Des pourris et des hommes

Le corbeau me lâcha brutalement sur le sol. Je ne savais ni où je me trouvais ni ce que je devais y faire. Je me relevai et j’époussetai mes habits. Je jetai ensuite un coup d’œil aux alentours. Une immense muraille se trouvait dans mon dos, de l’autre côté du ravin qui m’interdisait tout accès de ce côté. Un pont de pierre se dressait au-dessus de ce même précipice. Sur ma droite, une montagne de roche semblait être la seule voie praticable. Un bâtiment en ruine se dressait non loin de moi. Le corbeau qui m’avait transporté depuis le Refuge s’y était choisi un perchoir et n’en bougeait plus. Il n’y avait nulle trace de mort-vivant. Je m’approchai du feu qui me faisait face et je m’y accroupis. Un léger tournis s’empara de moi. Toutes les âmes capturées s’entrechoquaient dans ma tête. Je ressentais un immense pouvoir contenu dans chacune d’elles. J’en consommai une grande partie et je me sentis légèrement plus fort et plus endurci. Les âmes de mes ennemis faisaient maintenant partie de la mienne. Je me relevai, plus confiant que jamais. Je vérifiai mon matériel : le cimeterre que j’avais récupéré était léger et permettait d’effectuer des passes très rapides. J’examinai plus en détail la fiole d’Estus, tant elle me paraissait étrange. Le liquide orange qu’elle contenait détenait le pouvoir de régénérer les chairs. Une seule gorgée m’avait sauvé la vie dans le Refuge et quelque chose me disait que ce serait encore le cas de nombreuses fois.

Près du feu se trouvait un homme. Il n’avait pas l’allure des morts-vivants, sa chair était encore intacte, de même que son esprit. Il était assis près des ruines, sur une marche de pierre envahie par la mousse. Je me plantai devant lui et d’une voix sereine, quoique hésitante par moments, il me parla de ma quête. Je devais faire sonner les deux cloches de l’Eveil, l’une étant située dans l’église des morts-vivants, l’autre dans le Hameau du Crépuscule. Enfin, il me parla de mon humanité perdue et il me confia que certains moyens existaient pour la restaurer. Vu mon allure, il me mit en garde contre le fait de devenir une carcasse, un mort-vivant dont l’âme a définitivement décliné.

J’entrepris d’abord de fouiller les ruines proches, situées à flanc de montagne. Je conclus rapidement qu’il devait s’agir d’une ancienne église à l’abandon. La présence d’un autel envahi par l’eau confirma mes doutes. Je ne trouvai nulle trace d’ennemi. Seul le corbeau géant animait les lieux désolés. Plus loin se trouvait un autre homme, également empli d’humanité. Il se nommait Petrus de Thorolund. Il me rudoya, pour s’excuser aussitôt. Probablement que le fait de ne voir plus que des carcasses l’avait profondément aigri. Il me remit une pièce de cuivre en gage de bonne volonté. Je l’acceptai, ne sachant en quoi cet objet aurait pu m’être utile en ces lieux.

Vous êtes sur le point de devenir une carcasse.

J’empruntai l’escalier qui jouxtait l’endroit où se trouvait Petrus. J’engloutis les marches quatre à quatre. Un second escalier, plus petit, menait à une terrasse qui surplombait le toit effondré de l’église. Là se trouvait un cadavre de carcasse. Une étrange lueur en émanait. Je le fouillai un moment et soudain j’obtins son âme. Un rapide coup d’œil vers le ciel me dévoila un spectacle singulier : l’église était prise dans les arbres. Probablement le temps qui avait fait son office. Je redescendis, n’ayant aucune autre issue. Je repassai près du feu. Un autre cadavre contenait aussi un esprit. Mais cette fois, il s’agissait d’une humanité. Ce n'était pas une âme classique mais bien un esprit doté d’un grand pouvoir dont j’ignorais encore les effets. Peut-être l’un des moyens de redevenir humain ? Sur ma gauche, comme je l’avais deviné plus tôt, se trouvait un chemin dans la montagne.

