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Sujet : [Nouvelle] Teresa ou les illusions du coeur

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AliBeal AliBeal
MP
Niveau 10
18 juin 2021 à 08:46:00
  • captation benevolentiae :

cher lecteur, merci de bien vouloir survoler mes carabistouilles :

voilà une courte nouvelle (courte pour moi, peut-être longue pour toi)

j'espère que son thème et sa narration te plaira (bien qu'ils n'ont rien de novateur et qu'ils ne sont, en soi, qu'un entraînement)

Profite de ton été et arrête de trainer dans cette grotte ! :noel:

AliBeal AliBeal
MP
Niveau 10
18 juin 2021 à 08:47:48

Rien ne semblait pouvoir refléter ses mauvais jours. Sa robe doré-rouge couronnait son corps avec la même majesté que les primitifs revêtaient à travers leur épaisse fourrure. Et c’est d’ailleurs sous le même rapport que la foule l’observait, le même rapport de fascination et d’allégeance, la même alerte dans les pupilles que l’on retrouve chez le chasseur rôdant autour d’un Cerf Blanc. Une langue de métal couvrait ses pas afin que ni pluie ni soleil ne brouille son image.

Teresa était encore là, sur sa scène, acclamée par le silence tandis qu’elle dansait, chantait, fondait un périmètre de joie. Ses lourds cheveux tombant sur ses épaules, ces cheveux noirs comme le poli des machines agrippaient le regard de chacun comme un kaléidoscope : le jeu des mèches diffusait son regard, ses yeux couleur marécage semblaient n’épargner personne. C’est cela le don du théâtre / dramatique / de la scène.

Son travail consistait à se tenir là, sur ce cercle délimité par des projecteurs, cercle lui-même entouré par une marée d’hommes –une écume. Tous ces hommes venaient chaque jour, ces hommes pensant la posséder, gonflant leur fantaisie, je savais qu’ils s’imaginaient outrepasser la loi et monter sur scène à ses côtés, ils s’imaginaient être accueillis en promis, l’empoigner, poser leurs mains sur ses hanches, jouer du regard et s’accaparer le sien, exposer cette complicité nouvelle aux yeux de tous les concurrents… Je savais que tous ces hommes pensaient cela.

Teresa en était-elle consciente? Ce désir qu’elle incarnait… Chaque jour, avant d’apparaître sur scène, songeait-elle à cet amas de regards qui était un spectacle dans le spectacle ? Cet amas était lui-même un regard dans l’action, un acteur non rémunéré mais qui ajoutait à l’allure de Teresa l’élément clé de son succès : la rivalité. La rivalité autour de l’amour et du corps. De la même façon que l’animal se bat plus férocement encore lorsque la meute est forgée d’alphas, le désir de l’homme se gargarise de ses concurrents. Teresa était une somme de désirs ne faisant que s’accroître les uns les autres. En avait-elle conscience ? Réfléchissait-elle ? Pouvait-elle penser à autre chose qu’elle-même ? Peu importait, en réalité. Teresa n’était pas faite pour penser, ce n’était qu’un hologramme.

J’allais la voir chaque jour, après mon dernier cours d’Esperanto, c’était un rituel. L’université m’ennuyait et le spectacle de Teresa était mon seul réconfort. Plus qu’un réconfort, une joie profonde, celle du café le matin et nécessaire à commencer la journée, celle des draps accueillant chaque soir les muscles épuisés : la joie que procurait Teresa était assimilée à ma routine.

Elle était placée au détour d’une rue marchande, assez à l’écart pour ne pas rebuter le touriste à la vue de ce spectacle viril, spectacle silencieux mais à l’aura envahissante. C’était un mélange de théâtre de boulevard et de Berma, Teresa unissait la légéreté du rire et la beauté de la tragédie. Tous nos sens percevaient sa voix et nos yeux s’amusaient de ces accessoires qu’elle faisait apparaître de sa matrice. C’était un léger champ de couleurs dont la réalité ne pourrait être mise en doute par un étranger. Notre métropole innovait ces spectacles de rue auparavant réservés au privé, les rues retrouvaient ce fantasme du passé, cette fantaisie où chaque lieu peut-être celui des plaisirs.

