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Sujet : [Fic] Slavetale

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Karma251 Karma251
MP
Niveau 2
11 juin 2018 à 22:39:05

Je suis devin je vais vous dire ce qui est arrivé aux monstres.

Blooky est incapturable, il errera dans les rues jusque ce qu'il voie Mettaton à la télé et qu'il décide de le rejoindre. C'est à ce moment sur flowey surgira au beau milieu de la résistance. Il trouvera un moyen de récupérer ses pouvoirs d'Ariel et ira chercher Gaster, qui l'emmènera jusque Underfell pour demander de l'aide histoire d'écraser les humains

Je crois qu'j'en ai trop pris...

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 juin 2018 à 22:46:06

Alors moi j'ai une grosse théorie, ce qu'il va se passer en fait c'est que-

Oh wait... ( ͡° ͜ʖ ͡°)
J'accepte les virements paypal si jamais

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
21 juin 2018 à 21:08:08

https://www.noelshack.com/2018-25-4-1529607021-capture.png
Donc... 1 an hein ?
Wow, ça fait bizarre, et c'est passé vite. 24 chapitres en plus, donc bel et bien un rythme bimensuel, je pensais pas que ça se goupillerait comme ça, mais ça me plaît.
J'imagine que je devrais faire un petit discours, dire à quel point écrire Slavetale m'a apporté plein de choses, quels bons moments j'ai passé etc, mais ça serait un peu cringe. Donc je vais me contenter de remercier du fond du cœur tous les gens qui me suivent depuis le départ, et ceux qui ont rejoint entre temps.

Pour fêter ça, je propose de faire une petite faq, si vous avez des questions que vous souhaitez me poser, que ce soit sur ma façon d'écrire, les choses que j'ai apprises, ou quoi que ce soit qui n'ait rien à voir, faites vous plaisir en commentaire, je ferai une réponse commune d'ici au prochain chapitre.

Bien, mais comme c'est un anniversaire, et qu'il faut bien le fêter, j'ai un petit cadeau pour vous.
Ou plutôt, justement, un gros cadeau.
Allez prendre une tasse de café, de thé, ou un fond de bon whiskey, car vous allez avoir besoin de vous mettre à l'aise pour lire les près de 20 000 mots que je vous ai concocté. Fallait bien faire un truc mémorable, pas vrai ?

J'en profite pour vous rapeller le nouveau système de numérotation mis en place ; on est jamais trop prudent. Et pour vous redonner le lien vers l'autre site où la mise en page sera peut-être plus digeste : https://archiveofourown.org/works/11271939/chapters/25207419

Chapitre 24 :

La ferveur de la résistance était ahurissante. Le passage laissé pour eux dans la foule était minuscule, car tous voulaient entendre quelques mots du roi ou serrer la main de la grande guerrière. Pourtant, grâce à l’aide d’Adalric, ils progressaient peu à peu. Frisk se tenait collée contre Asgore, intimidée par toutes ces présences.
L’humaine n’avait aucune idée de qui était ce monstre si sombre qui ouvrait la voie. Elle ne l’avait jamais croisé lors de ses siècles passés sous terre, et s’en étonnait : il avait l’air de bien connaître Asgore, c’était donc étrange qu’elle ne l’ait rencontré ni lors de son passage ni à leur sortie. Mais bon, à revivre sans cesse la même journée, elle ne pouvait rencontrer que les mêmes personnes…
Une fois parvenus dans les couloirs de la base, leur progression fut simplifiée. Tous les monstres frénétiques étaient derrière eux. Adalric les conduisit dans le dédale qui eut bien vite fait de désorienter Frisk, totalement incapable de retracer ses pas. Il les fit finalement pénétrer dans une salle déserte à l’exception de quelques fidèles membres du personnel.
À leur entrée, tous se levèrent dans le plus grand respect. Là encore, il n’y avait que des visages anonymes, et le cœur d’Undyne s’enfonça un peu plus dans sa poitrine ; elle avait scruté le moindre visage de la foule, usant de sa perception surentrainée, mais n’avait pas repéré les écailles jaunes qu’elle désespérait d’embrasser. Elle en était pourtant sûre, Alphys serait venue la voir à l’instant où elle aurait appris son arrivée. La lézarde était timide, mais elle se serait manifestée, elle les aurait attendu dans le couloir, elle aurait été quelque part. Mais non, ils n’avaient croisé que des fantômes dans ces couloirs trop blancs, autant de toiles où halluciner la couleur vive de sa peau.
-Repos, dit Adalric. Et comme s’ils n’attendaient tous que ce signal, les monstres reprirent ce qu’ils étaient en train de faire, pianotant frénétiquement sur des consoles aux multiples écrans. Même Sans qui était censé s’y connaître un minimum n’avait aucune idée de ce qu’ils faisaient. Sûrement du renseignement, se dit-il, ou quelque chose comme ça.
-Bien, reprit le corbeau. Je suis heureux de voir que vous avez tous pu nous rejoindre, dit-il en posant son regard sur Johanna qui cachait non sans difficulté son malaise. J’espère que le voyage n’a pas été trop mouvementé.
-Ça a été, répondit Asgore. L’anesthésie était un peu brutale cela dit…
-Malheureusement c’était nécessaire. Crois-moi, si nous disposions d’une meilleure solution, nous nous en servirions. Quoique, nos scientifique sont en plein dans la recherche, et ils ne sont pas loin d’aboutir.
-Des scientifiques ? S’étrangla Undyne. Ils sont beaucoup ? Où est-ce qu’ils travaillent ?
-Ils sont dans une des parties les plus secrètes de la base. C’est une zone sensible.
-Je dois m’y rendre. Comment est-ce qu’on y va ?
-Du calme Undyne, répondit le corbeau, pourquoi est-ce que tu veux y aller ? Tu as profité de ton séjour à la surface pour une reconversion ?
Ignorant le sarcasme, la guerrière répondit ;
-Il y a peut-être quelqu’un que je connais là-bas. Que je connais bien.
-Eh bien, rit Adalric, le monde est petit. Si tu y tiens vraiment, quelqu’un pourra bien t’y escorter.
Le corbeau les entraîna jusqu’à une table un peu plus loin où étaient posés divers plans et papiers en tous genres. Y étaient écrits le détail d’opérations, dessinés les schémas de complexes industriels ou imprimé des photos de lieux et de gens. D’un revers de main, Adalric fit table rase avant de poser les mains sur la surface en verre. L’éclairage bleuté de la salle lui donnait un air grave.
-Je sais que vous aimeriez profiter d’un peu de temps libre pour pouvoir appréhender cet énorme changement dans vos vies et mieux vous intégrer. Malheureusement, le temps est un luxe que nous ne pouvons nous offrir. Afin que la résistance subsiste et que nous triomphions, il nous faut mener à bien certaines tâches. Vous avez donc été dispatchés à diverses unités, chacun disposant d’une mission à accomplir.
Son regard fit un tour de table, scrutant un à un les résistants regroupés autour de la table. Ils formaient une équipe bien hétérogène ; un roi et une mère improvisée dans le même groupe, c’était original. Mais ils avaient tous leurs forces qui pouvaient être exploitées pour le bien commun.
Adalric déposa quelques feuilles sur la table ; des notes de missions, résumés de briefings qu’ils n’avaient pas encore subit.
-Compte tenu de vos profils, nous vous avons attribué des missions d’importance. Undyne, c’est sans surprise que tu prends immédiatement place au sein de notre état-major ; ton expertise nous sera d’une aide précieuse pour reformer une force d’élite comme la garde royale l’a été.
La femme poisson hocha la tête. Reprendre du service serait bon pour elle, cela lui permettrait de penser à autre chose, de se concentrer sur une tâche où elle était douée.
-Cela me semble évident, répondit-elle. C’est un honneur de pouvoir servir mon peuple de cette façon.
-Bien, toutefois je dois te mettre en garde : ta magie risque d’être grandement castrée par le collier. Le général qui viendra t’accueillir demain t’en expliquera davantage.
-Comment ça ? S’étonna la guerrière. Je peux tuer des humains avec ma magie sans aucun problème.
-Non, le collier t’en empêchera, même avec nos modifications.
-Je t’assure. J’en ai tué par milliers récemment, tu en as forcément entendu parler.
Le corbeau la regarda, perplexe.
-Ils ont dit qu’ils ne t’avaient posé le collier qu’après coup…
-Je sais ce que j’ai fait quand même. J’ai été retenue prisonnière, et puis un jour une femme est venue me demander de massacrer tout un tas d’humains.
Johanna frissonna discrètement dans le fond.
-Ça me dérangeait pas vraiment alors je me suis laissé faire, mais je t’assure que j’avais déjà mon collier.
Adalric la regarda d’un œil nouveau, comme une anomalie qu’il faudrait expliquer, un objet étrange renfermant la solution d’un problème insoluble. L’information était des plus intéressantes ; il y avait donc moyen de contourner les projections des colliers.
-Peut-être que tu ferais bien de te rendre aux laboratoires au plus vite finalement.
-Qu’est-ce que je disais, répondit la guerrière.
-En parlant de laboratoire, il me semble que l’un d’entre vous est un ancien scientifique.
Sans s’avança en levant la main.
-En effet, j’ai travaillé pour Asgore il y a longtemps, avant la mort de l’ancien scientifique royal, dit le squelette d’un ton froid, tel une machine.
-W.D Gaster ?
-Oui.
-Bien, votre expertise sera de la plus grande aide à nos équipes.
-Ce n’est pas pour rien que j’ai posé ma blouse, rétorqua Sans en fixant Adalric de ses orbites vides. Les airs de petit monarque du corbeau ne lui plaisaient guère, et il le faisait bien ressentir.
-Nous ne faisons pas du bénévolat, répondit sèchement Adalric, coupant court à toute résistance.
Sans ne répondit rien, se contentant de maintenir son regard. Il voulait bien se soumettre à cette autorité pour l’instant, mais uniquement parce leurs intérêts s’accordaient. Malgré ce qu’il aimait penser, le squelette tenait encore à quelques personnes sur cette terre, alors il devait bien faire en sorte que la résistance l’emporte. La fin justifiait les moyens - et les sacrifices - comme le disait l’expression.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
21 juin 2018 à 21:09:04

