Creative a mis entre nos mains un nouveau casque dédié au jeu vidéo, s’appuyant sur sa technologie propriétaire de virtualisation de l'espace sonore, le Super-X FI. Ce SXFI Gamer nous promet donc une émulation 7.1 basée sur une représentation mathématique de notre visage et de nos oreilles. Révolution auditive ou marketing fallacieux, voici un test pour comprendre.

On arrête pas le progrès. Après le casque qui fait de la lumière , le casque fait du froid , celui qui propose des vibrations et celui qui intègre un gyroscope , voici donc le modèle qui vous demande de prendre vos oreilles en photo. Pas pour la postérité, même s’il est intéressant de se dire qu’une version vectorisée de vos lobes va voyager tranquillement dans le cloud, mais bien pour que les formes, les angles et les matières soient prises en compte lors de la virtualisation de l’espace sonore. Une technique qui, sur le papier, peut effectivement améliorer notre expérience, puisque la forme de nos oreilles et de notre visage influe effectivement sur la manière dont nous entendons, comme l’expliquait notre article sur le bon et le mauvais 7.1 . Mais une technique qui, à ce jour, n’a pas encore fait ses preuves. Aussi avions nous mis quelques espoirs et quelques doutes dans ce SXFI Gamer pour le moment disponible que sur le site de Creative , au tarif de 129,99 euros.

Tout commence par le téléchargement de l’application SXFI App pour iOS ou Android. Une application qui impose l’ouverture d’un compte pour commencer à stocker vos profils. L’onglet “Personalize” propose donc de scanner votre visage et chacune de vos oreilles, pour en faire une représentation simplifiée, en filaments. Ce profil est stocké sur les serveurs de Creative et disponible depuis l’application SXFI Control pour PC Windows ou Mac. C’est dans ce logiciel que l’on pourra appliquer le profil à son casque. Profil qui servira alors à déterminer des paramètres obscurs, non accessibles au public, pour la virtualisation sonore. Pour le coup, nous aurions préféré que l’application soit un peu plus explicite, qu’elle donne à l’utilisateur la possibilité de doser l’impact de l’effet, voire de modifier manuellement le profil SuperX-Fi, la version mathématique de nos bouts de peau calculée par les photos étant loin d’être parfaite, même après plusieurs essais.

Et puis évidemment, nous avons eu envie de comprendre quelles étaient les possibilités et les limites de cette technologie, en prenant sur le même profil toutes sortes d’oreilles très différentes (récupérées sur Google Image pour la plupart), mais aussi plusieurs fois les mêmes oreilles, à différents moments de la journée. Et bien je vous le donne en mille, après une centaine d’essais et un joli excel pour regrouper tout ça, il ne semble pas y avoir la moindre logique dans les résultats obtenus. Sur plusieurs prises des mêmes oreilles (réelles ou en photo), on retrouve des profils sonores très différents, quand des oreilles particulièrement différentes donnent aléatoirement des résultats proches ou non. Le pire, c’est que votre réglage de SuperX-FI préféré ne sera probablement pas celui obtenu avec vos propres oreilles … un comble.

Encore une fois, dommage que l’on ne puisse régler ou doser l’effet de ce qui nous semble être un simple surround, modifier quelques paramètres pour en améliorer les résultats. Parce qu’il est vrai que parfois, quand ça fonctionne, l’effet de proximité promis par le SuperX-FI est bien retranscrit. Mais en l’état c’est au petit bonheur la chance, et ce n’est pas acceptable.

Dommage aussi que l’égalisation (et les différents profils d’égalisation) ne soient pas différenciés en fonction du mode choisi. Ainsi le “SuperX-FI”, le mode “Normal” et le mode “Battle” voient leur courbe affectée par le même réglage, alors que de toute évidence celui ci ne peut convenir aux trois. De même, nous regrettons que l’on ne puisse intégrer plusieurs profils d’égalisation au sein du casque pour en profiter sur les autres plateformes, les trois mémoires intégrées étant forcées sur les trois modes pré-cités.

Pourtant, il faut avouer que le SXFI Gamer ne manque pas de qualités en termes de restitution. En USB déjà, avec son câble tressé de plus d’1m50, il propose une carte son intégrée capable de monter de 2 à 8 canaux numériques et jusqu’en 32 bits 96kHZ. De quoi profiter pleinement de vos meilleurs pistes audio en haute-définition, que ce soit en film, en écoute musicale ou en jeu où la sortie 7.1 directe est possible. Et le résultat dans nos oreilles est plus que satisfaisant. Précision des aigus, médium qui ne se chevauchent pas et graves profonds et pêchus, le casque a tout ce qu’il faut pour vous faire apprécier vos média préférés, sans fatigue auditive.

En 7.1, et sans effet SuperX-Fi, la spatialisation est bonne et le casque garde une bonne cohérence des différentes pistes lors du passage sur deux haut-parleurs. Une fois l’effet activé (et sous réserve que le profil ne dégrade pas trop le son), s’ajoute un effet de proximité assez réussi, mais au détriment de certains détails dans les aigus qui peuvent disparaître. Et comme un Astro Gaming A50, le modèle de Creative réagit parfaitement bien au passage par l’égaliseur, permettant à l’utilisateur de sculpter son son pour en tirer ce qui lui semble le meilleur, avec une belle réserve dans les graves.