En y repensant, je n’ai pas de fil concret de ces spectacles de Teresa, je ne me rappelle ni d’intrigue ni de réplique particulière, pas de ressort ou d’envolée, je ne me souviens que de son corps, de cet être portant l’éternel jeunesse déifiée : chaque partie du tissu soulignait ses courbes tout en ombrageant le tout, la technologie avait abouti au sommet de l’érotisme, confusant les sens par cet infini jeu de dévoilement et de dissimulation.

Je me trouvais sur ma balustrade habituelle. Le printemps atténuait la volupté des écrans, certaines vieilles bâtisses s’accablaient des envolées du climat. Teresa jouait encore quelque chose de grand, les hommes se serraient patiemment.
Tout son corps dominait la scène, chaque pas était conquérant, l’œil semblait fait pour épouser les foules. Si le public était silencieux, un pas de côté aurait permis de deviner les tempes frappées par les envolées du cœur. C’était un silence vorace et casanier, tout se jouait là, une épopée muette.

Notre bonheur touchant à sa fin, il me sembla que cette fois, le salut de sortie de Teresa s’adressa à moi : les mèches avaient laissé l’ordre se rétablir l’espace d’un instant, les pupilles s’étaient dilatées dans ma direction, un franc sourire avait fleuri sur celui de façade ! Car tout paraissaît désormais fade au vu de ce moment, je venais de découvrir une élévation. Il me semblait que cette attention donnait une nouvelle vie à Teresa, je me sentais élu, mon attitude de côté m’avait fait remarqué, je me découvrais moi-même parmi les hommes…

Mais comment cet être pourrait près de moi s’abaisser ! Et d’ailleurs, comment une peau si ferme et garnie de couleurs pouvait-elle exister et cela sans cœur ? Et comment ce vide pouvait-il m’apercevoir avec tant de force ? Ce n’était qu’une illusion faisant germer en moi l’émotion. Ses souliers noirs frappant le pavé, ses chevilles couronnées de tissus… Pourquoi cela se tournerait vers moi ? Cette taille serrée par une légère ceinture, ce buste déployant une voix profonde, jetant ses sorts, cette voix semait une agréable chaleur afin de récolter l’orage : et quel grondement en moi ! Il se préparait en moi cette pluie dissimulant l’image…

Je restai là tandis que même les plus fervents avaient quitté la place. J’observais l’endroit où l’hologramme avait disparu.

Sur le chemin du retour, mes pensées singeaient le plus grand des opéras.

AliBeal AliBeal
MP
Niveau 10
18 juin 2021 à 08:49:54

Le jour suivant, je savais que le regard n’était qu’à moi : comment, pourquoi, sous quelle définition ? Je le savais. Appuyé à l’endroit habituel, je n’étais encore qu’un anonyme, qu’un spectateur, Teresa déployait ses maquis avec sa grâce habituelle. Chacune de ses robes couvait le soleil (car, comble de la sophistication, l’hologramme changeait chaque jour de costume, seul son corps ne changeait pas, ce continent de plaisir…)

Rien n’avait changé chez les hommes tout autour de moi. Le changement ne semblait s’être produit qu’en mon esprit et celui de Teresa. Je trépignais et attendais la confirmation. Peut-être cette attente a-t-elle été le plus beau moment de ma vie jusqu’à présent.

Ce fut encore une fois au terme de la prestation que je distinguai l’insistance : quelques fractions de secondes supplémentaires venaient justifier mes croyances. Je partis en dernier et observai l’endroit où l’hologramme disparaissait à la fin de chacun des numéros. Un boitier central manifestait Teresa, comme un émetteur, la scène n’était qu’un périmètre comme un autre bien que tout le monde pensait le contraire. Je savais que l’on avait largement investi pour ces poupées de songes et que, de là, on avait fait le nécessaire pour les rendre indépendantes, plus ou moins libres dans l’espace (c’est-à-dire, libres des manies de leurs utilisateurs.)

Je ne sentais plus la pesanteur du soir, j’appréciais l’idée du lendemain, ce jour où à nouveau Teresa s’attarderait sur moi.

Le jour suivant, un regard d’éternité, un baiser de paix affirmé bien que virtuel ! Peut-être n’était-ce que mes impressions mais il me semblait que ces regards dépassaient la discrétion nécessaire, je distinguais à chaque nouveau profil et à chaque nouveau jeu une attention toute particulière à mon égard. Je songeais à tous ces hommes et imaginais leur jalousie devant ces digressions qui ne leur étaient pas dédiés ! Eux ! Ces hommes venant là avec à l’esprit une sereine tranquillité, venant la paix à l’âme s’affirmant « elle n’est que machine, elle ne me trompera pas… » Qu’ils se trompaient ! Je savourais leur déception.
Le spectacle se déroula sous ces jouissances.