Le village des morts

J’aboutis sur un plateau, presque sous le pont. Des mécréants me barraient la route. Je les défis assez facilement, bien que l’un des deux me fit une profonde entaille dans le bras. Mais je me réjouissais à peine de ma victoire que du ciel s’abattit du feu. J’eus tout juste le temps d’esquiver le projectile. Au bout de l’escalier, une carcasse me lançait sa poudre noire infâme. Je gravis les escaliers à toute allure et je plongeai ma lame en plein dans son cœur. Le mort-vivant chuta sans un bruit et alla s’écraser dans le ravin. Je jetai un regard en arrière. Je me trouvais bien au-dessus du feu et des ruines, qui me paraissaient maintenant tout petits.

Je gravis la dernière volée d’escaliers. Ce que j’avais pris pour un pont était en réalité un égout. L’eau puante stagnait et les murs étaient gorgés d’humidité. Un rat grignotait un cadavre. D’un coup d’épée, je tuai le rongeur. Mais la voie était sans issue. Je remontai l’égout dans l’autre sens, les chausses trempées. Je ne voyais rien, seulement les murs de brique qui m’entouraient de part et d’autre. Je finis ma course sur une grille. Je la saisis de mes deux mains et je la tirai en arrière mais elle ne bougea pas d’un centimètre. J’imprimai encore trois secousses avant de lâcher. Elle ne s’ouvrirait pas. Heureusement, une sortie se trouvait sur ma gauche. Je m’y engouffrai et j’empruntai quelques marches qui me menèrent dans un village. Là, j’abattis les carcasses qui m’attendaient. Je pris un instant pour observer les alentours. Le village des morts-vivants ressemblait à s’y méprendre à n’importe quel village humain. Je m’étonnai d’ailleurs de son état de conservation quasiment irréprochable. La muraille qui courait derrière me remettait également en mémoire les fortifications que j’avais eu l’habitude de voir avant ma mort. Seul l’air fétide me rappelait l’endroit où je me trouvais en ce moment. Je pénétrai dans une maison. Ici le bâtiment était dans un état de délabrement nettement plus avancé que ce que je pouvais voir depuis l’extérieur. Peut-être m’étais-je trompé sur l’état des lieux ? Tout cela me faisait penser aux carcasses : leur corps était vivant mais leur âme était morte.

Je débouchai de nouveau à l’air libre. A peine fis-je un pas à l’extérieur qu’un immense dragon rouge atterrit devant moi. Je n’esquissai aucun geste tant j’étais pétrifié. Il redécolla aussitôt et disparut derrière la muraille. Je peinai à me remettre en route, encore sous le choc de cette apparition soudaine. Au-dessus se trouvait un pont, un vrai cette fois. Sur la gauche se dessinait un genre de château tandis qu’à droite seules deux tours se dressaient au-dessus des murs. Je ne voyais aucun moyen d’atteindre le pont et de toute manière, j’ignorais s’il menait aux cloches de l’Eveil, mon objectif immédiat. Je n’avais d’autre choix que de continuer mon chemin.

Là encore la route était barrée. Un arbalétrier était planqué sur une tourelle. Il commença à me bombarder de carreaux dès qu’il m’aperçut. Mon bouclier était heureusement assez résistant pour arrêter les projectiles mais pour chaque carreau bloqué, je devais le repositionner. Ce qui allait vite me fatiguer si je ne tuais pas le tireur. J’y arrivai enfin, après avoir occis quelques carcasses armées d’épées. En bas de la tourelle, j’ouvris une porte qui donnait sur une petite terrasse entourée d’un parapet. J’y trouvai un bouclier sur un cadavre. La qualité de ce nouvel écu était largement supérieure à celle du bouclier que je possédais déjà. Je m’en équipai aussitôt.

