Si vous pestez contre la rareté d’une PlayStation 5 ou d’une Xbox Series X, sachez que sur PC, c’est encore pire. Depuis le début de la pandémie de Covid 19, le prix des différents composants a explosé et il n’est pas rare de devoir débourser presque 1000€ pour une carte graphique qui, à l’origine, en valait moins de 500. Prenons l'exemple de la GeForce RTX 3070 : annoncée en septembre 2020 à 500€, elle se trouve rarement à moins de 950€ en boutique. Les prix sont très élevés, certes, mais la disponibilité reste très faible, avec des cartes qui partent en quelques minutes en ligne.

La RTX 3080 en version "Founders", une véritable rareté.

Du côté des processeurs, c’est un peu la même chose, en un peu moins pire. Les Ryzen 5000 d'AMD ou les Core i de 12è génération chez Intel sont un peu plus faciles à trouver, mais les prix sont souvent élevés. En plus, attention : changer de processeur implique souvent de changer de carte mère. En effet, si vous avez une ancienne machine, il est très possible que "socket" (l'emplacement qui accueille le CPU sur la carte) ne soit pas compatible. C’est donc un coût supplémentaire à prendre en compte.

Les derniers processeur d'AMD et Intel ont aussi vu leurs prix bondir.

Qu’est ce qui explique cette rareté des composants et cette flambée des prix ? La pandémie de Covid 19, encore elle, a fait tourner les usines au ralenti pendant de longs mois et la production a pris beaucoup de retard. En parallèle, les différents confinements ont provoqué une explosion de la demande en matière de produits technologiques. Les gens sont restés chez eux, ont souvent dû improviser du télétravail et n'étaient pas forcément équipés avec le matériel informatique adéquat. Le problème, c'est que l'offre n'a pas pu suivre et les constructeurs se sont retrouvés débordés. A cela s'ajoute, bien entendu, l'engouement pour les cryptommnaies et minage via des cartes graphiques.

Evolution du prix des GPU, de janvier à octobre 2021.

Les hausse des prix devrait malheureusement continuer pendant plusieurs mois, notamment à cause de TSMC, qui monte ses tarifs. Le principale fournisseur mondiale de semi-conducteur - qui travaille notamment avec AMD, Intel ou Nvidia - a ainsi augmenté ses tarifs de 10 à 20%. Une inflation qui risque d'avoir une vraie incidence sur le produit finale... et sur le porte-monnaie des consommateurs.

Bref, en plus d’être rares, les différentes pièces d’un PC sont aussi bien plus chères qu’avant et la situation ne devrait pas s’arranger avant l’année prochaine, au minimum. Mais il existe malgré tout quelques solutions pour profiter dans de bonnes conditions des derniers jeux sur PC. Voici nos conseils

Jouez sur un PC portable, ce n'est pas sale

L’une des options les plus intéressantes du moment, surtout si vous n'avez pas de PC fixe, c’est d’opter pour un PC portable “gamer”. En effet, contrairement à ce qu’il se passe sur les PC fixes, les laptop sont plus faciles à trouver à des prix décents, surtout pendant les soldes. Par exemple, vous pouvez trouver des PC au format 15 pouces avec une GeForce RTX 3070 à moins de 1400€. Une prix très compétitif, même s'il faut faire quelques concessions, comme une taille de SSD limité à 512 Go. Mais la grande majorité des PC portables de ce genre intégre un port supplémentaire, qui permet d'ajouter facilement un SSD pour étendre le stockage.

Acheter un PC portable a de multiples avantages :

• Gain de place évident
• Facilité de transport
• Niveau de performances excellent et de moins en moins d'écart avec les PC fixes
• Prix plus attractifs, promotions nombreuses et régulières

Mais bien entendu, il y a quelques inconvénients par rapport à un PC fixe :

• Manque d'évolutivité (impossible de changer le CPU ou la carte graphique)
• Les machines sont souvent bruyantes et chauffent assez vite

Sur ce derniers points, et même si les châssis sont de plus en plus fins, les différents constructeurs font de très gros efforts pour proposer un système de refroidissement efficace. Les tout derniers modèles en date gèrent ainsi bien mieux la chauffe et le bruit.

En matière de modèles et de marque, vous aurez l'embarras du choix et, si vous optez pour une marque reconnu, vous aurez peu de mauvaises surprises. Asus ROG, Acer Predator, Alieware, Razer, MSI ou encore Lenovo Legion ont beaucoup de références à leur catalogue, à des tarifs très variés. Le rapport performances-prix s'améliore en tout cas de mois en mois.

