Bonjour/Bonsoir

J'ai décidé d'écrire une fic, ou plutôt une novélisation de l'aventure Soleil/Lune. Étant donné que les scénarios Pokémon ont souvent été reprochés d'être plats et monotones, celui de S/L a au moins le mérite de sortir de l'ordinaire et propose pas mal de personnages (bien que certains soient stéréotypés) sur lesquels on peut travailler et donner de la profondeur.

Du coup, je vais essayer de retranscrire l'histoire de S/L d'une manière différente, un peu comme ce que ça aurait pu donner si cela avait été un livre et non pas un jeu vidéo. J'essayerai également de donner de la profondeur et une âme au personnage principal vu que dans le jeu, à part son sourire béat, il n'y a pas grand-chose d'autre

Quelques petites précisions avant de commencer :
- L'histoire sera plus adulte que le jeu, je pars du principe que les Pokémons peuvent être dangereux, même pour les humains. Et que les "méchants" n'hésitent pas non plus à s'en prendre directement aux personnages.
- J'essayerai de faire en sorte que chaque personnage soit relativement attachant et dispose de sa personnalité et de sentiments sans pour autant tomber dans les trop gros stéréotypes. Il y aura des développements concernant les relations entre eux également.
- Si la fic vous plaît, j'ai prévu de l'écrire jusqu'à la fin du jeu.
- Le personnage principal est la fille (la première, celle aux cheveux châtains clairs et les yeux gris, en bas à gauche de l'écran de choix du perso pour que vous puissiez la visualiser). Son nom est Luna pour des raisons évidentes (provient de Moon, le nom officiel du perso).

Je vous souhaite bonne lecture et n'hésitez pas à faire des remarques, du moment qu'elles sont un minimum constructives

CHAPITRE 1

- « Mesdames et Messieurs, notre avion vient d'atterrir à l’aéroport de l’archipel Alola, à l’île Mele-Mele. Nous espérons que vous avez effectués un agréable voyage en notre compagnie et vous souhaitons un bon après-midi. »

Une légère tape sur mon épaule, puis une deuxième, plus insistante. Enfin, la voix de ma mère me parvint aux oreilles.

- « Luna ? Nous sommes arrivées ! »

Je clignai un moment des yeux avant de les ouvrir. À vrai dire, les mots du commandant de bord ainsi que le brouhaha réalisé par les dizaines de passagers qui s’étaient levés comme un seul homme pour prendre leurs bagages m’avaient déjà réveillée à travers mes écouteurs branchés sur mon lecteur MP3.

Je levai les bras en l’air et m’étirai longuement. C’est que les longs courriers pouvaient être fatiguant, sans pouvoir se dégourdir les jambes. Je ne fus alors pas fâchée de pouvoir enfin sortir de l’avion, que j’aime appeler une boîte de conserve géante et volante. Et la première chose qui me frappa quand je mis un pied dehors fut une température bien plus estivale que ce à quoi je m’attendais.

La région d’où j’étais originaire, Kanto, n’était pas réputée pour avoir un climat aussi chaleureux. Et j’avais l’impression de débarquer en plein été caniculaire alors qu’on ne devait être qu’au printemps. Et le soleil de l’après-midi tapait drôlement fort, au point que je dus mettre ma main devant les yeux comme une visière.

- « Ah, n’est-ce pas là merveilleux, ma chérie ? s’exclama ma mère en chaussant sa paire de lunettes de soleil. On se croirait être en vacances permanentes ici ! »

Pour le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle était bien plus préparée que moi. Avec son débardeur blanc et sa jupe à fleurs, elle avait déjà prévu le choc thermique de l’arrivée à Alola, contrairement à moi qui ne ressemblait à rien avec mon gros manteau alors que le mercure dépassait aisément les 30°.

- « Je t’avais pourtant prévenue qu’il fait beau et chaud en permanence ici, m’indiqua-t-elle. Ça te fera du bien d’avoir un teint un peu plus bronzé, tu ressembles à un fantôme ! »

- « Tu as toujours eu un sens pour l’exagération ! » protestai-je en rougissant légèrement.

Contrairement à elle qui possédait une peau assez mate, des cheveux noirs, et friande de bains de soleil ou de séances UV pour bronzer, j’étais beaucoup plus blanche et pâle. Je tenais ça de mon père, qu’elle disait. Pareil pour mes cheveux châtains très clairs. En parlant de mon père, il était encore une fois en voyage d’affaires, comme toujours… Ça faisait tellement longtemps que je ne l’avais plus vu que je me demandai presque à quoi il ressemble.

- « Nous allons prendre un Taxi Tauros ! fit ma mère. À Alola, les Pokémons servent de moyen de transport idéal. Pas de pollution, pas d’essence, pas de coût, le bonheur ! »

Sur ces mots, elle lança sa Pokéball et libéra son Miaouss domestique. Le chat d’égout poussa un miaulement en apparaissant et se mit à sautiller partout.

- « Toi aussi, tu es impatient de voir notre nouvelle maison, n’est-ce pas ? »

À la sortie de l’aéroport, nous interceptâmes un conducteur de Tauros. Le Pokémon buffle tirait à lui seul un chariot pouvant transporter pas moins de six passagers. J’avais, bien entendu, déjà étudié les Pokémons mais jamais, je n’en avais possédé. Et je ne pus qu’être chaque jour encore plus surprise par toutes les merveilles qu’ils pouvaient réaliser.

- « Alola ! nous salua-t-il d’un geste des deux mains, sans doute une coutume locale. Des nouvelles venues. Vous êtes originaires de Kanto, n’est-ce pas ? »

- « Oui, c’est exact. Comment avez-vous pu deviner ? m’enquis-je. »

- « Votre Miaouss ! Ici, à Alola, les Miaouss ont une forme bien différente que ceux de Kanto. Où puis-je vous conduire ? »

Ma mère lui indiqua l’adresse, une maison située un peu au sud du village de Lili’i, non loin de la Route 1. Nous prîmes donc place dans le taxi qui démarra aussitôt.

