Les sourcils froncés, je relevais la tête avec une moue de dégoût qui aurait fait pâlir un chameau. D’ailleurs, je commençais à prendre une longue inspiration en imitant le bruit de l’animal mais j’ai préféré regarder autour de moi en cherchant le coupable. J’essayais d’établir une liste des suspects qui pourraient avoir commis l’irréparable tout en essayant de me contrôler. J’en vois deux-trois biens dans cette mouvance, vous savez le gars qui aurait vendus un juif pour un biscuit gerblé pendant la guerre et qui fait sa tête de la repentance avec les bouts de gâteau qui dépassent sur le côté des babines.
J’en pouvais plus, je me lève d’un bond avec la tête d’un mec qui retiens sa respiration depuis tellement longtemps qu’il devient bleu. Les gens, par la façon brusque dont j’ai sauté de ma chaise, ont levés les yeux vers moi d’un air placide, le regard un peu bovin mais sans stress. « QUI C’EST QU’A PETE ?! » dis-je d’un ton énervé avec la jugulaire contracté et la veine qui ressortait tel une artère, avec bien sur le cliché des yeux injectés de sang.
« C’est moi ! » dit un mec à trois sièges de moi, le mec avec des lunettes qui suent au moindre tracas. La veste marron trop grande pour lui et la chemise rayé qui sentait bon la naphtaline. « Pourquoi, il y a un problème ? Vous savez j’attends depuis une heure et je suis malade comme vous pouvez déjà le constater vu l’endroit où nous sommes …. ». C’est vrai qu’il n’avait pas tort le con, on est dans une salle d’attente et j’attends le médecin depuis une bonne demie heure aussi. « Ouais nan y a pas de problème » et me rassit aussi vite que je me suis levé, les yeux par terre en signe de soumission devant la réalité de la vie : je me retrouvais face à un mec dont le seul crime est de dauber du rond tellement fort que le Zyklon B est passé un cran en dessous en terme d’arme de destruction massive.
La porte du cabinet s’ouvre, laissant échapper un homme tout sourire et une patiente qui s’échappe le dos recroquevillé et la mine ébouriffé, des affaires en boule dans son sac et les vêtements froissés. « A qui le tour ? » dit-il d’un ton jovial qui laissait échapper une mine déconfite au fur et à mesure qu’il parlait et qu’il sentait ce bon nectar qui enjolivait la salle. On voyait qu’il voulait blesser personne. Du coup, il leva les yeux vers le ciel les rétines embrumés et dit d’une voix basse : « C’est à vous madame, Vous venez pour … ». Une femme d’une cinquantaine d’année se lève avec une espèce de veste rose et un chihuahua à ses côtés, dont je présume qu’il était mort de par sa tête sur le côté et la langue qui l’accompagnait et me demandant : « dans quel endroit je suis sa race ».
En somme, une Paris Hilton sur le déclin qui aurait fait tellement de botox que tu lui mets des moustaches de chat t’as un combo pour faire peur au gamin le jour de son anniversaire au milieu du salon des parents qui se demandent si c'est une bonne idée d'avoir regardé le démocrate pour des annonces comme ça.. Je suivais du regard le médecin et sa patiente qui s’engageait dans son bureau et ma patience commençait à perdre pied. La clenche de la porte à peine engagé j’avais pris ma décision, il fallait que je me casse. Prenant mon courage à deux mains je me lève d’un pas décidé et sorti de cet endroit lugubre tout en essayant de ne pas faire attention aux regards scrutateurs qui me dévisageaient. J’ai bien faillis me casser la gueule plusieurs fois tellement j’étais en stress du faux pas qui niquerait ma sortie triomphale et j’aurais bien levé les deux bras en l’air en signe d’insoumission si le ridicule ne tuait pas. A la place, j'effectuais des petits pas cadencés avec des petits pets nerveux qui me faisait comprendre que m’énerver pour ça tout à l'heure était futile, après tout il ne faisait pas exprès non plus, la pression pouvant jouer des tours même aux plus vaillants.
Ce sentiment de liberté envahissait mon esprit, à l’instar d’un Mandela qui serait libéré de la tutelle de l’apartheid je respirais la vie à présent. Le bruit des feuilles, les cris des corbeaux et même l’asphalte me paraissait comme un cadeau que la vie m’avait offerte. Encore deux minutes dans la salle d’attente et je pense que j’aurais pu écrire en lettre capitale « FREEDOM » avec des osselets sur le bitume, moi les genoux à terre et les deux bras levés pour apporter du symbolisme à mon intervention mais j’ai senti que l’impact aurait été trop fort.

To be continued in the second chapter.