Faire du neuf avec du vieux, grâce à FSR et au DLSS

Autre solution pour jouer sur PC sans se ruiner : optez pour des composants plus anciens, voire de l'occasion. Car oui, aujourd’hui, il n y a pas besoin d’avoir une RTX 3080 et un processeur Ryzen 5000 pour profiter correctement du dernier AAA à la mode. La plupart des jeux récents sur PC sont globalement bien optimisés (à quelques exceptions près, bien entendu), d’autant plus que des technologies comme le DLSS et FSR permettent de gagner largement en fluidité.

On rappelle que le DLSS et FSR sont deux technologies “d’upscale intelligent”, où le rendu du jeu est calculé dans une définition plus faible, avant qu’un algorithme prenne le relais pour afficher le résultat dans la définition voulue. Le DLSS, conçu par Nvidia, ne fonctionne que sur les cartes graphiques GeForce RTX (à partir de la 2060), tandis que FSR est plus ouvert et compatible avec les Radeon RX et les GeForce d'anciennes génération, de type GTX.

Prenez par exemple God of War , qui vient tout juste de sortir sur PC : avec un processeur Ryzen vieux de 3 ans et une carte graphique GTX 1660 Super sortie fin 2019, vous pouvez y jouer dans de très bonnes conditions en 1080p. Encore mieux, avec une RTX 2060, God Of War pourra même tourner en 4K à plus de 40 FPS grâce au DLSS.

Avec une RTX 2060 et le DLSS, God of War tourne très bien en 4K.

La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de jeux récents sont compatibles avec le DLSS ou FSR et que ces deux technologies sont clairement la clé d’une meilleure optimisation sur PC, ce qui va vous éviter d’être frustré si vous n’avez pas une configuration de dernière génération.

Louer un PC pour jouer, c'est une possibilité

Evoquons également un service qui n’est pas très connu, mais qui peut vraiment être intéressant car il évite une grosse dépense d'un seul coup : la location de PC. En France, c'est le site Boulanger qui propose ce service, avec plusieurs configurations plus ou moins haut de gamme, à des prix allant de 26€ à 82€ par mois. En bas de l’échelle, on trouve par exemple un PC HP avec une GTX 1650 Super, pour 25,99€ par mois. A l'inverse, un PC de marque MGG équipé d'une GeForce RTX 3080 Ti et d'un processeur Ryzen 9 vous coûtera 81,99€ par mois.

Mais attention, pour profiter de ce tarif, il faut vous engager sur 36 mois, ce qui est loin d’être négligeable. Vous pouvez opter pour un engagement moins long (minimum 6 mois), mais les prix augmentent en conséquence. Par exemple, le PC HP à 26€ par mois sur 3 ans passe à 57€ par mois sur 6 mois.

Malgré tout, avec les prix pratiqués actuellement en boutique, la location peut rester un bon plan. Prenons par exemple un PC “milieu de gamme”, avec une RTX 3060 , également de marque MGG. Il est proposé à 36,99€ par mois sur 36 mois, avec un apport initiale de 92€, soit un total de 1423,64€. Le même PC, chez Boulanger toujours, est proposé à l’achat à 1500,99€.On fait donc une économie appréciable.

Mais n'oublions pas que ça reste une location et que vous allez continuer à payer votre PC tous les mois pour que, à la fin, il ne vous appartienne pas. C’est toutefois un deal intéressant si vous ne souhaitez pas dépenser une grosse somme d’un seul coup. On vous conseille tout de même d’opter pour une période d’engagement moins longue afin d’éviter de vous retrouver "bloqué" avec une configuration unique.

Plus besoin de PC avec le cloud-gaming

Enfin, il existe la solution ultime pour jouer sur PC… sans avoir de PC chez soi : le cloud-gaming. Bien entendu, la technologie doit encore se démocratiser, mais plusieurs offres sont aujourd’hui complètement viables. Il y a tout d'abord GeForce Now, le service de cloud gaming de Nvidia qui permet de jouer “à distance” sur une RTX 3080 et donc de profiter du ray-tracing et du DLSS dans les jeux compatibles. L’abonnement le plus haut de gamme coûte 100€ pour 6 mois et vous permet de jouer à beaucoup de titres issus de votre catalogue Steam, Epic Games, GoG ou Ubisoft. Rappel important : il faut acheter les jeux à part pour ensuite en profiter en cloud gaming et il faut également que Nvidia intègre la compatibilité des jeux au sein de GeForce Now.

