Après avoir mis en avant la Horde avec Forgés dans les Tarides puis l'Alliance avec Unis à Hurlevent, Blizzard réunit les deux factions emblématiques lors d'une ultime bataille, lieu de castagnes entre joueurs de World of Warcraft. Divisés dans la Vallée d'Alterac est la troisième et dernière extension de l'année du Griffon, la dix-neuvième du jeu de cartes de Blizzard. En ce sens, elle ne révolutionne rien : tout comme ses sœurs aînées, elle apporte un ensemble de 135 nouvelles cartes jouables, un mot-clé inédit et une mécanique jamais vue auparavant.

"De zéro à héros"

Mais avant d'aborder ces nouveautés, commençons par la star principale de Divisés dans la Vallée d'Alterac : les héros. C'est un type de carte qui est déjà connu par les vétérans d'Hearthstone puisqu'il a fait son entrée en août 2017 à l'occasion de la sortie de l'extension Chevaliers du Trône de Glace. Ces cartes légendaires permettent aux joueurs qui les jouent de contrôler un personnage bien plus puissant que celui correspondant à la classe choisie (Chaman, Chasseur, Chasseur de démons, Démoniste, Druide, Guerrier, Mage, Paladin, Prêtre et Voleur). Elles s'accompagnent toutes d'un cri de guerre (effet qui se déclenche quand la carte est jouée depuis la main) et d'un pouvoir héroïque (utilisable une fois par tour) spécial.

Et au global, c'est un pari gagnant réalisé par Blizzard. Ces cartes héros apportent une nouvelle manière de jouer, favorisent la création de nouveaux decks sans pour autant être indispensables. Dire qu'elles ne sont pas puissantes serait mentir, mais il faut reconnaître qu'elles ne peuvent pas porter sur leurs épaules des parties entières comme cela a pu être le cas à l'époque de Chevaliers du Trône de Glace. Un constat d'autant plus appréciable dans la mesure où de nouveaux joueurs arrivent et peuvent se sentir obligés de mettre la main à la poche lors de l'arrivée d'un ensemble de cartes.

FOR THE HORDE !

Au-delà des cartes héros, un nouveau mot-clé accompagne l'extension d'Alterac : il s'agit de la Victoire Honorable. Cette mécanique s'active lorsque le montant de dégâts infligé correspond au nombre de points de vie (ou PV) de l'adversaire visé. En clair : un serviteur adverse est à 2 PV. Si le joueur inflige exactement deux dégâts à cette créature avec une carte dotée du texte victoire honorable, un effet bonus se déclenchera. Et une semaine après l'extension, ce mot-clé ne laisse pas une trace indélébile en jeu. S'il est difficile de dire si cette impression est liée au manque de decks comportant des cartes avec ce mot-clé, il est certain que victoire honorable marque moins que ne l'a fait échangeable, le mot-clé d'Unis à Hurlevent. Grosso modo, VH offre moins de profondeur stratégique et est moins au cœur de la prise de décisions du joueurs.

Un constat que l'on peut faire aussi pour les Objectifs. Ce sont des sorts qui changent le cours de la partie, pendant une durée limitée. Par exemple, le cimetière des neiges est une carte Voleur qui permet à celui qui la joue de déclencher ses râles d'agonie (effet bonus qui se produit quand un serviteur meurt) deux fois pendant trois tours. Comme pour la mécanique de Victoire Honorable, les objectifs sont seulement des sorts inédits plus qu'un type de cartes à part entière qui rafraîchirerait un jeu en perte de nouveautés.

Si l'on peut regretter la profondeur stratégique de ces nouveautés, il faut saluer la capacité de Blizzard à avoir édité 405 cartes en lien avec l'affrontement Horde/Alliance. Un conflit qui prend encore plus de sens avec une bataille indirecte entre les joueurs. Depuis la sortie de l'extension, les joueurs ont dû choisir entre l'une des deux factions. Une fois l'Alliance ou la Horde choisie, le joueur récupère de l'honneur après les parties qu'il joue. Au fur et à mesure des points d'honneur qu'il gagne, le joueur monte en grade (comme dans WoW) et récupère des récompenses.

Meilleurs decks : c'était mieux avant ?

Mais bien évidemment, le divertissement proposé par une extension ne se conditionne pas seulement à la qualité des cartes et des mots-clés édités. Il dépend aussi des decks joués par l'adversaire. Or, ce dernier choisit souvent des decks meta, c'est-à-dire l'un des decks les plus forts du jeu. Cette meta est instable en début d'extension : les joueurs professionnels testent les nouveautés et essayent de trouver les decks les plus performants. Et pour le moment, ce sont Voleur Garrot et Démoniste Quête... des decks issus de l'extension précédente, ayant déjà subis des modifications visant à réduire leur puissance. Alors oui, certains decks aux cartes inédites émergent comme le paladin Trogg ou le chaman Gel. Néanmoins, ils ne sont pour le moment pas assez solides pour bousculer les decks actuels.

Gagner deux parties avec ces decks semblent bien plus facile qu'avec les "nouveaux decks trop forts". Soit la meta n'a pas tant changée que ça, soit nous n'avons pas été capables de trouver de bons nouveaux decks.

Un constat qu'observe Kevin "Casie" Eberlein, joueur professionnel d'Hearthstone et membre de la ligue européenne des "Grandmasters" réunissant les 48 meilleurs du monde.

De manière générale, les cartes de l'extension Divisés dans la Vallée d'Alterac est plus au service des fans de World of Warcraft qu'aux joueurs cherchant une expérience de jeu de cartes faisant chauffer leurs méninges. Conclusion obligée voire forcée à une année de Griffon qui a mis en avant les deux factions emblématiques du jeu de Blizzard, cette dix-neuvième extension se prend les pieds dans le champ de bataille. La faute à des mécaniques moins enthousiasmantes et une meta coincée à l'extension d'avant. L'attente risque d'être longue avant l'arrivée de la nouvelle année Hearthstonienne, probablement prévue pour le printemps prochain.