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Sujet : [Dark Fantasy] La Symphonie Vindicative — demande d'avis

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Herv_leroc Herv_leroc
MP
Niveau 1
22 février 2021 à 23:51:02

Bonjour à tous, aujourd'hui, j'aimerais vous présenter mon nouveau projet de Dark Fantasy, La Symphonie Vindicative, sur lequel je bosse depuis plus d'un an, j'ai déjà écrit quatre chapitres, et je compte publier le tout sur Wattpad d'ici mai, mais en attendant, j'aimerai bien recueillir quelque avis objectifs sur mon prologue (qui est un peu long, je le publie donc en deux parties, vous m'en excuserez) afin de pouvoir cibler les points négatifs.
Pour le moment, je ne publie que le prologue, de peur du vol ou du plagiat (vous me comprendrez), mais si tout se passe bien et que les avis sont au rendez-vous, j'essayerais de poster le chapitre I, et la suite. Tous les avis sont bons à prendre, je les attends donc avec impatience donc n'hésitez surtout pas à me faire des retours constructif, ça m'aide beaucoup. Merci d'avance pour vos commentaires et bonne lecture^^.

Resumé du roman :

« Les guerres ne sont qu’une larme d’encre souillant le parchemin de l’histoire. Impuissant, on ne peut que les observer s’abattre, et tenter de sauver ceux qui nous sont chers. »

Il était une fois, dans les contrées luxuriantes et vallonnées du Warldiel, des temps semés d’incertitudes…
Un jour, de sombres présages apparurent et l’équilibre précaire établi dix ans plus tôt à la suite des croisades des Monarchies Thaumaturges chancela. À l’est, les ambitions grandissantes d’un sultan belliqueux ravivèrent de vieilles tensions ; à l’ouest, la paresse, la luxure et la corruption émoussèrent la vigilance des rois et seigneurs. Et au centre de ce monde, la légendaire cité d’Arval, plaque tournante de deux cultures et symbole de la foi des Neuf-Seigneurs, s’enlisa dans la tourmente.
La guerre est déjà là, clament certains, et nul n’a la bravoure de se dresser contre cette tragédie prophétisée.
Pourtant, au cœur de cette valse sanguinaires des royaumes, pris dans une tempête de lames et de souffrances, deux jeunes personnes fredonnent de concert une symphonie… une symphonie vindicative, pour survivre ; la geste de Rohan et Lyrna.

