Ce jeu n’est pas évident à classer, faisant partie d’un genre où l’appréciation vient essentiellement de l’écriture du tout plutôt que de l’aspect ludique. Sur ce point, le résultat est bon. L’histoire se déroule sur quatre chapitres, chacun centré sur un personnage. Pour les besoins de la chronique, je ne ferai que de rapides allusions sans entrer dans le détail.

Concernant les points positifs, le sujet de base est original. On est dans l’Autriche du début du Xxe siècle à suivre les péripéties de personnages en plein dilemmes moraux. La compositrice est en plein souci de page blanche et se laisse déborder par le stress, le peintre doute de ses talents, la mathématicienne essaie de se faire respecter dans un milieu machiste. Vu l’époque où se passe l’histoire, on se doute bien de l’imminence des allusions à la guerre, mais le jeu l’aborde assez subtilement pour que la révélation soit un choc, même en sachant que c’est inévitable.

Le format épisodique est bien pensé, permettant de développer le récit en le centrant à chaque fois sur un personnage tout en ne négligeant pas de parler des personnages secondaires. Les choix n’influencent pas énormément le récit mais apportent quelques nuances et des changements notables en rejouant. Le dernier chapitre, faisant office de conclusion, fait revenir indirectement les trois personnages précédents et montre d’autant l’impact des « réalités alternatives ».

La DA me semblait un peu paresseuse au départ, quoi que pertinente vu le sujet, mais on s’habitue assez vite au minimalisme du dessin. Et au final, ce n’est pas plus mal et ça ne gène jamais la lisibilité du décor, un souci récurrent dans le genre.

Question négatif, le jeu est un peu court. On arrive à la conclusion en quatre à cinq heures, peut-être deux ou trois de plus pour un 100%, là où les jeux que je met directement en concurrence avec celui-ci (Zero Escape, Ace Attorney, La Panthère Rose,…) vont plutôt chercher dans les quinze à vingt heures. Du coup, on manque de temps pour s’attacher à certains personnages qui auraient mérité mieux (la vieille actrice du chapitre 2, le mathématicien homosexuel du chapitre 3,…)

Si l’écriture est bonne, je me dois de critiquer le système de rejouabilité plutôt mal foutu. En finissant un chapitre, on peut lire des données statistiques sur les choix faits par les joueurs, signifiant qu’il s’agissait d’un élément impactant. A titre d’exemple, lors de ma première tentative sur le chapitre 1, j’avais raccroché au nez de l’homme qui me téléphonait pendant une crise d’angoisse, et le jeu m’a signifié à la fin que « 35% des joueurs n’ont pas décroché ». En rejouant, j’ai changé mon choix, et la discussion a permis d’étoffer un personnage secondaire du chapitre 3, nièce de l’interlocuteur. Sur ce point, très bien – d’autant que cela a une énorme importance sur le dernier chapitre. Par contre, si vous modifiez un élément en début de chapitre…vous devez faire tout le reste une nouvelle fois, sachant que les modifications seront souvent très minimes, les changements se voyant surtout sur les autres chapitres.

Si cela est sans doute inévitable sur un format épisodique, je dois aussi noter une inégalité d’intérêt entre les chapitres. Le troisième est de très loin le meilleur, abordant beaucoup de thèmes encore d’actualité (le sexisme, le genre, les limites de l’ambition,…) tout en évitant les clichés et les maladresses. Le deuxième est un cran en dessous mais est le plus impacté par les choix (on doit à deux reprises faire le choix entre deux modèles à peindre, offrant beaucoup de nouvelles lignes de texte). En comparaison, le premier chapitre est décevant : il ressemble plus à un point and click à l’ancienne, le personnage n’est pas très attachant (elle passe plus de temps à stresser et être horny on main qu’autre chose).

En conclusion, je vais le comparer à deux jolies expériences dans un tout autre genre ludique : Inside et Pikmin. Ces trois jeux disposent d’approches originales de leur genre, d’une direction artistique fort sympathique, sont plaisants à jouer, mais s’avèrent un peu courts pour se poser comme des indispensables. Toutefois, ce jeu peut laisser présager de suites plus ambitieuses : je signe tout de suite pour une collection épisodique sur la chute de l’URSS.

Jeu obtenu par tout hasard sur epic games... Et franchement, MERVEILLEUSE découverte!
Il y a 4 chapitres, tous entremêlés où l'on suit la vie d'artistes ou encore de savants Viennois.
J'ai bien aimé les thématiques abordées et surtout celle de la troisième histoire qui a une portée assez lourde des sens à mes yeux.
Le jeu est un point and click avec des choix de dialogues différents. Il est donc possible de refaire certaines parties afin de découvrir d'autres issues.
Niveau ambiance, les graphismes en pixel art ainsi que les musiques participent très bien à nous faire entrer dans l'histoire. On peut d'ailleurs souligner que la narration est très soignée!
Bref, une très bonne expérience!