiny Tina’s Wonderlands, et avant lui de Borderlands, un projet à part dans le paysage vidéoludique. Niveau grand n’importe quoi, Gearbox Software n’a plus rien à prouver.

Revenons un peu sur le déluge de références et de clins d'œil qui ponctuent l’aventure. Entre Donjons & Dragons, Le Seigneur des Anneaux, Stargate ou encore Le 5e élément… il y en a vraiment pour tous les goûts… si vous êtes nés avant le 21e siècle. L’humour est trop souvent la victime non consentante d’une traduction qui peine à transposer dans une autre langue les facéties, les tirades acides et autres galéjades grasses. Dans le cas présent, les doublages français et donc les performances des acteurs sont à saluer. Malgré toutes ses bonnes intentions et des qualités indéniables, le récit s’avère parfois secondaire et trop verbeux pour scotcher les joueurs à leur chaise.

Le contenu

Le manque de contenu n’a jamais été un problème sur la saga Borderlands, et son spin-off ne déroge pas à la règle. Rien que pour les armes, les équipements et le loot en général, cet Action-RPG s’en donne à coeur joie quitte à rassasier les joueurs les plus endurants. Les pétoires à elles seules se comptent en centaines de milliers voire plus, et ce n’est que la partie émergée du Wonderlands. Il faut compter une vingtaine d’heures pour terminer la campagne principale et l’aventure a bien d'autres choses à offrir. Tiny Tina’s Wonderlands propose des dizaines de quêtes secondaires, des zones de jeu annexes vastes et riches et un End Game entièrement repensé sur le modèle des failles de Diablo 3.

La Chaos Chamber promet des dizaines d’heures de combat dans des donjons générés semi-aléatoirement. Plusieurs boss inédits ont même été conçus pour ce mode en particulier. La durée de vie de cet Action-RPG est tout simplement excellente. Enfin, tradition oblige, Tiny Tina’s Wonderlands est intégralement jouable de 1 à 4 joueurs aussi bien en coopération qu’en compétition. La différence réside dans la manière de répartir le loot en fin de mission.

Tiny Tina’s Wonderlands est un spin-off solide et respectueux de la saga Borderlands. Gearbox Software ne révolutionne en rien le genre, mais apporte suffisamment de nouveautés pour en faire un épisode à part entière. Tina passe haut la main l’épreuve du feu.