Si l'arrivée d'une nouvelle génération de machine est toujours un événement, celle qui se profile à l'horizon est assez particulière. Outre le fait que l'offre soit beaucoup plus variée (mais aussi plus floue) qu'auparavant avec la présence de deux machines différentes par constructeur, c'est aussi cette tendance à effacer les jeux de la communication au profit du service et du prix qui symbolise l'évolution du marché qui aujourd'hui semble placer notamment le prix au centre des préoccupations.
Des machines adaptées à des profils différents
Xbox Series S, Series X, PlayStation 5 ou PlayStation 5 Digital Edition. 4 machines pour deux constructeurs, chacune différente, et proposées à des prix différents. Les consoles, plutôt que de s'adresser à toutes et tous uniformément, se sont calquées sur la manière de consommer le jeu vidéo par le public pour moduler son offre et tenter de conquérir un public plus large encore. Dans le cas de Microsoft, les performances varient d'une machine à une autre, mais d'une manière suffisamment équilibrée pour que ce soit surtout l'équipement ou non d'une TV 4K dans le salon du consommateur qui détermine le choix d'une machine ou d'une autre. En revanche, les Xbox Series ont pour point commun avec la PlayStation 5 de se décliner dans une approche favorable au tout dématérialisé. Les deux machines dépourvues de lecteur Blu-Ray ont surtout aussi pour argument massue d'être facturées à un tarif plus attractif que la console principale. 499€ pour la Series X contre 299€ pour la Series S. 399€ pour la PS5 Digital Edtion contre 499€ pour l'édition standard. L'écart de prix, particulièrement agressif du côté de chez Microsoft, peut logiquement conduire le consommateur à s'interroger sur son rapport au jeu physique, au marché de l'occasion, mais également à la qualité de sa connexion internet pour savoir s'il sera capable de supporter une machine qui ne lui permettra jamais de passer par un disque pour installer ses jeux.
C'est là une manière inédite d'envisager l'achat d'une nouvelle console. Si bien évidemment il existera toujours les férus d'un constructeur plutôt qu'un autre qui privilégieront sans se poser trop s'interroger Microsoft ou Sony, ils devront malgré tout se poser la question de savoir quelle machine de leur constructeur fétiche correspondra mieux à leur usage au quotidien. Mais l'écart de prix, lui, peut aussi clairement orienter l'acheteur hésitant vers la Xbox ou la PS5, a plus forte raison que, pour leur lancement du moins, les deux consoles sont assez timides lorsqu'il s'agit de frapper fort avec des jeux coups de poing. Mais ce n'est pas parce que les jeux semblent moins être une vitrine qu'ils n'ont pas été évoqués pour autant. Effectivement, les quelques événements « maison » faits par les constructeurs, manière de procéder largement accélérée par l'absence de l'E3 en raison de l'épidémie de Covid, ont été l'occasion de dévoiler, à plus ou moins long terme, les expériences que les joueurs pourront vivre en possession de telle ou telle machine. Si le terrain des exclusivités est toujours important pour une partie du public, c'est désormais en revanche l'argument du prix et du service qui pourrait bien faire changer la balance.
Le prix : le nerf de la guerre
Xbox de son côté se montre particulièrement agressif et semble opter pour une accessibilité appuyée du jeu vidéo, accessibilité qu'il entend gagner par le prix. Outre le fait que la Xbox Series S sera la console next gen la moins chère du marché, c'est aussi par son service que le constructeur se démarque. Des centaines de jeux accessibles via le gamepass, dont beaucoup de AAA Day One, pour une somme modique, le All Access, calqué sur le modèle du leasing vous permettant de lisser l'achat sur plusieurs mois afin de pouvoir s'offrir la Series X sont autant d'arguments largement mis en avant pour laisser aux joueurs la possibilité de coller à l'actu du jeu vidéo sans pour autant se ruiner ou s'en priver faute d'une trésorerie suffisante. De son côté, Sony a affirmé que ses jeux first party coûteraient la rondelette somme de 80€ et sa machine la moins chère coûte 100€ de plus que la Series S. Si l'on ne doute pas un seul instant du coût pharaonique de certaines productions exclusives du constructeur, coût se répercutant sur le prix du produit final, il semblerait que de son côté, Sony teste l'élasticité du porte-monnaie de ses fans et pourrait même détourner certains d'entre eux, au moins provisoirement, en raison de tarifs plus élevés.
Car en définitive, sur cette génération, les jeux en eux-mêmes se résument plus à des promesses qu'à des exemples vraiment concrets de ce que la prochaine génération aura dans le ventre. En revanche, il existe une petite guerre des spécificités, des services et du prix, qui occupe une place prépondérante a seulement un mois du lancement des machines, laissant à penser que l'époque où c'étaient les jeux qui faisaient vendre les machines s'érode peu à peu.