***

— Au nom de la Foi, du sultan et de la lune ; Messager vénéré, Messager vénéré, oyez cette prière et mes vœux d’obédience ! Dans leur incrédulité, je ne tracerai que votre gloire. Dans votre lumière, j’effacerai leurs idéaux blasphématoires. Nulle passion ne m’animera. Nulle crainte ne m’effrayera. Nulle convoitise ne me corrompra. Le tabar de la Foi, l’ombre du sultan et le glaive d’Anoharan seront mes titres. Le doute, la lâcheté et l’impiété seront mes ennemis. Je me baignerai du sang des mécréants. Je livrerai mon existence à mon sultan. Mon tertre sera grand de mes faits. Ma postérité sera éclipsée par mon humilité. Je combattrai sur les berges de la probité et trépasserai sur le front des martyrs. Pour Dieu, je vivrai. Et pour Dieu, je mourrai. Au nom de la Foi, du sultan et de la lune ; Messager vénéré, Messager vénéré, je vous jure mon allégeance, pour ce jour, jusqu’à mon dernier.
Ces derniers mots moururent dans la bouche du jeune Ghalen. Les yeux fermés, l’échine courbée, les jambes pliées au sol ; il percevait les battements effrénés de son cœur. Un silence quasi-mystique régnait dans la crypte des Astres, entrecoupé par les plocs des gouttes d’eau. Ses doigts, rendus moites par l’humidité, tendus face à son visage, vibraient d’émotion.
Il entrouvrit ses paupières et dressa sa tête d’un mouvement imperceptible. La stèle Blanche le surplombait ; autel haut de trois pieds diaprant, malgré les ténèbres environnantes, une mince lueur spectrale. Derrière, la silhouette voutée du Cheik Aymel se dessinait, et dans l’obscurité, ses petits yeux le toisaient.
Avec paresse, le vieil homme souleva un calice et alla puiser dans un récipient argenté un flot de Larmes d’Étoile. Il allongea ses bras et maintint la coupe au-dessus du jeune homme.
— Ghalen, crépita-t-il. Premier des Yassefar de la tribu des Jefar, féal du calife Rajhan, acceptez-vous de devenir l’Astre-Lige de la Foi, du sultan et de la lune ?
Malgré la chaleur de la grotte – on se serait cru dans une étuve, son poil s’hérissa. Chaque nuit, en rêve, cette phrase l’avait hanté. Elle revenait sans cesse, infatigable, l’attaquait dans ses songeries, le provoquait, comme un objectif à poursuivre. Et lui en retour, se l’était murmuré, sans grande conviction. Mais aujourd’hui, plus par chance que par réel labeur, tout cela devenait réalité.
Donnant à son timbre une intonation solennelle, il répondit sans hésitation :
— Oui, Votre Sainteté. Je l’accepte.
Les doigts tavelés du Cheik Aymel tremblaient – les affres de la vieillesse ravageaient même les saints, mais il parvint à renverser le contenu du calice sans accroc. Le liquide diaphane, si brulant, si lustral, si pur, ruissela sur le visage abimé de Ghalen, aussi doux qu’un crachin estival. Il s’égoutta sur ses cheveux de jais, serpenta entre ses mains rugueuses et s’abattit sur ce sol déjà béni par quatre-vingt-dix-neuf cérémonies légendaires. Le temps, comme l’eau, s’écoulèrent alors avec une lenteur peureuse. Au bout d’un long moment, le Cheik murmura :
— Vous vous êtes incliné face au Messager et ses califes pour les admirer. Vous vous dresserez pour les servir. Levez-vous.
Ghalen exhala un long soupir et s’exécuta. Ses jambes engourdies et courbaturées par une journée de prières le suppliciaient, mais il n’en montra rien. Au-dessus de lui, une trouée dans la cavité laissait paraître le firmament nocturne. Les nuages pesants, sombres comme une cohorte d’un millier de fantassins chargeant une plaine d’onyx, défilaient dans le ciel. Un craintif rai de la lune Fégéri parvint à percer la voute et répandit dans la Crypte des Astres un voile rutilant. La stèle Blanche, sur laquelle reposait la Psalmodie ; l’œuvre sainte écrite par le Messager lui-même, réfléchit ce puits de lumière. Et sur les parois effritées vinrent s’éclabousser des gouttelettes miroitantes qui tamisèrent la grotte d’un halo cristallin.
Le jeune soldat en profita pour examiner la caverne. Un long cortège de figures brutales, taillés dans la roche froide, s’enfonçait au loin, enveloppées par le noir. La clarté vacillante de Fégéri anima les visages noyés par la pénombre de tous ces hommes l’ayant précédé à son illustre poste d’Astre-Lige. Raides et graves, les mains de pierres fermement serrées autour d’armes en tous genres, les effigies fixaient d’un regard aveugle la stèle Blanche. Ici, dans cette nécropole sacrée, gisaient les braves parmi les braves. Aucune inscription, aucun nom, ne souillait ces statues tumulaires figées dans l’histoire. Car entre fortune et succès, la voie de l’Astre-Lige était tracée dans l’anonymat. Ils épousaient la gloire, mais se privaient de contact charnel avec celle-ci.
Ghalen frissonna. Un jour, ses caveaux l’accueilleraient et son nom disparaîtrait de cette terre impure. Alors, il serait en paix avec lui-même.
On ne pouvait espérer plus belle fin…
Cheik Aymel s’éclaircit la voix et l’arracha de ses rêveries :
— Vous devriez vous presser, Astre-Lige, pour assister au sacre du calife.
Il ne se fit pas prier. Le couronnement de Rajhan al-Jafar se déroulait dans trois jours, à la capitale. Il ramassa son cimeterre laissé au sol et se dirigea vers la sortie. Son pas pressé se répercuta sur le plafond cintré, produisant un vaste écho qui alla se perdre dans les profondeurs de la cavité. Les morts et Cheik Aymel purent enfin retrouver leur calme divin.