2

Le corbeau soutint son regard pendant quelques secondes, avant de passer à la suite. Il n’avait pas de temps à perdre avec cette mutinerie puérile. Adalric se tourna donc vers les deux humaines.
-Je ne vous cache pas que votre présence ici est assez singulière. Notre but est généralement de combattre les humains, pas de nous allier avec eux.
Un ange passa.
-Toutefois, compte tenu de ce que vous avez fait pour les monstres, et de l’aide que vous pouvez encore nous apporter, nous sommes prêts à faire une exception.
Johanna non plus n'appréciait pas son air de supériorité. Il les jugeait sur leur race, tout en dénonçant ce même traitement quand il en était victime ; que d’hypocrisie. Elle comprenait sa rancœur envers les humains, évidemment, mais n’était pas sûre qu’un être si manichéen soit apte à diriger une telle organisation. Toutefois, l’humaine avait assez de jugeote pour s’incliner tant qu’elle était en terrain hostile. De toute façon, contrairement à eux, elle était toujours libre de partir quand elle le voulait. Et puis, - même si elle se répugnait de penser ainsi - dans l’éventualité où la résistance viendrait lui chercher des noises elle disposait de suffisamment d’informations pour négocier son pardon et sa protection chez les humains.
-Nous vous avions promis que votre filleule disposerait de la meilleure éducation, et nous tiendrons parole, reprit Adalric. La résistance dispense des cours à ses membres trop jeunes pour combattre, afin de s’assurer qu’ils soient aptes à reconstruire la civilisation quand nous serons libres.
-En quoi consistent ces cours ? Demanda Johanna.
-De rigoureusement la même chose que les écoles humaines, pourquoi cette question ?
Un seul mot venait à l’esprit de l’humaine : embrigadement. Mais elle préféra désamorcer le conflit ;
-Simple curiosité. Je me préoccupe de l’éducation de Frisk, voilà tout.
-C’est tout à votre honneur, la complimenta Adalric comme si cela lui arrachait la bouche. Toutefois, c’est bien votre rôle à vous qui est le plus intéressant.
-Que voulez-vous dire ?
-Nous hésitions depuis longtemps à recruter quelques humains dans nos rangs afin de mener des opérations sous couverture. Désormais que le destin nous a forcé la main, ce projet s’impose de lui-même.
-Et vous voulez que j’infiltre quoi au juste ? Je ne sais pas quelle est votre vision de la société humaine, mais on n’a pas accès à tout juste parce qu’on est humain.
-Vous avez accès à bien plus de choses que vous ne le pensez. Et puis, nous n’avons pas besoins que vous ayez accès, mais que vous soyez l’accès.
Johanna lui lança un regard interrogatif.
-Nos sources nous ont indiqué que, récemment, un poste s’est libéré chez Copperheinmer Industries. Vous connaissez ?
-Qui ne connaît pas ? Mais ils recrutent à tour de bras, il n’y a rien de surprenant à cela.
-En effet, leur business est florissant, déplora Adalric. En revanche, ce n’est pas tous les jours que le poste d’assistant personnel de Victor Copperheinmer est vacant.
-Victor ? Le PDG ne s'appelait-il pas Oscar ?
-Il s’appelle toujours ainsi, et malheureusement ses assistants à lui sont tous des employés modèles bien dévoués. Ceux de son fils Victor en revanche…
Un hoquet de surprise parcourut l’assemblée alors que tous comprenaient le plan. Adalric les regarda avec un sourire en coin, fier de son stratagème afin d’infiltrer les plus hautes sphères de la tyrannie humaine. Ses détracteurs autour de la table devaient bien reconnaître qu’à défaut d’être agréable, il était malin.
-Vous voulez donc que je devienne une employée de Copperheinmer Industries ?
-Pas n’importe quelle employée. Vous aurez accès à tout : emploi du temps, informations confidentielles, zones restreintes. Vous serez la bibliothèque de babel ; tout ce qui n'as jamais été à savoir, et qui ne sera jamais à savoir, vous le saurez.
Johanna fut prise d’un léger vertige face à l’ampleur de la tâche. Elle n’avait aucune expérience dans ce domaine, et Copperheinmer Industries n’avait pas vraiment la réputation d’être l’entreprise la plus bienveillante envers ses employés, qu’elle traitait à peine mieux que ses monstres. Des rumeurs folles circulaient sur le PDG, mais en revanche, il avait bien protégé la vie privée de son fils, si bien que Johanna ne connaissait même pas son existence.
-Attendez une seconde. Votre plan est bien beau, mais il n’y a aucune chance que je sois prise là-bas. Je n’ai aucune expérience, aucun contact, et ils vérifieront forcément mes antécédents. Alors quand ils verront que j’ai adopté la fille qui a libéré les monstres, il ne leur faudra pas bien longtemps pour connecter les deux bouts.
-Ah, mince, quel dommage. On dirait bien que la mission est annulée alors, répondit Adalric en transpirant de sarcasme alors qu’il tendit une liasse de papiers à Johanna. L’humaine s’en saisit par réflexe, avant de la feuilleter en diagonale.
Elle s'aperçut rapidement qu’il s’agissait d’un CV - à son nom - qui était absolument parfait pour le job. Aucune faute, des années d’expérience et croulant sous les lettres de recommandation. C’était comme si elle était descendue directement du ciel pour assister Copperheinmer industries dans sa croisade sacrée.
Puis, en regardant les pages suivante, elle réalisa qu’il s’agissait d’une analyse détaillé des moindres aspects de sa vie, et ce, sur des dizaines de pages. Johanna se sentit complètement dénudée face à ce déballage de sa vie, mais quelque chose clochait. En effet, il n’était nulle part fait mention de l’adoption, ou des choses qui auraient pu effrayer un éventuel employeur. Le résumé faisait finalement étalage d’une vie si banale que c’en était affligeant, une banalité digne du cliché de la secrétaire. Puis Johanna comprit ; si c’était toutes les informations qu’on pouvait glaner sur elle, alors l’humaine semblait faite pour le job. Ses plus gros défauts étaient minimes par rapport au reste du genre humain ; elle en avait juste assez pour ne pas que cela soit suspect, mais pas suffisamment pour effrayer un recruteur scrupuleux. Finalement, Johanna avait l’impression de lire la vie d’une totale inconnue, avec qui elle ne partageait que le nom et la naissance.
-Nous avons pris la liberté d’envoyer ce CV pour vous, et de faire en sorte que ce dossier ressorte de l’analyse de votre vie. Nous avons pris cette mission très à cœur, et employé beaucoup de nos ressources talentueuses à l’ouvrage, alors ne faites pas tout foirer.
-Encore faut-il que je sois choisie parmi tous les candidats…
-Ne vous en faites pas pour ça. Présentez-vous après-demain à l'entretien, donnez une bonne impression, et nous ferons le reste.
-Et s’ils me posent des questions techniques ? S’ils m’interrogent sur mon faux passé ? S’ils me demandent de leur montrer mon savoir-faire ?
-Détendez-vous, personne ne posera ce genre de questions. Et puis, vous avez vingt-quatre heures devant vous non ? Alors utilisez les à bon escient ; j’enverrai quelqu’un vous briefer.
-D'accord, je ferai de mon mieux, répondit Johanna, pas vraiment sûre d’elle.
Adalric hocha la tête avant de se tourner vers Asgore. Le roi était le dernier qui ne s’était pas encore vu attribuer de mission. Le corbeau lui réservait quelque chose de grandiose, d’exceptionnel ; mais pas pour l’instant. Ce projet attendrait qu’ils soient tous fin prêts. Pour le moment, il avait décidé de lui confier une tâche plus classique.
-Asgore, tu n’es pas sans savoir que ton arrivée ici a fait l’effet d’un ouragan.
-J’ai pu voir ça en effet.
-Le moral des troupes s’en trouve grandement amélioré, et nous devons surfer sur cette vague. J’ai besoin que tu prépares un discours comme tu sais si bien les faire pour demain. Il faut que tu trouves les mots justes pour les inspirer, pour leur donner la force de se battre.
-C’est une lourde tâche que tu me confies là Adalric. Une qui requiert bien plus de préparation.
-Ils comptent sur toi Asgore.
-Je sais, je ne le sais que trop bien.
-Tu trouveras quelque chose, j’en suis certain.
-Espérons le…
Le corbeau fit un dernier tour visuel de la table. Désormais que tout le monde connaissait son objectif, il était plus que temps de s'exécuter.
-Bien. Ne perdons pas plus de temps. Allez vous reposer pour ce soir, mais vous devrez être opérationnels dès demain matin. Un grand futur vous attend.
Le groupe se sépara du chef de la résistance, chacun emportant avec lui les papiers qui lui étaient destinés. Il était encore assez tôt finalement ; moins de minuit. Mais la chirurgie, le voyage et la foule les avaient épuisés, et c’est d’un commun accord qu’ils décidèrent de se rendre directement à leurs quartiers.
Seul problème, ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ceux-ci se trouvaient. Toutefois, à peine furent ils sortis de la salle qu’une monstre se présenta à eux. La colombe qui vint les accueillir semblait baigner dans la lumière divine, un ange venu spécialement pour eux.
-Bonsoir, je m’appelle Betty, et Adalric m’a demandé de vous guider jusqu’aux chambres qui vous ont été attribuées.
-Vous tombez au bon moment, répondit Asgore. On se demandait justement par où on devait se diriger.
-Ne vous en faites pas, sourit la colombe. Tous les nouveaux arrivants sont un peu perdus ; vous vous y ferez vite.
-Espérons-le.
La monstre les guida au travers des dédales, se mouvant tranquillement comme guidée par un sixième sens. Ils croisèrent quelques panneaux, mais les indications restaient sommaires.
-Étant donné votre statut, expliqua la colombe, vous disposerez de chambres privées ; sa majesté possèdera une chambre seul, tandis que vous pourrez vous répartir dans deux chambres de deux.
Le choix était vite fait ; Johanna dormirait avec Frisk, tandis que Sans et Undyne partageraient la même pièce. L’organisation était semblable à celle de la maison qu’ils venaient de quitter finalement.
-Nous y sommes, indiqua la colombe en s’immobilisant devant trois portes. Deux chambres étaient mitoyennes tandis que la dernière se trouvait de l’autre côté du couloir. C’est d’ailleurs de celle-ci qu’hérita Asgore.
Les cinq recrues remercièrent la colombe qui disparut aussi subitement qu’elle était arrivée, les laissant en droit de se demander si elle n’était pas en réalité une apparition. Le groupe se souhaita bonne nuit, avant que chacun ne gagne sa chambre respective.
En pénétrant dans la pièce, Asgore pu constater qu’il passerait de bien meilleures nuits que dans le canapé de Johanna. Désormais, il disposait d’un véritable lit dont le matelas semblait épais et moelleux. La couverture posée avec attention rayonnait de douceur, et les oreillers étaient pile à la bonne taille. Le roi disposait également de tous les meubles nécessaires, ainsi que d’une petite pièce adjacente faisant office de salle de bain privée. Décidément, Adalric lui avait fourni ce qu’il se faisait de mieux, ce qui le gênait quelque peu. En effet, ils étaient en temps de guerre, et Asgore ne voyait pas l’intérêt de gâcher des ressources dans ce luxe dont il aurait très bien pu se passer.
Les deux autres pièces étaient moins bien fournies, mais tout de même plus confortable que la cellule du soldat lambda. Cette fois, pas de salle de bain privée ni de meubles à foison, mais tout de même des draps de qualité et un décor acceptable. Toutefois, les nouveaux arrivants n’avaient que faire de ce qui leur était offert, et s’empressèrent de vérifier que les lits étaient aussi délicats qu’ils en avaient l’air.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
21 juin 2018 à 21:10:02

3

Mais Undyne n’arrivait pas à fermer l’œil, malgré les dizaines de minutes écoulées dans le noir. La guerrière se retournait dans tous les sens, sans jamais trouver le sommeil bienfaiteur qui lui permettrait d’échapper à la joute incessante entre l’espoir incertain et la terreur déchirante. Elle ne pouvait attendre le lever du soleil pour constater la présence - ou la terrible absence - de sa moitié. Undyne voulait savoir, maintenant, et la pensée l’obsédait. À peine la guerrière fermait-elle les paupières que ses yeux étaient harcelés d’images hallucinées, la tête lui tournait et elle se redressait, haletante, comme à la sortie d’un cauchemar trop réel. Pourtant, la seule chose à faire était de dormir, pour que le temps passe en une fraction de seconde, pour noyer ses soucis dans l’inconscience. Mais Undyne le savait déjà ; la nuit serait courte.
Sans entendait la femme poisson se tortiller dans le lit voisin. Lui aussi était incapable de s’endormir. Mais contrairement à elle, il restait totalement statique, si bien qu’elle avait cru qu’il dormait. Le squelette se remémorait ses années passées à assister l'ancien scientifique royal, et l’accident qui l’avait poussé à se retirer. Inévitablement, il en vint à penser à son frère, ce qui raviva la blessure de son âme. Il aurait tant voulu que Papyrus soit là pour voir de ses propres yeux jusqu’où ils étaient parvenus. Il aurait toujours su garder espoir, toujours eu la remarque placée à point pour rendre le sourire et l’espoir. Au lieu de ça, Sans était condamné à s’enfoncer toujours plus loin dans les ténèbres, à la recherche d’une lumière qui se faisait toujours plus illusoire.
Asgore quant à lui était à peu près dans le même état qu’Undyne. Seulement, pour lui, l’inquiétude était remplacée par la certitude, et la douleur s’en trouvait décuplée. Undyne tenait par espoir, mais la froideur des mots numériques avait arraché celui du roi. Les mots dansaient devant ses yeux ; morte, morte, morte comme tous ceux qu’il avait tué, morte comme les humains tombés, morte comme les victime de son rêve de liberté chimérique, morte comme ceux de l’arène, morte comme son espoir, morte comme le futur, morte comme leur race.
Le roi se torturait l’esprit pour penser à autre chose, pour tenter de se concentrer sur le discours qu’il devait prononcer demain. Mais désormais qu’il était seul face à lui-même, il ne pouvait plus se voiler la face : comment inspirer tout un peuple quand il avait perdu la volonté de se battre ? Comment leur promettre la vie quand il était entouré par la mort ? Comment leur insuffler la force quand il avait failli à tout ? Tous comptaient sur lui, sans même réaliser à quel point il n’avait fait que leur nuire. Il les avait maintenus sous terre, il les avait fait asservir une fois dehors, et maintenant il allait encore assister à un énième échec cuisant.
Si seulement il pouvait mourir demain, succomber en héros sur le champ de bataille. Mais même ça, il n’en était pas capable. Et de toute façon, il ne méritait pas qu’on se souvienne de lui comme d’un héros. Undyne était une héroïne, Frisk était une héroïne, Asriel était un héros, mais lui, il n’était qu’un usurpateur, simplement présent au bon endroit au bon moment.
Jamais il ne pourrait racheter ses innombrables fautes, jamais il ne pourrait ramener Toriel, jamais il ne pourrait ramener ses enfants, jamais il ne pourrait ramener ceux qu’il avait poignardé sans merci dans l’arène, totalement soumis aux humain. Toriel le lui avait pourtant dit ; il était un faible couard pathétique. Il avait cessé de se battre, égoïste, préférant les abîmes de la folie à la lutte de la réalité.
Mais, malgré tout, il savait qu’il ne pouvait se laisser aller au désespoir. Il devait garder la face, sinon pour lui, au moins pour ceux qui croyaient en lui. Il devait trouver quelque chose à dire demain, il devait être là pour Frisk, il devait aller de l’avant pour son peuple. Il devait donner l’exemple, et il ne pouvait guider son peuple vers la couardise et l’échec.
Alors, il laisserait son autre lui prendre les commandes dès le lendemain. Celui qui savait si bien faire semblant qu’il parvenait à se tromper lui-même. Celui qui savait répondre à la nécessité. Celui qui savait renvoyer l’image que tout le monde attendait, celui qu’il était le plus souvent depuis si longtemps, celui au travers duquel seule Toriel avait su voir. Et désormais, plus personne ne pourrait jamais dire le vrai du faux, personne ne pourrait le sauver de lui-même.

Le lendemain, chacun fit de son mieux pour paraître le plus reposé possible. Malgré les cernes ostensibles et les visages enfouis dans les bols de petit déjeuner, les nouveaux arrivants prétendaient que tout allait pour le mieux, que ce changement brutal ne les perturbait pas le moins du monde.
Chacun se préparait mentalement aux activités de la journée, avec plus ou moins de stress vis à vis de celles-ci. Mais, dans l'ensemble, seule Frisk était plus ou moins posée. La jeune fille ne se faisait point d’inquiétude, car finalement, c’était elle qui avait encore la mission la plus simple. Non, en réalité, elle était plutôt déçue : la veille, elle s’était imaginée un millier de batailles épiques qui finissaient par la victoire glorieuse de sa race adoptive, et désormais, on lui annonçait qu’elle devait juste aller en cours sans prendre part à rien du tout. Chiant à crever…
Les autres étaient plutôt en faveur de cette mesure. Jamais ils ne l’auraient admis devant la jeune fille, mais ils ne la considéraient vraiment pas apte au combat. Sa survie sous terre était de la chance pure couplée à la pitié des monstres ; et s’ils avaient su que c’était également en grande partie dû à son pouvoir disparu, ils auraient désapprouvé d’autant plus. Savoir Frisk dans une salle de classe, c’était un problème en moins duquel s’inquiéter, quand ils en avaient déjà des centaines d’autres.
Undyne trépignait d’impatience, tentant de calmer ses mains tremblantes en serrant si fort sa tasse de thé que le gobelet menaçait de se briser. Asgore posa une main douce et pleine de compassion sur les jointures blanchies de la guerrière, qui se détendit légèrement. Elle prit une grande inspiration pour essayer d’apaiser la douleur qui lui vrillait le ventre ; on lui avait dit qu’on viendrait la chercher pour neuf heures, plus qu’une heure et demie à tenir. Undyne devait se détendre, garder son sang-froid.
Asgore quant à lui réfléchissait à son discours. La lumière du matin avait écarté ses complaintes funestes, et il était prêt à assumer son rôle de souverain. Il savait que les mots lui viendraient au moment opportun, qu’ils couleraient en lui comme dictés par une force divine. Mais il préférait préparer quelque chose, au cas où, un plan de secours.
D’autres monstres entraient et sortaient du réfectoire, mais malgré toutes les paires d’yeux dirigées vers la table royale, aucun n’osait s’approcher. L’aura qui se dégageait du groupe intimidait les résistants, qui préféraient simplement contempler leurs idoles de loin, trop terrorisés de se ridiculiser en allant leur parler.
-Bon, il faut que j’aille me préparer, fit Johanna en se levant. Je ne veux pas manquer le briefing.
-Bon courage, lui souhaita Sans.
-Merci, répondit l’humaine avant de remarquer que Frisk n’avait toujours pas finit de manger, et d’ajouter ;
-Je peux vous laisser Frisk ?
Elle ressentait un léger malaise à laisser sa nièce seule avec eux, mais sa raison la calma rapidement : elle n’avait rien à craindre, surtout pas avec eux. Ils avaient déjà prouvé leur dévotion à la jeune fille.
-Pas de soucis, répondit Asgore.
-Super, merci, à tout à l’heure.
Les autres lui souhaitèrent également au revoir alors qu’elle disparaissait dans l’un des couloirs, se préparant à arpenter le labyrinthe de la base.

