Intel a récemment annoncé son intention d’investir le marché de la carte graphique pour gamers dès le début de l’année 2022. Pour concurrencer des constructeurs déjà solidement installés, comme Nvidia, le fondeur doit immédiatement sortir l’artillerie lourde. On fait le point.
Le marché des cartes graphiques est particulièrement chahuté par la crise mondiale qui sévit depuis le début de l’année 2020 : la fermeture temporaire des usines de production l’année dernière, notamment en Chine, puis leur réouverture avec l’application de consignes de distanciation strictes, ont entraîné une pénurie de semi-conducteurs qui freine la production des précieux GPU. Une situation qui touche violemment AMD et Nvidia, les deux principales entreprises du marché. Pour ne rien arranger pour elles, elles vont devoir composer, en 2022, avec un nouveau concurrent, qui n’est pas un inconnu sur le marché des composants informatiques : Intel.
Intel, plus d’une corde à son ARC
La rumeur courrait depuis un bon moment déjà, mais elle a été confirmée par Intel à la mi-août : dès le premier trimestre 2022, le fondeur proposera sa toute première gamme de cartes graphiques, sous sa marque Intel ARC. Il s’agira de modèles destinés au grand public, avec une forte orientation gaming. De quoi confirmer, sans surprise, qu’Intel compte bien venir marcher sur les platebandes de Nvidia et d’AMD. Mais avec quoi ? Telle est la question. Si Intel n’a pas encore tout dévoilé concernant ses premières cartes graphiques ARC, beaucoup d’informations sont déjà connues.
On savait déjà, depuis l'officialisation de cette future gamme, qu'elle afficherait une compatibilité Ray Tracing et qu'elle proposerait le VRS (Variable Rate Shading) ainsi que des Mesh Shaders. Le constructeur a également annoncé sa volonté de proposer sa propre alternative au DLSS de Nvidia et au FSR d’AMD, avec une technologie de super sampling basée sur une intelligence artificielle développée en interne.
Intel a pour projet de proposer quatre générations de cartes graphiques au sein de sa marque ARC. La première reposera sur les GPU Alchemist Xe-HPG, que le constructeur a présenté de façon détaillée durant son événement Intel Architecture Day, qui s’est déroulé il y a quelques jours.
GPU Alchemist Xe-HPG : les détails
Cette conférence a été l’occasion d’apprendre que les GPU Alchemist d’Intel ARC sont prévus pour être gravés en 6 nm par TSMC, un fondeur taiwanais. Cela représente une petite évolution par rapport aux GPU d'AMD qui sont, eux, gravés en 7 nm, et ceux de Nvidia, en 8 nm. Concrètement, cela permet de disposer de circuits électroniques plus fins, tout en bénéficiant de performances supérieures à ce que propose la concurrence à l’heure actuelle.
Voici quelques détails concernant l’architecture Xe-HPG : Le GPU Alchemist est doté de blocs de calculs invisibles, nommés Xe-core, qui symbolisent l’ADN de cette première génération de GPU ARC. Chaque Xe-core contient 16 moteurs vectoriels de 256 bits et 16 moteurs matriciels de 1024 bits. Un cache L1 dédié, ainsi qu’une matrice de stockage, viennent s’ajouter à l’ensemble. Intel intègre quatre Xe-core dans chaque Render Slide du GPU. À cela s’ajoutent quatre unités de ray tracing, et les éléments communs au fonctionnement de DirectX 12. Sur les visuels présentés par Intel, on peut apercevoir un GPU doté de huit Render Slices. Comme chaque Xe-Core contient 16 unités d’exécution, alors chaque Render Slice en contient 64, soit un total de 512 UE par GPU. Voilà pour les détails de l’architecture Xe-HPG Alchemist, en tout cas dans sa version la plus musclée, car Intel a précisé que des versions avec 2, 4 ou 6 Render Slices seront également disponibles.