L’air chaud qui l’accueillit à l’extérieur, chargé de fragrances capiteuses de jasmins, charriait dans la brise vespérale les senteurs du renouveau. Le vent soupirait, couchait à ses pieds les pailles des orges sauvages et soulevait en volutes des pétales blancs. Tous-azimuts, une plaine paisible et mamelonnée s’étendait et se confondait avec les nues, sans faune ni flore ni important relief pour venir rompre ce morne paysage. Exception fait d’un unique cèdre, qui, plantureux et majestueux, s’élevait à quelques toises comme un défi à cette monotonie.
Ghalen inspira, noya ses poumons d’oxygène et apprécia chaque goulée d’air comme s’il s’agissait de sa dernière. Il se sentait animé d’une force nouvelle, d’une force de conquérant ! Le monde lui appartenait, désormais.
Son pur-sang anoharan l’attendait près du conifère solitaire et se repaissait de l’herbe verdoyante. Il enfourcha la monture avec aisance, lui flatta l’encolure et l’élança au galop vers la capitale. La lune Fégéri, son unique compagne, couronnait le firmament et projetait ses timides faisceaux bleuâtres dans cette immensité uniforme.
Droit sur son arçon, il chevaucha, nuit et jour durant, vers le nord, l’est, puis derechef le nord. Il rejoignit les dunes du désert Cuivré et son étendue sablonneuse puis longea les puissants torrents du Goulet d’Erhnam, d’un de ses oasis situées près des côtes de la mer Verte jusqu’à atteindre sa source sise au sommet de l’Éperon Blanc, et continua de s’engouffrer au plus profond des régions inhospitalières de la marche Rouge, entre les contreforts rocheux et les promontoires escarpés de ces altières montagnes surmontées d’une pellicule laiteuse.
C’est juste à l’heure où l’astre du jour se noyait dans la mer mordorée, transformant l’ouest en une tapisserie de nuages chamarrée de pourpre et de violet, que la Capitale apparut à l’horizon. Il s’autorisa une légère halte et contempla cette merveille architecturale, ce joyau flamboyant, étalée sous l’azur ensanglanté comme une fresque coruscante. Les habitations enroulées autour de l’Épieu du Colosse – vaste plateau gris strié de cascades évanescentes et d’arbres luxuriants, se remarquaient par leur charme typiquement occidental. Toits de chaume et avenues dallées s’entrechoquaient dans une parfaite harmonie. Et sur son perchoir rocheux comme un fier aigle, trônait un château majestueux, hissait ses tours imprenables haut dans ce ciel vaporeux et caressait les rayons moribonds du soleil couchant.
Du promontoire où il se tenait, Ghalen put entrapercevoir une foule d’hommes, de femmes et d’enfants miséreux, amassés au pied des murailles de la cité. Il imagina leur détresse, leur tristesse, leur colère. Il percevait leur pleur, leurs velléités de fuite. Mais lorsque les lames attisent les flammes de la guerre, aucune larme n’est en mesure d’éteindre cet incendie destructeur. Et qu’importe l’endroit où ils iront, Anoharan finira par les rattraper, songea Ghalen. Le jeune garçon talonna son pur-sang et la monture se rua, malgré sa fatigue, vers la ville. Il dévala la butte, sa chevelure brune ébouriffée par le vent, et sillonna l’étendue herbeuse déployée au pied des imprenables fortifications.
Il passa sous les herses des parapets après vêpres tombées, et dépassa le flot de migrants. Son cheval renâclait bruyamment et ses sabots faisaient retentir le parterre carrelé de l’Avenue des Empereurs. Une succession de souvenirs afflua et un mince sourire déforma sa mâchoire brutale. L’ultime charge, les hurlements de terreur des apostats, son épée, tournoyante dans la rosée de l’aube ensanglantée, déchiquetant tous les mécréants sur son passage… oh oui, il s’en souvenait, avec une netteté étonnante.
Par-delà les toitures, il distingua les neuf flèches de la Cathédrale Sainte-Cartane et son légendaire dôme vitré. Son cheval faiblissait, cela se ressentait à sa respiration de plus en plus laborieuse qui s’apparentait plus à un gémissement de bête mourante. Mais Ghalen le força à poursuivre. Point de repos pour les valeureux.
La ville poussait le long de la Carminfurie et trempait avec délicatesse son embarcadère sur la rive sud du détroit du Colrante. Les galéasses et autres navires de guerre de la flotte d’Anoharan se prélassaient au large, sous la voute étoilée, oscillant tantôt d’un bord, tantôt de l’autre. La cathédrale hérétique surplombait le port et exposait sur sa façade un chapelet de guirlandes, rinceaux et autres fioritures pompeuses. Son parvis, garni de verdures et de cascatelles, embaumait l’air d’un parfum enivrant de lavande, qui s’associait bigrement bien avec les senteurs salées des embruns de la mer Verte.
Ghalen débarqua sur l’esplanade, renversant sur le passage quelques esclaves. Son pur-sang s’écroula au sol ; poussiéreux, agonisant de fatigue. Le jeune Astre-Lige ne lui daigna aucune attention. Çà et là, quelques servants achevaient de préparer le lieu pour le sacre. Tous cessèrent de s’affairer et l’observèrent. Cavalier, il pénétra dans la cathédrale vide et silencieuse, sa cape claquant dans son sillage. Nul n’osa s’interposer.
Le jeune Astre-Lige s’avança, la tête haute, en direction du trône d’Ahrimaz encore vacant. Il s’arrêta à quelques pas du Cercle des Élus – limite infranchissable pour les séides du sultan, s’agenouilla et fredonna des versets de la Psalmodie. Les mots s’écoulèrent avec l’onctuosité d’une rivière, aussi doux qu’un baiser divin.
Demain, on couronnerait son sultan.
Demain, on couronnerait l’homme qui lui avait promis un grand avenir.
Demain, le monde tremblerait.
Ainsi, il avait la nuit pour prier.

