Les joueuses de jeux vidéo en ligne sont très souvent victimes de discriminations qui peuvent passer par de la marginalisation ou du harcèlement. Cette situation est, en partie, le résultat d’un manque de reconnaissance des pratiques vidéoludiques féminines. Il semble également y avoir une volonté de mettre à l’écart les femmes qui pourraient remettre en cause une misogynie qui persiste au sein de la communauté des joueuses/joueurs.
Le jeu vidéo a vu son image revalorisée pendant le premier confinement, après avoir été longtemps pointée du doigt comme étant une pratique addictive. L’Organisation Mondiale de la Santé a notamment mis en avant le jeu vidéo comme une pratique relaxante et permettant de retrouver virtuellement ses proches, à une période où les contacts étaient souvent limités. Le jeu vidéo et, en particulier, le jeu en ligne est un socle important de socialisation. Des ami·es, des couples, ou encore des collègues se retrouvent pour jouer ensemble. Les jeux en réseau sont également le lieu de rencontres entre inconnu·es, qui peuvent se croiser au cours de parties. De cette manière, comme l’explique le chercheur Samuel Coavoux (1), il est parfois nécessaire de communiquer avec d’autres joueuses/joueurs pour progresser dans certains jeux. C’est, par exemple, le cas du MMORPG World of Warcraft, qui est au centre de son étude. Mais comme le soulignent Lavinia McLean et Mark Griffiths, cet aspect social de la pratique vidéoludique ne peut pas être envisagé de la même manière lorsque l’on parle de joueuses.
Le jeu vidéo est encore considéré comme un loisir masculin. Les statistiques montrent qu’en réalité, dans de nombreux pays dont la France et les Etats-Unis, les joueuses sont quasiment aussi nombreuses que les joueurs. Toutefois, cette égalité numérique ne légitime pas la présence de joueuses au sein de la communauté vidéoludique aux yeux de certains joueurs, ce qui peut avoir des conséquences. Les joueuses doivent parfois adopter certaines stratégies afin de ne pas subir du cybersexisme. Elles rencontrent des difficultés, qui peuvent entraver leurs pratiques, en particulier lorsqu’elles doivent communiquer avec d’autres joueuses/joueurs. Ces difficultés ne concernent pas seulement les joueuses. En effet, les streameuses de jeux vidéo, les femmes qui abordent ce sujet à travers leur travail de journalistes ou de créatrices de contenu, ou bien celles qui travaillent dans l’industrie vidéoludique, peuvent faire face à différentes formes de sexisme.
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