- « Waouh, ça a une force incroyable, un Tauros. » constatai-je alors qu’il se déplaçait rapidement sans la moindre difficulté malgré le poids qu’il tirait derrière lui.

Je vais profiter du trajet pour me présenter. Mon nom est Luna car ma mère avait toujours aimé contempler la lune brillante dans le ciel avec son cher Miaouss. J’ai actuellement 14 ans, je possède des yeux gris clairs et des cheveux châtains clairs mi-longs. À mon âge, la plupart des jeunes adolescents, voire même des enfants qui sont passionnés par les Pokémons, en possédaient déjà quelques uns et mettaient un point d’orgue à ce qu’on les appelle des Dresseurs.

Non loin de Céladopole, ma ville d’origine, en allant faire des courses, je pouvais régulièrement assister à des combats, impliquant parfois des gamins bien plus jeunes que moi avec leurs confrontations de Roucool, de Rattata ou de Chétiflor et je devais admettre que la plupart savait un minimum de qu’ils faisaient. J’avais longuement hésité à me lancer dans cette voie de Dresseur mais au final, je n’avais jamais franchi le pas.

J’étais plus du genre sportive avec moi-même. Je pratiquai régulièrement de la course à pied et beaucoup de cardiologie, courant souvent une heure par jour une fois le soir tombé après une journée de cours. J'aime également lire. Je ne connais pas personnellement les Pokémons parce que je n'en possédait pas mais j'avais pas mal bouquiné en ce qui les concerne. Bien sûr, entre la théorie et la pratique, il y a un fossé que je ne franchirai pas tout de suite. Peut-être que si j’avais un Pokémon qui aimait également l’endurance, nous pourrions courir ensemble, qui sait ?

Bref, quand ma mère, il y avait une semaine, m’avait annoncée toute joyeuse alors que je revenais de mon footing que nous allons déménager à des milliers de kilomètres de Céladopole, j’avais d’abord cru à une blague. Ce fut seulement quand je découvris les deux billets d’avion en aller simple, ainsi que la bande de Machopeur loués par une entreprise de déménagement pour faire les cartons que je compris qu’elle avait été sérieuse !

Au début sceptique et inquiète à l’idée de changer radicalement de vie, de devoir dire au revoir à mes amis en cours, à mes habitudes… De tout recommencer de zéro, presque, je me pris finalement au jeu et acceptai la décision. De ce qu’on a pu entendre, Alola était une région ensoleillée où il fait bon vivre alors pourquoi avoir peur de l’inconnu quand on a 14 ans et qu’on devrait être guidée par la soif de la découverte ?

La nuit était tombée quand le taxi nous déposâmes devant notre nouvelle maison. Pour l’avoir déjà vue dans le catalogue et via les photos prises par l’agent immobilier, je ne la manquai pas. Et, de toute évidence, elle était un peu à l’écart, à l’ouest de la très grande ville d’Eraeka et au sud du village de Lili’i, non loin de la plage de Mele-Mele.

J’ouvris la porte et pénétrai dans la maison alors que ma mère payait le taxi. Après avoir fait un tour de la batisse, elle me semblait déjà beaucoup plus agréable. Deux chambres, un grand salon, une cuisine équipée et surtout un grand jardin à l’extérieur, cela changeait de notre petit appartement trois pièces dans un des immeubles de Céladopole.

- « Alors, qu’en dis-tu ? » me demanda ma mère.

- « À part les cartons qu’on doit déballer et tout le travail que ça implique, oui, ça me plaît ! »

Je fis un panorama des choses à faire : remonter les meubles, ranger les vêtements, rebrancher la télévision et les autres appareils électroniques… Quelles corvées! Puis une question me vint soudainement en tête.

- « Tu ne m’as pas dit ce que je devrais faire en journée. Tu m’as inscrite dans une école ou quelque chose dans le genre ? » questionnai-je.

Ma mère me fit alors un sourire qui valut mille mots. Je compris alors qu’elle avait quelque chose de très précis en tête et j’ignorai si je devrais m’en réjouir ou non.

- « Non, ma chérie. Fini les cours pour toi. Tu te souviens de la fois où tu as mentionné le fait de devenir Dresseuse ? »

Évidemment que je m’en souvenais. C’était au retour de l’école, il y a quelques mois de cela. J’avais alors assisté à un match Pokémon brûlant qui m’avait marquée. Arbok contre Caninos. Un combat remporté par le second grâce à une fulgurante Roue de Feu après avoir esquivé le Dard-Venin de son adversaire. Mais ce qui m’avait alors frappée, c’était l’âge des Dresseurs qui devaient avoir environ onze ans seulement. C’est alors que je m’étais dite qu’ils avaient déjà énormément d’avance sur moi malgré mes trois ans de plus. J’avais alors parlé à ma mère du fait de posséder moi aussi un Pokémon et de l’entraîner. Bien sûr, j’avais dis cela sans arrière-pensée et sans être totalement sérieuse et je n’avais pas imaginé qu’elle s’en souviendrait.

- « Euh… oui, j’imagine ? » fis-je, comprenant qu’elle n’en avait pas encore fini.

- « J’ai contacté le principal professeur de la région d’Alola. Un certain Euphorbe, soit l’équivalent du professeur Chen à Kanto, si tu veux. Je lui ai parlé de toi et il est d’accord pour te guider durant tes premiers pas en tant que Dresseuse. »

Je demeurai un moment bouche bée, ignorant s’il s’agissait d’une plaisanterie mais au ton de sa voix, elle semblait sérieuse. Mille questions s’amassèrent aussitôt dans ma langue manqua de fourcher alors que je les posai toutes en même temps.