Message édité le 22 février 2021 à 23:55:56 par Herv_leroc
Herv_leroc Herv_leroc
MP
Niveau 1
22 février 2021 à 23:51:43

Partie 2

Venu de l’Ouest et des glèbes fleuries par l’été paisible, une rafale de vent vengeresse morcela le silence impérial de la cathédrale Sainte-Cartane. À ce chuchotement sinistre, une rumeur timide répondit, suivie d’un assourdissant clac. On débarrait les larges issus de la salle, et enfin, les treize émirs purent débuter leur pieuse procession.
Dehors, le ciel s’agitait lui aussi. Comme pour laisser place à l’avènement d’un grand jour, les nuages ternes fuirent cet océan pommelé, dispersés par la brise estivale. Le soleil se révéla alors, invoqué dans le firmament, pour se porter témoin de ce sublime spectacle. De ses rayons d’argent, il transperça le merveilleux dôme de la basilique et répandit dans celle-ci un déluge verdoyant de lumière. Enluminés, les murs ciselés d’ornements luirent d’un éclat peu commun et le trône blanc d’Ahrimaz, pourtant simple chaise fruste, se nimba d’ombres étincelantes. Le parterre s’alluma, flamboya presque, et déversa aux creux des marches marbrées des mares jaunes et pourpres.
Héritage païen de la cathédrale Sainte-Cartane, festons de roses sculptés dans l’or, fresques chatoyantes et vitraux polis décoraient le lieu. Vastes et imposants, huit piliers ordonnés en cercle, sertis d’arabesques, jaillissaient du sol et soutenaient le plafond arqué constellé de boutons scintillants. D’autres morceaux de splendeurs surgissaient ; frimousses d’angelots paisibles, sarabandes de pierres précieuses, tapisseries séculaires… Partout où l’on posait son regard, l’émerveillement frappait. Enfin, impitoyables tout autant que fascinants, les neuf titans impies de la foi hérétique, bâtis dans le bronze, flanquaient chaque colonne et dardaient un regard réprobateur sur le trône du premier des sultans.
Un décor illustre pour sûr.
Du moins, était-ce ainsi que Ghalen percevait les choses, tandis que les nobles du sultanat d’Anoharan infestaient le lieu. Il avait passé la journée ici, attendant avant tout le monde le sacre de son souverain. Debout à quelques pieds du Cercle des Élus, ses prunelles papillonnaient de gauche à droite, amadoués par tant de richesses. Une symphonie bariolée palpitait devant ses yeux et éblouissait sa vision. Des odeurs, imprégnées des teintes des parfums exotiques de musc, aux chants joués par les ouds à l’extérieur, chaque élément se pourvoyait d’une couleur ; une couleur de gloire…
Durant toute son existence, il avait cherché en l’oraison un refuge sacré. Aujourd’hui, et après sa méditation de la veille à plus forte raison, il l’avait enfin trouvé. Pour la première fois de sa vie, il se sentait à sa place, attribuée par Dieu et son Messager. Il frémissait, vibrait d’excitation.
Plus qu’un couronnement, on célébrait une ère nouvelle. Une ère de conquête, de triomphe et de réussite. Une ère semblable à celle écrite des siècles auparavant par le Messager. L’ère de Rajhan al-Jefar le Conquérant ! Une soie sacrée s’offrait au sultanat, et seuls les lames, le sang et le feu se trouvaient en mesure de la tisser. Stupide il fallait être, pour contester l’accomplissement imminent de cette destinée et pour ne pas se rallier à la foi du Messager.
Tant de présages de lustres, c’était à en devenir fou ! Un sourire béat menaça de poindre sur le visage abimé de Ghalen, mais il balaya la tentation. Diable, ne l’avait-on pas choisi, lui, parmi les mille yassefars de l’infanterie, pour devenir le nouvel Astre-Lige. Sous requête de Sa Majesté Rajhan lui-même qui plus est ! Existait-il en ce bas monde plus grande distinction ? Certainement pas.
