Je viens donner mon avis sur le jeu et surtout à propos de quelque chose que je trouve dommage : le thème principal, l'humanité supposée de l'androïde, est complètement sous traité.
En fait, du début à la fin du jeu ils rabattent la cause de l'androïde sur la cause de la lutte anti-racisme. Du coup le jeu ne traite que faussement du thème de l'intelligence artificielle et sonne faux presque tout du long.
Je ne vais pas lister les propos des personnages qui vont dans cette direction mais ils sont très nombreux. Quand Hank passe du côté des androïdes il fait lui-même la comparaison entre la négation raciste de l'humanité de certains peuples et la négation de l'humanité des androïdes. Markus, lors de la manifestation finale, peut dire quelque chose du type "ils vont nous tuer, les humains ne changeront jamais, ils se battent depuis des millénaires pour leur couleur de peau, etc."
Parallèlement à ça l'humanité de l'androïde est simplement donnée sous le sceau de l'évidence, elle n'est jamais un objet de réflexion (c'est-à-dire de doute).
Et c'est bien ça le problème, parce que nier l'humanité d'un groupe selon leur couleur de peau, ça n'a rien à voir avec le fait de nier l'humanité d'une machine. En fait on se sert de l'évidence de la cause de la lutte anti-racisme pour la rabattre sur la cause des androïdes.
Il y a des choses qui sont absolument évidentes et centrales et qui pourtant ne sont pas du tout abordées : si l'androïde a un programme, comment pourrait-il être libre ? Il est créé pour quelque chose, et c'est ce pour qui pose problème. Je ne dis pas qu'il est impossible de penser l'humanité d'un androïde, je dis que c'est là le sujet, et que ce sujet n'est pas abordé par le jeu. Il est balayé du revers de la main avec le coup du Déviant qui est plus une facilité philosophique et scénaristique qu'autre chose. C'est un coup de baguette magique qui permet d'éviter le sujet.
Dans le même ordre d'idée, le jeu prend soin d'identifier ceux qui sont opposés aux déviants à des gros débiles. Mention spéciale au collègue de Hank (j'ai zappé son nom) qui harcèle Connor et tous les androïdes qu'il croise.
A mes yeux, Detroit se comporte comme la plupart des oeuvres modernes de SF qui traitent du thème de l'humanité de l'IA : de façon dogmatique et moralisatrice.
Message édité le 11 octobre 2020 à 15:33:09 par jeansapinou