Quand FIFA 20 sort le vendredi 29 septembre, les joueurs arrivant chez eux avec leur copie fraîchement acquise de cette nouvelle édition ne se doutent pas de la mauvaise surprise qui les attend. Alors que les précédents opus nous avaient habitués à proposer une mise à jour des effectifs day one, celle de cette année n’a été que brièvement mise en ligne le jour du lancement avant de disparaître. Le premier couac d’une longue série, qui se poursuit encore aujourd’hui près d’un mois après le lancement du titre.
Avec ses conférences de presse, son travail convaincant sur les habillages, un système de potentiel dynamique et de gestion du moral qui apportent de l’aspérité à son mode carrière, FIFA 20 disposait de nouveautés franchement séduisantes sur le papier. Mais il s’est heurté à une difficulté de taille dès son lancement, à savoir un cumul de bugs qui ont déclenché la colère des joueurs, propulsant notamment dans les tendances Twitter le Hashtag #FixCareerMode fin septembre.
Une mise à jour qui se fait attendre
Parmi les problèmes les plus fréquemment rencontrés, la disparition subite des coupes européennes sur une saison et surtout le fait que les équipes adverses alignent régulièrement leur équipe B. Si le turnover n’est pas rare chez les clubs ayant droit à deux matches par semaine, un regard aux statistiques des plus grosses équipes en fin de saison permet de constater que la rotation y est effectivement si importante que même les plus grosses stars des clubs jouent autant que les petits jeunes venant de signer leur premier contrat pro. Un réel problème, donc, qui couplé à l’absence de mise à jour des effectifs au lancement offre un premier contact très négatif aux amateurs du mode. Responsable de la communauté chez Electronic Arts, Corey Andress a vite réagi sur le sujet en précisant que les développeurs étaient déjà à pied d’oeuvre pour corriger cela.
Étant donné que le mode carrière est basé sur le client (hors ligne), nous devons appliquer des correctifs. Les correctifs prennent du temps, car les bugs doivent être identifiés, corrigés, testés puis certifiés. (...) Notre premier correctif est sur le chemin et verrouillé, donc nous avons probablement manqué la possibilité de mettre des correctifs dédiés à la carrière dans ce correctif. Je suis tout à fait conscient que ce n’est pas ce que vous voulez entendre, mais je ne veux pas non plus vous laisser sans réponses à ce sujet. Nous continuons d’établir des priorités et de faire avancer ces questions de toute urgence.
Alors que la mise à jour des effectifs est progressivement déployée sur toutes les plateformes début octobre, avec plusieurs jours de retard par rapport aux habitudes des précédents épisodes de FIFA donc, le patch corrigeant les défauts évoqués plus haut n’arrivera lui que bien plus tard, le 15 octobre. En plus des bugs, il se permet même de corriger quelques absences assez incompréhensibles, comme l’utilisation de la touche Y ou Triangle comme raccourci vers les messages privés qui avait subitement disparu des radars malgré son utilité évidente, et sa présence au sein du mode depuis de longues années.
On refait le patch
Si le correctif du bug des coupes d’Europe ne concerne que les nouvelles sauvegardes, celui concernant le turnover des équipes s’applique bien à toutes les parties, y compris celles en cours, une première bonne nouvelle pour les joueurs. Malheureusement, la disparition de ce bug aura une conséquence pour le moins inattendue en révélant un autre problème, directement lié à l’algorithme de simulation des matches.
Cette fois, l’écart entre les équipes les plus fortes et les plus faibles du championnat est devenu si important qu’il est presque impossible pour une équipe de battre un adversaire plus fort que lui. Concrètement, cela se matérialise par des classements certes globalement réalistes sur le positionnement des équipes, mais nettement moins pour les points marqués : il n’est maintenant plus rare de voir un champion voire même son dauphin dépasser les 100 points, tandis que les places européennes du championnat de France se jouent maintenant à des hauteurs plus proches des 80 points que des habituels 65 points dans la réalité.
En faisant quelques essais de notre côté via la simulation de matches, nous avons effectivement constaté le même problème, qui touche fort logiquement les équipes du haut de classement, mais aussi celles du bas. Par exemple, deux simulations consécutives d’une saison entière nous ont permis de relever que le 20e de Ligue 1 finissait une première fois à seulement 6 points, et la seconde fois à 9 points. Dans la réalité, le record du plus faible nombre de points sur une saison de Ligue 1 avec la victoire à trois points est de… 17. Dans le même ordre d’idées, et pour prouver que le système actuel est devenu systématiquement très favorable aux équipes disposant d’un meilleur général, nous avons simulé 15 fois d’affilée (en rechargant la sauvegarde après chaque essai donc) un match opposant l’Olympique Lyonnais (ici à domicile) au PSG dans la carrière, avec une équipe-type. Le résultat est sans appel : 15 victoires du PSG. Dans le sens inverse, une simulation opposant l’OL (cette fois à l’extérieur) au SCO d’Angers a abouti à 14 victoires de l’OL, contre un seul match nul. En bref, malgré quelques couacs lors des dernières saisons, l’algorithme de simulation aboutissait en général à des écarts de points plutôt réalistes, et ce n’est désormais plus le cas sur FIFA 20.
Le problème a déjà été remonté sur les forums d’Electronic Arts, mais en attendant un nouveau correctif, la présence d’un tel problème sur le mode carrière d’un jeu lancé il y a presque un mois intrigue. Interrogé par Eurogamer il y a quelques semaines, le membre des forums Reddit Spookymulder (l’un des joueurs les plus actifs sur la campagne Twitter #FixCareerMode) s’inquiétait du manque de considérations d’EA envers les joueurs depuis que FUT est devenu le mode dominant de FIFA au détriment de la carrière. Au delà des problèmes de ce mode en particulier, c’est peut-être davantage la question du modèle de développement de la licence qui se pose : une sortie annuelle fixe va de pair avec un calendrier chargé - surtout depuis l'avènement de FUT, qui a transformé FIFA en jeu-service - et l’impossibilité de repousser le lancement en cas de problèmes. Du côté de la concurrence, Activision a instauré une alternance de studios pour Call of Duty, tandis qu’Ubisoft a arrêté de systématiser la sortie annuelle d’Assassin’s Creed, lui offrant un break en 2016 et en 2019. Si la fin de l’annualisation n’est pas d’actualité et que les chiffres de ventes restent bons, FIFA devra peut-être passer par une nouvelle formule pour s’éviter ce genre de mésaventures à l’avenir.