La politique Cross Média de Cyberpunk 2077 se traduit dans les faits par la production de la série animée pour Netflix “Edgerunners” supposée voir le jour en 2022 ainsi que le comic book “Trauma Team” paru dans nos contrées chez Panini Comics. C’est cet ouvrage qui nous intéresse tout particulièrement aujourd’hui.

Cyberpunk 2077 Trauma Team narre, comme son nom l’indique, l’une des opérations de la Trauma Team International. Cette société propose un service médical d’urgence pour client aisé, et intervient peu importe la situation, même les plus désespérées. Nous suivons les aventures, le terme "mésaventure" serait plus à-propos, de la “Médtechie” Nadia, une médecin spécialisée dans les interventions à haut risque. Le récit se concentre sur une intervention parmi tant d'autres, une extraction pour être précis, au cœur d’un immeuble pris d’assaut par un gang. Cullen Bunn, auteur de plusieurs arcs destinés au trublion Deadpool, emprunte donc les codes d’un sous-genre de l’action, celui du "siège". Ce genre s'est illustré par le passé à travers plusieurs films dont Assaut (1976), The Raid (2011) ou encore Dredd (2012), histoire de rester dans la science-fiction dystopique. La Trauma Team est par définition une force d’intervention médicale armée. Ce concept à lui seul donne le la, et impose un ton pessimiste porté par un personnage principal au bord du précipice. Nadia n'est en définitive que le rejeton désabusé de Night City.

Les fans du jeu de rôle papier et de son adaptation en jeu vidéo étaient en droit d’espérer un comic book fidèle à l’univers créé en 1988 par M. Pondsmith, puis repris trois décennies plus tard par les studios polonais CD Projekt RED. C’est chose faite. La Trauma Team ne sort pas de nulle part. Elle est mentionnée à plusieurs reprises dans la seconde édition du corebook de Cyberpunk 2020 (1990), puis dans les premières éditions du corebook et du Jumpstart Kit de la première édition de Cyberpunk RED (2019), et pour finir dans l’oeuvre vidéoludique qui nous intéresse en premier lieu… Cyberpunk 2077. Ce comics exploite les zones d’ombres de Night City, et s’intéresse à une corporation bien précise qui ne peut exister que dans cette cité cyberpunk. L'existence même de ce corps médical armé implique de nombreux questionnements éthiques. Malheureusement, ces derniers ne sont effleurés qu'en surface. Nous aurions aimé un peu plus de matière, un peu plus de fond afin de faire écho à une forme devant laquelle nous ne pouvons que nous incliner.

Le style visuel convient parfaitement à l’atmosphère techno-crasseuse de Night City et de ses différents quartiers que nous découvrons sous un nouveau jour. Coup de crayon serait plus juste. Westbrook et Pacifica, pour ne citer qu’eux, prennent vie grâce aux talents combinés de Miguel Valderrama (Hunters, Giants) au dessin, et Jason Wordie (Chaos Agent, Wasted Space, Resonant) à la couleur. L’univers de Cyberpunk 2077 est par nature violent. La violence est ici thématique, comme nous l’avons vu précédemment, mais également graphique. Les cadavres s’entassent tout au long d’un récit qui ne lésine ni sur l’action ni sur ses conséquences. ça tranche, ça transperce, ça charcle, ça disperse du plomb et de l'hémoglobine aux quatre vents. Le style visuel des artistes qui officient sur le projet exacerbe la nature même de Night City, à savoir une cité tentaculaire et dystopique où le pire de l’humanité s’exprime à plein régime. Le crayonné un brin rétro de Miguel Valderrama sied parfaitement à l’ambiance générale de l'œuvre. Il en va de même pour la colorisation et le découpage, certes dynamique mais toujours lisible, qui accentuent parfaitement les exactions perpétrées par les gangs ainsi que la Trauma Team.

Cyberpunk 2077 Trauma Team n’a rien d’essentiel, et ne cherche probablement pas à l’être. Ce comic book capitalise sur la franchise de CD Projekt RED et R. Talsorian Games, et aborde des thématiques fortes propres à l’univers dans lequel elles prennent racine, sans jamais oublier de soigner les apparences... les visuels.

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