Notez enfin que le casque peut être utilisé en analogique avec le câble mini-jack fourni, en stéréo et en passif (sans alimentation), ce qui assure une compatibilité avec la plupart des appareils équipés d’un port mini-jack, entre smartphones, manettes PS4 et Xbox One, ou Nintendo Switch. Et même dans cette configuration, sans égalisation ni effet, le rendu est très bon. De toute évidence, ce SX-FI Gamer ne manque pas de qualités quand il est dénué de toutes les fioritures liées à la spatialisation, aux oreilles comme au micro d’ailleurs.

Le micro de ce casque est aussi une très belle réussite puisque le SX-FI Gamer rivalise avec les meilleurs, en termes de sonorité comme pour son ergonomie simple et efficace. La cellule omnidirectionnelle offre une très bonne restitution du timbre, avec une dynamique qui encaisse vraiment bien les variations de volume de la voix. Le micro est précis lors des chuchotements et capable de supporter pas mal de décibels en cas de haussement du ton, avec simplement un peu de souffle lors des moments de silence. C’est néanmoins typiquement le genre de casque que l’on peut utiliser pour du streaming, à condition que la zone d’enregistrement reste relativement silencieuse, l’atténuation des bruits ambiants n’étant pas particulièrement efficace. Attention aussi, l’absence de gestion du retour de la voix par le logiciel de Creative peut poser quelques soucis, le niveau choisi par le fabricant étant particulièrement bas. Heureusement, en filaire, le problème reste relativement facile à solutionner directement en jeu ou via un logiciel tiers.

Voici en tout cas une vidéo pour vous faire une bonne idée de la sonorité de ce micro :

Une fois n’est pas coutume, nous terminerons ce test avec l’ergonomie et la fabrication du casque, qui hérite énormément de ces prédécesseurs les SXFI Theather et SXFI Air. La construction avec un arceau rigide donne au SXFI Gamer un port de tête assez sec. L’ensemble repose essentiellement sur la base du crâne et l’épaisseur de la mousse à cet endroit n’est pas des plus confortables. Sans être problématique, même sur des temps longs de jeu, il est clair que l'on a vu mieux ailleurs. Heureusement, le casque reste facile à régler et s’adapte à toutes les tailles de crâne, jusqu’à celles d’enfants.

Du côté des oreillettes, le design propose une rotule entre l’axe large à la base de l’arceau et le support du similicuir. Et il faut avouer que c’est à la fois élégant et efficace, l’oreille se retrouvant systématiquement recouverte par l’oreillette, sans fuite. Seul bémol, le similicuir bien peu aéré qui accueillera vos parties d’été avec moiteur et sudation, quand vous en apprécierez le confort et la chaleur conservée en hiver. Malheureusement, le fabricant ne propose pas d’alternative en tissu moins dense. Vous noterez aussi la manière dont l’éclairage RGB est élégamment utilisé sur le pourtour des oreillettes, comme sur leur face, ce modèle réussissant à garder une certaine sobriété quelle que soit la couleur et l’intensité choisie.

La qualité de fabrication du SX-FI Gamer est indéniable. Aucune vis apparente, des ajustements impeccables, des matériaux de qualité, c’est le genre de casque que l’on n’a vraiment pas honte de sortir pour écouter un peu de musique. Le micro étant amovible, l’opération est justement simple, pour un résultat élégant malgré l’épaisseur des oreillettes.

L’ergonomie des contrôles enfin, n’est pas optimale, les boutons étant nombreux et regroupés sur une même zone, à savoir l’oreillette gauche. Ainsi, l’activation du SuperX-FI, le volume, le mute du micro, la gestion de l’éclairage, mais aussi les entrées analogique et numérique se retrouvent sur une bande d’un demi centimètre de large et d’à peine dix centimètres de long. Nous aurions clairement préféré que le micro soit géré au niveau du microphone, que l’éclairage soit plus sur la face de l’oreillette, et que les entrées soient un peu plus éloignées des contrôles histoire d’aérer tout ça.

Au final il est difficile de se faire un avis bien tranché sur ce SX-FI Gamer. D’un côté il présente vraiment bien pour un casque de cette gamme, sa sonorité en stéréo comme en 7.1 est très agréable et son micro est indéniablement parmi les meilleurs que nous ayons rencontrés jusqu’ici. La conversion numérique/analogique qu’il intègre, avec ses fréquences et niveaux de définition dignes des meilleures cartes son du marché, rappelle la maîtrise de Creative en la matière et permet d’obtenir une qualité d’écoute de haut niveau. Pour le prix de lancement de 129€, c’est déjà très bien.

Mais en même temps, le casque manque un peu de confort, son ergonomie n’est pas idéale pour le jeu, et ses modes “Battle” et SuperX-Fi sont simplement sans intérêt. Malgré tous les efforts du fabricant, l’utilisation de deux logiciels superposés, de serveurs pour transférer les données relatives à votre morphologie, le résultat est tout simplement raté. Nous sommes donc en présence d’un bon casque stéréo, mais qui présente d’une part quelques manquements pour le public de gamers qu’il vise, et d’autre part une belle dose de baratins sur les capacités de sa technologie exclusive de spatialisation.