L’humaine fit un rapide crochet par sa chambre et ressortit quelques minutes plus tard en portant un tas d’affaires de rechange. Leurs valises avaient été gracieusement transportées, et Johanna avait eu tout le loisir de choisir parmi ce qu’elle avait pensé à apporter. Elle prit également un peu de temps pour défaire les bagages et remplir la penderie qui décorait l’un des murs autrement nu.
Johanna s’était également munie d’une serviette et de matériel de toilette, fournis par la résistance. Heureusement d’ailleurs, car l’humaine avait totalement oublié d’en emporter. Elle se tenait donc dans le couloir, pile de vêtements sur les bras, à la recherche des douches.
La base était un vrai dédale, et Johanna peinait à trouver le chemin. Elle dû se reprendre à plusieurs fois, tournant au mauvais endroit et rebroussant souvent chemin. Mais à force d’errer dans chaque couloir l’humaine avait fini par trouver la bonne voie parmi les allées qui se ressemblaient toutes.
Alors qu’elle arpentait un passage dérobé, suivant les panneaux qui lui faisaient l’effet d’un oasis dans le désert, deux monstres lui barrèrent soudain la route. Johanna s’excusa de les avoir dérangé et tenta de les contourner, mais les deux bêtes au regard sévère l’empêchèrent d’aller plus loin.
-Tiens donc, regarde quoi voilà, fit le monstre de gauche qui, après inspection plus minutieuse, s’avéra être une monstre.
-Ne serait-ce pas une humaine ? Répondit son acolyte, un sourire mauvais entrecoupé de défenses de sanglier barrant son visage.
-Une humaine ici ? Reprit la première. Incroyable, ils devraient pourtant savoir que c’est dangereux de s’aventurer loin de chez eux. Surtout chez des monstres ; ils sont si sauvages.
Johanna secoua la tête, légèrement intimidée par les deux créatures qui faisaient une bonne tête de plus qu’elle. Ils n’allaient quand même pas oser … ? Pas ici ?
-Écoutez, répondit l’humaine. Je ne sais pas ce que vous me voulez, mais je voudrais juste aller me préparer, d'accord ? Alors laissez-moi passer s’il vous plaît.
-Oh ! Mais c’est qu’elle donne des ordres en plus, rétorqua le sanglier de droite. Il faut croire qu’on ne leur a jamais appris les bonnes manières.
-Non, en effet. La femelle se craqua les poings, faisant retentir le bruit lugubre des os brisés dans le couloir.
Johanna sentit son pouls s’accélérer. Elle était dans un coin totalement inconnu, à l’abri des regards, face à deux monstres dont les intentions étaient plus que claires. L’humaine tenta de faire un pas en arrière, mais son dos heurta quelque chose de dur. Elle poussa un cri de surprise lorsque des mains l'empoignèrent pour la repousser vers l’avant et qu’elle manqua de trébucher. Elle eut juste le temps de se retourner pour se retrouver face à face avec un rhinocéros taillé dans la pierre.
-Et en plus ça essaye de fuir, typiquement humain, dit-il d’une voix menaçante. On fait moins la maline maintenant.
Johanna était dos au mur, littéralement, alors que les trois monstres bloquaient tout espoir de s’échapper. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu se retrouver dans une telle situation, alors qu’elle n’avait rien demandé à personne.
-Écoutez, c’est un terrible malentendu. Je ne veux de mal à personne, je suis dans votre camp, j’ai jamais fait de mal à un monstre.
-Ils disent tous ça, répondit le sanglier, avant que sa compère monstre n’ajoute ;
-Puis ils vous poignardent dans le dos.
-Non, vraiment, je vous le jure, implora Johanna un peu trop fort en tremblant de tous ses membres. Déjà ses yeux s’humidifiaient alors que le groupe se refermait sur elle, prêt à rendre le châtiment décidé par le tribunal populaire.
-On va te faire regretter ce que tu as fait, cracha la monstre.
-Pour ce que vous avez fait à nos frères ! Grogna le rhinocéros en armant son bras, prêt à délivrer un coup qui broierait les os de la jeune femme.
Johanna espérait simplement qu’elle s’en sortirait en vie. Elle ferma les yeux, attendant le coup qui ne viendrait pourtant jamais.
Au travers de ses paupières, l’humaine perçut un vif flash bleu. Elle les rouvrit prestement, constatant avec incrédulité que trois lances parfaitement acérées venaient de sortir du sol, juste devant ses agresseurs. Le bout pointu s’enfonçait légèrement dans la peau vulnérable de leurs mâchoires, laissant couler un filet de sang brillant, témoignage de ce qu’ils risquaient s’ils osaient aller plus loin.
-Je ne crois pas non, fit une voix familière au bout du couloir. Johanna faillit s'effondrer de soulagement alors que la guerrière azur apparaissait dans le coin de son champ de vision. Les trois monstres en face d’elle aussi semblaient l’avoir reconnue, car leurs regards exprimaient soudain une grande inquiétude.
-Undyne… plaida le rhinocéros, la voix soudain bien plus douce.
-Silence ! Feula la femme poisson. C’est comme ça que vous représentez notre race ? C’est comme ça que vous voulez obtenir la paix avec les humains ? C’est comme ça que vous remerciez celle qui vous a ramené votre roi ?
-C-c’est elle qui a ramené Asgore ? Balbutia la femelle du trio.
-Et moi avec, et l’enfant à qui vous devez le droit d’arpenter la surface, et un brillant scientifique royal. C’est comme ça que vous remerciez ses peines ? Vous savez les risques qu’elle a endurés pour soutenir la résistance ? Vous savez à quoi point sa contribution est infiniment plus grande que la vôtre ? Vous me décevez, vous me dégoûtez, vous êtes indignes d’être des monstres !
-Voyons Undyne, fit le sanglier. On n’aurait pas pu la blesser de toute façon.
-O-oui, le collier nous aurait empêchés, s’empressa d’ajouter son acolyte féminine.
-C’était juste pour la mettre en garde, expliqua le rhinocéros.
-La mettre en garde de quoi ? Rugit Undyne.
-D-de ne pas coopérer avec les humains. N-ne pas trahir la résistance, bégaya-t-il en déglutissant.
-J’en ai assez entendu, dit-elle en enfonçant un peu plus ses lances dans la chair des agresseurs. Prévenez ceux qui sont comme vous, ordonna-t-elle : cette humaine est sous ma protection, et tous ceux qui s’en prendront à elle auront à faire à moi.
La femme poisson rétracta ses armes et les prévenus hochèrent vigoureusement la tête avant de déguerpir sans demander leur tête.
-Et dites-leur aussi de dégager de la résistance, on n'a pas besoin d’ordures comme vous ! Leur hurla-t-elle.
Johanna, de son côté, n’avait osé piper mot. Elle était adossée contre le mur, reprenant son souffle avec difficulté.
-Ça va ? Lui demanda Undyne en se radoucissant.
-Oui, souffla l’humaine en avalant sa salive. Merci, sans toi…
-Je te devais bien ça, lui sourit la monstre.
Johanna se contenta de hocher la tête, visiblement sous le choc.
-Aller viens, continua Undyne en l’attirant délicatement par les épaules. Une bonne douche te fera du bien, et j’ai pas envie d’être en retard à mon rendez-vous.
Au contact, l’humaine fondit en larmes. La femme poisson se demanda si elle avait bien fait de la toucher de la sorte, avant que Johanna ne la serre contre elle en balbutiant des remerciements incompréhensibles au travers de ses sanglots.
-Là, là, ça va aller, essaya de la réconforter Undyne en lui tapotant le dos, pas vraiment sûre d’elle. D’ordinaire, les soldats ne pleuraient jamais, ou bien la monstre pleurait avec eux - et ils pleuraient de façon... virile. Elle n’avait vraiment pas l’habitude de consoler les gens, et n’était donc pas très douée.
Malgré tout, Johanna se calma d’elle même, avant de s’excuser pour ce soudain sursaut d’émotions ;
-Excuse-moi, c’est la pression qui redescend. J’ai vraiment cru que j’allais y passer.

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21 juin 2018 à 21:11:06

4

Les deux femmes entreprirent la suite du chemin, et lorsqu’elles parvinrent enfin aux douches, l’humaine avait fini de sécher ses larmes.
L’immense salle de bain était totalement vide et, à peu près comme Betty et Skye la veille, les deux amies se dévêtirent. Undyne n’était pas vraiment gênée ; tels les sportifs prenant leurs douches ensemble après les matchs, la guerrière avait l’habitude de se laver avec les autres membres féminins de la garde royale après l’entraînement. Johanna, en revanche, n’était pas très à l’aise avec sa nudité, et tentait de la cacher tant bien que mal grâce à sa serviette. Elle ne l’aurait jamais avoué, mais le corps finement sculpté de la femme poisson la rendait un peu jalouse, bien qu’elle ne fût pas sûre de vouloir se soumettre à son entraînement plus que rigoureux pour obtenir le même.

Une fois séchées et habillées, les deux amies se séparèrent, ayant beaucoup à faire chacune de son côté. Johanna n’était pas forcément très rassurée, mais étant donné la leçon qu’Undyne avait donnée aux trois agresseurs, elle devait avouer qu’elle était en réalité plutôt à l’abri. Personne n’oserait faire quoi que ce soit et avoir à en payer les conséquences face à la guerrière.
L’heure fatidique approchait, et la femme poisson décida de retrouver Sans au niveau de la salle commune où ils s’étaient donné rendez-vous et, surtout, là où quelqu’un allait venir les chercher. Undyne devait mettre à profit toutes ses années d’entraînement pour rester stoïque. Dans les couloirs et en rentrant dans la salle, elle put sentir les yeux des monstres se poser sur elle, ainsi que le certain malaise qui l’accompagnait. Décidément, les nouvelles se répandaient vraiment vite. Mais c’était tant mieux ; au moins, ils étaient maintenant tous avertis. La guerrière devait faire respecter son autorité si elle voulait un minimum de succès aux commandes de ces hommes.
-Comment tu te sens ? Lui demanda le squelette lorsqu’elle s’assit, ou plutôt s’effondra, à sa table.
-Bien, bien, mentit-elle, ne trompant personne.
-Eh bien, ça fait au moins une personne pressée d’aller là-bas…
La femme poisson se tourna vers Sans, lui lançant un regard interrogatif. Elle réalisa qu’elle n’avait pas été le plus attentionné envers son ami, et elle culpabilisait un petit peu.
-Au fait, pourquoi est-ce que tu fuis le laboratoire comme ça ? Alphys m’a toujours dit du bien de ton travail pourtant. Enfin, le peu où vous avez travaillé ensemble.
Sans, fidèle à lui-même, haussa les épaules.
-Pour rien. Un accident il y a longtemps qui m’a passé l’envie.
-Un accident ? Quel genre ? Demanda-t-elle.
-Une expérience qui ne s’est pas déroulée comme prévu. J’ai pas envie d’en parler.
-Ok ok, d’accord, répondit Undyne en montrant les paumes en signe de reddition. N’avait-il pas fait mention de l’ancien scientifique hier ? C’était sûrement lié à ça… De toute façon, elle pourrait toujours demander à Alphys si la curiosité s’avérait insoutenable.
Si elle était en vie.
La guerrière serra les dents. Évidemment qu’elle était en vie, pourquoi penser ce genre de choses ? Il n’y avait vraiment pas de raison.
Et, comme il était enfin temps qu’elle obtienne la réponse, un monstre en blouse blanche entra dans la salle. Undyne bondit sur ses jambes, allant directement à sa rencontre. Il n’y avait aucun doute possible, c’était pour eux qu’il venait. Le scientifique eut un mouvement de recul en la voyant si pressée, avant de tendre la main.
Sans la suivit d’un pas réfractaire, se forçant à mettre un pied devant l’autre parce qu’il y était bien obligé. Il aurait largement préféré dépoussiérer son arsenal magique, planifier une attaque ou partir en repérage, mais le voilà qui s'apprêtait à briser la promesse qu’il s’était faite il y a bien longtemps.
Cela dit, en effet, c’était il y a bien longtemps. Beaucoup de choses avaient changé depuis, et peut-être qu’il devait reconsidérer sa position. Car - évidemment - cette décision était entièrement le fruit de sa raison, et il ne gardait absolument aucun traumatisme de l’accident.
Les deux scientifique se saluèrent, et celui en blouse blanche n’eut pas à demander lequel était son nouveau collègue. Ils se mirent en route, leur guide prenant la peine de leur expliquer comment se rendre aux laboratoires, sans réaliser que c’était peine perdue. Ils apprendraient avec l’expérience, si tant est qu’ils avaient le besoin de revenir.
Au milieu du chemin, Undyne l’interrompit brusquement.
-Excusez-moi, vous ne connaissez pas une monstre qui s'appelle Alphys ? Lâcha-t-elle comme si elle n’y tenait plus
Le scientifique la regarda sévèrement, avant de prendre quelques instants de réflexion. La guerrière retint son souffle, prise d’un envie de le secouer pour qu’il aille plus vite.
-Non, je ne crois pas.
Le cœur de la guerrière s’effondra dans sa poitrine comme si un gouffre s’était ouvert sous elle, alors qu’elle hoqueta comme un poisson hors de l’eau. Elle tenta de bégayer quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche.
S'apercevant de sa réaction, le scientifique s’empressa d’ajouter ;
-Mais je travaille dans le département des armes cela dit, vous devriez tenter votre chance ailleurs. À quoi est-ce qu’elle ressemble ?
-C-c’est une lézarde, jaune, avec des pics sur le dos. E-erm, un dinosaure, un peu.
-Oui oui, mentit-il, ça me dit quelque chose. Sûrement au niveau de l’étude des colliers.
-C’est par où ? Demanda-t-elle brutalement, comme si elle était vraiment sur le point de l’agripper et le secouer jusqu’à ce qu’il lui donne la réponse.
-Par là, fit-il en tendant le bras vers un couloir. Mais, attendez, vous devez d’abord ven… Bon, erm… Il regarda Sans en cherchant de l’aide, et se heurta à un mur de glace. C’est bon, vous pouvez y aller. Juste, tâchez de revenir après, concéda-t-il devant le désespoir de la guerrière à la limite de l’hystérie.
Elle sembla sur le point de l’embrasser avant de le remercier avec profusion et de s’élancer vers la direction qu’elle lui avait indiqué. Le scientifique resta bouche bée durant un instant, avant de demander ;
-Elle est toujours comme ça ?
-C’est ce qui fait son charme, répondit Sans en reprenant la marche. On peut y aller ?
Le monstre en blouse secoua la tête ;
-Hum, oui oui, allons-y.

