Première série de documentaire sur l’histoire du jeu vidéo produite par Netflix, High Score est désormais disponible. L’occasion de découvrir, à travers 6 épisodes, la genèse de grands classiques comme Doom, Street Fighter II ou Space Invaders. Mais on en retient surtout de saisissants portraits de joueuses et de joueurs.
6 épisodes d’une quarantaine de minutes chacun : High Score est le parfait candidat pour un “bingage” rapide et efficace, d’autant plus que l’ensemble se tient parfaitement et fait preuve d’un sens du rythme et de la narration impeccable. Chaque épisode a ainsi un sujet principal et le tout couvre l’histoire du jeu vidéo de la fin des années 70 jusqu’à au milieu des années 90, environ. Le premier épisode s’attarde par exemple sur la grandeur et la décadence d’Atari durant la période 1976-1983, qui aboutit fatalement au célèbre “crash de l’industrie”. L’occasion de dresser le portrait d’Howard Scott Warshaw, qui a programmé en 5 semaines E.T. sur Atari 2600, souvent considéré comme l’un des pires jeux de tous les temps. Puis l’on enchaîne sur l’arrivée en force de Nintendo sur le marché américain qui, avec la NES, va littéralement faire renaître l’industrie de ses cendres.
Le documentaire s’autorise également quelques incartades intéressantes consacrées aux origines d’un genre spécifique : comment Ken et Roberta Williams, ainsi que Richard Garriott, ont donné naissance au jeu d’aventure et au jeu de rôle. Comment le Japon a reconquis les salles d’arcade américaines avec Street Fighter II. Pour chaque jeu évoqué, ou presque, le documentaire a le bon goût de faire intervenir son ou ses créateurs. En résulte un casting prestigieux : Nolan Bushnell (fondateur d’Atari), Tomohiro Nishikado (créateur de Space Invaders. Ci-dessus), Trip Hawkins (fondateur d’Electronic Arts), John Romero (game designer de Doom) ou encore Akira Nishitani (co-créateur de Street Fighter II) ne sont pas avares en anecdotes et en souvenirs. High Score parvient ainsi à parler de jeu vidéo avec un langage compréhensible par tous, tout en donnant suffisamment de détails croustillants à celles et ceux qui s’intéressent déjà à l’histoire du médium.
La parole est aussi donnée aux gens de l'ombre
Mais là où le documentaire de Netflix surprend, c’est dans sa façon de mêler la grande à la petite histoire, en donnant la parole à des personnes beaucoup moins connues. On découvre ainsi plusieurs portraits de joueuses et joueurs ayant dans les années 80 participé à des championnats de jeux vidéo, qui racontent, images d’archives à l’appui, leurs souvenirs de gosses. Une belle façon de redécouvrir une époque peut-être plus insouciante, où les ados étaient encouragés par leurs parents à jouer à Tetris 8 heures par jour pour prouver qu’ils étaient les meilleurs. Un petit détour par la côte ouest des États-Unis nous permet également de découvrir Gayblade (ci-dessous), un dungeon-crawler où l’on combat des homophobes. Créé par Ryan Best, également interviewé, le jeu avait, à l’époque, eu un certain succès au sein de la communauté gay de San Francisco.
High Score navigue ainsi constamment entre les intervenants plus ou moins connus, avec une fluidité et une cohérence admirable. Le fil conducteur de chaque épisode reste parfaitement clair et compréhensible, la mise en scène est inventive et les images d’archives permettent de se replonger dans ces délicieuses années remplies de couleurs criardes et de coupes de cheveux approximatives. Quelques regrets tout de même : certains sujets restent un poil survolés, et l’on regrette l’absence totale d’intervenants de chez Nintendo (ce qui n’est guère étonnant étant donné la culture du secret de la compagnie). La fin du 6e épisode arrive par ailleurs bien vite, avec un certain goût de trop peu. Espérons qu’une saison 2 soit prévue, car il y a tant à raconter à partir du milieu des années 90.
High Score, une série en 6 épisodes sur l’histoire du jeu vidéo, disponible sur Netflix.