Far Cry 6 fut l’une des plus grosses sorties de 2021 pour Ubisoft, si ce n’est d’ailleurs la plus importante : sans surprise, les développeurs comptent bien entretenir leur production sur la durée, notamment grâce à un season pass plein de promesses.
Cela fait maintenant un bout de temps qu’Ubisoft a embrassé la politique du “jeu-service” pour la plupart de ses titres, bénéficiant de diverses extensions étalées sur plus ou moins de temps. Si certains sont réellement faits pour durer des années - Assassin's Creed Valhalla en est un bon exemple - d’autres comptent arroser leur communauté les semaines qui suivent leur sortie, à l’instar de Far Cry 6 : voilà maintenant quatre mois que le FPS est arrivé… et son season pass s’est déjà presque livré entièrement.
“Presque”, oui, car il reste encore au stand-alone de Far Cry 3, l’excellent Blood Dragon, à se faire tester par nos soins dans sa version retapée : en attendant, la firme française propose de plonger dans le passé avec trois DLC réservés aux détenteurs du season pass et consacrés aux précédents méchants de la saga. Le premier d’entre eux était axé sur Vaas, sans doute le plus célèbre (et le plus réussi ?) de tous, et notre avis détaillé peut être retrouvé à cette adresse. Mais qu’en est-il des deux autres ?
Semer la Pagan
À l’occasion de la sortie du troisième DLC il y a quelques jours, il paraissait alors intéressant de revenir sur celui-ci et son prédécesseur (le premier ayant déjà été testé par nos soins, donc). Commençons alors par le deuxième contenu additionnel, sobrement intitulé “Contrôle” et prenant en son centre un certain Pagan Min.
La tâche n’était pas évidente pour Ubisoft à l’époque, en 2014 dans Far Cry 4, de succéder au très apprécié Vaas : les concepteurs proposaient donc un nouvel antagoniste, un dictateur impitoyable sévissant dans la région du Kyrat, au sein des zones montagneuses de l’Himalaya. Un personnage excentrique, calme et violent qui contrastait avec le fameux pirate du troisième épisode : pour ce DLC de Far Cry 6, on se glissera alors sa peau et même… dans sa tête.
Car oui, le concept reste toujours le même que le DLC 1 “Folie” : explorer la psychologie de notre personnage au sein d’un univers mystique et torturé, avec l’objectif de trouver une issue. Un parti pris totalement illusoire qui permet des mises en situation surnaturelles et même un genre de jeu différent, à savoir le roguelite : ici, la mort est récurrente et à chaque game over, le joueur perd tout son équipement actif pour mieux repartir de zéro.
Un principe donc basé sur la répétition qui ne conviendra pas à tout le monde, et sans doute pas à la plupart du public de Far Cry : il n’empêche qu’il fallait oser et que cela rafraîchit l’expérience, d’autant plus que la difficulté s’avère plutôt relevée. Pour “Contrôle”, l’aventure nous permet donc d’explorer le passé de Pagan Min, son rapport démesuré au pouvoir, mais aussi aux êtres chers qu’il a perdu et qui l’ont transformé en monstre.
À l’instar du DLC avec Vaas, il devra, largué dans une grande map tirée de Far Cry 4, récupérer trois items (qui lui permettront de “cacher ses défauts”), farouchement gardés. On notera quelques séquences un peu plus narratives, avec même de la véritable plateforme ; également, la direction artistique s’avère franchement réussie avec des environnements fracturés, pas tellement originaux mais faisant dans l’efficacité. En fait, il n’y a pas grand-chose à redire sur le fond puisqu’il reprend les bases utilisées pour le précédent DLC. Le véritable risque est plutôt de lasser le joueur, surtout s’il a déjà passé du temps sur la première extension ou s’il n’est pas un mordu du roguelite.
Pagan Min est un vilain apprécié, mais pas aussi iconique que Vaas et la trame exploitée dans “Contrôle” a peut-être des chances de moins parler aux joueurs. Peut-être, car cela dépend en réalité de l’affect que vous avez avec ce méchant et le jeu Far Cry 4: pour le reste, “Contrôle” est un DLC honnête, mais qui ne transcendera pas l’expérience du sixième volet. Comptez-en tout cas sur une véritable rejouabilité - plusieurs modes de difficulté sont à débloquer progressivement à chaque fin de run - et la possibilité de débloquer des éléments de la tenue de Pagan Min pour Dani Rojas.
Replanter la graine
Le troisième DLC de Far Cry 6 s’intitule “Contrôle” et propose ainsi un concept tout à fait identique. Plongés dans l’esprit tordu de Joseph Seed, le grand méchant de Far Cry 5, nous allons devoir trouver un moyen de nous échapper en faisant face à nos erreurs et surtout, les membres de notre propre secte.
Un retour à la campagne américaine, donc, avec une carte plutôt vaste qui reprendra la direction artistique à mi-chemin entre les champs de blé et les forêts que l’on avait pu explorer… en 2018 seulement. Là où le bât peut blesser, c’est que les deux précédents DLC misaient énormément sur la nostalgie, qui s’en révélait alors un point fort : autant dire qu’ici, Far Cry 5 est sans doute un peu trop frais pour que cette émotion nous parcourt complètement.
En résulte toutefois un petit périple plus sombre que les deux précédents, avec une colorimétrie grisâtre et poussiéreuse qui rappelle étrangement les tranchées d’une Première Guerre Mondiale. Une direction artistique moins chatoyante et, globalement, moins attirante qui nous a sans doute un peu moins séduit. Toujours convaincu d’être un prophète, Joseph Seed s’immiscera alors dans un univers déchiré, explorant certains lieux emblématiques de Far Cry 5 (comme le commissariat de Hope Country, revisité pour l’occasion).
Une nouvelle fois, le système du roguelite est repris à l’identique : on meurt, souvent, mais on parvient peu à peu à récupérer les trois items demandés pour s’extirper de cet endroit maudit, vagues d’ennemis à la clé. La recette initiée avec les autres DLC n’a pas vraiment bougé d’un iota et permet de se remémorer les pensées folles de cet antagoniste haut en couleurs. Un petit plaisir, oui, à condition d’avoir aimé Far Cry 5 et son ambiance country assez particulière.
En s’aventurant dans le genre du roguelite, les DLC de Far Cry 6 tentent le tout pour le tout : proposer une expérience difficile qui pourra brusquer les amateurs du jeu, tout en essayant de surfer sur la vague nostalgique des anciens méchants. Le pari est risqué et il ne devrait pas plaire à tout le monde, mais il a le mérite d’exister : en réalité, ces contenus additionnels sont surtout plaisants une fois mis bout à bout, comme une virée dans le passé que l’on dévorerait d’une traite. Attention toutefois à la lassitude, qui pointe rapidement le bout de son nez puisque le design et le système seront repris presque à l’identique dans chacune de ces petites extensions… sans parler du fait que vous pourriez, tout simplement, ne pas accrocher au concept du rogue lite. Un season pass agréable, sans pour autant marquer les esprits au fer rouge.