- « Comment ça… Je ne comprends pas, comment ça ? Ici ? Quand ? Comment ? Mais je n’ai aucun Pokémon ! »

- « Ne t’en fais pas, ma chérie. Il viendra demain matin nous rendre visite pour t’expliquer cela en détail. En attendant, pourquoi ne pas emmener tes cartons dans ta chambre et te reposer ? Demain sera une longue journée… la première de ta nouvelle vie. »

C'est très beau.

Pas mal, quelques différences avec les jeux mais rien de gênant vue que c'est une adaptation en fic.
C'est bien écrit du moins on comprend ce que tu racontes après je suis pas non plus spécialiste de la syntaxe et de l'orthographe
Bref, j'aime bien et je souhaite voir la suite

Quand j'ai vu que ça parlait de l'histoire du jeu, j'ai eu peur que ce soit vite ennuyeux, mais finalement c'est assez bien écrit et l'histoire racontée, en tout cas pour le moment n'est pas un simple copié-collé du scénario, donc au final ça m'a plu.

Il y a quand même quelques erreurs qui font que les phrases n'ont pas vraiment de sens, comme SpoilAfficherMasquer" La nuit était tombée quand le taxi nous déposâmes " ou encore SpoilAfficherMasquer " Mille questions s’amassèrent aussitôt dans ma langue manqua de fourcher alors que je les posai toutes en même temps."
Je pense que ces erreurs auraient pu être évitées avec une relecture plus approfondie. Enfin il n'y en a pas suffisamment pour que ce soit dramatique non plus hein.

Pourquoi avoir donné 14 ans à l'héroïne? Je fais directement le lien avec l'âge d'une personne non fictive.

Enfin comme je l'ai dit, l'histoire est assez bien écrite et n'est pas ennuyeuse, donc j'attends la suite.

Merci pour les retours

Effectivement, cela se base sur le scénario mais j'essaye quand même de faire en sorte que cela ne soit pas un c/c non plus et de donner plus d'importance aux relations entre les persos et leur psychologie.

Pour l'âge, j'ai oublié de le mentionner au début alors que j'y ai pensé, la raison est simple. Je ne vois pas une gamine de 10 ans avoir les capacités physiques pour partir comme ça à l'aventure et serait trop fragile pour la fic quand il y aura du danger (voilà aussi pourquoi elle est plutôt sportive)

J'ai bien aimé.
Je ne vais pas te mentir, c'est la seule fic du forum que je vais suivre je crois.

Fin bref, j'attends la suite.

Pour la suite, j'avancerai d'environ 1 ou 2 chapitres de cette taille par jour

CHAPITRE 2

- « Allons Luna, même pour une journée aussi importante que celle-ci, tu trouves le moyen de paresser au lit ! »

Au grand désarroi de ma mère, je traînais une réputation de marmotte qui avait un mal fou à se réveiller chaque matin. En ouvrant les yeux et regardant le réveil, j’aperçus qu’il était déjà 10 heures passées.

- « Le Professeur Euphorbe va bientôt arriver. Tu pourrais au moins t’apprêter pour le recevoir ! »

Ma mère ne m’engueulait jamais mais savait être stricte quand il le fallait, surtout quand cela concerne la ponctualité. Selon elle, c’est manquer de respect à nos hôtes lorsque nous ne faisons pas l’effort d’être présent ou prêt à l’heure. Cependant, pour ma défense, je n’avais pas très bien dormi la nuit précédente, tourmentée par ce qu’elle m’avait annoncé la veille.

J’allais donc bientôt recevoir mon premier Pokémon, chose presque inimaginable il y avait encore quelques jours et me lancer dans une nouvelle carrière de Dresseur. Certes, cette idée avait déjà, plus ou moins, trotté dans ma tête depuis quelques temps mais de là à franchir définitivement le pas… Mon cœur tambourinait dans ma poitrine dans un mélange complexe d’impatience, d’excitation mais aussi de stress et d’incertitude.

Alors que je pris ma douche, je songeai à ce que j’allais découvrir aujourd’hui. Rares étaient les jeunes Dresseurs débutants qui ont l’honneur de recevoir leur premier Pokémon des mains d’un Professeur Pokémon. La plupart d’entre eux se faisaient offrir un Pokémon docile, souvent un Rattata, un Roucool ou un Nidoran, par un membre de leur famille ou se débrouillaient pour en capturer un avec un peu d’aide.

Je ne connaissais pas grand-chose aux coutumes et aux Pokémons trouvables à Alola. En cours et dans mes livres, on traitait principalement de la région de Kanto, voire de Johto. Et si je me souviens bien, dans ma région natale, le Professeur Chen proposait aux débutants soit un Bulbizarre, soit un Salamèche, soit un Carapuce. La fameuse trinité des types.

Le bruit de la sonnette devant la porte d’entrée me tira hors de mes pensées. Je m’habillai rapidement avec un ample top beige à fleurs et un mini-short pour faire face à la chaleur et descendit l’ouvrir avant que ma mère n’ait eu le temps de m’apostropher une nouvelle fois.

- « Alola ! Tu dois être Luna, n’est-ce pas ? »

Je fus surprise en découvrant un homme qui devait avoir dans la trentaine. Vêtu d’une blouse blanche ouverte qui dévoilait son torse et une casquette vissée sur la tête, plutôt grand et à l’air sportif avec sa peau mate, il donnait l’impression d’être un genre de surfeur qui passerait ses journées dans les vagues à bronzer et à frimer.

- « Euh… Oui ! Et vous êtes… le Professeur Euphorbe ? »

J’avais du mal à cacher mon étonnement. À Kanto, le Professeur Chen était un homme d’un âge avancé, alors je m’étais imaginée que le Professeur de la région Alola serait également un senior.

- « Eh oui ! Décèlerai-je une pointe de surprise dans ton regard ? » me sourit-il.

Je rougis légèrement, un peu embarrassée.

- « Eh bien… J’imaginai que vous seriez un peu plus… » avouai-je.