Fils d’un misérable paysan de l’Empire d’Arvalie, ravi par Anoharan à un âge trop innocent pour qu’il puisse en garder le moindre souvenir, Ghalen symbolisait brillamment l’image que l’on pouvait se faire des yassefars au Grand-Ouest ; rude, brutal et dévotieux. Passée l’implacable et périlleuse enfance imposée par le noviciat de l’ordre militaire le plus prestigieux du sultanat – voir du monde, il avait développé moult talents dans l’art du combat. Fin bretteur, sa notoriété avait cru aux cours des dernières grandes batailles livrées. Et sa désignation à la fonction d’Astre-Lige, tout aussi surprenante qu’inattendue, l’emplissait d’une fierté irraisonnée.
— Ainsi, nous y sommes, grésilla derrière lui une voix éraillée.
Le ton ne pouvait qu’appartenir au Cherif. La cérémonie allait débuter, et Ghalen souhaitait conserver sa vigilance, éloignant toute possible distraction. Mais d’un grognement bourru, il l’invita à le rejoindre. Il s’agissait du Cherif, après tout ! Vieillard aveugle, et selon toute apparence sénile, on disait de lui qu’il avait soutenu l’élection de Sa Majesté Rajhan avec une ferveur presque fanatique lors du conclave suivant la mort de feu le précédent sultan.
— Il semblerait, Votre Sainteté, répondit finalement Ghalen à mi-voix.
La Salle du Trône se remplissait avec force. Des grandes portes paraissaient en vagues des visages inconnus au jeune soldat ; seigneur de guerre, beys, vizir, agha... la liste de tous les dignitaires venus assister à l’intronisation du nouveau sultan était longue. Vêtus de leurs plus beaux atours, ils se rassemblaient en petit groupe et conversaient, tout en s’empiffrant des mets les plus fins préparés par le maitre-queue.
— Je tenais à vous féliciter, mon garçon, pour votre consécration, déclara le Cherif. Peu de yassefars ont eu l’honneur de devenir Astre-Lige à votre âge. La Foi du Messager sourit à ceux qui en sont dignes, et vous avez vaillamment montré votre valeur.
Ghalen ne sut quoi répondre. Il bougonna un laconique merci sec. Sa concentration était retenue ailleurs. Le sultan ne s’était toujours pas manifesté, un retard inhabituel de sa part, d’autant plus pour une cérémonie d’une telle importance. Il n’en fallait pas plus pour inquiéter le jeune soldat. Semblant percevoir son angoisse, le vieillard le rassura :
— Il ne tardera pas, guère d’inquiétude, mon garçon.
Pourtant, il ne put faire disparaitre son appréhension grandissante. L’irritation croissante des convives se fit aussi ressentir à mesure que s’éternisait l’attente. Les aristocrates d’Anoharan n’étaient point connus pour leur patience, et celle-ci, de fait, s’épuisait. Les Treize Émirs réunis autour du Cercle des Élus, dans leur somptueux pourpoint, exposaient de même une contrariété grandissante.
D’un geste nerveux, sa main palpa les damasquins de son poignard, presque machinalement. Il effleura chaque aspérité de l’émeraude incrustée dans son pommeau, avec une tendresse enfantine, comme un enfant cherchant le réconfort d’une mère.
Après de longues minutes, le calife Rajhan al-Jafar le Conquérant, premier de son nom, débarqua dans la salle d’un pas pressé. Il portait un habillage sobre, sans apparats, et son cimeterre glissé à sa ceinture ne s'agrémentait d’aucun ornements. Même sans couronne, sa posture souveraine le projetait au titre de sultan. On ferma derrière lui les portes, et aussitôt, un silence de plomb s’abattit dans la pièce. Les convives s’écartèrent et exécutèrent de parfaites courbettes obséquieuses. Les riches tissus de brocarts et de satins froufroutèrent une douce ode à la trahison. Dans certains regards, l’admiration se lisait, dans d’autres, la haine était difficilement masquée.