Nvidia ajoute des nouveautés à GeForce Now toutes les semaines. Parmi les titres récents, on peut citer Rainbow Six Extraction, Far Cry 6, Les Gardiens de la Galaxie, Cyberpunk 2077 ou Kena : Bridge of Spirit. Il y a plus de 1000 jeux compatibles avec le service. La qualtié du streaming est vraiment très bonne, à la condition d'utiliser un WiFi 5 GHz, qui offre une meilleure stabilité.

La configuration "à distance" de GF Now est très puissante.

En matière de compatbilité, GeForce Now fonctionne via une application sur PC Windows et MacOS, mais tourne également sur iOS et Android. Vous pouvez donc l'utiliser sur un smartphone ou une tablette. Sur TV, le service est disponible sur la box Nvidia Shield et c'est d'ailleurs le seul support qui permet de monter en 4K (contre du 1440p sur ordinateur). Une intégration aux TV LG a été récemment lancé mais est pour le moment en bêta.

Autre service qui peut valoir le coup : Shadow. Cette fois-ci, c’est un PC complet qui est proposé et vous pouvez donc en faire ce que vous voulez. Vous accédez en effet à une environnement Windows 10 et vous pouvez donc travailler ou installer n’importe quel jeu que vous possédez. Shadow existe depuis plusieurs années et la compagnie a connu récemment quelques déboires financiers, avant d’être racheté par Oscar Klaba, le propriétaire d’OVH, en mai 2021. Après une longue interruption du service, vous pouvez à nouveau vous y abonner, pour 29,99€ par mois sans engagement.

Shadow est un PC complet dans le cloud.

Techniquement, le streaming de Shadow marche vraiment bien et fonctionne à partir d’une connexion à 15 mb/s, ce qui reste très abordable. Il est vraiment difficile de faire la différence avec un PC en local. Mais le souci est que le service reste, pour le moment, bloqué sur une configuration assez ancienne, basée sur une carte graphique GeForce GTX 1080, sortie en 2016, un processeur Intel 4 coeurs d'ancienne génération et 12 Go de RAM. Le stockage de 256 Go en SSD est également très limité, surtout vue la taille des derniers jeux AAA, qui occupent souvent plus de 100 Go. Il est toutefois possible d’augmenter cette capacité pour quelques euros de plus par mois, mais au format disque dur. L’offre Shadow devrait évoluer dans les mois à venir et proposer des cartes de catégorie RTX, mais la compagnie est également victime de la pénurie de GPU. Un nouvel abonnement plus premium devrait cependant arriver d'ici cet été.

Enfin, côté cloud gaming, on vous rappelle que Microsoft propose une bonne partie de son catalogue Game Pass accessible à distance grâce à l’abonnement Ultimate, que Stadia existe toujours (et oui) et que le PlayStation Now dispose également d’une application sur PC. Cette dernière reste en revanche techniquement assez décevante, avec notamment une latence souvent perceptible et une compression vidéo nettemet visible.

Bientôt le bout du tunnel ?

Alors oui, jouer sur PC en 2022 coûte cher et il n’est pas évident de profiter des dernières innovations technologiques de chez Nvidia, AMD ou Intel. Mais ce n’est pas une fatalité et, comme on vient de le voir, il y a tout de même moyen de faire partie de la fameuse “PC Master Race” sans se ruiner. Historiquement, le matériel PC a toujours été plus coûteux que le matériel console et la situation actuelle ne fait qu’augmenter ce constat. N’oublions pas, cependant, que la plupart des jeux sont moins chers sur PC que sur consoles et que les très nombreuses promotions et offres “gratuites” permettent de jouer toute l’année pour un budget très raisonnable.

Rare image d'un joueur ayant réussi à s'acheter un PC décent en 2022.

Reste que cette pénurie est handicapante et va bien au delà du marché du PC. Toute les acteurs de la tech sont touchés, à commencer par Sony et Microsoft qui ont bien du mal à satisfaire la demande en matière de PS5 et de Xbox Series X. Les constructeurs de smartphones sont aussi à la peine, même si le poids de certains acteurs est tel qu'ils peuvent se permettre de reserver une grande quantité de composants à l'avance. C'est notamment le cas d'Apple, qui a les moyens de se garantir suffisamment de puces auprès des ses fournisseurs pour lancer dans les temps ses prochains iPhone.

Le bout du tunnel sera peut-être atteint d'ici la fin de l'année 2022, avec toutefois de légères améliorations à court et moyen terme. Mais, en attendant, les solutions que nous vous avons proposés sont plus viables que jamais.

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