L'affaire est maintenant bien connue de tous. La semaine dernière, Epic Games instaurait une nouvelle méthode de paiement direct dans Fortnite, une manière de contourner la taxe "exorbitante" de 30% prélevée par Apple et Google sur les transactions réalisées depuis leurs stores. Un détournement de leurs règles d’utilisation qui a très vite engendré le bannissement du jeu des deux plateformes. Epic Games avait alors déposé une plainte pour abus de position dominante contre les deux géants américains. Sa dernière action, une injonction préliminaire déposée à l'encontre Apple, rencontre aujourd'hui l'opposition de ce dernier.
Les derniers faits relatant l'affaire remontent à l'injonction préliminaire déposée à l'encontre de la société de Tim Cook, une réponse aux dernières "représailles" de ce dernier. "Apple fermera tous nos comptes développeur et nous bannira des outils de développement iOS et MacOS. Nous demandons au tribunal d'empêcher ces représailles" indiquait le géant du jeu vidéo sur Twitter . Il deviendrait ainsi impossible pour lui d'authentifier des applications, d'en soumettre de nouvelles sur l'App Store, ou encore de mettre à jour l'Unreal Engine sur iOS et macOS.
"Nous ne ferons pas d’exception pour Epic car nous ne pensons pas qu’il soit juste de faire passer leurs intérêts commerciaux avant les directives qui protègent nos clients", répondait ensuite Apple dans les colonnes du Washington Post .
Apple s'oppose à la demande d'injonction
La querelle poursuit son cours. Apple s'oppose officiellement à la demande d'injonction, stipulant qu'Epic cherche à résoudre un problème qu'il a lui-même créé par une violation délibérée de ses accords.
Les accords d'Epic avec Apple précisent expressément que si un développeur d'applications viole les règles de l'App Store ou la licence des outils de développement - qui s'appliquent toutes deux de la même manière à tous les développeurs, grands et petits - Apple cessera de travailler avec ce développeur. Les développeurs qui s'efforcent de tromper Apple, comme l'a fait Epic ici, sont révoqués. (...)
Tous ces supposés préjudices pour lesquels Epic cherche indûment à obtenir une aide d'urgence pourraient disparaître demain si Epic réparait sa violation. Apple a offert à Epic l'opportunité d'y remédier, de revenir au statu quo avant qu'Epic n'installe son "hotfix" qui s'est transformé en un véritable désordre, et d'être à nouveau accueilli sur l'App Store.
Proposant à Epic de corriger le tir en faisant marche arrière, Apple souhaite aussi faire remarquer que les ordonnances restrictives ne servent pas à remédier à "des blessures auto-infligées"." Le document ajoute :
Tout cela peut se faire sans l'intervention de la Cour et l'usage de ressources judiciaires. Et Epic serait libre de poursuivre son procès en première instance. Mais Epic ne veut pas corriger le préjudice qui, selon lui, nécessite une réparation immédiate, car il a un autre objectif en tête : il veut que la Cour lui permette de profiter librement de l'innovation, de la propriété intellectuelle et de la confiance des utilisateurs d'Apple.
Une premier échange de mails qui remonte à juin
Plus loin, le document indique également que le PDG Tim Sweeney a déjà envoyé un e-mail à Apple en juin dernier, sollicitant la possibilité de créer des options de paiement concurrentes sur le système iOS. Le courriel en question a été partagé :
En raison des restrictions imposées par Apple, Epic n'est pas en mesure de fournir aux consommateurs certaines fonctionnalités de ses applications iOS. Nous aimerions offrir aux consommateurs les fonctionnalités suivantes :
1) Des options de traitement de paiement concurrentes autres que les paiements Apple, sans frais pour Apple, dans Fortnite et d'autres logiciels Epic Games distribués par l'App Store iOS ;
2) Une application concurrente de l'Epic Games Store disponible sur l'App Store iOS et par installation directe qui a le même accès aux fonctions du système d'exploitation sous-jacent pour l'installation et la mise à jour des logiciels que l'App Store iOS lui-même, y compris la possibilité d'installer et de mettre à jour les logiciels de manière aussi transparente que l'expérience de l'App Store iOS.
Apple poursuit qu'un deuxième courriel aurait été adressé le 17 juillet, dans lequel Epic déclarait être toujours à la recherche d'un "accord spécial", puis un troisième, le 13 août, stipulant qu'il "ne respectera plus les restrictions d'Apple en matière de traitement des paiements."
Tim Sweeney : "La déclaration d'Apple est trompeuse"
Un mois et demi avant d'engager des actions en justice donc, Epic demandait déjà à Apple une dérogation. En relayant ce courriel, la marque à la pomme souhaite pointer du doigt "le traitement de faveur" qu'elle accuse Epic de demander injustement.
Sur Twitter, Tim Sweeney réagit à cette dernière déclaration qu'il juge "trompeuse". Plus tôt, il déclarait vouloir des "changements de politique bénéficiant de manière égale à tous les développeurs". L'intéressé qui défend l'idée d'un combat collectif contre le "monopole" d'Apple, re-publie une ligne de texte apparaissant dans le mail de juin, cherchant une nouvelle fois à prouver ses intentions.
Nous espérons qu'Apple mettra également ces options à la disposition de tous les développeurs iOS afin de rendre la vente et la distribution de logiciels sur la plate-forme iOS aussi ouverte et compétitive que sur les ordinateurs.
Apple's statement is misleading. You can read my email in Apple's filing, which is publicly available. I specifically said in Epic's request to the Apple execs, "We hope that Apple will also make these options equally available to all iOS developers..." https://t.co/yRio08fPSy pic.twitter.com/HsqjApFQeo
— Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) August 21, 2020
"Cela aurait un effet catastrophique sur l'expérience utilisateur et le modèle économique d'Apple", avait répondu Philip W. Schiller, vice-président du marketing d'Apple. Une réponse de la justice est désormais attendue au sujet de cette fameuse injonction préliminaire.
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