Le visage cendré du sultan, marqué par les stigmates de la guerre, semblait agacé, presque courroucé. Il s’approcha du Trône d’Ahrimaz sans un mot et fit face aux Treize Émirs. Ceux-ci, à genoux, portèrent leur sabre devant leur visage en signe d’obédience. Rajhan les jaugea en silence puis se tourna vers le Chérif et Ghalen qui patientaient de côté. Le jeune Astre-Lige déglutit, mais parvint à soutenir le regard perçant du monarque. Celui-ci leur adressa un signe de tête, les dépassa et traversa le Cercle des Élus. Désormais, et suivant la tradition du sacre du Messages, nul homme ne pouvait l’atteindre ni dépasser cette limite tracée en blanc au sol.
Le calife grimpa les quelques marches, se retourna face à l’assistance, défourailla son épée et la brandit vers le dôme embrasé, doré et rutilant de mille-feux. À l’unisson, comme dégainées par un seul homme, les épées des aristocrates s’élevèrent. Les applaudissements éclatèrent tandis que des gorges, à l’unisson, braillaient une même injonction :
— Longue vie à la foi, au Sultan et à la Lune !
L’ovation sourde fit ébranler la cathédrale Sainte-Cartane ; de peur, pour la foi qu’elle avait jadis protégée, d’admiration, pour l’avenir qui se profilait.
Rajhan al-Jafar s’assit alors enfin sur son trône, dument acquis par un long et fervent combat. Ghalen le contempla, comme le fait un enfant devant son père. Nul mot ne pouvait décrire la joie qui l’habitait.
Brusquement, tout s’arrêta. Du fond de la pièce, les grandes issues incrustées de rinceaux d’or se rouvrirent dans un grincement lugubre. Les chants et les hurlements de joie cessèrent, comme un feu étouffé par une tempête de sable. Tous les regards se braquèrent vers le nouveau venu – ou plutôt, la nouvelle venue.
Une femme, au corps famélique, tituba dans la pièce. Le dos courbé, les cheveux gras, sales et entremêlé, elle tentait en vain de recouvrir sa nudité avec des guenilles en lambeaux, sans parvenir à masquer les ecchymoses qui zébrait sa peau blanche et sa gorge fine. Présence absurde dans cet étalage de richesse et de faste, un aveugle aurait pu remarquer sa présence. Cela n’empêcha pas le Chérif, non-voyant, de demander :
— Que se passe-t-il ?
Ghalen se trouva incapable de brosser le portrait d’une telle situation, incapable de comprendre comment cette femme était parvenue à outrepasser la sécurité de tant de gardes à l’extérieur. Ignorant toute l’assemblée, la misérable claudiqua en direction du Cercle des élus. Les regards se tournèrent tour à tour vers le Sultan et la nouvelle venue. Rajhan semblait lui aussi perplexe et ordonna d’un signe de main à ce qu’on laisse l’inconnue avancer. Les yassefars présents rengainèrent leur épée sans pour autant se défaire de leur défiance.
Sous l’incompréhension générale, la femme boita jusqu’au trône. Ses yeux, vides, imperturbables et injectés de sang, fixaient le sultan. Quelques hommes tentèrent de s’interposer, mais Rajhan semblant de plus en plus intrigué, les arrêta. Après un court instant durant lequel la cathédrale sembla retenir son souffle, elle dépassa la limite impardonnable du Cercle des Élus.
— Sacrilège ! hurla un homme.
— Que quelqu’un l’arrête, beugla un autre.
Personne n’osa franchir la démarcation pour ramener l’étrangère, de crainte de la malédiction du Messager. Ghalen sentit son cœur battre de plus en plus fort. La femme, comme hypnotisée, escalada les marches avec peine, et se dressa enfin face au sultan. Rajhan al-Jafar, les yeux écarquillés, resta tétanisé face à elle.
— Que se passe-t-il, mon garçon ? répéta le Chérif.
— Fermez là ! répondit Ghalen, irrité.
La boule qui lui nouait le ventre le priait de toute déférence.
Durant une seconde, la cathédrale Sainte-Cartane fut la scène d’un décor bien étrange. Les statues des Neuf-Seigneurs elles-mêmes paraissaient se gausser de ce spectacle insolite. Mais tout bascula lorsque Ghalen entraperçut le reflet de l’acier d’un poignard habilement dissimulé sous les loques de la femme.

