Je précise que j'ai joué au jeu sur Switch. JVC ne me propose pas cette plateforme, et pourtant c'est bien sur l'eshop de Nintendo que j'ai obtenu, pour seulement 2 ou 3 points or, les fonds de tiroirs en somme, ce jeu dont je n'attendais pas grand chose. Et pourtant, et pourtant c'est un titre intelligent, agréable à jouer et bien ficelé. Dès le lancement du jeu, j'ai été surpris par l'exposition du contenu. 300 niveaux, dispatchés en 4 modes, seul ou à deux et classique ou difficile. J'opte pour la version normale solo, qui est la seule version que j'ai jouée et terminée. Dans cette optique de contenu et de durée de vie, le jeu sait s'arrêter juste avant de devenir lassant, tout en proposant encore des petits collectibles, quelques niveaux optionnels et les autres modes à ceux qui en redemanderaient. Pour un jeu obtenu quasi-gratuitement, c'est génial. Koloro est donc un jeu onirique, qui vous prévient directement que vous êtes dans un rêve. Mais s'il vous prévient, le jeu ne s'arrête pas en aussi bon chemin, et vous le montre dès qu'il le peut avec des musiques, ou plutôt des effets sonores, subtiles mais efficaces et avec une patte graphique assez minimaliste également, jouant avec les couleurs et la lumière pour égayer les petits écrans qui constituent les niveaux. On ressent cet aspect étrange et étouffé du rêve à chaque instant. Un rêve, oui, un ami imaginaire, peut-être, mais c'est tout ? Évidemment, non, Koloro dispose d'une narration, elle aussi, minimaliste, mais très intéressante, avec une fin très marquante et cohérente, bien qu'un brin prévisible. Pour reparler des graphismes, on trouvera aussi des décors très bien illustrés, et certains sont parvenus à me marquer : ils jouent tout aussi bien avec les formes, la lumière et les couleurs que le reste du jeu, et habillent les différents niveaux avec finesse, de façon somptueuse. Pour ce qui est du gameplay, l'aspect généralement le plus voyant de ce genre de jeux assez discrets, Koloro est un de ces jeux où vous ne pouvez pas arrêter de courir. Vous pourrez alors sauter, et uniquement sauter. Le gameplay pourrait en être répétitif, surtout en sachant que les niveaux font tous la même taille, mais si trop mourir peut créer ce genre d'effet (nous y reviendrons), en soit, le fait que ce jeu soit teinté de puzzle et de réflexions, et les innombrables gimmicks de gameplay qui s'étalent au long des chapitres coupent ensemble cet effet. Les différents chapitres du jeu s'enchaînent donc de façon digeste, le tout entrecoupé par quelques boss, boss qui sont les meilleurs moments du jeu. Très épiques, intéressants dans leurs mécaniques de gameplay, très bien designés et dotés de difficultés parfaitement équilibrées, la découverte d'un nouveau boss est une garantie de frissons et proposent des niveaux particulièrement fun et intelligents. En revanche, ce gameplay est aussi au cœur du principal (et peut-être seul) défaut du jeu : sa lenteur. C'est un comble pour un jeu où on ne peut pas arrêter de courir, mais oui, le jeu est lent. A cause d'une physique très spéciale et d'une difficulté qui vous veut souvent du mal, les morts sont fréquentes dans des niveaux où les allers-retours sont courants, et pour couronner le tout, votre personnage est lent comme un éléphant paraplégique. L’excitation de la découverte du jeu, de ses mécaniques, de son level design, de ses décors, sera jumelée à de la frustration à cause des minutes lentes à répéter lentement les mêmes actions lentes. Enfin, malgré cela, Koloro est un jeu brillant qui passe totalement inaperçu. Je ne serais pas étonné d'apprendre qu'il est souvent en réduction, et croyez-moi, même au prix fort, il en vaut pourtant la peine. Je ne peux que vous le conseiller.