Je revins sur mes pas. Je n’aimais pas laisser de zone inexplorée derrière moi. Deux gardes en armure et équipés de lances protégeaient le toit d’une maison. Celle-ci devait contenir un trésor ou quelque autre secret pour recevoir une telle protection. Je compris rapidement que je ne gagnerais pas le combat à la loyale. L’allonge de mon épée était bien trop courte pour venir à bout de ces deux ennemis. Je repensai au combat contre le démon du Refuge et je décidai de répéter la même technique. J’attirai tout d’abord les deux carcasses dans un endroit favorable pour moi, qui me permettait de tourner autour de mes ennemis pour les attaquer dans le dos. Seul un des deux gardes s’avança, ce qui était au-delà de mes espérances. Le combat s’engagea, lance contre cimeterre. Le mécréant me perfora par deux fois le flanc mais je finis par l’acculer contre le muret et je le tailladai de tous côtés. Il rendit l’âme dans un dernier râle et s’effondra au sol, vaincu. Le second n’opposa que peu de résistance. Je profitai du fait qu’il s’expédia sa fiole d’Estus pour lui porter le coup fatal. Je débloquai ensuite l’accès à un escalier, caché par quelques caisses. Une carcasse me tendait un piège, cachée derrière des meubles. Elle se rua sur moi avec sa hache brandie aussi haut qu’elle le pouvait. Mais une simple esquive suivie d’un coup de cimeterre dans la gorge eurent raison de mon ennemi. Plus loin se trouvait un marchand. C’était bien le dernier individu que j’aurais pu apercevoir dans ce genre de contrées. Celui-ci se faisait payer en âmes. Je lui achetai la clé du village, de même qu’un ustensile fort utile : une stéatite-guide orange. Elle avait le pouvoir de laisser des messages au sol, à l’intention d’aventuriers qui vivaient une aventure similaire à la mienne, dans un autre monde. J’essayai l’objet immédiatement, avertissant quiconque passait par là du caractère amical du marchand.

Âmes et résurrections

Je ravivai les flammes du prochain feu que je trouvai et je m’assis tout près. J’avais dépensé quasiment toutes mes âmes chez le marchand et je ne ressentais pas la même intensité que lors de mon arrivée à Lordran. Cependant, ma fiole d’Estus se remplit spontanément, comme par magie. L’effet du feu avait donc un impact sur l’environnement. Je me levai, fort de cette découverte et j’entrepris de gravir l’escalier tout proche. Mais un éboulis m’empêcha de monter tout en haut. Je cherchai pendant un instant un accès. J’aurais pu tenter de sauter sur l’échelle tout près mais si je me ratais, la chute aurait été mortelle. J’y renonçai et je redescendis. Je repassai près du feu et j’aperçus une silhouette fantomatique, immobile. Elle disparut après quelques instants. Qui était-ce ? Un esprit errant ? Un messager ? Ou alors un combattant d’un autre monde ? Je ne pus répondre à ces questions. Je me dirigeai vers la sortie mais je m’arrêtai net, muet de surprise. L’arbalétrier que j’avais tué plus tôt était revenu à la vie.

Horreur ! Ils étaient tous ressuscités… Je tuai les plus proches, une seconde fois. Le feu avait le don de raviver les âmes, j’aurais dû m’en douter. J’allais devoir être très prudent en manipulant les foyers. Je ne tenais pas à prendre un coup d’épée dans le dos. Droit devant, sur une passerelle en bois, se trouvaient encore des lanceurs de bombe. Je n’avais aucune arme à distance. Je n’avais donc d’autre choix que d’aller de l’avant par un passage étroit, sous le feu des bombardements. Heureusement, les ennemis étaient stupides et n’anticipaient pas mes déplacements. Il me suffit de courir pour éviter leurs projectiles.