Undyne galopa dans les couloirs comme si sa vie en dépendait, torturant ses membres pour les pousser à leur maximum. Elle ne ressentait ni la douleur ni son souffle haletant, mais uniquement une intense pression, plus puissante, plus vrillante que tout ce qu’elle n’avait jamais ressenti.
Soudain, au détour d’un couloir, elle tomba sur une épaisse porte de verre. La délimitation était flagrante, et elle sut qu’elle avait trouvé son objectif ; au-delà, on avait troqué les murs blancs carrés pour des surfaces bleu clair modernes et stériles - aseptisées, vides -, les portes en métal pour des baies vitrées et les néons pour des lampes puissantes qui ne laissaient pas une ombre se dissimuler.
La guerrière enfonça la porte. On tenta de l’arrêter, mais elle repoussa tous ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin, sourde à leurs appels, hurlant à plein poumons le nom de sa bien-aimée. Elle parvint à s’arracher aux mains qui la retenaient, et se mit à arpenter le long couloir tel un chasseur traquant sa proie. Elle avançait mécaniquement, regardant consciencieusement toutes les cellules de verre de chaque côté. Certaines étaient complètement vides, d’autres contenaient des expériences ou des scientifiques étonnés.
Mais nulle part, aucune trace d’Alphys. À mesure qu’elle avançait, épuisant peu à peu les opportunités, elle s’étranglait un peu plus de douleur. C’était comme si la mort, attendant sagement son heure, s’amusait à tracer un bâton à la craie sur son cœur pour compter chaque pièce vide.
De plus en plus de scientifiques perplexes la suivaient, se bouchant les oreilles pour ne pas entendre les cris déchirants qu’elle poussait, auxquels elle était elle-même devenue sourde. Le nom de la lézarde retentissait sur les murs, faisant trembler les parois de verres et brisant ses cordes vocales, mais il n’y avait nulle trace de l’être chéri.
Le couloir fit un coude, révélant une nouvelle rangée de laboratoires miniatures. Et Undyne continua, infatigable, poussée par la force du désespoir. Elle fouillerait chaque pièce mille fois s’il le fallait, mais elle la trouverait, où qu’elle soit !
Elle entendait des murmures au loin, des gens qui essayaient de la saisir, de lui dire quelque chose, mais ils étaient autant de damnés la tirant en arrière, essayant de l'entraîner vers les enfers et de la priver du paradis qui était juste là. Elle pouvait le sentir, caché dans l’une des dernières cellules. Elle ne devait pas abandonner, elle ne devait pas laisser ces démons la détourner de son but sacré, de la lumière.
Sa respiration était lourde, sa vision se refermait peu à peu, comme sur le champ de bataille, comme lors d’une défaite. Désormais, ses cris n’étaient que de simples appels, ses foulées déterminés des pas difficiles prenant appui sur les murs. Non, non, elle devait aller plus loin. Elle devait se battre jusqu’à la mort, jusqu’à son dernier souffle, l’ennemi ne pouvait pas gagner. Ses pensées étaient une bouillie informe mais elles étaient orientées vers une seule et unique tâche, vers laquelle le corps entier de la guerrière était dévoué. Si elle n’avait dû consacrer sa vie plus qu’à une chose, c’était cette tâche déchirante.
Et soudain, le couloir tourna à nouveau, et la guerrière se retrouva face à un cul de sac. Ses appels étaient devenus des gémissements plaintifs, et ses jambes tremblaient. Elle se décolla un peu du mur, tanga jusqu’au centre du couloir, et se stoppa dans ses pas. Ses yeux se couvrirent de larmes, elle n’y croyait pas.

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21 juin 2018 à 21:12:24

5

Au travers de ses pupilles humides, Undyne vit une blouse blanche, de dos. Puis ses yeux se posèrent sur la tête aux écailles jaunes qui sortait du col, et les pattes plus lumineuses encore qui dépassaient par en dessous. Ses petites oreilles couleur soleil étaient couvertes par un casque rouge qui diffusait une musique entraînante - dont les faibles échos parvinrent à la guerrière - et elle dansait au rythme de celle-ci, agitant ses hanches sans gêne, sa petite queue frétillant sous sa blouse, sans savoir ce qu’il se tramait derrière elle.
Undyne tomba à genoux, noyant ses sanglots dans un rire nerveux. Dans la cellule de verre, des mains aux écailles de sable couraient sur la paillasse pour mener à bien quelque expérience. L’être dans la blouse rayonnait d’une telle chaleur, d’une telle lumière, que la femme poisson dû presque fermer les yeux pour ne pas être aveuglée. Elle crut que son cœur allait exploser face à tant de bonheur.
Alphys était complètement dans sa bulle, hors du temps, et Undyne aurait voulu vivre ce moment pour l’éternité. Les fredonnements musicaux qui sortaient de sa bouche étaient comme la plus grande symphonie de la Terre, les mouvements innocents de ses hanches la plus belle chorégraphie jamais inventée, et son dévouement total le plus délicieux tableau jamais entrepris.
La femme poisson était comme frappée par l’éclair ; pétrifiée mais parcourue d’un courant de sentiments presque infini. Tout se mêlait en elle, amour, bonheur, soulagement, peur, rage, désespoir. Elle n’osait faire quoi que ce soit, craignant que tout cela ne soit qu’un rêve, de briser cet instant béni, cette scène sculptée par la création.
Et puis Alphys se retourna, et Undyne crut qu’elle allait s'effondrer d’allégresse. Il y avait tant d’émotions que cela lui serrait la gorge, incapable de ressentir quoi que ce soit d’autre qu’une jouissance infinie.
La dinosaure remarqua d’abord les scientifiques étonnés et les gardes hors d’haleine qui venaient d’accourir. Puis elle baissa les yeux vers l’être qui était agenouillée à quelques mètres d’elle, comme une offrande divine, un cadeau descendu droit des cieux.
Alphys lâcha le tube à essai qui vint éclater au sol alors qu’elle eut un hoquet de surprise, écarquillant les yeux bientôt emplis de larmes. Elle sursauta puis se figea, incapable de comprendre ce que son regard lui présentait. Quand ? Comment ? La lézarde osa esquisser un sourire distordu par l’incrédulité et la joie, qu’Undyne lui rendit presque à l’identique. Leurs cœurs battaient si fort et leurs âmes étaient si agitées que les deux monstres crurent un instant les voir s’arracher à leurs poitrines pour fusionner. Mais non, les deux attendaient simplement de pouvoir être réunies, prenant leur mal en patience quelques secondes de plus.
Alphys fit un pas, puis deux, s’arrachant à l’immobilité forcée par l’émotion, avant fondre dans les bras de son âme sœur. Le geste parut réveiller la guerrière qui éclata en sanglots, serrant la lézarde de toutes les forces qui lui permettaient sa torpeur. Mais la scientifique n’en avait que faire, brûlant d’envie de sentir le contact d’Undyne contre elle, comme une drogue dont elle aurait été privée.
Les deux pleurèrent de tout leur saoul, vidant par là même toute l'inquiétude et le désespoir qui s’étaient emparés d’elles depuis leur séparation. Elles murmuraient des choses sans queue ni tête, caressaient le dos et la tête et le corps entier de l’autre, assoiffées du contact qu’on leur avait trop longtemps refusé.
-Comment…? Bafouilla Alphys.
-Partout, répondit Undyne.
-Quand ? Ajouta la lézarde.
-Hier…, fit la guerrière en enfonçant encore une fois sa tête dans l’épaule de sa bien-aimée.
-J-je ne savais pas. Si j’avais su…
-Shh, on est ensemble maintenant, murmura Undyne en séchant les sillons du visage de la scientifique. Tu m’as tellement manqué, ajouta-t-elle dans une nouvelle vague de sanglots.
-Moi aussi. Pendant tout ce temps j’ai cru… j’ai cru... j’ai cru que tu étais… Bégaya Alphys au travers des larmes.
-On est là maintenant. On est là. On est là… répéta-t-elle lentement, comme si elle n’osait accepter leurs retrouvailles, comme si elle n’osait se laisser aller au bonheur.
La foule restait muette, subjuguée par la scène qui se déroulait devant elle. Aucun n’osait interrompre leur étreinte aussi solide que le roc, leur communion inébranlable. Quelques-uns dans le cortège laissèrent couler quelques larmes, certains arborèrent un sourire, tandis que les autres étaient trop émus pour faire quoi que ce soit. Les gardes se regardèrent, ne sachant pas comment réagir, avant de se retirer en décidant qu’il n’était pas de leur ressort de briser l’atmosphère régnant dans la pièce.
Finalement, après une éternité pourtant trop courte, les deux amantes trouvèrent la force de se relever. Elles étaient perdues dans les yeux l’une de l’autre, ces pupilles si magnifiques qu’elles avaient cru ne jamais revoir.
Et maintenant quoi ? À peine s’étaient-elles retrouvées que déjà la vie les rappelait à leurs obligations, les forçant à se séparer à nouveau. Alphys devait reprendre ses recherches, et Undyne devait rejoindre l’autre scientifique afin qu’il lui fasse passer elle ne savait quelle batterie de tests. Mais la guerrière ne voulait pas quitter sa bien-aimée, elle aurait voulu rester là, pour toujours, changée en pierre pour résister à l’usure du temps s’il le fallait.
Alors que leur étreinte commençait à s’étioler, Undyne se creusait les méninges pour trouver un prétexte, n’importe quoi. Puis soudain cela la frappa : pourquoi son collier devait-il être observé par un scientifique de la division des armes, alors qu’elle avait une spécialistes des colliers juste en face d’elle ? Oui ! C’était cela ! L’idée était géniale, et elle rougissait déjà à la pensée des mains de la monstres qui s’affèreraient sur elle pour tenter de percer à jour le mystère.
-Hey. Tu… tu travaillerais pas avec les colliers au fait ? demanda-t-elle à Alphys, qui la regarda comme si elle était folle, ne comprenant pas d’où sortait cette question.
-Oui pourquoi ?
-Tu vois j’ai ce problème avec mon collier. J’en ai parlé à Adalric hier et, bon hum je te la fais courte, il m’a dit qu’il demanderait aux gars intelligents comme toi de voir où était le souci.
-Oui…? L’encouragea Alphys en fronçant les sourcils, un petit sourire se dessinant au coin de son visage.
-Et donc ce matin j’ai un mec qui vient me voir et donc je me suis dit qu’il allait voir mon collier. Mais en fait, il était en train de m'amener chez les gens qui s’occupent des armes, sauf qu’en fait t’es mieux placée qu’eux pour ça non ?
-C-c’est mon domaine oui, répondit la lézarde.
-Donc, erm, je me demandais si… Hum… Tu peux… erm… me… m’ausculter ? Demanda Undyne, ses joues s’empourprant autant que le casque d’Alphys qui avait fini par terre, et émettait toujours sa musique.
Son amante ouvrit la bouche, des étoiles dans les yeux.
-O-oui, bien sûr ! Tout de suite ! V-viens, mets-toi là !
Alphys la guida jusqu’à une table où elle la fit asseoir, entrant immédiatement dans sa peau de professionnelle. Undyne se laissa faire, trop heureuse de pouvoir sentir les mains de sa bien-aimée contre elle quelques minutes de plus. Et puis, elle aimait tant la regarder quand elle était prise par quelque chose ; elle avait cette expression de concentration intense si adorable qu’elle faisait fondre la guerrière sans même s’en rendre compte.
La dinosaure s’empara de quelques instruments et commença à fureter au niveau de la carapace posée la veille.
-Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Demanda-t-elle en effectuant quelques inspections de base. La scientifique savait les risques encourus par une protection défectueuse, et s’il y avait bien une personne pour laquelle elle aurait passé des jours à revérifier que tout était réglé à la perfection, c’était celle assise sur sa paillasse en ce moment même.
-Tu as entendu parler de ce qu’il s’est passé en ville il y a quelques temps ?
-Ah… fit Alphys alors qu’un voile lui passait devant les yeux. Je- Qu’est-ce qu’il t’a pris ? Demanda-t-elle avec inquiétude, la voix toutefois dénuée de tout reproche. Tu aurais pu te faire tuer ! C’est les seules nouvelles que j’ai eu de toi et- et...
-Hey, hey. Je suis là, d'accord ? Tout est fini, je suis en sécurité maintenant.
Undyne tenta de la rassurer comme elle put, réalisant soudain à quel point Alphys avait dû être morte d’inquiétude. La guerrière ne s’était absolument pas préoccupée de ce que son amante avait pu penser, de ce qu’elle avait pu imaginer, et maintenant qu’elle s’en rendait compte, elle s’en voulait énormément. Elle avait été si égoïste…
-Mais, pourquoi est-ce que tu as fait ça Undyne ?
-Justement, je n’ai pas eu le choix.
-Comment ça ? L’interrogea Alphys en lui lançant un regard d’incompréhension totale.
-J’avais déjà mon collier, et c’est une humaine qui m’a ordonné de tous les tuer. Je… Je ne m’y suis pas opposée, avoua-t-elle avec culpabilité, mais j’ai quand même pu les attaquer, et les tuer, alors que le collier aurait dû m’en empêcher.
-Impossible ! S’écria Alphys. C-c’est juste complètement impossible. Comment ? Tu avais déjà le collier, et tu as pu tuer des humains ?
-Oui oui, je te jure. Mais, enfin, c’est une bonne nouvelle, non ? Hésita Undyne en voyant son amie qui semblait affolée.
-Non ! Enfin, si ! Mais c’est juste que, c’est… Les monstres ne peuvent pas tuer des humains. Tu as utilisé ta magie ?
-Oui.
-Incroyable. Impossible.
-Comment est-ce que tu peux savoir que c’est impossible ? Ils ont peut-être juste fait une connerie en créant leur machine, et bam, en réalité tout le monde peut utiliser sa magie comme il veut si on trouve comment.
-J-je le sais, c’est tout, répondit Alphys en réalisant qu’elle s’était emportée. J-je je veux dire, toutes mes recherches se basent là-dessus e-et…
-Calme toi, répondit la femme poisson en lui prenant les mains. Inspecte bien mon collier, ça se trouve c’est juste un défaut de construction. Mais, ce serait quand même mieux que ça soit généralisé.
-O-oui, c’est sûr, fit la scientifique en soufflant un peu. Elle ramassa les outils qu’elle avait lâchés et se remit à l’ouvrage, tentant de percer à jour ce mystère qui recelait peut-être la clé de leur salut.

Johanna, quant à elle, était retournée au niveau des salles de commandes de la veille. Pour la première fois, elle remarqua les regards en coin, lourds de sens, qu’on lui jetait sur son passage. L’humaine se sentait mal à l’aise ; elle comprenait bien qu’elle n’était pas à sa place, et que personne n’était dupe.
Elle relu une nouvelle fois son résumé de mission. Johanna avait encore du mal à envisager l’ampleur de la tâche qui se présentait à elle. Mais elle savait qu’elle y parviendrait ; elle pourrait toujours compter sur son charisme pour donner l’impression qu’elle faisait du bon boulot. Après tout, elle savait bien persuader les marchands d’art de lui acheter ses œuvres, et un ado devait être moins dur à convaincre que ces vieux goutteux et snob.
Une fois arrivée devant la porte en métal, l’humaine donna quelques petits coups qui, surprenamment, firent un énorme bruit. Presque immédiatement, lui laissant à peine le temps de sursauter ou de se questionner sur la force employée, un grand garde baraqué lui ouvrit la porte, laissant juste dépasser la moitié de son corps. Un fusil était accroché le long de sa cuisse. Il la toisa d’un regard mauvais.
-C’est pour quoi ?
Johanna tendit le papier, se disant que ce serait probablement plus rapide que d’expliquer les raisons de sa venue. Le soldat lut les lignes en diagonales avant de lui faire signe d’entrer, non sans lui faire comprendre d’un regard glacial qu’il n’hésiterait pas à lui faire payer le moindre pas de travers.
L’humaine, ne sachant trop où aller, se dirigea d’un pas hésitant vers la table où ils avaient reçu leurs missions en arrivant. Quelqu’un était censé venir la chercher pour la briefer, mais il n’y avait nulle trace de qui que ce soit dans les parages.
Elle jeta des regards perdus aux alentours durant quelques minutes, vérifiant maintes fois qu’elle se n’était pas trompée sur l’horaire, avant qu’un général ou un officier ou quelque chose comme ça - elle n’était pas exactement spécialiste de la hiérarchie militaire - n’entre dans la pièce et se dirige vers elle d’un pas déterminé, plantant son regard dans le sien. Johanna ne put s’empêcher de noter mentalement son retard, mais s’avisa de garder la bouche fermée.