- « Luna ! Combien de fois dois-je te répéter de réfléchir avant de parler ? me coupa ma mère. Veuillez l’excuser, Professeur. Elle a souvent tendance à parler beaucoup trop vite… »

Effectivement, c’était là un de mes défauts. Dire tout haut ce que je pense ou alors des vérités dérangeantes sans prendre le temps de réfléchir avant… Et cela pouvait m’attirer parfois quelques ennuis ou me faisait passer pour une impolie. Heureusement, le Professeur Euphorbe n’en tint pas compte.

- « Ha ! Ne vous en faites pas, on me l’a déjà souvent fait ! Les gens s’attendent souvent à ce que les Professeurs Pokémons soient plus vieux… ou alors s’habillent de façon plus… hum… classes ! Mais à Alola, nous sommes tranquilles là-dessus. »

Après avoir regardé dans notre séjour où les cartons de déménagements trônaient encore ici et là, il se tourna vers moi.

- « Vous avez fait bon voyage ? À Alola, vous allez faire connaissance avec des types de Pokémon inconnus dans la région de Kanto. Du dépaysement, tu en auras, crois-moi ! Alors, es-tu prête à passer aux choses sérieuses ? Recevoir ton premier Pokémon ? »

Ça y est, le moment est venu ! Je ne rêve pas ! Ce n’est pas une blague ! songeai-je intérieurement.

- « Oui, Professeur. Excusez ma question mais… de quel Pokémon s’agit-il ? »

Je demandai cela avec une légère pointe d’appréhension. Même si je n’en avais pas peur, je n’aimais pas trop les araignées ni les serpents. Ainsi j’espérais ne pas tomber sur un Pokémon de ce style, comme un Mimigal ou un Abo, sinon les débuts risqueraient d’être compliqués. Pour toute réponse, Euphorbe eut un rire clair et enjoué.

- « Ah ça, je l’ignore, Luna ! Ici, à Alola, ce n’est pas moi qui aie la tâche de te confier ton compagnon. C’est le rôle du doyen de l’île, Pectorius, qui vit au village de Lili’i. Je suis là pour te conduire à lui, es-tu prête à prendre la route ? »

Je me tournai instinctivement vers ma mère comme pour lui demander la permission mais elle acquiesça rapidement. Après tout, cela avait été un peu son idée.

- « Tout de suite ? » m’enquis-je.

- « Oui, à moins que tu désires attendre qu’il neige, rigola Euphorbe. Remarque, tu risques d’attendre très longtemps dans ce cas ! »

Et c’est ainsi que je m’engageai vers la Route 1, juste au nord de notre demeure. Je ne pus m’empêcher de regarder tout autour de moi à chaque pas, comme une touriste qui venait de débarquer dans un endroit inconnu. Le Professeur Euphorbe, qui ouvrit la marche, profita de notre trajet pour me vanter toutes les beautés et les subtilités de la région d’Alola.

- « Il existe des Pokémons qui ne vivent nulle part ailleurs à Alola ! Les conditions climatiques, couplés aux éléments naturels de l’archipel, ont favorisé le développement de nombreuses espèces ! »

- « C’est quand même fou cette différence dans la faune et la flore selon chaque région. En l’espace de quelques heures, j’ai déjà vu des Pokémons dont je n’avais pas la moindre connaissance auparavant. »

- « Il est sûr qu’à Kanto, tu n’avais aucune chance d’en croiser. Mais en retour, il y a des Pokémons propres à Kanto qui ne vivent pas à Alola. Chaque région possède ses spécificités et c’est cela qui les rend toutes magnifiques. Dis-moi, tu n’avais encore jamais voyagé avec des Pokémons, c’est exact ? »

- « Pas vraiment. J’apprenais pas mal de chose sur les Pokémons, mais uniquement en cours. Beaucoup de théories mais pas de pratique en quelque sorte. »

- « Je trouve personnellement qu’un voyage te forge beaucoup plus d’expérience et de connaissances. Non pas que les écoles Pokémon soient mauvaises mais il y a des choses qui ne s’apprennent uniquement que sur le terrain. Tiens, par exemple… »

Euphorbe accéléra soudainement le pas, me forçant à courir pour maintenir le rythme. J’étais sur le point de lui demander quel Dardagnan l’avait piqué mais il pointa du doigt un Pokémon oiseau sur un arbre.

- « Tu vois ce Picassaut ? Je vais te montrer comment on combat et capture un Pokémon ! » m’annonça-t-il.

- « Un Pique à Sceau ? »

Je m’approchai prudemment en plissant les yeux pour mieux l’apercevoir. Inutile de préciser que c’était la toute première fois que j’en aperçus un. Il avait la taille d’un Roucool et devait sans doute être l’oiseau commun de cette région.

- « Allez Rocabot, au boulot mon pote ! » fit Euphorbe en libérant ce qui semblait être un petit chiot marron de sa Pokéball.

Picassaut… Rocabot… J’essayai de mémoriser ces noms histoire de commencer à m’habituer avec les nouveaux Pokémons alors qu’Euphorbe commença sa démonstration.

- « Très bien, écoute-moi Luna ! Pour capturer un Pokémon, il faut d’abord l’affaiblir et pour cela, tu dois faire combattre ton propre Pokémon ! »

J’acquiesçai alors que le Picassaut, se sentant menacé, déploya ses ailes pour fondre sur le Rocabot avec son bec pointu. Sans doute une attaque Picpic.

- « Pourquoi ne donnez-vous pas d’ordre à Rocabot ? » demandai-je alors que le Pokémon sauvage fut le premier à attaquer.

- « La plupart des Dresseurs débutants pensent qu’il s’agit juste de donner un ordre à un Pokémon pour le faire combattre. Ils oublient de prendre en compte l’aspect tactique d’un match. Rocabot, intercepte-le avec ta fourrure ! »

Rocabot courba légèrement la tête et bloqua le Picpic de Picassaut avec sa crinière. L’oiseau poussa un cri de douleur tout en reprenant de la hauteur, le bec endolori.