Je tombai dans un nouveau piège. Deux carcasses armées de haches ainsi qu’un garde en armure me sautèrent dessus à l’instant où je franchis le seuil. Je n’eus pas le temps de réagir qu’ils m’acculèrent dans un coin. J’évitai les lames tant que je le pus. Mais ils étaient trop rapides. Ils me touchèrent à plusieurs reprises. Plusieurs fois je sentis la vie s’écouler de moi mais à chaque fois une gorgée d’Estus me rendit mes forces. Je fis des roulades, des esquives, entrecoupées parfois d’un coup d’estoc. Au bout d’une minute de ce ballet ininterrompu, un premier garde perdit la vie, perforé par mon cimeterre. L’étau étant desserré et mes ennemis désemparés, j’en profitai pour mettre au tapis le second porteur de hache. Le garde en armure était démuni. Je pus me concentrer uniquement sur lui. Je parai son attaque et je plongeai mon épée dans sa gorge. Il s’effondra tandis qu’une gerbe de sang s’échappa de sa carotide tranchée.

Plus loin je pénétrai dans une maison dont le toit jouxtait la passerelle où se trouvaient les carcasses armées de bombes. Dans l’une des pièces, je dénichai un trésor qui contenait également des bombes incendiaires noires, extrêmement meurtrières. Je m’en emparai vivement. Mais alors que je m’apprêtais à ressortir, une petite pièce dans le fond attira mon regard. A peine y entrai-je qu’un mort-vivant planqué dans un coin m’assaillit. Je ne pus éviter ses deux premiers coups d’épée. Je battis en retraite pour me donner l’occasion de profiter de ma fiole d’Estus. Je n’eus aucun mal à me débarrasser de mon ennemi qui, s’il avait joui de l’avantage de la surprise, n’était pas plus puissant que tous ceux que j’avais combattus jusqu’alors. Je contournai la maison et je lus au passage le message laissé par un congénère :

Attention, projectile droit devant.

En effet, à quelque distance se trouvaient trois ennemis, dont un qui me jetait déjà des bombes. Je les éliminai et montai ensuite à l’échelle accolée à la maison. Elle menait aux premiers lanceurs de bombes. Un combat rapide s’ensuivit. J’évitai la plupart des projectiles mais certains éclatèrent près de mon visage. Déconcertés par ma rapidité, les trois malandrins ne purent dégainer leur épée à temps. Je leur fis goûter tour à tour à ma lame. Puis je bus la dernière goutte de ma fiole d’Estus. J’étais ragaillardi mais je n’avais plus la moindre assurance de pouvoir soigner mes plaies. J’allais devoir me montrer très prudent.

De retour sur la petite place en contrebas de l’échelle, je m’avançai jusqu’à la porte d’une maisonnette, de l’autre côté. Elle était verrouillée mais la clé du village, que j’avais achetée un peu plus tôt, me permit de l’ouvrir. Là je tombai sur un autre coffre, qui contenait cette fois de la résine de pin dorée. Une rapide analyse de la substance m’indiqua qu’elle pourrait renforcer mon cimeterre. Je revins sur mes pas et je grimpai la tourelle qui jouxtait la petite place. En haut se trouvait un arbalétrier qui ne fit pas long feu. Depuis là-haut j’avais une vue imprenable sur les environs. Un peu plus loin, je pouvais apercevoir un grand escalier et une carcasse qui se trouvait à son sommet. Il s’agissait probablement de la route à suivre.

Je redescendis les escaliers. J’avais tout de même écopé de deux ou trois carreaux d’arbalète. En bas, des ennemis coriaces m’attendaient. J’engageai le combat mais ils étaient plus rapides que je ne le pensais. Des plaies s’ouvrirent de tous les côtés, je me sentais défaillir. Je reculai sous les assauts répétés des carcasses. Je parvins à en tuer un et à récupérer son casque mais le second me perfora trois fois avec sa lance. Je m’affalai au sol, vaincu. Mais la mort ne signifiait pas ma fin. Ce n’était pas la première fois que je mourrais et pas la première fois que je ressuscitais. Je réapparus près du feu et une fois de plus, tous mes ennemis firent de même. Je sentis un immense vide en moi, à mesure que toutes les âmes capturées quittaient mon esprit. Je n’eus d’autre choix que de refaire tout le chemin… J’équipai le casque et une armure que j’avais trouvés et je me remis en route. Je sentis rapidement que ce nouvel attirail pesait sur mon dos et sur ma tête. J’avais plus de mal à me déplacer mais il offrait aussi une meilleure protection.