Chimene_Azalee Chimene_Azalee
MP
Niveau 18
23 février 2021 à 00:51:44

Salut!

J'ai lu ton prologue qui ressemble étrangement à un chapitre 1. Beaucoup de descriptions, de développement de l'univers, etc ; en tout cas ce n'est pas ce que j'attends d'un prologue. Selon moi un prologue se doit d'être plus "efficace", c'est à dire moins de longueurs descriptives comme tu fais là (même si les descriptions sont bonnes). On sent quand même que tu t'es fait plaisir à décrire les différents endroits (d'ailleurs j'ai un peu tiqué sur le cheval qui peut galoper des jours durant, même si tu le fais mourir à la fin du voyage) mais je me demande si ça a sa place dans un prologue, surtout si après le lieu et le temps de l'action se décalent.

Le style est bon, bravo. Je pense qu'on a dû lire les mêmes bouquins car j'y retrouve beaucoup de ce que je fais moi-même, sur le coup pas grand chose à dire, hormis peut-être un léger relâchement vers la fin où le verbe être notamment est beaucoup utilisé (tout proportions gardées) au détriment de verbes plus "forts". D'ailleurs, ce qui m'a donné aussi cette impression, peut-être, c'est que tous les bâtiments, les paysages sont décrits longuement et quand Ghalen aperçoit le sultan à qui il va vouer sa vie par son serment, on a le droit qu'à quelques mots, et au final on ne ressent pas vraiment les sentiments de Ghalen envers son suzerain.

Deux trois coquilles :
Maitre-queue --> maître-queux
Messages --> Messagers non ?
L’ovation sourde fit ébranler la cathédrale Sainte-Cartane - > ébranla

Et dernièrement : ton résumé de 4ème de couverture est vraiment mauvais je trouve et n'est pas représentatif de ton prologue. La citation, je ne sais pas si elle est de toi ou d'un autre auteur, mais... Je trouve que ça fait description de photo facebook :hap: De plus ton résumé se construit ainsi :
- Ordre établi est perturbé
- Les élus se lèvent pour sauver le monde

C'est vu et revu, dans le rayon de librairie t'as 50 fois le même résumé, il faudrait qu'il y ait cette différence qui me permette de choisir ton bouquin.
Voilà sur quoi tu devrais travailler. Pour le style, le vocabulaire, l'univers, tout semble au rendez-vous. A voir pour la construction des personnages et les dialogues, mais dur de juger sur un simple chapitre.

