
C’est lors de son dernier direct que Nintendo a annoncé l’arrivée du cloud gaming sur Switch en Europe. Une arrivée étonnante de par son fonctionnement instantané, symbolisé par la disponibilité immédiate de Control, mais qui fait finalement suite logique à son fonctionnement depuis plusieurs années au Japon. Nintendo internationalise donc sa technologie et se place du coup au niveau de ses concurrents pour mettre entre nos mains des jeux que sa console portable ne serait pas capable de traiter en local. Alors faisons ensemble un petit tour de ce que propose ce service, ses avantages, ses inconvénients, et sa place désormais grandissante sur le marché.

C’est avec un titre Sega que Nintendo a lancé son propre service de Cloud Gaming en Mars 2018, proposant tout d’abord le titre Phantasy Star Online 2 aux joueurs japonais. Un premier essai couronné de succès et qui fût rapidement suivit de jeux plus ambitieux comme le Resident Evil VII ou Assassin's Creed Odyssey d’Ubisoft. Des références qui, de toute évidence, n’auraient jamais pu tourner dans de bonnes condition sur la Switch, du moins sans compromis sur la qualité visuelle ou sans l’apport d’une puissance supplémentaire. Et c’est justement là tout l’avantage du cloud gaming qui permet d’opérer tous les calculs relatifs aux graphismes, à l’environnement et aux moteurs physiques sur des serveurs distants. Le flux vidéo correspondant est alors envoyé au joueur qui y répond avec ses contrôles, lesquels sont eux-même remontés au serveur. En clair on joue à un jeu qui est traité à distance, tout en gardant le son, l’image et les contrôles en local.
LA SWITCH, UN ATOUT DANS LA GUERRE DU CLOUD GAMING
Dans le cas de la Switch, ce système se trouve limité à une image en 720p, soit 1280 × 720 pixel, la résolution native de l’écran de la console portable de Nintendo. Nous notons d’ailleurs que la limitation reste identique pour le jeu en mode docké, quand bien même l’image en sortie du dock pourrait atteindre 1920 x 1080. On est donc sur ce point précis, un cran en dessous de ce que la concurrence propose, les PS Now, Xbox Game pass et autres Geforce Now tablant sur un maximum de 1080p à 60 Hz. En même temps, à moins de sortir l'adaptateur RJ45/USB en mode docké, la Switch ne peut faire autrement que de proposer une connexion WiFi, beaucoup moins stable qu’un raccord câblé à votre box. On y gagne en liberté ce que l’on perd en débit.

Néanmoins, face à la vague de services cloud gaming arrivant sur le marché et supportés par des géants de l’internet comme Apple, Amazon, Google ou Microsoft, Nintendo montre ici qu’il se tient à la page au niveau technologique, tout en opposant à ses concurrents un argument de poids : sa console hybride. En plus d’être très largement diffusée auprès des joueurs, puisqu’on parle de plus de 60 millions d’unités à travers le monde, la Switch peut en effet basculer très simplement d’un mode portable à un mode “salon” et donc remplir tous les besoins d’un foyer en termes de jeu. Et s’il lui manque un peu de puissance face aux PlayStation 5, Xbox Series et autres PC, l’ajout de ce service cloud gaming devrait lui permettre d’accéder aux jeux les plus récents, et donc les plus gourmands, sans imposer de changement de hardware à des joueurs capables de se contenter d’une résolution moindre.
CONTROL : UN CHOIX PARFAITEMENT RÉFLÉCHI POUR LE LANCEMENT

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Nintendo fait le choix du Control pour lancer son service en occident. Le jeu de Remedy cumule un moteur physique qui impressionne, entre décors destructibles et environnement très changeant, avec des caractéristiques visuelles avancés faisant appel à de l’éclairage en ray-tracing ou des effets de particules complexes. Alors oui, il est impressionnant de voir ce jeu tourner en ultra, c’est à dire dans une version équivalente à celle que proposerai un gros PC, sur la petite console portable de Nintendo. Et ce même en 720p.

Pas étonnant non plus de voir le jeu profiter d’une démo gratuite limitée dans le temps, un peu déguisée sous la forme d’un “téléchargement gratuit” accessible à tous. C’est en effet un bon moyen pour Nintendo de tester la résistance de ses serveurs face à une horde de joueurs curieux de tester cette technologie ou simplement en recherche d’expériences gratuites. D’ailleurs, dès l’arrivée du titre sur le Nintendo eShop, nous avons pu constater la mise en place de files d’attente et de grandes difficultés pour atteindre la partie jouable du jeu. Le lendemain, si l’accès se montrait plus facile, il fallait encore jongler entre les divers bugs, les baisses de qualité d’image ou les temps de latence augmentés. On attend donc mieux de la part de Nintendo, surtout si le constructeur décide dans le futur de mettre en ligne une de ses franchises les plus appréciées.
LE CLOUD GAMING, AVENIR DE LA SWITCH ?


En attendant, cette technique présage du mieux pour l’avenir de la Switch. On peut d’ores et déjà attendre la sortie annoncée de Hitman 3 à une date qui n’a pas encore été dévoilée, et imaginer que Resident Evil 7 ou Assassin’s Creed Odyssey seront de la partie. De même, face à la rumeur d’une éventuelle Switch Pro, plus puissante, on peut rêver d’un nouveau catalogue qui resterait accessible aux possesseurs de la Switch originale par ce biais.
Quant à la suite, elle dépend principalement de la volonté de Nintendo d’emprunter ou non le chemin de ses concurrents. On sait en tout cas que la limitation ne vient pas de la console elle-même, la machine étant architecturée autour d’une technologie proche de la Shield de NVIDIA, une autre console compacte parfaitement intégrée dans l’écosystème GeForce Now, et qui aujourd’hui a accès à plus de 400 jeux en Cloud Gaming, parmi lesquels on trouve du Red Dead Redemption II, du Destiny 2 ou encore de l’Assetto Corsa Competizione. Bien des titres que l’on aimerait parcourir en nomade, une Nintendo Switch entre les mains.