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21 juin 2018 à 21:14:22

6

-Bonjour, officier Hobs, fit l’animal qui devait être un opossum en lui tendant la main. Ou était-ce une fouine ? Elle n’en était pas sûre. L’étrangeté du fait que la plupart des monstres semblaient des versions humanoïdes d’animaux lui traversa l’esprit, mais l’idée s’effaça aussi vite qu’elle était arrivée.
-Bonjour, Johanna Teyssot, le salua-t-elle à son tour en saisissant la main tendue. Ce qui était sûr en tout cas, c’était que sa poigne était aussi dure que son expression.
-C’est vous qui êtes chargée de devenir l’assistante du fils Copperheinmer ? Demanda-t-il par protocole, se doutant bien qu’il n’y avait pas beaucoup d’humains alentours capables de remplir cette fonction.
-Oui, en effet, répondit Johanna.
-Bien, dans ce cas-là ne perdons pas de temps.
L’officier l’emmena dans un bureau adjacent, où ils furent plus au calme pour parler et se concentrer sur les détails du briefing.
-Alors, commença-t-il en joignant les mains, est-ce que vous avez déjà exercé ce métier ?
Johanna fit non de la tête, suite à quoi le monstre esquissa un rictus.
-Dans ce cas, il est plus que temps d’apprendre. Les bases sont vraiment très simples, et je doute fortement que vous aillez besoin de compétences avancées pour vous occuper d’un gosse.
-Il est presque majeur, objecta Johanna.
-Mais il ne travaille pas, ce qui signifie qu’on va vous payer pour vous tourner les pouces quatre-vingt-dix pourcents du temps, et pour appeler le médecin, un professeur, ou organiser une soirée pendant le reste.
Johanna s’agita sur son siège. Organiser une soirée ? Ce n’était pas vraiment son style ; déjà que quand elle était au lycée elle avait de la chance quand on l’invitait à une soirée…
-Ce qui nous arrange, reprit le monstre, étant donné que vous aurez tout le temps d’apprendre ; et d’effectuer des missions pour nous. Car c’est tout de même de cela votre objectif principal : nous servir de porte d’entrée - de cheval de Troie - dans la famille Copperheinmer.
-D'accord mais, qu’est-ce qu’il se passe si je me fais prendre ?
-Ne vous en faites pas, ça n’arrivera pas. Vous étiez bonne pour apprendre des poésies à l’école ?
-Hum, oui ? Enfin, ça allait.
-Et bien considérez ce job comme apprendre des poésies ; vous aurez juste à retenir les infos que vous voyez passer, les évènements importants ou hors de l’ordinaire, et nous faire un rapport le soir. Ou, de temps en temps, brancher malencontreusement une clé USB infectée à votre insu sur l’un de leurs ordinateurs. Mais cela viendra plus tard.
Présenté sous cet angle, le travail semblait facile. S’il s’agissait juste de transférer des informations, elle pourrait probablement s’arranger pour entraîner sa mémoire ou quelque chose comme ça.
L’officier en vint ensuite à lui expliquer dans plus de détail ce à quoi elle occuperait officiellement ses journées. Johanna fit du mieux qu’elle put pour tout retenir, accordant plus de place dans son esprit aux tâches qui lui semblaient nouvelles ou complexes. Malheureusement elle n’aurait pas le temps de s’entraîner mais, comme l’avait dit son interlocuteur, sa charge de travail devrait rester relativement faible. Johanna n’avait jamais vraiment été du genre job de bureau - justement parce qu’ils étaient soit trop stimulants, soit trop peu - mais ce n’était pas comme si elle avait vraiment le choix. La résistance avait besoin qu’elle assume ce travail, alors elle le ferait. Car malgré l'attitude d’Adalric et l'accueil plutôt froid, l’humaine savait que les membres de la résistance étaient pour la plupart de pauvres âmes qui n’avaient rien demandé, des gens bien que les évènements avaient forcé à prendre les armes.
-Dites-moi Johanna, s'interrompit le monstre, est-ce que vous êtes gentille ?
-Excusez-moi ? Répondit l’humaine, interloquée par la question qui sortait de nulle part.
-Voyez-vous, c’est mon métier de prévoir - et parer à - chaque éventualité possible. Et, malheureusement, je crains que vous ne vous liiez trop à votre employeur, et que vous n’ayez des remords à le trahir plus tard.
-Comment ça ? Je suis totalement dévouée à la cause des monstres ; j’ai parfaitement vu ce que leurs produits ont causé, et pour le dire poliment, je ne les porte pas dans mon cœur.
-Ce n’est pas cela qui m’inquiète - et soyez assurée que, si l’idée vous prenait de pactiser avec l’ennemi, nous serions prompts à vous rappeler que nous détenons votre nièce. Non, ce que je crains, c’est que vous réalisiez que, finalement, Victor et Oscar Copperheinmer sont des humains comme les autres.
-Que voulez-vous dire ? Répliqua froidement Johanna, n’appréciant ni le sous-entendu, ni l’insulte à son espèce.
-Vous les voyez comme une famille fondamentalement cruelle. Pour prendre un exemple que vous comprendrez, vous les voyez comme s’ils étaient la famille de, hum... Hitler ? C’était bien cela son nom ? Bref, vous les détestez car dans votre esprit vous les désignez comme des êtres abjects et dépourvu d’humanité. Mais ce que vous allez vite réaliser à force de les côtoyer, c’est que dans leur vie de tous les jours, ils sont absolument banaux. Et j’ai peur que vous n’en oubliez votre aversion. Vous ne les haïssez pas de tout votre être comme nous les monstres - et je ne vous en veux pas, comment le pourriez-vous ? Vous ne les haïssez qu’intellectuellement, par empathie pour nous - ce qui est déjà bien. Mais, ce que j’essaye de dire, c’est que j’ai peur que vous n’ayez une seconde d’hésitation en trop au moment fatidique, cette seconde qui peut tout faire basculer, parce que votre intellect et votre pitié naturelle à l’égard de vos semblables entreront en conflit. Je ne doute pas qu’ultimement, vous ferez ce qui est bon, mais je crains que vous ne le fassiez trop tard.
Johanna resta silencieuse une seconde, avant de verrouiller les yeux de l’officier dans les siens et de répondre avec la plus grande fermeté.
-Écoutez-moi bien, monsieur Hobs. Il n’y a pas de “pitié naturelle” avec des gens comme ça. Peut-être que chez les monstres, c’est comme ça que cela fonctionne, mais les humains sont des créatures bien plus simples. Si nous haïssons quelqu’un, nous n’avons aucun scrupule à lui nuire, même si cette haine nous provient d’une longue chaîne empathique. Non, ce que j’essaye de vous dire, c’est que les humains aiment nuire à ceux qu’ils haïssent. Car les humains adorent la vengeance. Et la haine est d’autant plus forte qu’elle nous vient d’un événement proche de nous. Pour vous donner un exemple, si quelqu’un fait du mal à nos proches, nous allons prendre du plaisir à infliger à ce quelqu’un le même mal. En l'occurrence, je crois que vous ne mesurez pas les soirées que j’ai passées à entendre ma nièce pleurer sans pouvoir rien y faire, à rester impuissante face à son regard voilé par la tristesse et la culpabilité. Je crois que vous ne mesurez pas à quel point l'événement est proche de moi. Et vous n’imaginez pas à quel point j’aime secourir les vôtres, à quel point j’aime me venger des colliers, et à quel point je vais aimer poignarder dans le dos ces raclures.
Un lourd silence s’installa dans la pièce. L’officier Hobs regarda Johanna dont le souffle s'apaisait peu à peu avec une surprise non dissimulée, qui se mua bientôt en sourire satisfait.
-Bien. Il se peut que j’aie conçu des doutes superflus à votre égard. Mais désormais que je suis assuré de votre loyauté, j’ai la plus grande confiance en vous.
Il se leva, faisant mine de raccompagner Johanna à la porte.
-Toutefois, si je puis vous donner un conseil, n’usez pas du même ton demain ; vous risqueriez de leur faire peur. Exprimez plutôt cette rage de façon constructive, en expliquant à quel point vous serez dévouée à votre job ou ce genre de choses.
-Ne vous en faites pas, répondit Johanna en se levant pour rejoindre la porte, je compte bien obtenir ce travail.
-Prions madame Teyssot, prions.

Juste après le petit déjeuner, après qu’Undyne et Sans se soient absentés pour aller chacun vaquer à leurs occupations, Frisk et Asgore restèrent en tête à tête à table. Lui n’avait rien de particulier à faire, et ses cours à elle ne commençaient pas avant un moment.
-Alors, ça te plait ici ? Demanda le roi.
La jeune fille regarda pensivement autour d’elle, posant les yeux sur tous les groupes de monstres encore en train de manger ou de glaner quelques minutes de repos. Finalement, elle revint plonger ses yeux pleins de douceur dans ceux de son père.
-Oui, c’est vraiment bien ici. Ça me fait plaisir de voir tous les monstres en liberté, un peu comme avant.
-Tu sais, répondit Asgore aux yeux soudain voilés de Frisk, bientôt ce sera comme ça partout. Bientôt les monstres pourront se balader à la surface comme ils le voudront, sans limites.
-Tu y crois vraiment ? Demanda la petite fille avec une certaine maturité. À son grand désarroi, elle n’était pas dupe. Désarçonné, Il répondit ;
-Oui, j’en suis sûr… Je veux dire, ce ne sera pas immédiat, ce sera dur, mais un jour, nous serons libres.
-Je l’espère. Je l’espère tellement. Mais je connais les humains, papa. Je sais comment ils sont.
-Oui, mais si tu regardes bien l’histoire humaine, à chaque fois qu’il y a eu des opprimés, ils ont brisé leurs chaînes.
-Peut-être, mais ils étaient humains. Et donc certains oppresseurs avaient de l’empathie, étaient dans leur camp. Mais nous papa, qui est dans notre camp ?
Le roi ne sut que répondre, se sentant soudain lui-même naïf. Non, ce n’était pas juste, il le savait. La plupart des humains étaient juste indifférents. Mais en même temps, est-ce qu’il ne s’était pas lui-même convaincu d’un doux mensonge ? Et qu’est-ce qui lui faisait croire qu’ils allaient soudain se joindre à leur combat ?
-Frisk… rétorqua le roi. J’ai bien connu les humains, il y a longtemps. Et ils n’ont pas changé aujourd’hui ; tout ce qu’ils veulent, c’est le contrôle, le contrôle sur ce qu’ils ne comprennent pas. Mais pas un contrôle dans le sens d’une domination, non, ce qu’ils veulent c’est être à l’abri. Ils ont peur, s’ils nous laissent libres, de perdre le contrôle de la situation - que nous nous retournions contre eux, que nous leur faisions du mal. Mal qu’ils auraient pu prévenir eussent-ils eut le contrôle. Ils veulent être capables de diriger, pour pouvoir prévenir ce qui leur fait peur. Mais, leur philosophie est curieuse, car dès qu’ils ne considèrent plus quelque chose comme une menace, ils s’en désintéressent. Donc, nous n’avons qu’à leur montrer que nous ne sommes pas des menaces, que nous sommes comme eux, que nous avons les mêmes intérêts qu’eux, qu’au fond, nous partageons tous la même âme, et ne différons que par nos corps. Il faut qu’ils nous voient comme des êtres raisonnable, et non pas comme des bêtes indomptables.
La jeune fille ne répondit rien, méditant sur les paroles du roi. Elle comprenait son point de vue - et quelque part, il avait raison - mais quelque chose en elle lui criait que la conclusion n’était pas juste, qu’il manquait une étape de raisonnement. Puis soudain, cela lui vint.
-Sauf que souvent, pour mettre fin à une menace, les humains ne prennent pas la peine de réfléchir au pour et au contre, de soupeser chaque solution pour trouver la meilleure. Ils font beaucoup plus appel à leur sentiments, à leur instinct - je le sais, j’ai moi-même ressenti ça en tombant la première fois, avoua-t-elle. Et leur instinct leur crie une seule chose, d’aller au plus simple : une menace anéantie est une menace qui n’est plus à craindre. Et si nous sommes la menace, murmura-t-elle d’une voix blanche, intimidée par la portée de son propre raisonnement, j’ai bien peur qu’ils ne se fatiguent pas à chercher une voie plus complexe.
Asgore la prit par les épaules, doucement, et la regarda droit dans les yeux. Puis il prit une voix ferme, une voix qui ne pouvait dire que la vérité, l’évidence, mais une voix qui était aussi posée, rassurante.
-Frisk, ce dont tu as peur, ils l’ont déjà fait. Nous n’avons plus rien à craindre, puisque nous ne pouvons tomber plus bas. Ils nous ont déjà anéantis. Et maintenant, tel le phénix, nous devons nous battre pour renaître. Déjà la vision des humains change, déjà ils s’habituent à notre présence. Bientôt nous ferons partie du décor, et alors à ce moment-là notre force de frappe sera la plus grande ; car les humains ne craignent pas ce qui est banal : une menace banale n’en est plus une, à peine une épine dans le pied. Et quand ils réaliseront qu’ils auront beaucoup plus la paix en nous libérant, alors ils le feront.
-J’espère que tu as raison, soupira la jeune fille. Honnêtement, je ne sais plus quoi penser…
-Ne t’en fais pas, lui conseilla le roi. Tu es bien trop jeune pour te préoccuper de tout ça. Concentre toi plutôt sur ton travail à l’école - j’espère d’ailleurs pour toi que tu ne considères pas notre engagement comme des vacances, j’y veillerai personnellement ! L’éducation est importante, Frisk, car notre peuple aura besoin de jeunes personne intelligentes et ambitieuses si nous voulons prospérer.
-Oui papa, je ferai de mon mieux.
-Je suis fier de toi ma fille.
-Merci papa.
C’est important d’être éduquée ; surtout pour une future reine, pensa le roi. Il n’avait pas envie de penser à sa succession, pas maintenant, mais la question devait bien se poser un jour. Asgore n’était pas sûr que la monarchie soit le meilleur système pour guider le renouveau de leur peuple cela dit, et les humains avaient de très belles alternatives liant royauté et pouvoir démocratique. En plus de cela, et bien qu'il considérait absolument Frisk comme sa propre fille, il n’était pas certain qu’une humaine soit la personne la plus apte à gouverner un peuple de monstre. Il ne doutait pas des capacités de sa fille, ni de sa dévotion pour sa race adoptive, mais il doutait de la réaction des siens. Et il se demandait si une humaine pourrait pleinement embrasser ce que c’était d’être un monstre - même si elle avait été élevée comme tel depuis son plus jeune âge, elle ne pouvait pas ressentir au plus profond d’elle ce que cela faisait. Cela dit, peut-être qu’elle choisirait comme compagnon un monstre respectable, et que le problème se règlerait de lui-même. Il poussa un long soupir pour lui-même en repensant à Asriel et Chara ; quel magnifique couple souverain ils auraient fait, capables à la fois de comprendre les problématiques d’un peuple et de l’autre... Mais il s’interdit de penser davantage à eux ; le passé était le passé, et il n’était d’aucun recours de le ressasser, Asgore ne le savait que trop bien.
S’arrachant à ses considérations étatiques, auxquelles le roi aurait tout le loisir de revenir plus tard, il se ramena à la réalité. L’heure avait tourné, et il était quasiment temps de déposer Frisk en cours. Le temps de se changer et de trouver le chemin, il avait presque peur d’arriver en retard.

