En 1997, la star de la NBA Michael Jordan et les Looney Tunes collaboraient dans le film Space Jam le temps d'un match de basket resté gravé à jamais dans les mémoires. Près d'un quart de siècle plus tard, les trublions animés de la Warner reviennent sur les parquets en compagnie d'une autre icône du basket... LeBron James. La rédaction de JV s'est entretenue par écrit avec la voix française de Bugs Bunny - Gérard Surugue - concernant son travail sur Space Jam : Nouvelle ère (2021) ainsi que ses autres rôles aussi bien au cinéma que dans le jeu vidéo (Bioshock Infinite, Mass Effect 2, Resident Evil Village, etc.).
Quels ont été à titre personnel vos rôles de doublage les plus marquants au cinéma et à la télévision ? Pour quelles raisons ? Qu'en est-il dans le jeu vidéo ?
J’ai co-écrit et joué en anglais, avec Jean-François Kopf et Phillipe Ogouz, une série de sketches pour C+ « Le Frog Show ». C’était jouissif de nous redoubler en français. C’était ma toute première synchronisation, ce qui m’a incité à persévérer dans ce métier. Dans « GUNMAN » j’ai eu le plaisir de doubler Mark Rylance dans le rôle de COX un rôle de composition, traître, sournois. Et naturellement BUGS BUNNY. J’ai été fier d’être choisi il y a 26 ans. On a appris à se connaître. Nous sommes inséparables, un vrai régal ! Dans d’autres dessins animés, ce qui est performant, c’est de changer sa voix pour doubler plusieurs personnages (exemple dans Wakfu : Rubilax, Vargass, Ratafouine, Chambellan Toufdru, Dieu Enutrof et Baltazar !)
Pour ce qui est des jeux vidéo, je me suis beaucoup amusé à faire le narrateur dans Spider-Man 2. C’était très drôle de titiller le joueur pour qu’il progresse. J’ai aussi aimé le rôle du Colonel Hoffman dans Gears of War, très posé, force tranquille. Dans Kingdom Hearts, j’interprétais Philoctète, mi-homme, mi-bouc. Personnage complètement farfelu donnant des conseils à Hercule pour gagner ses combats. Dans Mass Effect 2, j’interprétais le rôle de Harkin. Encore un méchant. Il m’arrive aussi de faire plusieurs voix dans un même jeu (The Witcher 2 : Assassin of Kings : Yarpen Zigrin et le Troll de Flotsam).
Vous avez repris le flambeau de Guy Piérauld en tant que Bugs Bunny. Quel est votre rapport avec ce personnage intergénérationnel, véritable icône de la pop-culture ?
Comme je le disais plus haut 26 ans de vie commune c’est pas rien, je le connais bien ce farceur ! D’ailleurs il m’a demandé si je ne voulais pas qu’on se pacse… Je réfléchis !
Comment avez-vous abordé le personnage de Bugs Bunny dans Space Jam : Nouvelle ère ? Quels sont les changements opérés sur le personnage de Bugs Bunny, entre Space Jam (1997) et Space Jam : Nouvelle ère (2021) ?
Comme d’habitude, avec le sourire, parce que je savais que cela allait être un plaisir. Il faut dire que nous ne nous étions pas vraiment quittés depuis 1997 puisque j’ai continué à le doubler très fréquemment (pour les Looney Tunes -série et film-, Bunny et ses amis, Quoi d’neuf Bunny, …) Question caractère Bugs est toujours le même, farceur, impertinent. Il n’y a que le graphisme qui a changé pour donner une note de modernité.
Quelles sont les principales différences entre doubler un personnage au cinéma et dans un jeu vidéo ? Entre Space Jam : Nouvelle ère (Bugs Bunny) et Resident Evil Village (The Duke) par exemple ?
Le travail n’est pas du tout le même. Pour le cinéma, nous visionnons le film et sous celui-ci il y a ce que l’on appelle la « bande rythmo » sur laquelle défile le texte. En fonction des ouvertures et fermetures de la bouche du personnage, une barre verticale nous indique à quel moment nous devons prononcer les mots. Pour le jeu vidéo nous avons deux écrans. Sur l’écran du haut le texte et sur celui du bas le spectre de la voix étrangère. Le but est de commencer et finir en même temps que la voix écoutée. Nous avons donc une plus grande liberté d’élocution mais un timing serré. On adapte notre jeu d’après la photo du personnage et la voix originale. La seule similitude est le respect du jeu de l’acteur. Il faut être au service du personnage que l’on interprète et prendre du plaisir à le faire. Que ce soit un personnage fantasque ou un personnage glauque, ce qui compte c’est s’amuser à le jouer !
Pouvez-vous nous décrire brièvement votre collaboration avec Capcom sur Resident Evil Village ?
Avec Capcom, on ne se voit que très rarement car nous avons des intermédiaires. Ce sont eux qui ont choisi ma voix pour ce personnage et ont l’air d’apprécier.
Space Jam : Nouvelle ère sortira en France au cinéma le 21 juillet 2021.