Intel Arc Alchemist face à AMD et Nvidia
Si vous n’êtes pas amateur de détails velus concernant les entrailles des GPU, vous vous posez peut-être une question plus terre-à-terre : que vaut le GPU Alchimist DG-512 d’Intel face au GA104 (RTX 3070) de Nvidia et au Navi 22 (RX 6700 XT) d’AMD ? Sans posséder de carte graphique Intel sous la main, la comparaison ne peut être que théorique, mais la voici sur le papier, compilée par nos confrères de WCCFTech .
| Nom du GPU | Alchemist DG-512 | NVIDIA GA104 | AMD Navi 22 |
|---|---|---|---|
| Architecture | Xe-HPG | Ampere | RDNA 2 |
| Noeud de processus | TSMC 6 nm | Samsung 8 nm | TSMC 7 nm |
| Produit phare | Intel ARC (modèle inconnu) | GeForce RTX 3070 Ti | Radeon RX 6700 XT |
| Raster Engine | 8 | 6 | 2 |
| Coeurs FP32 | 32 Xe Cores | 48 SM Units | 40 Compute Units |
| Unités FP32 | 4096 | 6144 | 2560 |
| Calculs FP32 | ~16 TFLOP | 21,7 TFLOP | 12,4 TFLOP |
| TMUs | 256 | 192 | 160 |
| ROPs | 128 | 96 | 64 |
| Coeurs RT | 32 Coeurs RT | 48 Coeurs RT (V2) | 40 Unités RA |
| Coeurs Tensor | 512 Coeurs XMX | 192 Coeurs Tensor (V3) | N/A |
| Calculs Tensor | ~131 TFLOP FP16 / ~262 TOP INT8 | 87 TFLOP FP16 / 174 TOP INT8 | 25 TFLOP FP16 / 50 TOP INT8 |
| Cache L2 | A déterminer | 4 Mo | 3 Mo |
| Cache supplémentaire | Cache intelligent de 16 Mo ? | N/A | Infinity Cache 96 Mo |
| Mémoire Bus | 256 bits | 256 bits | 192 bits |
| Mémoire vidéo | 16 Go GDDR6 | 8 Go GDDR6X | 16 Go GDDR6 |
| Période de lancement | T1 2022 | T2 2021 | T1 2021 |
Le GPU Alchimist DG-512 affiche des quantités de ROPs (gestion du rendu) et de TMUs (gestion des textures) plus importantes que les GPU de Nvidia et d’AMD. En revanche, du côté des RT Cores, c’est-à-dire les coeurs qui permettent le rendu temps réel du Ray Tracing, Nvidia reste en tête avec 48 unités contre 32 chez Intel (et 40 RA chez AMD).
Pour ce qui est de la mémoire vidéo, on constate qu’Intel lorgne du côté d’AMD avec 16 Go de RAM GDDR6, là où Nvidia se contente de 8 Go de RAM, mais plus rapides (GDDR6X). Intel s’aligne sur Nvidia pour le bus d’interface à 256 bits, là où AMD s’arrête à 192 bits.
On note tout de même que certaines informations manquent à l’appel à l’heure actuelle, ce qui empêche de consolider la comparaison théorique. La puissance de calcul du GPU Alchemist le plus puissant est estimé aux environs de 16 TFLOP dans ce tableau, ce qui permettrait de le situer entre l’AMD Navi 22 (12,4 TFLOP) et le Nvidia GA104 (21,7 TFLOP). Difficile cependant de se faire une idée concrète avec seulement une fiche technique sous les yeux : seuls les tests comparatifs permettront de mettre les GPU en concurrence concrète.
Intel Arc Alchemist : un solide concurrent qui arrivera un peu tard ?
Au regard des spécifications connues à ce jour, on peut considérer que le GPU le plus puissant annoncé par Intel pour sa génération Alchemist semble en mesure de rivaliser, d’une manière ou d’une autre, avec la GeForce RTX 3070 de Nvidia et la Radeon RX 6700 XT d’AMD. Le souci potentiel de la situation, c’est que les cartes graphiques d’Intel arriveront sur le marché dans peut-être plus de six mois, alors que les modèles de ses concurrents sont déjà disponibles : la rivalité n’existe aujourd’hui que sur le papier. Sera-t-elle encore pertinente en 2022, alors que les cartes graphiques les plus récentes d'AMD seront sur le marché depuis un an déjà ? La question se pose, au moins pour cette génération de GPU.
Outre les qualités techniques des premières cartes graphiques d’Intel, on peut imaginer que la pénurie encore d’actualité pourrait jouer en la faveur de ce nouvel acteur du marché, s’il parvient à disposer d'un stock suffisant au lancement de ses premiers produits. Si Intel propose des performances similaires, voire supérieures à la concurrence tout en répondant à la demande d’une manière efficace, il se pourrait bien qu’il devienne vite incontournable pour les gamers qui peinent à renouveler leurs configurations de PC. La saga d’Intel sur le marché ces GPU ne fait sans doute que commencer.
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