Depuis plusieurs jours maintenant, des témoignages porteurs d’accusations de harcèlement ou d’agressions sexuelles affluent dans la sphère du jeu vidéo. Au cœur de la tumulte, le géant Ubisoft, chez qui des employés haut placés, principalement des responsables de la ligne éditoriale, sont incriminés. Également pointé du doigt, le service des ressources humaines, accusé de laxisme et d'inaction. Ubisoft s’est fendu d’un premier communiqué le 25 juin dernier, indiquant “lancer des enquêtes sur les allégations avec le soutien de consultants externes spécialisés”. “En fonction de leurs conclusions, nous nous engageons à prendre toutes les mesures disciplinaires appropriées”, était-il ajouté. D’après les informations de Bloomberg , l’éditeur aurait alors mis à pied deux vice-présidents de l’équipe éditoriale, à Paris et Toronto, ainsi que d’autres employés.

La pression s’accentue sur Ubisoft quand, le 1er juillet, Libération publie les récits anonymes de harcèlement et d’agressions sexuelles supposément perpétrés au sein de la firme. Une vingtaine de témoignages qui illustrent un système “toxique, dominé par des hommes intouchables, que protégeait ‘un mur de RH’”. Principal accusé, Tommy François, ex-animateur de la chaîne Game One et vice-président de l'équipe éditoriale à Paris, qui par l’intermédiaire de son avocat, conteste “l’ensemble des faits”. L’enquête accroît le climat de crise, et Yves Guillemot publie dans la soirée d’hier une lettre principalement adressée à ses équipes.

Yves Guillemot annonce des "changements fondamentaux"

Dans son communiqué , le cofondateur Yves Guillemot assure que les témoignages sont “entendus et contribuent à apporter les changements nécessaires au sein de l’entreprise”, avant d’annoncer une série de mesures.

Nous avons beaucoup de travail à faire pour améliorer nos façons de fonctionner et de collaborer, et je suis personnellement déterminé à apporter ces changements fondamentaux. Ils doivent être profonds et nous devons les mettre en oeuvre rapidement à tous les niveaux de l’organisation.

Plus précisément, j’ai décidé de réviser la composition du Département Éditorial, de transformer nos processus de ressources humaines et d’améliorer la responsabilisation de tous les gestionnaires sur ces sujets.

Pour l'heure, cette initiative s'avère peu détaillée quant aux actions apportées. La lettre évoque également la nomination d’un Head of Workplace Culture, autrement dit, d’un Responsable de la Culture d’Entreprise. Lidwine Sauer, directrice du Strategic Innovation Lab, s’est vu confier la responsabilité de “créer un groupe de travail multidisciplinaire international et diversifié”. A cela s’ajoute le lancement d’une enquête mondiale auprès des employés, et l’ouverture de séances de paroles, destinées à obtenir des retours d’expérience.

Un audit externe sera également conduit, visant à “vérifier et améliorer nos procédures et nos politiques”, tandis que les enquêtes se poursuivent concernant les différents témoignages émis. Quelques jours plus tôt, Ubisoft a également mis en place un outil en ligne, permettant au personnel de signaler anonymement tout acte d’abus, de harcèlement et de sexisme. Yves Guillemot annonce finalement la création d’un nouveau poste de Responsable de la Diversité et de l’Inclusion. Une liste “d’actions concrètes”, qui ne sont que “le début de profonds changements à tous les niveaux”, conclut-il.

Je suis convaincu que, tous ensemble, nous construirons un meilleur Ubisoft pour le bénéfice de tous.

Encore une fois, je tiens à remercier ceux d’entre vous qui ont eu le courage de prendre la parole. Sachez que ma porte vous est toujours ouverte si vous souhaitez m’exprimer directement vos préoccupations. Nous avons beaucoup à accomplir, et je suis déterminé à apporter ce changement.