157 millions de consoles vendues, 12 années de production, des milliers de jeux accueillis (plus de 10 000 selon Sony), les chiffres qui gravitent autour de la PS2 semblent vertigineux. Mais c’est à l’un d'entre eux que nous accorderons aujourd’hui plus d’importance : le 20, qui correspond au nombre d’années s’étant écoulées depuis le premier lancement de la console sur sa terre d’origine, le Japon.
C’est donc le 4 mars 2000 que les joueurs japonais ont pu pour la première fois poser leurs mains sur le successeur de la PlayStation, qui avait signé une entrée fracassante dans le marché des consoles de salon. Si les délais de sortie tendent aujourd’hui à se réduire entre les continents, il y a 20 ans, la PlayStation 2 était encore loin d’arriver dans nos contrées : elle ne sortira que fin novembre en Europe et aux Etats-Unis et devra même officiellement attendre 2009 pour le marché brésilien, même si officieusement, bon nombre de brésiliens ont réussi à se la procurer bien avant.
Une arrivée remarquée
La PlayStation 2, c’est avant tout un lancement marquant. Si elle n’est pas la première arrivée dans la nouvelle génération de machines (la Dreamcast est sortie 1 an et demi avant), elle signe tout de même une entrée fracassante notamment symbolisée par la communication parfois lunaire autour de la machine. Qu’il s’agisse de la pub réalisée par David Lynch (vidéo ci-dessous), des informations assez vagues et “légèrement” exagérées qui circulaient en amont sur sa puissance ou des petits surnoms donnés à certains composants comme le CPU nommé ici “Emotion Engine”, la console de Sony n’a pas vraiment versé dans la subtilité sur ce point. Ces choix ne l’ont pourtant pas desservie à l’heure du lancement et lui ont certainement permis de marquer les esprits et faire le “buzz” avant sa sortie.
Nous pourrions également citer son design moderne, audacieux et un brin monolithique pour ceux l’ayant essayée en position verticale. Mais les raisons de son succès sont sans doute à trouver ailleurs : celle-ci a fait le choix d’adopter le format DVD, ce qui en fait l’un des lecteurs DVD les moins chers du marché à son lancement, et elle permet également de lire les jeux de la première PlayStation. La rétrocompatibilité si chérie par les joueurs est un nouvel atout de poids pour ceux désireux de ne pas perdre leur précieuse ludothèque, et elle permettait au passage de compenser un line-up de lancement plutôt léger.
Plusieurs versions, une longévité exemplaire
Nous l’évoquions en préambule, la fin de production de la machine n’est survenue qu’en décembre 2012 au Japon et une semaine plus tard, début janvier 2013, dans le reste du monde. Soit à peine quelques semaines avant l’annonce de la PlayStation 4, signe tout de même d’une longévité si importante qu’elle a presque couvert l’intégralité de la génération suivante. À titre de comparaison, la production de la PS3 s’est arrêtée entre fin 2016 et début 2017, environ 10 ans après le lancement de la console, donc. Une durée de vie d’ailleurs bien relancée par la sortie courant 2004 d’une édition “slim” de la console, à l’image de ce qui avait été réalisé pour sa prédécesseure. Celle-ci propose d’une part une cure d’amaigrissement physique pour la machine qui diminue son poids de moitié et son volume de 75%, et un joli rabais d’autre part puisque la machine était proposée à 149 € en europe au lieu des 199 € exigés pour le modèle standard à l’époque.
Au delà de cette version, la machine n’a pas connu autant de déclinaisons que les consoles des dernières générations, qui n’hésitent pas à multiplier les modèles collector. Ceci étant dit, en plus de quelques changements de châssis influant principalement sur des détails techniques ou physiques (rack USB, version légèrement plus légère etc.), plusieurs couleurs se sont tout de même invitées à la fête comme le blanc, l’argenté ou même le rose, dans une édition particulièrement limitée. Plus que par ses couleurs ou ses modèles, c’est aussi par ses accessoires que la machine marquera les esprits avec en premier lieu l’Eye Toy, petite caméra USB qui fera quelques émules avant que la Wii ne démocratise pour de bon le motion gaming dans nos foyers. Micros, guitares et autres télécommandes feront également partie du catalogue des accessoires disponibles, bien que l’Eye Toy reste le représentant le plus emblématique d’entre eux.
En douze ans de commercialisation, la PlayStation 2 se vendra à plus de 155 millions d’exemplaires, loin devant la Wii (101 millions), la première PlayStation (102) ou le duo Game Boy/Game Boy Color (118 millions). La Nintendo DS échouera de peu à détrôner la PlayStation, mais restera bloquée à 154 millions. Et si la PlayStation peut espérer prendre la troisième place du podium avec ses 109 millions d’exemplaires écoulés à l’heure où nous écrivons ces lignes, elle ne devrait pas atteindre le record de son illustre aînée.
Une ludothèque qui fait aussi date
Définir une console par son lancement, sa communication ou ses fonctionnalités n’est pas idiot en soi, mais les joueurs en retiennent avant tout une donnée plus qu’évidente : ses jeux. L’immense popularité de la machine et son écrasante domination vis-à-vis de la concurrence (aucune de ses concurrentes sur la même génération n’est parvenue à dépasser les 25 millions d’exemplaires vendus !) l’ont rendue incontournable pour de nombreux éditeurs et développeurs.
Et si les suites ont été légions de Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty et 3 à Gran Turismo 3 et 4 en passant par les épisodes X, XI et XII de Final Fantasy, plusieurs licences ont également vu le jour sur la machine. Bien avant Uncharted ou The Last of Us, Naughty Dog sort Jak & Daxter : The Precursor Legacy en 2001, tandis qu’Insomniac Games nous gratifie aussi du premier opus de Ratchet & Clank en 2002. Du côté des licences japonaises, Kingdom Hearts, Ico et Shadow of the Colossus marquent forcément l’imaginaire collectif tout comme Okami, tandis que dans un style bien moins poétique, la série des Winning Eleven (Pro Evolution Soccer chez nous) a été la meilleure représentante du foot virtuel sur la période. La PS2 aura aussi droit à ses nouveaux héros, de Dante (Devil May Cry) à Kratos (God of War) en passant par Carl Johnson (Grand Theft Auto : San Andreas). Ce dernier titre est d’ailleurs le plus vendu de l’histoire de la machine, avec plus de 17 millions d’exemplaires distribués.
De par son statut de console la plus vendue de l’histoire, la PlayStation 2 tient une place à part dans l’industrie. Mais son héritage tient aussi dans ses choix marquants, de l’existence de l’Eye Toy à l’étrange pub signée David Lynch en passant par l’adoption du format DVD, et surtout sa ludothèque riche de plusieurs titres majeurs de l’industrie. Autant de raisons d’aimer la deuxième machine de Sony et de lui souhaiter aujourd’hui un joyeux vingtième anniversaire, à seulement quelques mois de l’arrivée d’une petite nouvelle dans la famille.