- « Maintenant, c’est ta chance de contre-attaquer ! Lance Charge ! »

Encore sonné suite à son assaut manqué, le Picassaut ne parvint pas à esquiver la Charge du Rocabot qui le frappa de plein fouet, l’envoyant valdinguer dans les airs. Euphorbe dégaina aussitôt une Pokéball et la lança sur le Pokémon sauvage. La Pokéball se mit alors à vibrer trois fois avant de s’immobiliser.

- « Et voilà le travail ! s’exclama-t-il. Vois-tu, Luna ? La crinière de Rocabot est faite de roche et pouvait, de ce fait, aisément contrer le Picpic du Picassaut. Voilà par exemple un aspect à prendre en compte lors d’un combat. Connaître les forces et les faiblesses de ses Pokémons, voilà la clé pour être un grand Dresseur. »

Nous poursuivîmes alors notre chemin en direction de Lili’i. Sur la route, je vis de nombreux Dresseurs, certains encore plus jeunes que moi, fouiller les hautes herbes à la recherche de nouveaux Pokémons ou tout simplement en train d’entraîner les leurs.

- « Quand tu auras reçu ton premier Pokémon, tu pourras toi aussi te joindre à la danse ! » m’annonça Euphorbe.

Il y avait tellement de Dresseurs, songeai-je. J’aurai sûrement du mal à me sortir du lot et à me démarquer. Surtout que la plupart d’entre eux avaient sûrement déjà pas mal d’expérience alors que je n’avais même pas encore débuté. Sans vouloir me décourager, j’avais presque l’impression de me lancer dans une course avec plusieurs minutes de retard sur mes concurrents. Après une petite heure de marche, nous arrivâmes aux portes d’un village.

- « Et nous voici arrivés à Lili’i, indiqua Euphorbe. Bon, où se trouvent ce cher Pectorius et mon assistante ? »

- « Votre assistante ? » m’enquis-je.

- « Mon assistante Lilie… qui a sûrement du se perdre à Lili’i ! » rigola-t-il à sa propre blague.

- « Elle était facile, celle-là… » souris-je.

- « Blague à part, je vais devoir rester dans le coin au cas où si Lilie décide de montrer le bout de son nez. Quant à toi, et si tu essayais de trouver Pectorius ? Tu le reconnaîtras facilement, disons qu’il est assez… visible de loin, ha, ha ! »

J’arquai les sourcils, comprenant le sous-entendu. Je me voyais mal demander à chaque personne souffrant d’un léger excès de poids s’il s’agissait du doyen de l’île. Toutefois Euphorbe me montra la colline derrière le village du doigt.

- « Il passe souvent près du sanctuaire de Tokorico pour y faire des offrandes ou bien le prier. Tu le trouveras peut-être là-bas. »

- « Tokorico… Vous voulez dire le gardien de Mele-Mele ? »

- « Tu en connais des choses pour quelqu’un qui vient de débarquer, c’est bien. »

- « Oh, j’ai juste lu cette information dans la brochure à bord de l’avion. »

Je me dirigeai donc, seule, vers le nord du village et entrepris à escalader le sentier Malaho qui, selon les dires d’Euphorbe, me conduirait directement au sanctuaire de Tokorico. Mon cœur battait la chamade et ce n’était pas à cause des efforts réalisés. Je n’étais pas du genre trouillarde mais l’idée qu’un Pokémon sauvage inconnu puisse surgir de n’importe quel endroit pour m’attaquer sans crier gare ne me rassurait pas.

Au cours de la montée, j’aperçus une silhouette humaine devant moi. Assez éloignée, je ne pus seulement voir qu’il s’agissait sûrement d’une fille, au vu de sa robe et de sa capeline blanche, ainsi que de sa longue chevelure blonde. En revanche, j’ignorai ce qu’elle faisait dans le coin mais elle agissait de manière plutôt louche, comme si elle cherchait à ne pas être vue ou bien à cacher quelque chose…

Y avait-il du danger dans les environs ? Qui était cette inconnue ? N’ayant pas la réponse aux deux questions, je ramassai au sol une branche rigide en bois dur pour m’en servir comme arme de fortune au cas où et m’élançai aux trousses de la mystérieuse fille.

J'aime bien.

Une question que je me posais : est-ce que, dans un souci de réalisme, les relations entre les personnages iront plus loin que dans le jeu? Parce qu'à certains moments, le personnage que l'on joue est vraiment proche de Lilie, et c'est quand même bizarre qu'il se passe rien.

Pour ta question, oui. Les relations entre les personnages (et pas qu'entre le perso principal et Lilie) et même entre les persos et leurs Pokémons, seront beaucoup plus complexes et poussées.

C'est d'ailleurs pour ça que j'ai bien aimé réécrire l'histoire de S/L pour la rendre beaucoup plus mature et réaliste car le contexte le permet avec d'une part plus de violence entre Pokémons/humains ou humains/humains (je pense que les racailles de la team Skull, s'ils existaient réellement, ne devraient pas hésiter parfois à en venir aux mains directement quand l'occasion se présente) et plus de contacts relationnels (dans les jeux Pokémons, ça me gonfle un peu que les relations s'arrêtent à "t'es mon meilleur ami pour la vie " ou bien "t'es mon rival, un jour je serai meilleur que toi")

C'est bien écrit et bien détaillé, j'aime bien!

Je suppose qu'il y aura plus d'action dans le futur, j'attends de voir ça.

J'aime beaucoup, hâte de lire la suite.

Petite question, tu reprends des éléments de l'aventure (en gros, ça spoil le scénario) ou pas ? L'amateur de fics que je suis a envie de lire, mais le fan de Pokémon en moi n'a pas trop envie de se faire spoiler...