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Niveau 10
21 juin 2018 à 21:16:38

7

L’avantage d’un petit système autogéré comme celui de la résistance était qu’il n’y avait nul besoin de remplir une flopée de papiers en tous genres. À l’arrivée de Frisk et Asgore, la directrice de l’école improvisée les attendait, et les prit à l’écart quelques instants.
Elle leur expliqua qu’ils avaient l’habitude d'accueillir des élèves en cours de cursus, étant donné que les familles arrivaient de façon sporadique et imprévisible. La monstre avait l’air très avenante et paraissait prendre au sérieux le bien-être de ses élèves, si bien que le roi ne se faisait aucun souci. En plus de cela, elle ne semblait faire aucun cas de la race de Frisk, ce qui importait énormément.
Asgore ne pouvait s’empêcher de voir sa femme au travers de la gentillesse apparente de la directrice. Il reconnut la dévotion envers les plus jeunes dont brûlait Toriel, se souvenant de la passion qu’elle investissait dans leurs visites plus que fréquentes aux écoles du royaume. Malgré cela, la monstre ne lui disait rien - mais en même temps, il ne s’était pas rendu dans une école depuis longtemps…
Il chassa rapidement ces pensées, et chercha à écourter l'entretien. Le roi s’assura simplement que l’admission de Frisk se passerait dans les meilleures conditions, avant de s’éclipser pour ne pas avoir à subir davantage les affres de sa mélancolie.
La directrice guida alors la petite humaine jusqu’à une des salles de classe. La jeune fille était taciturne, et la monstre posa une main délicate sur son épaule pour la détendre un petit peu ; Frisk s’inquiétait de l'accueil que ses semblables lui réservaient, sachant pertinemment que les nouveaux devaient redoubler d’efforts pour s’intégrer.
La porte s’ouvrit sur le début d’une leçon. La directrice s’excusa du dérangement alors qu’une vingtaine de regards se tournaient vers la jeune humaine, qui n’hésita pas à les soutenir. La première chose qu’elle remarqua fut l'hétérogénéité totale. Dans son collège, il y avait un peu de diversité ; mais ici, parler de diversité était un euphémisme.
Des murmures fusèrent de partout, et Frisk parvint à glaner quelques mots ; humaine, pas normale, comment, dangereuse. Elle fit de son mieux pour ravaler la boule qui se formait dans sa gorge, alors qu’elle était forcée de subir le supplice de la présentation.
Les deux adultes parvinrent à rétablir le silence au prix de lourds efforts, avant que la directrice ne prenne la parole ;
-Je vous présente votre nouvelle camarade, Frisk. Sa famille vient de nous rejoindre, et je compte sur vous pour lui montrer l’hospitalité dont les monstres savent faire preuve en l’accueillant chaleureusement.
L’humaine en profita pour regarder un peu mieux les adolescents de sa classe, pour prendre un peu mieux la température. Elle s'aperçut avec une certaine surprise que les âges variaient fortement, s'étalant sur plusieurs années. Mais, finalement, ce n’était pas si surprenant ; les ressources étaient limitées et il était plus logique de faire des groupes moins restrictifs.
Mais, à part cela, il n’y avait pas grande dichotomie à faire. Il aurait été plus rapide de lister les rares points communs que les différences, chaque élève étant incomparable aux autres. De fait, elle était incapable de lire, même grossièrement, les tendances d’affinités entre les jeunes, ou envers elle. Il n’y avait pas de groupes sortant clairement du lot, pas de gang des populaires, des sportifs, ou des intellectuels évidents à distinguer.
Ils la regardaient comme si elle était une bête de foire. Certains étaient curieux, d’autres manifestaient un dégoût à peine dissimulé, tandis que d’autres avaient l’air d’être simplement ennuyés. La directrice décida de ne pas les interrompre plus longtemps, et laissa Frisk seule pour mener sa bataille.
La jeune fille resta plantée là, tendue et gauche, avant de réunir suffisamment de courage pour arpenter les allées qui auraient aussi bien pu siffler sur son passage. Elle avisa une table vide au fond de la classe ; la table du paria. Mais en même temps, qu’était-elle de plus que cela ? Pour la première fois, elle ressentit pleinement, telle une claque en plein visage, ce que c’était d’être différent.
La leçon reprit - un cours de maths en plus -, mais elle était incapable d’écouter quoi que ce soit. Frisk ne cessait de réfléchir à comment elle pourrait s’intégrer au groupe des monstres. La jeune humaine était déprimée par la réaction de ses pairs : elle qui n’aurait pas pu se sentir plus à sa place ailleurs était désormais rejetée par tous. Enfin elle regagnait un peu d’espoir, enfin elle avait l’impression de trouver un endroit où elle se sentait à l’aise, mais pourtant personne ne semblait vouloir partager sa félicité, bien au contraire
Tout au long de l’heure, les autres élèves ne cessèrent de se retourner pour lui jeter des coups d’œil en coin, comme si elle ne s’en apercevait pas… Frisk tenta bien d'initier un contact, mais à chaque fois que ses yeux s’approchaient de ceux d’un autre élève, celui-ci prenait bien soin de ne pas croiser son regard.
Sans grande surprise, lorsque la cloche sonna et que les élèves purent sortir prendre une pause, personne ne vint la voir ou lui parler. Les conversations s’arrêtaient sur son passage, et les groupes se fermaient à sa présence.
Alors elle s’assit dans un coin, en attendant que l’un d’entre eux ose approcher la bête sauvage. Cela lui laissa un peu plus de temps pour observer ses pairs, et elle s'aperçut à sa plus grande tristesse que la plupart d’entre eux portaient déjà des colliers. Heureusement, personne ne semblait s’en préoccuper ; visiblement, il n’y avait pas les mêmes discriminations que dans les établissements humains, où les plus purs, les sans colliers, n’auraient pas manqué d’exploiter cette opportunité pour atteindre le haut de la chaîne alimentaire.
Soudain, elle remarqua que quelqu’un l’approchait. Tous les regards étaient fixés sur lui, mais il avait l’air de s’en moquer complètement. Le monstre se planta devant elle qui était assise, la dominant de son corps jaune, rayé et sans bras.
Lorsqu’elle le reconnut, un grand sourire s’empara du visage de Frisk. Il avait un collier, mais il était en vie. Elle n’aurait pas cru retrouver ici l’un des seuls monstres avec qui elle avait eu le temps de tisser des liens - en dehors de sa propre famille - mais réalisait à quel point cela lui faisait chaud au cœur.
-Hey, lui dit-il. Lui aussi semblait heureux, mais elle remarqua que sa voix et son visage s’étaient durcis. L’humaine s’en affligea, voulant croire que ce n’était que la puberté…
-Hey, lui répondit-elle gentiment. Ils se toisèrent quelques instants, avant que le monstre ne vienne s’asseoir à côté d’elle. Puis ils restèrent là, seuls contre tous, Frisk infiniment reconnaissante de trouver en lui un allié pour la soutenir.

Asgore, de son côté, était reparti vaquer à ses occupations, qui consistaient à attendre l’heure fatidique où il devrait rendre espoir à tous ses sujets. Les idées s’agençaient peu à peu dans sa tête, les phrases prenaient tournure et les paragraphes s’élevaient tels d’épais murs de pierre, chargés de protéger les monstres des assauts de la misère.
Désormais, il n’avait qu’une hâte : gravir les marches de l’estrade pour enfin pouvoir se décharger de son fardeau. Adalric avait été bien sympathique de lui confier cette tâche…
Alors il était retourné dans sa chambre, laissant le temps passer tandis qu’il couchait ses pensées sur le papier. Au moins, si son charisme désertait, il pourrait toujours se rabattre sur ce plan de retraite.
Enfin, l’estomac du roi le tira de sa concentration. Il réalisa qu’il était l’heure d’aller manger, et qu’il allait donc bientôt devoir déclamer son discours. Asgore se rendit au réfectoire, mangeant seul étant donné que personne dans leur groupe n’avait jugé bon de s’accorder sur un horaire de déjeuner. Le repas était passable, mais il devrait bien s’adapter étant donné que la qualité ne s’améliorerait probablement pas de sitôt.
Le ventre plein et la boule au ventre, le roi prit une profonde inspiration avant de se rendre dans le hangar où il était arrivé la veille. Une scène avait été dressée, et on n’avait pas lésiné sur sa qualité ; micro, enceintes, projecteurs - aucun monstre ne pourrait le louper. Quelques-uns l’y attendaient d’ailleurs déjà, dont le corbeau, qui lui lança en guise de salutations ;
-Prêt ?
-Bien sûr, ne t’en fais pas ce n’est pas la première fois que je parle en public.
-Je le sais bien, j’ai totalement confiance en toi.
Il passa rapidement dans les mains des autres monstres, qui s’assurèrent dans une pièce adjacente que sa coiffure, son poil et ses vêtements imposaient la prestance de rigueur. Le roi se félicita d’avoir eu la présence d’esprit de passer la tenue la plus officielle dont il disposait. Ce n’était pas son armure et sa cape dont il aurait aimé sentir le poids rassurant sur ses épaules, mais cela ferait l’affaire.
-Bien, ils t'attendent, lui dit Adalric alors que le roi se levait du fauteuil où on l’avait installé. Asgore prit une grande inspiration, bomba le torse, arbora son expression la plus sereine, et sortit.
L’estrade n’était qu’à une dizaine de pas, qu’il franchit d’une enjambée. Le roi monta ensuite sur le podium en sentant la chaleur des soleils artificiels braqués sur lui. La foule était dense à ses pieds, comment autant de monde avait pu se réunir si vite ?
Maintenant qu’il était dans l’œil des caméras, le roi n’avait plus peur. Le stress l’avait quitté, laissant place à toute l’intelligence que nécessitait une telle oraison.

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Niveau 10
21 juin 2018 à 21:17:54

8

-Mes frères, commença-t-il d’un voix forte qui fit taire la foule, nous sommes aujourd’hui dans une période unique de notre histoire, une période charnière, une période qui définira notre avenir à tous. Nous sommes sur le point de construire le futur de notre race, le futur dans lequel vivront nos enfants, le futur dont nous avons toujours rêvé.
Les monstres restaient silencieux, avides de ses paroles et de voir où il comptait en venir.
-Oui, ce futur radieux est à notre portée. Nous en sommes plus près que jamais. Nous n’avons qu’à tendre la main pour le frôler. Libres, arpentant la surface comme bon nous semble, nous baignant dans la douce chaleur du soleil qui nous a si longtemps manqué.
Les spectateurs se laissaient guider dans cette vision éclatante. Asgore se tut un instant, laissant chacun en profiter quelques secondes, avant que sa voix sombre ne tombe tel un couperet.
-Mais une force nous l’a arraché ! Une force a retenu notre main prête à saisir cet avenir. Et cette force, mes frères, cette vile force, ce sont les hommes ! Nous étions en pleine ascension, mais ils n’ont pas hésité à nous écraser ; car si plein d’espoir que nous étions, nous avons baissé notre garde. Mais cela n’arrivera plus !
Un cri d'approbation retentit dans la foule.
-Plus jamais nous ne nous laisserons aveugler par nos rêves, plus jamais nous ne nous laisserons ramollir par l’approche de la réussite. Nous avons commis cette erreur une fois, et les humains en ont profité. Bien leur en a pris, car jamais plus nous ne leur laisserons une telle opportunité ! Ils ont saisi leur chance, mais c’était bien l’unique dont ils disposaient, et dont ils ne disposeront jamais.
Le roi reprit, d’une voix plus posée ;
-Alors, mes frères, si nous voulons atteindre ce futur dont nous rêvons tous, nous devrons nous battre. La liberté ne nous sera pas donnée, mais nous la prendrons. Nous nous battrons, sans relâche, jusqu’à ce que nous ayons récupéré tout ce qu’ils nous ont prit ! Bientôt, mes frères, bientôt, nous serons libres. Car les humains sont faibles, ils sont sournois, ils n’ont gagné que parce nous les avons laissé faire ! Ils nous ont séparés, ils nous ont forcés à fuir, ils nous ont tués un à un. Mais désormais nous sommes ensembles, nous sommes unis, nous ne formons qu’un ! Un seul être prêt à arracher le flambeau de la liberté et le dresser si haut que nul ne pourra jamais nous le ravir.
-Nous avons vécu une longue nuit ; d’abord sous terre, puis à la surface. Nous avons cru que voir le soleil ferait se lever le voile qui nous étouffait, et nous ne nous étions donc pas préparés. Nous n’étions pas prêts à affronter les hommes. Mais aujourd’hui nous le sommes ! Aujourd’hui, les humains pensent avoir gagné, mais ils ne pourraient pas être plus loin de la vérité. Ils se sont endormis durant la nuit qui a pesé sur nous. Ils ont cru que nous ne nous relèverions jamais, tandis nous avons lutté. Ils pensaient nous avoir vaincu, tandi que que nous résistions. Et nous allons gagner ! L’obscurité bat en retraite ! Le jour se lève et l’avenir nous sourit, mes frères, car après avoir enduré dix mille ans de souffrances, nous sommes sur le point de triompher des humains ! Il ne peut en être autrement, car le jour succède toujours à la nuit. Et le jour est éternel, notre jour sera éternel !
-Aujourd’hui, je sens vos âmes battre à l'unisson. Je sens votre espoir et votre détermination rayonner. Et nous devons nous en servir ! Nous devons user de cette force pour créer le monde que nous trouvons juste ! Nous devons nous soulever, plus que jamais, contre le mal qui souhaite détruire nos vies, nos familles, notre bonheur !
-Alors, mes frères, vous battrez vous ? Il ne tient qu’à nous de faire de ces rêves une réalité ! Grâce à la résistance, nous sommes unis, nous sommes forts, nous sommes invincibles, pour peu que nous restions déterminés. Soyez déterminés mes frères, gardez espoir, car votre détermination nourrira le feu de la victoire !
Un cri d’exaltation parcourut la foule, rendue frénétique par les paroles du roi. Elle scandait des ovations, hurlait sa rage et tremblait d’espoir. Chacun s’accordait avec son voisin sur l’utopie qui les attendait. Le roi leva les bras pour ramener le silence, et la foule se tut, suspendue aux lèvres du souverain.
-La machine de la résistance est en marche, et tant que nous gardons espoir, rien ne saura l’arrêter. Tant que nous continuerons à nous battre, nous ne pourrons que gagner. En ce moment même, des dizaines de scientifiques s’acharnent sur nos colliers pour trouver un moyen de les enlever purement et simplement, et ils sont en train d’y parvenir ! En ce moment même, nos soldats sont en train de s’entraîner, nos ouvriers de construire, nos ingénieurs de créer des machines incroyable, et tous ensemble nous formons un magnifique char de guerre qui écrasera un à un tous ses ennemis. Voyez comment, malgré toutes les difficultés, malgré les horreurs que nous avons subies, les humains n’ont pas réussi à nous faire plier. Voyez comment nous nous sommes toujours relevés, et prenez exemple, pour vous relever mille fois encore s’il le faut, car la fois d’après, nous ne tomberons plus. Voyez comment les humains pensent nous avoir terrassés, alors qu’ils n’ont fait que repousser un futur inévitable. Contemplez la puissance de notre race, notre race immortelle, invincible !
-Aujourd’hui, mes frères, nous sommes à l’aube d’un futur radieux. Et je vous en fais la promesse, comme je vous ai promis que nous reverrions le ciel, ce futur brillera bientôt de son zénith pour l’éternité ! Vive la résistance, vive la liberté, et vive les monstres !
-Vive les monstres ! Reprirent les spectateurs d’une seule voix qui résonna dans le hangar. Vive la résistance ! Scandèrent-ils d’une même voix, portés par la même force.
Asgore en aurait presque eu les larmes aux yeux. Il était ému devant la détermination de ce peuple soudé, de ce peuple prêt à tout pour récupérer ce qu’on lui avait pris. Il savait qu’il avait rempli sa mission, qu’il avait rempli le cœur de ses semblables d’espoir et de rage ; la rage de vaincre, le carburant de la révolution.