Je revins sur les lieux de ma mort. Une étrange boule de lumière verte y avait fait son apparition. Je m’en approchai et aussitôt le poids de toutes les âmes que j’avais capturées se replaça dans mon esprit à présent apaisé. J’ignorais tout des dangers qui se trouvaient sur ma route et je préférai retourner au feu afin de me préparer au mieux. J’absorbai les âmes et je me sentis plus fort et plus endurant qu’auparavant. Je sentais que j’allais en avoir besoin pour frapper. Je refis encore le chemin jusqu’à l’escalier que j’avais repéré depuis la tourelle.

Sur le chemin, je récupérai une armure plus résistante et une hache de guerre. Je m’équipai des deux et j’atteignis l’endroit de ma mort. Je ne fis qu’une bouchée des carcasses. Leur crâne vola en éclats sous l’impulsion de ma nouvelle arme. Mon armure déviait la plupart des coups. Je me sentais invincible. Juste avant d’emprunter l’escalier, je décidai d’explorer le chemin sur ma droite, pour être sûr de ne négliger aucune piste dans ma recherche des cloches de l’Eveil. Je descendis quelques marches mais un peu plus loin se dressait un grand chevalier noir, dans l’embrasure d’une porte. Il me tournait le dos. Je m’approchai en essayant de ne faire aucun bruit mais le cliquetis de mon armure éveilla les soupçons de mon ennemi. J’abattis ma hache mais le chevalier était très rapide. Il fit un bond en arrière puis il se précipita sur moi, le bouclier et l’épée levés. Je lui assénai un coup de hache mais il ne le fit même pas frémir. Lui par contre me porta un coup qui faillit me couper en deux. Je pris mes jambes à mon cou, buvant des rasades d’Estus pour calmer la douleur. Il finit par m’acculer dans la maison que j’avais déverrouillée quelques minutes plus tôt. Là il me coinça contre un mur et il m’embrocha avec son épée. Je succombai une nouvelle fois.

Un taureau un peu trop énervé...

Mon âme se vidait un peu plus à chaque mort. Je refis inlassablement la même route. J’évitai la confrontation contre le chevalier, il était trop puissant pour moi. Je grimpai le grand escalier et je tuai le garde qui m’y attendait, après m’avoir jeté un tonneau de feu à la tête. Je pénétrai dans une grande tour. La porte qui me faisait face était verrouillée. J’empruntai donc l’escalier en colimaçon. Au sommet, un nouveau voile de fumée blanche m’attendait. Je le passai et je débouchai sur un chemin de ronde. Je fis quelques pas mais un bruit attira mon attention. Des arbalétriers postés en hauteur me prenaient pour cible. Je grimpai l’échelle qui menait au sommet de la tour et je leur réglai leur compte.

De retour en bas, j’arpentai la muraille. Un trou béant sur le côté me donna des sueurs froides. La moindre chute serait fatale. Une autre tour se trouvait plus loin. Je me mis à courir, ces remparts en hauteur n’étant pas à ma convenance. Soudain, une masse s’abattit devant moi. Une créature impressionnante, à l'allure de taureau, venait de sauter de la tour pour me barrer le passage. Je reculai d’instinct, cherchant un moyen de fuir les lieux. Mais revenir en arrière n’aurait servi à rien puisque tant que le monstre se trouvait là, il m’empêchait de poursuivre mon chemin. J’étais bloqué. Je fis volte-face, prêt à affronter le démon taureau. Celui-ci était déterminé à me massacrer. Il avait un énorme gourdin en bois, dont le bout était ensanglanté. Ca en disait long sur mes chances. Il m’asséna un coup d’une violence inouïe. J’entendis plusieurs vertèbres craquer tandis que je rencontrais le sol. Il prépara son coup suivant, ce qui me permit de finir ma fiole d’Estus. Tous les os détruits se réparèrent aussitôt. Je tailladai la bête du bout de ma hache. Mais elle lui faisait autant d’effet que des piqûres de moustiques. Le monstre rugissait, fulminait et criait. Il se rua sur moi et… Troisième mort.