Le 14 décembre 2016 à 20:15:17 KrulTepes a écrit :
Petite question, tu reprends des éléments de l'aventure (en gros, ça spoil le scénario) ou pas ? L'amateur de fics que je suis a envie de lire, mais le fan de Pokémon en moi n'a pas trop envie de se faire spoiler...

Yep, y aura du spoil.

Il y aura bien sûr les principaux axes de l'aventure officielle donc forcément du spoil. En revanche, dans le développement, il y aura des différences étant donné que faire un simple c/c de l'aventure serait un peu inutile

Mais je crois qu'à raison de 1 ou 2 chapitres par jour, tu as le temps d'avancer dans l'aventure sans te faire spoiler, sauf si tu mets 1 semaine pour faire une route ingame

Par contre te forces pas a faire deux chapitres assez gros par jours, tu vas finir par ne plus tenir la cadence et écrire va devenir une corvée a force.
Prend ton temps, fait beaucoup de long chapitres en un jour si tu le sens, mais si un jour t'as la flemme ou pas d'inspiration, personne ne te force a faire un chapitre. La qualité prime sur la quantité :antoinedaniel:

Mais c'est trop génial! J'ai hâte de voir la rencontre avec Tili.

J'aime bien, c'est bien écrit et c'est sympa de voir l'aventure sous un nouvel angle

Le 14 décembre 2016 à 20:42:58 Oramni a écrit :
Par contre te forces pas a faire deux chapitres assez gros par jours, tu vas finir par ne plus tenir la cadence et écrire va devenir une corvée a force.
Prend ton temps, fait beaucoup de long chapitres en un jour si tu le sens, mais si un jour t'as la flemme ou pas d'inspiration, personne ne te force a faire un chapitre. La qualité prime sur la quantité :antoinedaniel:

Pour l'instant, j'ai pas mal d'inspiration, surtout pour quelques confrontations musclées à venir et j'ai déjà une bonne partie de l'aventure en tête

Ça ne me dérange pas d'écrire, j'aime plutôt ça surtout que l'histoire et les personnages (Lilie, Tili, Gladio, Elsa et Guzma surtout m'inspirent pas mal pour faire de bons liens entre eux) et merci pour les retours

CHAPITRE 3

J’avançai prudemment dans les traces laissées par l’inconnue, tout en laissant une distance raisonnable afin de ne pas être vue. Celle-ci regardait constamment autour d’elle, comme si elle craignait d’être suivie, ce qui accentua son côté louche. Décidément, elle devait manigancer quelque chose pour se comporter ainsi.

Je me cachai derrière un rocher en attendant qu’elle se soit légèrement éloignée, la main fermement serrée contre mon bâton de bois. En jetant un coup d’œil, je remarquai que son gros sac à main s’agitait, comme s’il contenait quelque chose. Un Pokémon ? Dans ce cas, un Pokémon volé ?

- « S’il te plaît, cesse de t’agiter, Doudou… » implora-t-elle.

Il y avait de l’inquiétude, voire même de la peur dans sa voix. Je n’étais pas psychologue mais à en juger par son apparence et par la tonalité de sa voix, je ne l’imaginais pas en voleuse de Pokémon. Dans ce cas, il ne restait plus que la deuxième hypothèse. Était-elle poursuivie par quelqu’un qui en voudrait à ce que contient son sac, ce qui expliquerait son état de nervosité ?

Je songeai un moment à regagner Lili’i pour en avertir Euphorbe ou quelqu’un de plus compétent que moi pour enquêter sur cet étrange manège. Sauf que la fille en question avait repris sa marche en avant et le temps que je ne puisse faire l’aller-retour, elle se serait sûrement volatilisée. Sans me poser davantage de questions, je la poursuivis discrètement.

Au sommet du sentier Malaho, la mystérieuse inconnue semblait hésiter devant un pont suspendu. Il fallait dire qu’il y avait de quoi être intimidé vu qu’il semblait assez ancien et à une hauteur vertigineuse. Préférant me faire discrète, je décidai d’attendre la suite des évènements avant d’agir si besoin est.

- « Non, Doudou ! Reste caché, je t’en prie ! »

Elle sembla se battre contre ce que contenait son sac en le forçant à rester à l’intérieur. Malgré ses efforts, celui-ci s’ouvrit en grand et laissa s’échapper un Pokémon que je n’avais encore jamais vu auparavant. On aurait dit une grosse boule de guimauve violette qui se mit à rebondir en direction du pont.

- « Reviens, je t’en supplie ! Ne va pas par-là ! »

La malheureuse semblait si désespérée alors que son Pokémon refusa d’obéir et continua à s’aventurer sur le pont. Et au vu de sa toute petite taille, il pouvait aisément passer au travers des planches en bois ou bien en dessous du cordage de sécurité sur les côtés en cas de maladresse. Et le drame ne tarda pas à arriver. Comme s’il s’était enfin rendu compte que jouer sur un point suspendu à une telle hauteur était dangereux, il s’immobilisa et se mit à trembloter comme s’il avait peur.

- « Oh là là… Mais qu’est-ce que je vais faire… Doudou… » couina-t-elle.

Réajustant sa capeline sur sa tête, elle posa son pied droit sur la première planche du pont mais au moment où celui-ci se mit à tanguer sous son poids, elle recula immédiatement.

- « Aaaaah ! Non… Je ne peux… pas… Je n’y arrive pas… Tiens bon, je vais… je vais… »

Cette fille devait avoir la phobie des hauteurs, à en juger par son visage qui avait viré au blanc sous la peur. Elle ferma presque les yeux de terreur alors qu’elle s’efforça à avancer sur le pont en s’accrochant à la barrière de corde comme si sa vie en dépendait. Mais à force de trembler et d’hésiter, le moindre de ses pas pouvait vite tourner à la catastrophe. Je ne pus qu’admirer son courage alors qu’elle bravait une terrible peur intérieure juste pour sauver son Pokémon.