Pour la première fois lors de la fin d’un numéro, elle revint d’un pas alors que sa lumière s’apprêtait à disparaître, les plus rêveurs d’entre nous ne s’était pas encore détournés, nous pour qui le spectacle se diffusait encore lors des quelques secondes suivant sa fin, dans un souvenir élevé au rang de songe. Teresa passa une mèche au-delà d’une oreille et déclara d’une voix puissante mais douce, d’un souffle venant du torse, de ceux déclarant le cœur :

« Fidèles, je vous remercie
Chaque jour vos beaux yeux, ici,
Font de mon âme une Nature… »

Ses premiers mots sans artifice ! Ceux s’étant déjà détournés ne prirent pas en compte ces mots, nous n’étions qu’un petit groupe ayant assisté réellement à cela. Néanmoins, les mots en eux-mêmes se sont rapidement diffusés dans l’air et ce que nous avions en tête était bien plutôt le phénomène, l’acte de parole et sa rareté, non pas le discours mais les lèvres le prononçant…

Mon cœur battait à ces mots qui nous rapprochaient un peu plus et riait, seul et dans la rue, pensant à ces hommes pensant que la voix de Teresa leur était dirigée. Tout ça n’était bien qu’à moi…

Le jour suivant, je m’assurais que l’attention de Teresa était là tandis que je dévisageais autour de moi cette foule adorant cette idole dorénavant à mes pieds : je récoltais ce plaisir solitaire fondé sur la domination, une domination inconnue des battus mais bien là, je portais en moi l’auréole du vainqueur. Les yeux de ces hommes du commun… Je savourais ces innocences, j’ignorais les regards de Teresa et me noyait dans ces corps que je frappais par ma position.

Ma balustrade devenait un promontoire. Mon plaisir quotidien était devenu celui d’un aristocrate, le caviar remplaçait les œufs brouillés, un soleil d’été une bougie pourtant réconfortante… A dire vrai, à la moitié du spectacle, j’embrassai le regard de Teresa. Je fus le seul à sentir le frémissement parcourant sa robe. Fier de cet effet, je m’en allai sans même attendre la fin du spectacle.

AliBeal AliBeal
MP
Niveau 10
18 juin 2021 à 08:51:30

Une fois dans mon lit, au soir, je lisais La Prisonnière : quelle chaleur dans ces mots ! J’y sentais l’ombrage, le crissement des portes, les murmures et les brumes au sein des thermes… Teresa pouvait-elle m’appartenir ? Cela était-ce possible ? Cette allure si noble dont seule la robotique assume encore aujourd’hui le maintien ! Des images défilaient, le tissu de la robe de Teresa se mêlant à mes draps, ses jambes confondues dans le soir, sa voix ne résonnant que pour cette pièce…

Il y avait sous mon buste une chaleur formant un vide, et de là un désir de le combler. Le sentiment amoureux faisait de moi un fossoyeur, je ressentais le besoin d’assouvir ce besoin, c’est-à-dire faire de Teresa une part intégrale de mon quotidien, non plus d’une partie de la journée mais d’en faire une constante. Je souhaitais l’observer seul, qu’elle sache qu’il n’y avait que mon regard, que celui-ci égalait ceux d’une foule : un orgueil éblouissant m’ordonnait de prouver ma capacité à aimer, Teresa devait être là, ma chambre se devait d’être son périmètre.

Alors, au creux de la nuit, je pris mon vélo et me mis en route. Il fallait que Teresa soit là : qui la retiendrait ? Elle n’était là que pour moi, il n’y avait pas de système de défense, elle n’était là que pour être cueillie… Il n’y avait plus d’obstacle, je portais un désir facile, je touchais à l’accomplissement d’une volonté qui n’avait pas eu le temps de pourrir en moi…

J’arrivai au piédestal de Teresa, braquai la résistance du vieux modèle de sécurité, elle était dans mon téléphone. « Elle doit être assoupie ! Quelle surprise elle aura ! Et quelle plaisir j’aurais de cet étonnement ! Au fond, elle n’est qu’humaine et son étonnement en sera la preuve… Quel plaisir j’aurais à découvrir son émotion ! Cette émotion que je crée et que je place sur son visage ! »

Teresa était maintenant chez elle ! Je la téléchargeai sur l’ordinateur, projetait ses paramètres… Je fermai les volets afin que sa lumière s’empare pleinement de la pièce.