+ Bonne chance pour trouver ton public sur Wattpad

Herv_leroc Herv_leroc
MP
Niveau 1
23 février 2021 à 11:00:39

Hello !
Merci beaucoup pour ton retour, ravi que dans l'ensemble ce premier segment t'as plus.
Pour répondre à ce que t'as souligné, je suis d'abord totalement d'accords avec le fait que la fin s'épuise un peu au niveau du style, je vais essayer d'améliorer cela!
Je vais évidemment corriger les coquilles, merci de me les avoir souligné.
Pour ce qui en est de la question de chapitre I ou prologue, je te confirme qu'il s'agit bien d'un prologue, pas de doute la dessus. Il est totalement déconnecté d'une grosse partie de l'intrigue et ne se relie à l'histoire uniquement vers la fin. Il se déroule également dans une aire spatio-temporelle totalement différente des premiers chapitres, donc je pense qu'il mérite bien son appellation de prologue, du moins en comparaison avec ce qui peut se faire.
Enfin, pour le résumer, merci pour ton avis, c'est qu'un résumer provisoire, donc il va etre soumis à modification, et merci pour ton avis. Néanmoins, je pense qu'il y a méprise, l'histoire en elle-même est bien loin du cliché "ordre établi perturbé" et "élu qui se dresse", bien bien loin même, mais il est vrai que le résumer actuel peut prêter à confusion. Je vais essayer d'améliorer ça.
Merci encore pour ton avis en tout cas.
Si tu veux lire la suite, n'hésite pas à me le dire !

Herv_leroc Herv_leroc
MP
Niveau 1
23 février 2021 à 11:06:16

Ah, et évidemment, la citation est bien de moi par contre

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
25 février 2021 à 21:07:45

Partie 1 lue !

La citation n’est pas transcendante effectivement :hap: La première phrase passe plutôt pas mal mais la deuxième est d’une platitude qui fait retomber le soufflé.

C’est aussi curieux de passer comme ça du passé simple au présent dans ton résumé, tu peux garder le « il était une fois » mais pour le reste tu gagnerais à tout mettre au présent.

Quelques points de détail :
- J’écrirais Stèle Blanche avec une majuscule à chaque mot
- « un parfum enivrant de lavande, qui s’associait bigrement bien avec les senteurs salées » : le « bigrement » ne colle pas du tout en registre de langue

Sinon j’ai bien aimé l’ambiance et le ton, on voit qu’il y a de la recherche sur le vocabulaire oriental, ce qui aide à projeter le lecteur dans ton univers. :oui: Je lis la partie 2 dès que possible !

douleuraucoccyx douleuraucoccyx
MP
Niveau 18
26 février 2021 à 13:06:26

Le style est impeccable — peut-être un peu pompeux (avis personnel j’aime quand c’est plus simple)

Les descriptions sont bonnes, mais je rejoins « chimène... » est-ce adapté pour un prologue ? J’aurais préféré quelque chose de plus concis, de plus directe, mais tu as déjà répondu à cela.

« Le soleil se révéla alors, invoqué dans le firmament, pour se porter témoin de ce sublime spectacle. De ses rayons d’argent, il transperça le merveilleux dôme de la basilique et répandit dans celle-ci un déluge verdoyant de lumière. Enluminés, les murs ciselés d’ornements luirent d’un éclat peu commun et le trône b »

Le soleil, plutôt rayons dorées ? Et j’y pense en relisant la phrase, même « invoqué dans le firmament  » me semble bizarre, peut-être invoqué « par »... c’est quelqu’un (ou une chose a la rigueur) qui invoque, qui appelle etc, mais bref.

J’ai repéré deux trois phrases (pas grand chose) où, selon moi, il manque peut-être une virgule.

Pour le reste, je ne suis pas assez bon pour juger objectivement de la qualité du texte, surtout à mon niveau, pour moi, ça m’a l’air très bien.

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