Difficile de noter ce jeu… car à mon sens, ce n’en est pas un. Et ce n’est pas une hyperbole pour dire qu’on joue peu : l’interactivité est, vraiment, quasi-nulle. Dans les 10-12 premières heures de jeu, les seuls moments où le ‘joueur’ (‘spectateur’ serait plus juste) a à intervenir, c’est pour choisir entre deux ou trois réponses possibles à un sms. Si on se renseigne sur internet, on s’aperçoit qu’en fait certaines réponses permettent d’aboutir à une certaine fin, mais c’est impossible de s’en rendre compte sur le moment, tant les messages semblent anecdotiques. Ce n’est que bien plus tard que le joueur est enfin mis face à de véritables choix, dont il a conscience qu’ils vont fortement influer sur la fin de l’histoire.
Est-ce à dire pour autant qu’on passe un mauvais moment ? Pas du tout. Simplement, on ne peut pas évaluer Steins;Gate Elite selon les critères d’ordinaire appliqués à un jeu vidéo : il s’agit d’une histoire animée, ni plus ni moins. Et cette histoire, pour le coup, est très réussie : scénario très prenant, personnages très attachants, beaux dessins, bon doublage, bonne traduction anglaise (enfin ça sonne comme de l’anglais authentique, pas comme de l’anglais traduit, mais je ne saurais pas dire si c’est fidèle au japonais, que je ne parle pas). Il n’est pas impossible que certains essuient une larme à moment ou un autre.
Malgré tout, même en jugeant l’œuvre comme une histoire plutôt qu’un jeu, il y a des défauts :
-le rythme : il faut un peu de moins de 20h pour en voir le bout… et souvent, sur une session de 2h, il ne se passe forcément grand-chose. On est un peu sur un rythme de dessin animé hebdomadaire, où est content de retrouver les mêmes personnages mais où l’intrigue n’avance pas forcément beaucoup à chaque fois. Le personnage principal comprend parfois certaines choses très longtemps après le spectateur, ce qui fait traîner inutilement l’histoire.
-comme toutes les œuvres traitant de voyage dans le temps, celle-ci n’échappe pas aux incohérences : on modifie quelque chose de très important plusieurs années en arrière, mais on se retrouve exactement au même endroit au moment présent : pas très crédible…
-les lieux et les moments dans lesquels l’intrigue se déroule changent très peu et contribuent au côté répétitif du jeu
-il n’y a pas suffisamment de musiques différentes pour meubler 20h de jeu, ce qui fait que les mêmes thèmes (certains très réussis, d’autres hors-sujet) reviennent sans cesse, ce qui une fois de plus renforce le côté répétitif
Bref, il faut savoir où on met les pieds : dans un visual novel qui offre très, très peu d’interaction au joueur, qui se contente tout au long du jeu d’appuyer sur X pour déclencher la ligne de dialogue suivante. Mais l’histoire vaut le coup…