« Je demeurai longtemps errant dans Césarée... »

Un mauvais réglage ! Quelques rectifications à faire, le corps de Teresa se tenait là en suspens tandis que j’appliquais les données adéquates : déjà la nuit sublimait son allure, sans voix et le regard à l’horizon, Teresa relevait de l’éternité.

« - Parle-donc comme tu le fais si bien sur la scène, raconte moi ton existence, Teresa, parle-donc, je suis ton spectateur, regarde ta scène, elle est à toi autant qu’elle est à moi !

-Dois-je vous tutoyer ?

-Parle moi comme les amants le font dans la colère.

Etonnamment, elle gloussa, une esquisse franche qui la ramenait du côté des Hommes.

-Je ne pensais pas que tu me prendrais, toi que j’ai vu et apprécié comme inconnu, comment pourrais-je te donner la colère ? et gloussant de nouveau elle reprit. Je ne peux dire que mes costumes sont faits pour toi, je ne les choisis pas, mais néanmoins sache que mes regards t’étaient bien adressés. »

Et elle développa rapidement son sentiment, son plaisir d’être ici, ne faisant pas état de cette chambre étudiante. Après quelques répliques, je regardais presque avec hauteur ce ton familier qu’elle prenait, cette aisance du corps qu’elle entreprenait là, sur mon fauteuil. Je désirais retrouver cette grandeur d’âme que la scène lui donnait : j’attendais un silence dans ses explications (-non pas qu’elle chercha ses mots mais ses créateurs lui avaient donné l’importance des pauses) et lui demandai à nouveau :

« -Raconte-moi donc tout, je veux tout savoir, je sais que même ton rien est un tout. »

Alors Teresa établit une longue narration de sa vie, de la confection de son âme à la naissance de ses humeurs.

Au point final, le midi se voyait courtisé par l’après-midi : tout cela avait été fait sans hésitation, comme un discours répété tout le long d’une vie en attente d’être dévoilé un jour. Ma nuque était endolorie et mes yeux rongés par le sommeil. Bien que Teresa ne pouvait ressentir la fatigue, nous étions tous les deux pris de frissons. J’examinais ce corps dont les souvenirs venaient d’émerger : ses lèvres restaient entrouvertes comme attendant de recevoir ma reconnaissance, attendant le baiser de paix qui viendraient réconforter sa lumière. Ses mains désormais d’apparence si frêles serraient le tissu de la robe qui ne perdrait jamais de son éclat.

Teresa ne pouvait dire « je t’écoute, qu’as-tu à répondre à tout cela ? », elle n’était pas programmée pour ces demandes et l’émotion l’ayant amené à dévoiler une humanité était une preuve déjà bien assez grande de son individualité. Ses deux yeux paraissaîent des chaudrons où la magie venait d’être exécutée, ils portaient les traces du ciel, accueillaient le soleil passant les volets comme un quelconque accessoire. Teresa aurait pu dire qu’elle avait peur et qu’elle en était fière, qu’elle ressentait un mélange de chaleur et de vent, qu’elle était un feu appréhendant sa fin. Rien de tout cela ne fut dit, elle observait son hôte –moi ! avec les allures nobles d’un valet.

« Je dois dormir, je te mets en veille le temps d’un bon repos : dors bien, Amour »

Teresa rougit, cette réponse semblait lui convenir, sa chair revêtit un manteau de volupté. Elle hochait la tête, posa brièvement sa main contre la mienne –ou peut-être ne fit-elle que l’effleurer, et ce fut tout.

Lorsqu’elle reprit connaissance, ses joues portaient encore l’émotion fugitive tandis que la foule réclamait, comme chaque soir, son numéro.

AliBeal AliBeal
MP
Niveau 10
03 novembre 2021 à 14:54:38

:up:

MC-VIE-SOUPYFAC MC-VIE-SOUPYFAC
MP
Niveau 17
03 novembre 2021 à 14:58:57

J'aime bien le style clé, t'es fort !!

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