"Quand il croit, il ne croit pas qu'il croit. Quand il ne croit pas, il ne croit pas qu'il ne croit pas" Fedor Dostoïevski.
Pourquoi des êtres tels que Bertrand Russel réussissent à vivre sans se soucier de la véracité de Dieu ou de la relativité de la science. Pourquoi pour eux ce sont des évidences et nous irrationalistes de nature, nous sommes condamnés à vivre avec notre scepticisme et nos incohérences.
Pourquoi nous sommes entredechiré entre le bien et le mal, le vrai et le faux, Dieu ou l'athéisme.
Pourquoi nous ne pouvons pas dire ceci est ainsi, point final.
Et au lieu de cela on débat des mêmes choses durant de millénaires.
Il y a plein de choses dans ton message, c'est très intéressant !
Bon, je ne sais pas du tout si les questions théologiques ou métaphysiques importaient aussi peu à Russell que tu le laisses entendre. Son choix a pu être celui de ne pas trop s'en soucier dans son oeuvre parce qu'il avait déjà de quoi faire. Moi j'ai même envie de penser comme Thomas More ou Diderot qui affirmaient que ce qui est publié par un auteur est l'équivalent de la partie émergée de l'iceberg.
Son système avait besoin de principes et, pour avancer, il était important de ne pas s'embarrasser avec des révisions intempestives. Quand tu jettes un oeil aux Problèmes de philosophie dudit Russell, tu peines à y trouver une parfaite assurance, ça tâtonne. Des incohérences nous y sommes tous confrontés, même lui rassure-toi ; et c'est une bonne chose puisque ça te donne un objectif, un angle d'attaque.
J'ai tout de même envie de te poser une question : qui désignes-tu pas ce "nous irrationalistes de nature" ? Les théologiens ? Les métaphysiciens ? Le sens commun ? Un nous opposé à quel "eux" ?
Le 23 janvier 2021 à 11:46:35 Bakwe a écrit :
Il y a plein de choses dans ton message, c'est très intéressant !Bon, je ne sais pas du tout si les questions théologiques ou métaphysiques importaient aussi peu à Russell que tu le laisses entendre. Son choix a pu être celui de ne pas trop s'en soucier dans son oeuvre parce qu'il avait déjà de quoi faire. Moi j'ai même envie de penser comme Thomas More ou Diderot qui affirmaient que ce qui est publié par un auteur est l'équivalent de la partie émergée de l'iceberg.
Son système avait besoin de principes et, pour avancer, il était important de ne pas s'embarrasser avec des révisions intempestives. Quand tu jettes un oeil aux Problèmes de philosophie dudit Russell, tu peines à y trouver une parfaite assurance, ça tâtonne. Des incohérences nous y sommes tous confrontés, même lui rassure-toi ; et c'est une bonne chose puisque ça te donne un objectif, un angle d'attaque.
J'ai tout de même envie de te poser une question : qui désignes-tu pas ce "nous irrationalistes de nature" ? Les théologiens ? Les métaphysiciens ? Le sens commun ? Un nous opposé à quel "eux" ?
Le "nous irrationalistes de nature" est celui qui répète éternellement le problème car il est incapable de donner un non ou ou oui définitif.
Disons qu'il y a "eux" qui résolvent et "nous" qui répètent.
Hmm, mais encore faut-t-il que ces "eux" soient en mesure de rendre un verdict définitif, ce dont je doute. D'un point de vue épistémologique, c'est une prétention qui a été largement révisée. On s'accomode de résultats qui préservent l'intégrité du système théorique global. Sauf lorsque l'on est confronté à une crise majeure, comme aux époques de Copernic, de Darwin, de Einstein et d'autres que je passe sous silence, ou par ignorance, ou par flemme.
Du coup, je ne suis pas forcément persuadé que la différence entre "eux" et "nous" se pose là. Il faut déjà prendre en compte le fait qu'ils investissent un temps considérable dans leurs recherches, puisque c'est leur profession, et qu'ils se distinguent, en premier lieu, par ce simple fait là. Car, parvenir à ces résultats demande un temps de recherche important qu'il n'est pas donné à tout le monde d'avoir (et je ne dis pas que ce temps est suffisant... soyons raisonnable).
Puis, les sciences continuent de s'entredéchirer hein ! Avec moins de virulence peut être, et encore, j'imagine que ça dépend de l'objet du débat, des personnalités, des enjeux, etc.
Du coup j'ai du mal à m'accorder avec ce découpage que tu exposes. Je ne pense pas qu'il y a un "eux" qui posent simplement, et un "nous" qui répétons le problème et tournons en rond.
Pourquoi des êtres tels que Bertrand Russel réussissent à vivre sans se soucier de la véracité de Dieu ou de la relativité de la science. Pourquoi pour eux ce sont des évidences et nous irrationalistes de nature, nous sommes condamnés à vivre avec notre scepticisme et nos incohérences.
Je crois pas que Russell soit si sûr de son fait. J'ai même tendance à penser le contraire : Russell s'inscrit justement dans une tradition "sceptique" (il a écrit d'ailleurs des Essais sceptiques) qui consiste à attaquer les religions et les dogmes comme des choses auxquelles il est absurde de donner son assentiment aussi catégoriquement que certains le font.
Pour le dire autrement, Russell n'est pas sûr que la religion soit une erreur, mais il est sûr qu'il est une erreur de donner un assentiment sans condition à celle-ci, surtout compte tenu de ce que nous pouvons savoir.
Or, c'est justement parce qu'il refuse de donner son assentiment sur ces questions qu'il te semble aussi léger et tranquille.
j'ai jamais vraiment su ce qu'était être "libre penseur"...dans ma tête ça sonnait comme "pourquoi pas ..." ou "admettons que ..."
Le 23 janvier 2021 à 09:44:
Bogossmil a écrit :(...)
Et au lieu de cela on débat des mêmes choses durant de millénaires.
Bah, c'est ça qui est passionnant, non ?
N'est-ce pas ça, être libre-penseur ? Apporter un avis personnel au débat ?