Certains de ses proches le décrivent comme une « anomalie ». D’autres, familiers des coulisses de Washington, le tiennent pour le « diable en personne » du gouvernement. Stephen Miller, l’ex-plume du candidat républicain en 2016, est devenu à 35 ans le plus ancien conseiller en poste de Donald Trump. « Le plus puissant de la Maison Blanche », écrit la journaliste Jean Guerrero, autrice d’un livre-enquête sur Miller, Hatemonger (« Semeur de haine », éd. William Morrow, non traduit), paru en août.
Discret, d’humeur erratique, plutôt taiseux et souvent colérique, goûtant peu les plateaux télévisés et pourtant pièce centrale du pouvoir actuel, ce fils de démocrates californiens est l’architecte de la politique anti-immigration du président, l’homme aussi qui symbolise à lui seul la face sombre, raciste et nationaliste d’une administration trumpienne polarisée à l’extrême.
C’est lui qui a fait des migrants et du mur à la frontière mexicaine la charpente de la parole présidentielle. Lui qui a glissé dans l’oreille de Donald Trump des généralités sur des crimes prétendument commis par des sans-papiers. L’idée que le pays était en état de siège. Que les étrangers semaient le chaos dans les rues du pays. Encore en juillet, le jeune conseiller a expliqué à l’animateur de Fox News, Tucker Carlson, que l’envoi de troupes fédérales à Portland contre des manifestants antiracistes avait à voir avec « la survie du pays ».
En juillet 2017, Stephen Miller a inspiré les grandes lignes du discours prononcé à Varsovie par le président américain. Le texte, qui se voulait le point d’orgue de la diplomatie trumpienne, plaidait pour la défense de la civilisation occidentale, celle qui a « composé des symphonies, cherché des innovations » et qui désormais était menacée par « le terrorisme et l’extrémisme ».
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