Décidément, le temps passe aussi vite qu’une course de Mario Kart en 200cc. Il y a deux ans sortait Mario Kart Tour, adaptation mobile de la célèbre série de Nintendo. Un opus qui n’avait pas forcément convaincu à l’époque, notamment à cause de son gameplay et de son modèle économique “payer pour gagner” critiquable. Est-ce que les années ont su réparer ce bolide instable lors de son départ ?
Malgré ses performances tout à fait honorables (200 millions de téléchargements en avril 2021 et 200 millions de dollars générés depuis son lancement), on ne peut pas vraiment dire que Mario Kart Tour arrive en pole position dans le cœur des joueurs. Il suffit de jeter un d'œil à son Metacritic, qui affiche l’équivalent d’un 12/20, dans l'ombre d’un Super Mario Run dont l’accueil critique fut bien plus chaleureux. Le gameplay du jeu de course nomade accusait alors un manque de précision assez flagrant, après un Mario Kart 8 Deluxe souvent considéré comme le meilleur épisode de la série. Sans parler du modèle économique.
Aujourd’hui encore, Nintendo se cherche en matière de titres mobiles, marché florissant qu’il a mis du temps à investir. Mario Kart Tour arrive ainsi en 2019 avec un modèle économique bien plus agressif que l’autre adaptation du plombier moustachu. Les résultats financiers n’ont pas vraiment été au rendez-vous alors il faut changer de stratégie. Super Mario Run avait opté pour du “free-to-start” - logiciel gratuit qui devient payant à partir d’un certain point - alors que le jeu de course penchera pour du “pay-to-win”, où l’argent réel permet d’améliorer son bolide et son personnage sans effort. Souvent, la pilule passe mal.
Pass Or “obligatoire”
“J’ai beaucoup joué à (Mario Kart Tour)” nous raconte Senny, sur Twitter. “C’était très bien, mais « très cher pour un jeu gratuit ». Clairement, il était impossible d’atteindre certains objectifs sans payer”. Au cœur de ce modèle, on retrouve le Pass Or, abonnement mensuel à 5,49€ qui permet notamment d’obtenir des améliorations plus vite et d’accéder au 200cc, mode le plus difficile de Mario Kart Tour. Une aide que SaintSeiyaDono, autre joueur qui nous a répondu, juge obligatoire pour tenir tête aux pilotes qui font le meilleur temps en ligne. C’est dans cette configuration que la dimension pay-to-win est le plus sujet aux critiques, sachant qu’elle repose en plus sur un système de loterie, le fameux “gacha”. SaintSeiyaDono affirme cependant que Mario Kart Tour est moins “avare en cadeau” que par le passé, laissant plus de chance à ceux et celles qui ne veulent pas investir de l’argent. “J’évolue dans (Mario Kart Tour) sans dépenser le moindre euro” nous explique par exemple Senny, sur Twitter. Plutôt une bonne nouvelle.
“Les mises à jour (de Mario Kart Tour) ont répondu à l’un de ses plus gros problèmes : le gacha. Le jeu est désormais bien plus juste entre les joueurs en free-to-play et ceux qui dépensent de l’argent” - Mankalor, vidéaste spécialiste de Mario Kart, dans l’une de ses vidéos
Mario Kart Tour - Nintendo dévoile du gameplay
Mises à jour à gogo
Car depuis sa sortie le 25 septembre 2019, Mario Kart Tour n’a eu de cesse d’évoluer au fil d’une mise à jour quasiment toutes les deux semaines. Les joueurs ont ainsi pu découvrir gratuitement des circuits dédiés aux grandes villes du monde, comme Tokyo, Paris ou Londres. Mais également quelques nouveautés, comme l’ajout d’une fonction pour déplacer librement la caméra en plein jeu ; l’arrivée du mode paysage qui réglera certains problèmes de gameplay liés à l’affichage portrait, au moment d’envoyer un objet ; et surtout le tant attendu multijoueur, dont l’absence aura aussi alimenté les critiques à l'égard du jeu. Un suivi assez irréprochable qui fera constamment grandir la communauté Mario Kart Tour pendant ces deux années. Pour l’instant, Nintendo ne semble pas vouloir réduire la voilure concernant ces mises à jour. Et c'est tant mieux.
Je joue à (Mario Kart Tour) un peu tous les jours depuis le (vrai) confinement (...) Il y a du nouveau contenu tout le temps, je prends du plaisir à faire les courses et à essayer de monter en ligue mais ça reste la même logique d’addiction que beaucoup de jeu mobile et si tu t’y mets pas à fond et que tu lâches pas un peu d'argent, je pense que tu montes pas du tout - Aurelien Preveaux, vidéaste spécialiste de Mario Kart Tour, qui nous a répondu sur Twitter
Garder la tête froide
Pour autant, les déclarations de Shuntaro Furukawa, président de Nintendo, ne présagent pas d’un avenir forcément très radieux pour les jeux mobiles de la société, bien que l'homme affirmait en 2020 s’attendre à des “résultats remarquables” de la part de Mario Kart Tour. “Nous ne chercherons pas forcément à publier de nombreuses nouvelles applications sur le marché mobile” a-t-il ainsi expliqué, dans un second temps. “Pour nous, le but (...) est d'apporter des jeux qui utilisent les licences Nintendo à la grande base d'appareils connectés installés à travers le monde, amenant plus de consommateurs à être en contact avec l’univers des jeux Nintendo”. Pour le coup, c’est un pari gagné pour Mario Kart Tour, dont la sortie fut l’un des déclencheurs d’une augmentation exponentielle du nombre d’ouverture de comptes Nintendo, obligatoire pour pouvoir y jouer. Entre le 25 septembre 2019 et septembre 2020, ce nombre a tout simplement doublé pour atteindre 200 millions de comptes. Comme Call of Duty Warzone, Mario Kart Tour symbolise un premier pas gratuit vers un écosystème précis. Sur le sujet, on peut dire que tout roule pour le jeu de Nintendo.
