Contre toute attente (surtout à ce prix sur IG), voici un excellent beat'em all façon années 90.

L'enrobage est soigné, on a une direction artistique de qualité, un univers bien marqué, typé banditisme des jeux de baston à l'ancienne, avec une touche de fantasy par dessus. Ca peut paraître étrange, mais le cocktail est très bon.

Il dispose de plusieurs personnages et modes de jeu, notamment un versus (et il devient du même coup un jeu de combat versus, contre IA ou joueur réel, en local).
On peut customiser les avatars.
La musique suit l'exercice de style avec brio, et se mêle à une narration caricaturale, mais pas trop présente : on est clairement pas là pour le scénario, de toutes façons.

Enfin, la touche vintage est couronnée par une apparence "tv cathodique" à la fois très originale et agréable.

Fight’n Rage est avant tout un titre arcade. De ceux qui se jouent d'une traite, du 1er au dernier niveau, et où le plaisir n'est pas forcément d'atteindre les crédits de fin mais d'être allé plus loin et d'avoir mieux joué que la dernière fois. Voir une des nombreuses fins du jeu ne réclame qu’une heure et n’est qu’un prétexte à recommencer pour faire mieux.

Chacun des 3 protagonistes jouables dispose d’une liste de coups très généreuse. On y retrouve absolument tous les classiques du genre, de la possibilité de projeter dans les deux directions directement à la fin de son enchaînement de base, au fait de pouvoir attaquer en dashant, annuler ses actions par un anti-air, réaliser des attaques spéciales une fois la jauge remplie (ou contre un peu de vie si elle ne l’est pas), repousser ses ennemis en leur sautant dessus ou au contraire réaliser une attaque dans les airs qui puisse se poursuivre par un combo au sol ; etc… Le jeu semble en fait la synthèse de tous les titres cadors des années 90, les coups et mécaniques vous rappelleront, pêle-mêle, Final Fight, Mighty Final Fight, les Streets of Rage, Cadillac & Dinosaurs, Knights of the round, Ninja Gaiden, Street Fighter 2, et j’en passe…

C’est un bonheur de construire ses propres combos et de les adapter à la situation pour éviter de se faire encercler tout en continuant à distribuer des mandales. Le fait d’infliger une certaine quantité de dommages à un ennemi après l’avoir vaincu le fait exploser, ce qui alimente le système de scoring (et donc comme dans la plupart des titres du genre, le nombre de vies supplémentaires que vous allez pouvoir glaner au cours de votre partie). Cela participe des feedbacks gratifiants que nous renvoie le jeu mais aussi contribue à ces couches de décision que le joueur doit prendre à chaque instant, notamment par rapport à la gestion de sa jauge de spéciale. Une gestion plus agressive peut vous coûter de la santé mais en même temps augmenter votre score.

Le challenge est à la hauteur, avec de nombreux modes de difficulté qui augmentent l'agressivité des ennemis sans jamais toucher à leur barre de vie ou à la votre. Cette agressivité décuplée dans les modes de difficulté avancés amplifie encore d’avantage le rythme effréné du titre. On court et esquive de partout, et envoie valdinguer nos adversaires de tout côté pour gérer cette foule. Nos personnages disposent également d’une parade, universelle, qui s’enclenche en allant dans la direction de l'ennemi juste avant de se prendre son attaque. Impossible de spammer la direction, elle a un temps de récupération entre chaque tentative. Il faut avoir les yeux partout, anticiper le prochain coup et jauger du ratio risque – récompense en fonction de la situation. Réussie, une parade permet de remplir instantanément votre jauge de spéciale qui vous offre, de son côté, quelques frames d’invincibilité et un peu de répit.

Les ennemis et boss sont une autre des forces du titre. On retiendra surtout d’eux l’intelligence de leurs forces et faiblesses par rapport aux actions de nos personnages. Oubliez ces jeux où une action précise, par exemple une attaque sautée, ou une attaque en dashant, peut-être abusée encore et encore pour le finir facilement. Ici chaque opposant est pensé pour vous embêter différemment, et ils sont mélangés entre eux avec une intelligence rare. Le développeur est parvenu à trouver cet équilibre si précieux entre priver le joueur de l’abus d’une certaine technique et lui laisser la liberté de profiter de toute sa liste de coups. Tous les ennemis peuvent également être débloqués et incarnés dans les autres modes de jeu (très nombreux et variés !).

Si le jeu est d’abord conçu comme une expérience solo, il est possible d’y jouer avec jusqu'à 2 amis en même temps ou d'être assisté d'une ou plusieurs IA. Celle-ci, trop agressive, engloutit son pool de vies à une vitesse faramineuse (heureusement, sans que ce ne soit handicapant) mais a le mérite d’exister (ce qui est trop rare pour être souligné) et de permettre la découverte de l’ensemble des dialogues et fins possibles seul. A noter qu'aucune option pour jouer en ligne n'est disponible.

Difficile de trouver des défauts à cette œuvre tant un soin manifeste a été apporté à chaque détail. Mais s’il en est un qu’il possède bien volontairement, et sur lequel je me dois d’insister, c’est d’être un beat’em up old school pur jus. Ceux qui n’ont pas d’affinité pour le genre se retrouveront lessivé par son austérité. Car Fight’n Rage ne cherche pas à offrir autre chose qu’un gameplay aux petits oignons. S’il vous faut de la mise en scène, s’il vous faut de l’accessibilité, s’il vous faut de la progression, des mécaniques de RPG, des phases diversifiées, que sais-je encore, ce n’est pas ici que ça se passe.