Sans promenait ses yeux sur les écrans face à lui, tâchant de glaner un maximum d’informations dans le texte qui défilait. Il avait passé la matinée à faire la connaissance des autres scientifiques, abandonné par Undyne qui n’était jamais revenue le sauver de son profond ennui, et tâchait maintenant de se familiariser avec le box qu’on lui avait attribué. Il était content pour son amie malgré tout, car il se doutait que si elle était encore là-bas, c’était qu’elle avait dû trouver ce qu’elle cherchait.
Le silence qui régnait dans le laboratoire était une douce musique aux oreilles du squelette qui avait dû endurer toutes ces présentations. Heureusement, les autres scientifiques avaient déserté pour aller manger, et écouter le discours d’Asgore qui se passait apparemment en ce moment même. Sans n’avait pas voulu les suivre, voyant là l’occasion inespérée d’avoir un peu de calme.
Il s’était donc installé devant un ordinateur, et fouillait rapidement la base de données des projets en cours. On l’avait attribué au secteur s’occupant des armes, et il trouva donc tout un tas de plans plus ou moins réalistes de matériel militaire, ainsi que des théories sur divers moyens d’exploiter la magie ou d’outrepasser les restrictions des colliers, mais qui n’aboutissaient sur rien de concret. Trop souvent, des notes de services indiquaient qu’un projet magique avait été abandonné faute de résultats de la part du pôle dédié aux colliers, et Sans se doutait que les mêmes notes devaient figurer dans leur division à eux, mais mettant en cause l’autre service.
S’il y avait bien quelque chose qui ne lui avait pas manqué durant ces années passées avec la blouse au fond d’un placard, c’était cet esprit de rejeter la responsabilité sur les autres. En commençant à travailler pour le laboratoire royal, il était plein d’espoir envers la science, mais le squelette avait rapidement réalisé que la discipline n’avait pas échappé aux nombreux défauts des gens qui la pratiquaient.
Le seul chez qui il avait trouvé le vrai esprit d’un grand scientifique, ou du moins l’idée qu’il s’en faisait, était chez le scientifique royal de l’époque en personne. Lui n’en avait que faire des mesquineries et dédiait toute son âme à la science, si bien que Sans avait bientôt finit par ne jurer que par lui. Le scientifique était devenu son mentor, un père adoptif qui lui enseignait chaque jour davantage les subtilités de sa discipline.
Le squelette était rapidement devenu son assistant personnel, et ils avaient mené de grands projets ensemble. Dont l’un des plus ambitieux du genre monstre, qui avait coûté la vie au plus grand esprit de tous les temps, et failli ravir également celle de son héritier. Sans avait bien tenté de poursuivre le chemin initié par Gaster, mais la passion avait été engouffrée par le Core en même temps que le maître, et le squelette avait donc décidé de passer à autre chose. Il aurait aimé faire vivre la mémoire de son mentor au travers de grandes découvertes ou inventions, mais n’en trouvait plus la force.
Peut-être cela allait-il changer aujourd’hui ? Obligé de revêtir l’habit rituel, Sans sentait se réveiller en lui les automatismes si souvent pratiqués et jamais vraiment oubliés. Tels des tatouages, ils restaient gravés dans sa mémoire, indélébiles malgré le passage du temps. Il avait toutefois l’impression de trahir son maître en se consacrant aux armes - Gaster ne s’était consacré qu’à un seul projet militaire durant toute sa prolifique carrière, mais bon sang, quel projet ! Le génie avait été infusé dans les armes à son nom, aussi bien littéralement que métaphoriquement. Et peut-être que si Sans trouvait le moyen de reproduire ces blasters, ils n’auraient plus jamais de problèmes d’arsenal. Mais encore fallait-il comprendre comment il s’était débrouillé. Et pour cela, pas beaucoup d’options ; il allait devoir faire de la rétro-ingénierie. Super… se réjouit Sans, qui ne disposait que d’un nombre limité de spécimens. En plus, les blasters étaient à la fois vivants - dans un certain sens - et machines, ce qui rendait leur démontage absolument irréversible…
Le squelette soupira, peut-être devrait-il plutôt se concentrer sur quelque chose de plus simple, de plus réaliste. Pourquoi pas reprendre un projet abandonné ou rejoindre un programme en cours ? Le temps de se familiariser avec l’environnement et ses collègues…
Sans se balança sur sa chaise. Peut-être aussi devrait-il aller voir Alphys pour rattraper le temps perdu et éventuellement coopérer. Il espérait vraiment qu’il ne s’était pas trompé en déduisant que la dinosaure avait survécu.
Il soupira à nouveau, un long soupir. Il y avait tellement de questions, tellement d’incertitudes. Il n’était même pas sûr d’être encore vivant à la fin de l’année, alors à quoi cela pouvait bien servir de commencer tout un tas de projets ? Comment se projeter vers l’avenir quand le présent était si tumultueux ?
Finalement, le squelette décida de se lever pour aller faire autre chose. Il se connaissait, s’il restait dans ce bureau à penser à l’avenir, il allait s’enfoncer incontrôlablement dans le nihilisme et la métaphysique, ce qui ne lui ferait aucun bien.
Aller faire quoi cela dit ? Ses pas le guidèrent devant la porte du laboratoire, mais ensuite ? Tant qu’il était en blouse, se dit-il, autant rester dans le coin. Sans prit donc la direction dans laquelle Undyne s’était enfuie quelques heures auparavant, espérant la retrouver aux bras de son amie.

La sonnerie signalant la fin des cours de la matinée retentit, et les élèves s’ennuyant à en mourir parurent soudain reprendre vie comme si on les avait aspergés d’eau de jouvence. Ils se ruèrent vers la porte et, une demi-seconde plus tard, la salle était entièrement vide.
Certains courraient dans les couloirs tandis que d’autres, au-dessus de ça, marchaient à un rythme soutenu. Étrangement, leur vitesse était inversement proportionnelle à leur âge, et l’on voyait clairement que les plus grands se retenaient de partir en sprint, tenus en laisse par la pression de leurs pairs. Ils étaient grands maintenant, et les grands ne courraient pas.
Au milieu de cette ruée, quelques élèves étaient complètement détachés de la compétition futile ; ils auraient tous de quoi manger à la cantine, alors pourquoi se presser ? Parmi eux se trouvaient Frisk et Monster Kid - trop occupés à rattraper le temps perdu - qui n’auraient pas pu en avoir davantage rien à faire.
Ils arrivèrent dans le réfectoire avec les autres retardataires et, comme par magie, la prédiction se réalisa. Les deux amis se saisirent chacun d’un plateau, ou plutôt, Frisk en prit un et Monster Kid en fit maladroitement léviter un. L’humaine fut impressionnée par la magie du monstre ; il lui en avait parlé durant la matinée, mais comme ils n’étaient pas dans la même classe elle n’avait pas pu le voir à l’œuvre. Il avait quand même de la chance de disposer d’un remplacement si pratique à ses membres manquants. Cependant, son talent était limité ; il ne pouvait saisir que des objets très proches, et pas trop lourd. Comme avec de vrais bras en fait… Sauf que là, ce n’était pas vraiment précis vu comment la planche de plastique tremblotait.
Une fois leurs plateaux pleins, les deux enfants s’avisèrent de trouver une table libre. L’inconvénient d’arriver après tout le monde, c’était que les places de choix étaient déjà prises, et ils durent donc se rabattre sur une table bancale dans un coin.

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21 juin 2018 à 21:18:31

9

Le ballet des couverts voletant autour du monstre était hypnotisant, et Frisk dû faire un effort pour s’arracher à leur emprise. Elle se plongea dans ses petits pois, et demanda au détour de la conversation ;
-Comment est-ce que tu as eu ton collier ?
Monster Kid était resté évasif sur ce qui lui était arrivé depuis leur libération, et elle aurait aimé en savoir un peu plus. Mais en même temps, elle ne voulait pas le forcer à se remémorer des évènements douloureux.
-Comme la plupart des gens ici, éluda-t-il tristement. J’étais libre, et puis un beau jour je me suis fait choper, et avant que je comprenne ce qu’il se passait j’avais ça autour du cou.
-Comment ça se fait que tu t’es retrouvé dans la résistance alors ? Demanda-t-elle pour tenter de lui remonter le moral. Cela sembla marcher, car il s’illumina soudain ;
-J’ai eu vraiment de la chance. Ça c’est joué à rien en fait quand j’y repense. Quand je me suis fait acheter, je me suis retrouvé dans une baraque avec d’autres monstres. Et la nuit où je suis arrivé, j’arrivais pas à dormir. Le stress et tout tu vois.
-Ouais.
-Et bah j’ai entendu deux autres monstres se lever, et comme j’étais curieux je les aie suivis. Je me suis dit que c’était bizarre que les deux aillent ensemble quelque part en plein milieu de la nuit tu vois. Et bah tu y crois que c’était le soir où des mecs de la résistance étaient venus les chercher ? Quand ils ont vu que j’étais là, ils m’ont pris avec en se disant qu’ils pouvaient pas laisser de témoins, et que c’était toujours une recrue de plus !
-Wahou, siffla Frisk. C’est clair que t’as eu de la chance.
-Et ouais, répondit-il, pas peu fier de faire partie des monstres libres. Et toi alors ? Enchaîna-t-il. Pourquoi est-ce que tu es avec nous. C’est bizarre pour une humaine. Enfin pas que j’y voie un problème, le prend pas mal, mais je veux dire…
-T’inquiète, le rassura-t-elle. Si tu t’informais un peu au lieu de passer tes journées à glander-
-Hé ! S’indigna-t-il. Les cours c’est crevant !
-Pas faux, rit-elle. Enfin bref, hier, le roi est arrivé dans la résistance, avec la capitaine de la garde royale.
-Donc c’est vrai ? La coupa-t-il de surprise. Ce n’était pas que des rumeurs ?
-Non, ils sont avec nous, en chair et en os. Ou plutôt en écailles… enfin, tu m’as compris.
Monster Kid hocha la tête.
-Et bien ils se trouvent qu’ils ne sont pas venus seuls.
-Non ? T’es quand même pas… Répondit le monstre qui voyait déjà arriver la fin de la phrase.
-Et si ! C’est moi qui les aie ramenés, avec ma tata.
-Wahou, c’est trop cool… Tu pourras me les faire rencontrer ? Demanda-t-il timidement.
-Hum, laisse-moi réfléchir, répondit Frisk en se grattant le menton. Que si tu me file ton dessert.
-Marché conclu ! S’écria le monstre en jetant précipitamment la petite assiette sur le plateau de l’humaine, comme s’il venait d’échanger l’entrée au paradis contre une babiole inutile.
Leurs rires attirèrent l’attention des autres monstres alentours, si bien que des regards en coin furent rapidement braqués sur eux, et le brouhaha se concentra sur un nouveau sujet. Frisk ne s’en aperçut pas tout de suite, mais elle comprit en voyant le visage soudain mal à l’aise de son ami. L’humaine tâcha de se faire plus discrète.
-Tu sais, tu n’es pas obligé d’être avec moi si ça te gêne, dit-elle en faisant attention à son ton, pour que sa remarque ne puisse être interprétée comme du sarcasme.
-Non non, c’est pas ça, bredouilla Monster Kid. C’est juste que d’habitude je traine avec d’autres gens et… ils se demandent ce que je fais.
-Va les rejoindre, répondit Frisk gentiment. Je te jure que ça ne me dérange pas.
-Non, je ne veux pas te laisser toute seule. Rétorqua le monstre. Je me fiche de ce que les autres pensent, toujours à se moquer et à juger, ils peuvent bien aller se faire voir ! Éructa-t-il, un peu trop fort apparemment puisqu’il attira à nouveau l’attention des tables voisines.
-Ce que je veux dire, reprit-il plus doucement, c’est que j’ai toutes mes raisons de haïr les humains, probablement plus qu’eux. Mais ça ne m’empêche pas de reconnaître qu’il y en a des bons, qu’ils ne sont pas tous des sauvages sans scrupules.
-Je le sais bien MK, mais je veux pas qu’ils te fassent te sentir mal à cause de moi.
-Écoute, tu es une des seules qui n’a pas fait de remarques quand tu m’as rencontré. Qui n’a pas parlé du fait que je n’ai pas de bras, qui ne s’est pas moquée, qui m’a regardé comme si j’étais normal. Alors moi aussi je m’en fiche de savoir que tu es comme ci ou comme ça, parce que j’ai vu qui tu étais réellement, et que je te dois bien ça. Et c’est pas eux qui me feront changer d’avis là-dessus.
-MK… murmura Frisk alors que le souvenir d’une autre vie flashait devant ses yeux. Un souvenir où elle s’apprêtait à poignarder le jeu monstre, seulement pour être interrompue avec frustration par une guerrière en armure.
-C’est la vérité, ajouta-t-il comme pour se justifier d’avoir été trop sentimental.
-C’est… c’est gentil… répondit-elle, émue. Ça- ça me fait plaisir que tu me dises ça.
-Et puis, j’aime bien passer du temps avec toi, continua-t-il de se justifier, c’est tout. Ça fait longtemps qu’on s’est pas vus, j’ai le droit de remédier à ça, non ?
-Oui, souffla l’humaine les yeux humides. Moi aussi j’aime bien passer du temps avec toi...

