Avant de devenir l’une des séries phares du jeu vidéo, The Legend of Zelda a fait ses débuts à une époque où tout restait à inventer. Cela fait maintenant plus de trente-cinq ans que le petit elfe à la tunique verte sillonne les terres d’Hyrule. Seul ou sur son destrier, il a bravé des tempêtes, exploré des contrées hostiles et vaincu de nombreux ennemis pour sauver Zelda et son royaume. Dès ses premiers pas, Link s’immergeait dans un monde incroyable, mais il faut imaginer que les programmeurs de Nintendo travaillaient sur des ordinateurs dont le code apparaissait sur fond vert. Retour sur les coulisses sur le premier épisode d’une série hors-normes.

ZELDA, UN NOM QUI N’EST PAS SORTI DE NULLE PART

Sortie en 1983, la Famicom, première console de Nintendo, est devenue un véritable phénomène de société au Japon. Grâce à une politique agressive et des jeux de qualité (là encore, par un contrôle très strict), la petite rouge et blanche s’est peu à peu imposée dans le cœur des joueurs nippons. Au sein de Nintendo, le jeune Shigeru Miyamoto, fort du succès de Donkey Kong (même si l’Histoire est un peu plus complexe que cela), a pour objectif d’amener la machine vers de nouveaux sommets. Tout en développant Super Mario Bros. il s’attèle à la création d’un jeu d’aventure inspiré par un célèbre auteur américain : Francis Scott Fitzgerald.

Le nom Zelda m’a immédiatement inspiré car il représentait à merveille ce que je recherchais. C’est-à-dire un nom qui représente une femme éternellement belle et forte. C’était un nom absolument parfait, donc nous l’avons choisi.

The Legend of Zelda relate les péripéties de Link, un petit elfe qui doit venir en aide au royaume d’Hyrule et à la princesse Zelda. Muni de son épée, il arpente des plaines (à l’époque, la transition se fait écran par écran) et explore des grottes dans l’espoir d’obtenir des objets à même de l’épauler dans sa quête. Pour donner du corps à cette aventure, Shigeru Miyamoto s’inspire de son enfance, et notamment de ces moments qu’il passait dans la nature. Un jour, il a découvert une petite cavité, mais il faisait trop sombre pour s’y aventurer. The Legend of Zelda était pour lui comme l’échappatoire lui permettant de passer au-dessus de cette peur du noir.

Développé en parallèle de Super Mario Bros., The Legend of Zelda va peu à peu trouver son chemin (certaines idées prévues dans Mario se sont retrouvées dans Zelda et réciproquement) et amener le joueur sur la voie de la réflexion.

Avec Zelda, nous avons essayé de créer un scénario qui pousse le joueur à utiliser son cerveau pour se sortir de situations a priori inextricables

UNE MERVEILLE D’INGÉNIOSITÉ VISUELLE

Pour l’équipe, The Legend of Zelda était bien plus qu’un nouveau jeu. En tant que première expérience dédiée au Famicom Disk System, il devait emmener la Famicom vers de nouveaux sommets. Un échec aurait signifié la perte d’une manche pour implanter l’accessoire auprès du grand public. Aboutir à une telle œuvre ne fut pas simple, comme le relate Shigeru Miyamoto :

Le hardware de la Famicom avait des possibilités très faibles en matière de reproduction d'images, donc le plus gros challenge du jeu a été de créer différents types d'ennemis qui s'adaptent à ces capacités graphiques limitées. Par exemple, nous n'avons pas hésité à inverser l'image de certains ennemis pour en créer d'autres. J'ai passé beaucoup de temps à dessiner des monstres à la main. Avec du recul, et en me remémorant les limitations du hardware, je pense que ce que nous avons réalisé était vraiment pas mal pour l'époque. Avec ce type de jeu, vous voulions que le joueur utilise son esprit. Vous débutez dans une zone et vous ne savez pas dans quelle direction aller et ce qu'il faut faire.

UNE MUSIQUE INTEMPORELLE

Impossible de ne pas parler de The Legend of Zelda sans évoquer la musique de Koji Kondo. Le compositeur a effectué des miracles en s’appuyant sur le chip sonore vieillissant de la Famicom.

Je pense que ma musique a été influencée par divers styles de musique que j'ai écoutés depuis que je suis un enfant, comme la pop, la musique latine et le jazz. J'aime le jazz et la musique latine, mais récemment, j'ai aussi écouté beaucoup de musique classique. J'aime les concertos pour piano de Rachmaninov. J'aime les chansons avec une belle mélodie, elles laissent une impression plus profonde et elles contribuent également à une source d'inspiration.

Le style Koji Kondo, que ce soit sur Mario ou Zelda, est reconnaissable immédiatement. Ce qui fait la force du musicien, c’est incontestablement son talent à créer une atmosphère avec quelques rares accords. Il suffit de penser aux niveaux aquatiques du plombier ou des grottes de Zelda pour s’en convaincre.

The Legend of Zelda vient de fêter son 36ème anniversaire et sa marque reste indélébile dans l’Histoire du jeu vidéo. Il est sorti en octobre 1988 en France (et non pas 1987 comme on peut le lire parfois), mais la simple couleur dorée de sa cartouche (pour celles et ceux qui ont eu la première édition) suffit à éveiller mille souvenirs.

À commencer par les vôtres ?