- « Attends, laisse-moi faire ! »

Elle me paraissait assez honnête et sincère pour que je me décide à aller l’aider. Car vu comment elle avançait, je pouvais déjà craindre pour sa vie. Me voyant arriver, elle me lança un regard implorant.

- « S’il te plaît, sauve Doudou, je t’en prie ! »

- « Oui, je vais aller le chercher, reviens sur la terre ferme et ne fais rien de stupide ! »

- « M… Merci… »

Ni une, ni deux, je me lançai sur le pont et entreprit la traversée. Et le moins que je puisse dire, c’est qu’il était beaucoup plus instable que prévu. J’avais un bon sens de l’équilibre et j’étais de nature sportive mais j’étais en mesure de me demander qui diable irait à l’autel de Tokorico s’il devait traverser ce fichu pont.

- « Fais attention, je t’en prie, » me fit la voix de l’inconnue.

- « Ça va, tout va bien… » me murmurai-je à moi-même pour me donner du courage.

Alors que j’avais effectué la moitié du chemin qui me séparait de l’étrange Pokémon, voilà que les ennuis ne tardèrent pas à arriver. Une nuée de Piafabec, tels des rapaces, fendit le ciel et commença à encercler Doudou !

- « Oh, je n’aime pas ça… » fis-je.

Je ne me trompai malheureusement pas. Sans crier gare, la horde fondit sur le petit Pokémon qui était dans l’incapacité de se défendre. Sans doute était-il comme un Magicarpe ? Peut-être ne connaissait-il aucune attaque pour se défendre ? Sa propriétaire, derrière, se mit à hurler de peur en voyant son Doudou à la merci de ces violents oiseaux.

Sans prendre la peine de réfléchir plus longtemps et sans me rendre compte que j’allais faire quelque chose d’extrêmement stupide, exactement le genre de chose que j’avais dit à la fille de ne surtout pas faire, je me ruai à travers le groupe de Piafabec et plongeai sur le Pokémon pour le protéger avec mon propre corps. Apparemment, en plus de parler avant de réfléchir, j’agissais aussi avant de réfléchir.

Une décision que je regrettai presque instantanément quand les becs des Piafabec commencèrent à me marteler de coups. Une douleur fulgurante m’électrisa tout le corps alors que l’un d’entre eux avait placé ses serres contre ma cheville. Par réflexe, je lui expédiai un coup de pied de défense avec ma jambe libre pour le repousser et faillit crier en découvrant ma cheville ensanglantée.

Serrant les dents et fermant presque les yeux tellement des larmes de douleur me menaçaient, je tentai de me relever et donnai un coup de pied rageur avec ma jambe intacte pour effrayer les Piafabec, sans grand succès. L’un d’entre eux tenta de m’attaquer au visage avec ses serres. Je n’eus le temps que de me protéger du mieux que je le pouvais avec mon bras. Je poussai un cri quand les griffes du Piafabec s’enfonçaient dans ma chair. L’afflux d’adrénaline et l’instinct de survie dans mon corps me permettaient pour le moment de faire fi de la douleur et de mes blessures et, profitant qu’il se soit agrippé à moi pour le mettre à portée, je lui collai une violente baffe de toutes mes forces pour le dégager.

Tout à coup, le corps du mystérieux Pokémon que je tentai de protéger se mit à briller. Avant que je n’aie eu le temps de comprendre ce qui se passait, une terrible explosion fit voler en éclat le pont ! J’eus l’impression de me faire balloter dans tous les sens, un peu comme si je m’étais retrouvée prisonnière du tambour d’une machine à laver. Je serrai de toutes mes forces Doudou alors que je réalisai que j’étais en train d’être entraînée dans une chute mortelle !

La surprise puis le choc et finalement une terreur bleue me vint en tête quand je compris que j’allais mourir ici, maintenant… Une mort qui ne viendra jamais, quand quelque chose déchira les airs et m’intercepta dans ma chute. Je fus tellement secouée que je dus mettre plusieurs secondes avant de réaliser que j’étais bel et bien revenue sur la terre ferme.

- « Mais… Mais… Que… » m’étranglai-je, les yeux encore écarquillés de choc.

Je levai les yeux vers celui qui m’avait sauvée. Un Pokémon. De la forme d’un totem noir, entouré par deux gros boucliers jaunes… Je l’avais déjà vu en représentation sur une image du catalogue à bord de l’avion à destination d’Alola. Tokorico en personne, le gardien de Mele-Mele…

- « Tu m’as… sauvée… ne pus-je que murmurer, encore toute tremblante. Merci… Merci… »

Sans dire un seul mot, Tokorico me jeta un dernier regard et disparut instantanément dans les airs à une vitesse prodigieuse, aussi rapidement qu’il était apparu. Je n’essayai même pas de le retenir, n’ayant même pas la force pour me remettre sur mes pieds.

- « Oh mon Dieu, est-ce que ça va ?!? »

La jeune fille blonde s’était précipitée vers moi, visiblement inquiète. Elle eut un petit cri de panique en découvrant mes blessures et fouilla précipitamment dans son sac à la recherche d’antiseptique ou de bandages.

- « Je suis désolée, désolée ! glapit-elle. Ce… C’est ma faute ! »

L’adrénaline disparue, je commençai à sentir mon sang battre dans mes tympans et la douleur commencer à me lancer dans mon corps, aux endroits où les serres des Piafabec avaient déchiré ma peau. Respirant calmement, je me forçai à ne pas paniquer alors que l’inconnue plaça un cataplasme sur ma cheville et mon bras ensanglantés.

Elle devait avoir environ mon âge alors que son remède commença à diffuser une fraîcheur agréable sur mes plaies. Puis elle se tourna vers son Pokémon.