-In-cro-yable, articula le corbeau lorsqu’Asgore descendit de l’estrade, encore grisé par l’adrénaline. Il aimait cette sensation après un passage en public ; s’éclipser sous les acclamations de la foule, sentir son cœur ralentir et son corps se détendre comme après un dur combat. Il n’avait qu’une envie, c’était de se jeter sous une douche et de siroter une bonne tasse de thé pour décompresser. Malheureusement, les obligations de la vie réelle le rattrapèrent bien vite.
-Je savais que j’avais raison de te faire confiance, continua le corbeau. Après tout, tu n’es pas roi pour rien.
-Merci Adalric, répondit simplement Asgore. J’ai le savoir de manier les mots, c’est vrai, mais c’est grâce à toi que j’ai eu de quoi parler.
Le chef de la résistance le fit asseoir dans le même fauteuil qu’avant son discours, à la merci des assistants qui s’activaient pour défaire tout ce qu’ils avaient fait. Asgore n’appréciait pas particulièrement - sous terre, il n’avait jamais eu besoin de ça - mais respectait les volontés du corbeau.
-C’est vrai, et d’ailleurs, cela va nous être bien utile. On a quelques grosses opérations en cours en ce moment, et si tout se passe bien, j’aurai à nouveau bientôt besoin de ton talent d’orateur. Garde ça pour toi, mais nous aurons bientôt accès à notre propre canal de diffusion public. Tu te rends compte, le mass média au service des monstres !
Asgore partageait ses réjouissances, mais calma rapidement ses ardeurs.
-Tu n’espère pas me demander de présenter ta chaîne tout de même ? Je te préviens, ce n’est absolument pas ce que je compte faire.
-Mais non ! J’ai déjà quelqu’un en tête pour animer. Non, je voudrais juste que tu enregistres des discours ou fasses des interviews. Que tu sois le porte-parole de la résistance, son symbole.
Cela l'intéressait davantage. Après tout, si le poste de roi était destiné à perdre en responsabilité comme il le prévoyait, se charger des relations avec les autres nations pourrait être une fonction adéquate à assumer.
-Alors comme ça tu comptes rendre publique l'existence de la résistance ? Demanda le monarque. Tu n’as pas peur que ça attire l’attention des humains, et que cela se retourne contre nous ?
-Mais c’est ce que nous voulons, attirer l’attention des humains, non ? Nous voulons leur montrer qui nous sommes réellement, leur faire savoir ce que nous valons vraiment. Ils ne remonteront jamais jusqu’à nous, ne t’en fais pas. Je ne me serais pas lancé là-dedans si je ne m’en étais pas assuré au préalable.
-Comment peux-tu en être si sûr ?
-Nous avons des gens vraiment brillants dans nos rangs. Mais ce serait trop long à expliquer, fais-moi juste confiance. Tu le sais, je ne mettrais pas en péril cette résistance que j’ai mis si longtemps à fonder s’il y avait le moindre risque, je ne me précipiterais pas.
-Hum-hum, fit Asgore, ne donnant pas vraiment de réponse. Oui, Adalric ne mettrait jamais en danger sa résistance, pas consciemment du moins. Mais c’était bien ça qui l’inquiétait ; est-ce que le corbeau n’était pas trop présomptueux ? Il se promit d’y réfléchir davantage, et de poser des questions aux intéressés, à savoir ceux qui seraient chargés de la diffusion. Certainement, leurs connaissances techniques sauraient l’éclairer. Mais bon, il avait le temps de voir venir ; ce n’était pas le plus urgent. Adalric n’allait pas commencer à diffuser dès le lendemain.
Non, le plus urgent pour l’instant, c’était que chacun s’intègre à la résistance, et mène à bien sa propre mission. Il avait hâte de rejoindre les autres, pour que chacun puisse exprimer son ressenti sur la journée.

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21 juin 2018 à 21:18:58

10

En marchant dans le couloir, Sans tomba nez à nez avec les deux monstres qu’il était venu chercher. Elles étaient bras dessus bras dessous, totalement absorbées dans une discussion que le squelette ne parvenait à percevoir, mais qui avait l’air des plus intéressantes. Ou du moins, Alphys parlait sans s’arrêter comme si sa vie en dépendait, tandis qu’Undyne la dévorait des yeux en répondant par monosyllabes.
Sans fût content de constater que sa prédiction était correcte. La dinosaure avait l’air usée par son passage à la surface, mais lequel d’entre eux ne l’était pas ? Toutefois, l’amour qui la faisait rayonner gommait les traces de ses épreuves.
-Bonjour mesdames, les salua le squelette alors qu’elles approchaient. Les deux amantes passionnées levèrent la tête, surprises, venant seulement de réaliser qu’il y avait quelqu’un en face d’elles.
-Salut Sans, répondit Undyne avec un sourire jusqu’aux oreilles, gonflée de fierté par la présence de son amie.
-Sans ? Dit Alphys, étonnée. Puis elle sourit à son tour avant d’ajouter ; je suis tellement contente de te revoir !
-Moi aussi, ça fait un bail. Mais on dirait bien qu’on va se voir un peu plus souvent maintenant.
Alphys lui lança un regard interrogateur, avant de remarquer la blouse qu’il portait toujours et de s’exclamer ;
-A-Alors tu reprends du service !? C’est super ! J’ai vraiment hâte de travailler avec toi.
-Hm, la même, acquiesça le squelette.
-Toujours aussi taciturne, releva Undyne.
-Je viens de passer la matinée à faire connaissance avec mes… collègues ? Donc j’ai, erm, épuisé mes formules de salutations. Désolé.
-Pas de soucis, répondit Alphys. Tu allais quelque part en particulier ?
-À vrai dire, je vous cherchais. J’étais pas contre l’idée d’un petite pause et…
-Si tu fais autant de pauses que quand tu surveillais l’Underground, on attendra encore tes projets révolutionnaires dans dix ans, répondit Undyne.
-Enfin bref, fit le squelette pour changer de sujet. Où est-ce que vous alliez vous ?
-J’ai travaillé toute la matinée sur le collier d’Undyne, e-et on a pas vu le temps passer…
-Sauf que du coup ça fait un moment que nos estomacs sont en train de nous engueuler, ajouta la guerrière.
-Donc on allait au réfectoire, conclut la scientifique. On est un peu en retard, mais on s’est dit qu’il resterait peut-être quelque chose.
Le squelette regarda sa montre. L’horaire du déjeuner était dépassé de plus d’une heure, et il n’avait donc pas trop d’espoir de trouver de quoi sustenter leur faim. Mais bon, ça ne coûtait rien d’essayer.
-C’est vrai que le temps passe vite, dit-il en faisant demi-tour. Les deux monstres lui emboitèrent le pas quand il ajouta ; moi aussi je dirais pas non à un truc à manger.

Le petit groupe arriva dans la cantine et distingua presque immédiatement Johanna et Asgore assis dans un coin - le géant et l’humaine ne passait pas inaperçus dans le réfectoire presque vide.
Undyne avait profité de leur temps passé seules à seules avec Alphys pour lui raconter leurs péripéties, si bien que cette dernière ne fut pas étonnée de voir un membre de l’autre race en plein cœur de leur bastion. Toutefois, ce n’était pas pour autant qu’elle était à l’aise avec l’inconnue ; mais cela touchait plus à l'introversion maladive de la monstre qu’à leur différence de race.
Lorsque Johanna et Asgore les virent arriver, ils cessèrent leur conversation et se levèrent pour les accueillir. Le roi fut très heureux de revoir sa brillante scientifique en vie - et de voir Undyne enfin rassurée - tandis qu’on fit les présentations entre l’humaine et la monstre. La glace ne fut pas longue à briser, et bientôt la conversation coula tranquillement dans le groupe tandis qu’on picorait quelques friandises que le roi avait réussit à dégoter en usant de son influence. Transgresser sa règle de modestie ne le réjouissait pas, mais c’était encore une offense assez bénigne.
Johanna leur raconta son entretien de la matinée, avouant son stress vis à vis de l’épreuve qui l’attendait. Toutefois, d’un accord tacite avec Undyne, elle passa sous silence son agression. Les coupables avaient eu ce qu’ils méritaient.
La femme poisson quant à elle leur raconta ce qu’Alphys lui avait expliqué quant à son collier. Ou plutôt, elle s'empêtra dans des explications sans queue ni tête, au grand désarroi de son amante qui vint à son secours en reprenant la main. Elle leur exposa son raisonnement en le simplifiant le plus possible, passant sous silence les détails techniques pour aller à l’essentiel : il y avait bel et bien une backdoor permettant de passer outre les limitations fondamentales. La nouvelle arracha un cri de joie au groupe, mais Alphys les prévint de ne pas se faire de faux espoirs car le mécanisme était extrêmement complexe et qu’elle n’avait aucune idée du temps qu’il faudrait pour s’en servir, ou même s’ils le pouvaient.
Sans, quand ce fût à son tour de parler, resta assez bref. Il n’avait pas vraiment envie de parler de ce qu’il était censé faire ou des projets qui l’attendaient, et préféra laisser la main à Asgore en prétextant que ses explications seraient redondantes avec celles d’Alphys.
Le roi leur résuma donc son discours, ainsi que l’annonce que lui avait fait Adalric. Ils furent assez intrigués mais ressentirent la même méfiance vis à vis du projet que le roi. Celui-ci répondit qu’il n’en savait pas plus, et qu’ils devraient interroger le corbeau ou le personnel du projet pour en apprendre davantage.
Enfin, au cours de la conversation, Alphys demanda ;
-E-et où est Frisk ? Undyne m’a dit qu’elle était arrivée avec vous.
-Elle est en cours, répondit Johanna en regardant l’heure. Ah non en fait, elle doit justement être en train de finir en ce moment même. Et bah, ça fait un moment qu’on parle dis donc…
Et, comme si elle n’attendait que ce signal pour faire son apparition, la jeune humaine pénétra dans le réfectoire quelques minutes plus tard aux bras - ou plutôt aux côtés - d’un monstre de son âge.
En voyant la scientifique, Frisk écarquilla les yeux et son visage se fendit d’un sourire, avant qu’elle ne saute aux bras de la monstre pour l’étreindre.
-Alphys ! S’écria-t-elle avec joie tandis que les joues de la monstre viraient au rouge et qu’elle bredouilla ;
-H-hey, s-salut Frisk.
Quand enfin elle recula, les regards interrogateurs de sa famille lui tombèrent dessus. Frisk comprit qu’elle devrait attendre avant de faire ses retrouvailles avec la scientifique, et se rapprocha de son ami qui attendait bêtement, intimité par la présence de ses idoles. Il était pétrifié même, incapable de réaliser qu’il n’était qu’à quelques mètres du roi et de la grande guerrière Undyne !
-Je vous présente Monster Kid, c’est mon ami.
Undyne lui lança un regard plein de sous-entendus, et Frisk lui fronça les sourcils.
-B-bonjour, parvint à bafouiller le monstre. On lui rendit son salut et il resta là, abasourdi, à contempler ses héros pour de vrai - ou plutôt son héroïne.
-Alors, qu’est-ce que tu fais ici gamin ? Demanda Undyne
-Je-je raccompagnais Frisk, parvint-il à répondre.
-C’est très gentil de ta part, le remercia Asgore.
-Wahou… souffla le monstre. J’arrive pas à y croire. Ta famille est trop cool Frisk…
-Va falloir t’y faire si tu continues à traîner avec elle petit, dit Undyne.
Monster Kid, qui semblait sur le point de s’évanouir, resta bouche bée.
-Assieds-toi, lui dit Frisk en le faisant s’installer.
-Hey mais, je te reconnais en fait, s’exclama Undyne.
-Moi ? S’étrangla le jeune monstre, aux anges.
-Oui, t’es le sale gosse à qui j’ai dit de pas s’approcher des humains, et qui m’a pas écouté ! Tonna la guerrière. Et apparemment, tu as continué.
-Je… erm… C’est pas… Tenta-t-il de se justifier en sursautant, soudain inquiet.
Devant la mine déconfite de Monster Kid, Undyne perdit son sérieux et fut prise d’un fou rire. Quand elle se calma enfin, elle dit ;
-Je rigole, t’aurais dû voir ta tête !
-C’est pas drôle… se renfrogna le petit monstre, vexé.
-Excuse la, fit Asgore avec un sourire désolé. Cela dit, elle a raison sur un point : tu risques de nous voir souvent si tu es ami avec Frisk. Alors comporte toi normalement avec nous, ne te sens pas intimidé.
-O-oui votre majesté.
-Je t’en prie, appelle moi Asgore. Ça ne sert à rien d’être formel entre amis.
-Amis…? Répéta Monster Kid, incrédule, comme si le sens du mot lui échappait.
-Je crois que vous l’avez complètement perturbé, s’amusa Frisk. Viens MK, lui dit-elle, on reviendra plus tard.
Le monstre semblait perdu dans un monde parallèle, et la jeune humaine l’entraîna de force avec elle.
-À tout à l’heure, leur cria-t-elle en disparaissant dans un des couloirs.
En les voyant ainsi s’en aller, joueurs et pleins d’allégresse, Asgore crut presque aux paroles qu’il avait prononcé précédemment. Peut-être qu’il y avait vraiment de l’espoir après tout… Peut-être que les humains et les monstres pourraient coopérer. Pourquoi pas après tout ? Ces deux-là y parvenaient bien...

Karma251 Karma251
MP
Niveau 2
22 juin 2018 à 00:22:07

First :hap:
Mon dieu ce chapitre ! Toujours aussi énorme. Entre le retour d'Alphys et l'introduction de Gaster tu nous a gâté dis-moi :oui:
J'attend la suite avec encore plus d'impatience.

Pour faire ma prédiction habituelle, je prévois un retour de Blooky ou de Flowey dans les prochains chapitres :cool:

SheogorathCDC SheogorathCDC
MP
Niveau 10
22 juin 2018 à 02:22:38

OH MY TEMMIE CE CHAPITRE [[sticker:p/1lmh]]

titidurhone titidurhone
MP
Niveau 7
22 juin 2018 à 09:04:06

Monster kid qui va finir par se refaire attrapé par des humains parce qu'il sais pas courir sans tomber
Joahna qui va forcément dire un truc qui faut pas quand elle travaillera chez cOpeneihmer et qui va mal finir
https://www.noelshack.com/2016-23-1465697000-popcorn.gif
mais c'est une bonne fic que j'ai bie, aimé lire
:)

Sinon pour ta faq :
-Comment tu fais pour avoir autant d'inspration ?
-y'a quelqu'un qui t'aide à écrire ?
-C'est qui qui t'a inspiré pour écrire ta fic ?
-T'écris d'autre fic ? on peux les lire quelque pars ?
-Tu prévoit encore cb de chap avant la fin ?
-t'écris bien, c'est qui les meilleur auteur pour toi (de livres, de ficv ou autre) ?
-y

Anti-escanor Anti-escanor
MP
Niveau 9
25 juin 2018 à 04:09:31

Est ce que il va y avoir le retour de frisk en tueuse sanguinaire super balèze ?

Steellar Steellar
MP
Niveau 10
25 juin 2018 à 21:04:00

Ouah super chapitre :bave: j'aurais voulu souhaité l'anniversaire de la fic le jour même mais j'ai eu des problèmes d'ordis et après j'ai pas vu que tu avais posté la suite, bref, bon annversaire Slavetale :fete: .

Questions :
Comment et quand as-tu eu l'idée de cette fic ?
T'as d'autres projets de prévu après la fin de la fic ?

Souttia58 Souttia58
MP
Niveau 7
26 juin 2018 à 14:56:51

Il faudrait que je la lise un jour cette fic :(

JamesTheLemmon JamesTheLemmon
MP
Niveau 6
27 juin 2018 à 23:17:17

Comment fais tu pour être aussi inspiré ?

Anti-escanor Anti-escanor
MP
Niveau 9
08 juillet 2018 à 14:18:11

Elle arrive quand la suite ?

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