Je retentai encore, et encore… Chaque essai se soldait par mon décès. Je me rappelai des bombes que j’avais trouvées dans un coffre. Je les essayai contre le démon mais elles se révélèrent totalement inefficaces. Finalement, après moult essais je compris comment me débarrasser du démon taureau. Je regagnai les lieux mais cette fois, au lieu d’affronter directement la bête, je reculai à son approche. Le sommet de la tour, qui était occupé par les arbalétriers, me permettait de me mettre à l’abri. J’attendis que le démon se poste en contrebas puis je sautai dessus, hache brandie. Grâce à la vitesse de ma chute, celle-ci s’enfonça dans la chair du monstre qui hurla de douleur. Il y avait du progrès mais ce n’était pas suffisant pour l’abattre. Je roulai au bas de celui-ci et je me précipitai sur l’échelle pour répéter l’opération. Après plusieurs essais, il était enfin mort. J’avais triomphé et la technique était extrêmement simple à réaliser. Je pris son arme en guise de trophée.

Le retour du dragon

Je pénétrai enfin dans la tour que gardait le démon taureau. Je descendis plusieurs volées de marches et j’arrivai à l’une des extrémités du grand pont que j’avais aperçu en arrivant au village des morts-vivants. J’essayai d’ouvrir la porte en face de moi mais elle était verrouillée. Sur ma droite, je découvris un homme en armure qui contemplait le soleil. Il n’avait rien d’une carcasse, aussi je me plantai juste à côté de lui. Il me parla de son seigneur, Gwen, et se présenta lui-même comme un chevalier solaire. Il évoqua aussi différents mondes et la capacité à passer de l’un à l’autre. Enfin, il me remit un objet, une autre stéatite, mais blanche celle-ci, me permettant d’invoquer un combattant d’un autre monde pour m’aider.

Je quittai le chevalier, cherchant encore à démêler le sens exact de ses propos et je me décidai à traverser le pont. Soudain, un cri terrifiant rugit au-dessus de ma tête. J’eus à peine le temps de comprendre qu’il s’agissait du dragon, que j’avais oublié depuis un moment, que le pont s’embrasa. Je m’affalai par terre. Du feu se répandit au plus profond de mon être et je crus un instant que j’étais encore mort. Mais il n’en fut rien. Je me relevai et tout en faisant fi de l’incroyable douleur je courus vers ce que j’estimais être mon salut, au milieu du pont : un trou et un escalier qui me soustrairaient à la vue du monstre. La course dura une éternité. Ma vision était trouble, mon cœur battait la chamade. J’aperçus le dragon qui se posa en face de moi, au bout du pont. Il me fixait de son regard sombre. Son corps était recouvert de piques et de cornes acérées. Soudain, il déploya ses deux immenses ailes et il s’envola. Il parcourut encore le pont et y projeta son feu. S’il me touchait, c’en était fini de moi. Je me jetai dans le trou et je dévalai l’escalier. Je sentis le souffle chaud qui envahissait l’air au-dessus de moi. J’étais sain et sauf. La panique m’avait saisi et je mis un moment pour calmer les palpitations de mon cœur. Quand le calme revint, j’observai les lieux : deux portes se dessinaient face à moi. Je choisis celle de gauche. J’arrivai dans une salle dont le plafond atteignait une certaine hauteur. Un escalier cassé en faisait le tour et une échelle près de moi était repliée. En bas, un feu brillait de mille éclats. Je reconnus celui que j’avais allumé plus tôt. Je déployai l’échelle et je m’affalai près du feu. Les dernières émotions étant encore bien vives dans ma tête, je n’avais pas l’intention de repartir avant un bon moment…