- « Doudou, fit-elle d’un ton de reproche. Ne refais plus jamais ça. Tu vois ce que ça a causé ? La dernière fois où tu avais utilisé ton pouvoir, nous avions également frôlé la catastrophe. »

Comme s’il regrettait ses actions, Doudou baissa la tête et accepta de rentrer sagement dans le sac de sa propriétaire. Celle-ci se tourna vers moi et m’aida à me relever.

- « M… Merci de nous avoir aidés… Je… Je m’appelle Lilie, et toi ? »

- « Luna, » répondis-je en serrant les dents de douleur.

- « Je… Je suis désolée, s’excusa-t-elle une nouvelle fois. Je… Je peux t’accompagner en ville ? Quelqu’un va s’occuper de tes blessures ».

Je me courbai un moment comme si j’avais besoin de reprendre mon souffle. En respirant doucement et en calmant mon rythme cardiaque, la douleur s’était atténuée. Fort heureusement, malgré le sang qui avait coulé, les écorchures demeuraient assez superficielles et ne semblaient pas dangereuses. J’avais sans doute déjà connu pire lors d’une chute de vélo, me dis-je pour me rassurer.

- « Ça va, ça va… Rien de grave », fis-je.

Puis, me souvenant d’un détail important, j’enchaînai directement.

- « Attends, tu t’appelles Lilie ? Tu ne serais pas l’assistante du Professeur Euphorbe ? »

- « Euh… Oui, tu connais le Professeur Euphorbe ? »

- « C’est lui qui m’a emmenée ici. Aïe… Il t’attend justement à Lili’i. D’ailleurs, tu n’aurais pas vu le doyen dans le coin ? »

- « Non, j’ai été seule ici… avec toi, heureusement. Viens, on va rentrer en ville. »

Lilie m’aida durant les premiers mètres à marcher mais je retrouvai assez rapidement des sensations dans mes jambes et mes chevilles pour me débrouiller seule. À la liste de mes défauts, je devrais peut-être ajouter le fait que j’étais plutôt orgueilleuse et fière. Et je n’aimais pas trop que l’on me voie en position de faiblesse et de devoir quémander de l’aide.

- « S’il te plaît, je vais te demander une faveur… me dit-elle d’une voix timide. Ne parle pas de Doudou à qui que ce soit. Seul le Professeur est au courant… »

Bien qu’étrange, j’acceptai sa requête. Le trajet du retour se fit sans encombre. Arrivées sur la place principale du village, le professeur Euphorbe qui était en train de siroter une menthe à l’eau laissa tomber son verre en me voyant dans un aussi piteux état.

- « Mais… Mais… Que t’est-il arrivée ? Lilie ? Que s’est-il passé ? » s’exclama-t-il en courant vers nous, l’air affolé.

Lilie se chargea de lui narrer notre mésaventure sur le pont, avec les Piafabec qui nous avaient agressées, nous et Doudou, comment j’étais intervenue pour le protéger et comment Tokorico m’avait sauvée.

- « Eh bien, quel courage, Luna ! Peu de gens auraient eu les tripes pour faire ce que tu as fait ! » me félicita-t-il.

- « Pour être honnête, si j’avais réfléchi plus longtemps, je ne suis pas sûre que je l’aurai fait, avouai-je dans un sourire. Mais je suis heureuse que tout ça se soit bien terminé. »

- « Pour que Tokorico, le gardien excentrique de Mele-Mele, soit intervenu en ta faveur prouve déjà que tu es une personne hors-pair ! »

Je fis volte-face en direction de la voix qui venait de se lever. Un homme d’un âge avancé, l’air bon vivant et au ventre généreux s’avançait vers nous. Je n’eus aucun mal à deviner de qui il s’agissait.

- « Oh, ce cher Pectorius, vous voilà enfin ! » le salua Euphorbe.

- « J’ai tout entendu. Eh bien, ma petite, en voilà une arrivée sous les projecteurs à Alola ! »

- « Merci. Oui, je ne m’attendais pas à que cela soit si… mouvementé, » répondis-je en me forçant à sourire malgré mes quelques blessures.

Il se planta devant moi et m’examina un moment du regard.

- « Tu feras un petit tour à la pharmacie par la suite, tes bobos sont heureusement sans gravité. Tu as du cran, jeune fille, et ça me plaît beaucoup. Ton prénom, c’est Luna ? »

- « Oui, Luna. »

- « Ce brave Euphorbe m’avait demandé de te garder un Pokémon de côté. Mais au vu de ta bravoure, je ne peux pas te donner un Pokémon quelconque. Ah ça, pas question ! »

Euphorbe et moi-même, nous nous entreregardâmes, surpris. De nouveau, mon cœur se remit à battre d’impatience et d’excitation à l’idée de découvrir quel sera mon tout premier partenaire à un tel point que j’oubliai toutes mes blessures.

- « J’ai une meilleure idée, reprit Pectorius en claquant des doigts. Je vais te laisser le choix entre trois Pokémons rares. »

Sur ces mots, il illustra ses propos en jetant trois Pokéballs au sol qui s’ouvrirent dans un flash de lumière. Le premier qui fit son apparition fut un petit oiseau au plumage beige avec un nœud vert sur le torse. Le deuxième, un petit chaton noir et rouge et enfin le dernier, une petite otarie bleue au museau rose.

- « Je te présente, dans l’ordre, Brindibou, le Pokémon plante. Puis voici Flamiaou, de type feu et pour terminer Otaquin, de type eau, m’annonça Pectorius. »

Toute émerveillée et tremblante presque de stress, je m’approchai de ces Pokémons, sans me rendre compte que dans quelques instants, l’un d’entre eux sera mon partenaire pour la vie et que je serai officiellement une Dresseuse.

- « Alors, Luna ? As-tu fait ton choix ? Lequel des trois sera ton premier Pokémon ? me demanda Pectorius. »

Mes yeux passèrent de l’un à l’autre, puis une illumination se fit dans ma tête. Ma décision était prise…