A vous les kheys

[Miyu - Yamato, Momoyama]

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Dans l'Archipel en proie à la guerre de Yamato, au sein de la cité vaillante de Momoyama, épicentre de l'action de la faction du clan Oda, se dressait majestueusement le grand Château de Honno-Ji. C'est en ces lieux qu'une décision capitale, destinée à changer le cours de l'Histoire, allait être prise.

Parcourant les corridors de bois et de bambou du château central de la cité, une femme revêtue d'une armure rouge cramoisi se frayait un chemin jusqu'à une vaste salle. Cette femme n'était point ordinaire, elle était une Onna Bugeisha, une noble samouraï de naissance. Héritière du Clan Ikeda et fille du Daimyo Ikeda Muneshige, elle répondait au nom d'Ikeda Miyu. Dotée de cheveux d'un argent surnaturel, d'un unique œil perçant et d'une peau aussi pâle que la neige, elle comptait parmi les généraux les plus fidèles du grand Oda Hidetada, chef de la guerre civile qui déchirait le pays du Soleil Levant.

A ses côtés se tenaient deux hommes. Le premier, revêtu également d'une armure rouge, était un jeune homme au visage presque enfantin. Le second, arborant une armure plus vétuste, un Haramaki orné de lacets aux multiples couleurs, dégageait une aura de sérénité à travers ses yeux calmes. Il s'agissait de Li Naomasa et de Sakai Tadatsugu, deux des quatre Rois des Enfers.

- Et Tadakatsu ?
S'enquit Miyu d'une voix nonchalante.

- Il est encore à Edo, en lutte contre le clan Go-Hojo. La bataille est féroce, expliqua Sakai, l'aîné du groupe.

- Quelle chance nous avons d'être coincés ici tandis qu'il combat près de la Tour de Jade Blanche, rétorqua Miyu avec sarcasme.

- Ne te réjouis pas trop vite, Miyu. Lorsque nous foulerons le territoire de Kenshin, nous regretterons peut-être les jours passés au Palais, répliqua Naomasa, amusé par la remarque de la samurai.

- Ha ! Ne sois pas si sûr de toi. J'attends avec impatience ce jour-là. Kenshin est le plus redoutable adversaire que j'aie jamais affronté.

Kenshin, l'incarnation du Dieu de la guerre, un être surhumain. Si Miyu était parvenue à échapper à la mort lors de leur rencontre, c'était grâce à la chance et à une stratégie de repli élaborée avec Tadakatsu. Sans cela, ils auraient sans aucun doute succombé face à la lame redoutable du plus redoutable ennemi qu'ait jamais connu le clan Oda.

Quant à Oda lui-même, le Seigneur fit son apparition dans la vaste salle richement décorée. Un homme d'une stature imposante d'un mètre quatre-vingts, les cheveux en désordre noués et vêtu d'une tenue bouffante et affublé de froufrous, une tenue singulière importée tout droit de l'Empire de Thurinian, dont le Seigneur était un fervent admirateur.

- Ah, voici donc les Rois des Enfers ! Mes fidèles compagnons
S'exclama le Daimyo, arborant un sourire s'étirant d'une oreille à l'autre. Il était accompagné d'un grand samurai vêtu d'une armure noire, dont la peau était également noire, l'illustre Yasuke. Cet homme effrayant avait un visage digne d'une statue. Il était également accompagné d'un homme revêtu d'une armure dorée, Tokugawa Sakihisa, bras droit de Hidetada, se démarquant de Yasuke par son sourire constant et son enthousiasme indéfectible.

- Je vous ai convoqués ici pour une tâche d'une importance capitale
Déclara le Daimyo.

- Nettoyer toutes les toilettes du Clan Hiroshima ?
Railla Naomasa d'un ton moqueur.

- Je ne soumettrais même pas mon pire ennemi à une telle corvée, répliqua aussitôt Hidetada, avant de faire une courte pause pour observer ses généraux favoris. Non, il s'agit de quelque chose de dangereux et tout aussi crucial. Et pour cette mission, j'ai choisi Miyu.

- Pitié, ne me dites pas que je vais devenir membre de votre harem..., implora Miyu avec ironie.

- Ah, une borgne dans mon harem, pourquoi pas ? Après tout, répondit le Daimyo, amusé par la remarque de la samurai, avant de tourner le dos à ses généraux.

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- Non, non ! Bref. Il y a une dizaine d'années, à une époque où Naomasa tétait encore le sein de sa mère, pour ainsi dire, je me suis rendu dans l'Empire de Thurinian afin de conclure un traité d'alliance. J'y ai rencontré le Seigneur d'Armagnac, à la tête d'une des maisons les plus vaillantes de l'Ouest. La guerre s'éternise, et il est temps que nous réclamions notre dû."

Hidetada fit signe à Yasuke qui s'approcha, ouvrant un coffret contenant un parchemin à peine lisible pour Ikeda. Les caractères y étaient magnifiques, ornés, dans la langue de l'Ouest. Des signatures y étaient apposées. Miyu s'empara du parchemin avec hésitation.

- Ce parchemin est une promesse émanant de la Maison d'Armagnac, une promesse d'envoyer leurs chevaliers afin de nous soutenir dans la conquête de Yamato.

- Des chevaliers ? Pas mal...
murmura-t-elle, impressionnée.

- Certes. Je t'envoie seule sur le territoire de l'Empire pour que tu puisses toi-même annoncer à Léon d'Armagnac qu'il est grand temps. Lorsque tu arriveras, ce sera durant le Festival du lion, une célébration dédiée à la guerre. Je suis convaincu que tu te plairas là-bas. Cependant, il y a autre chose.

Hidetada hésita avant de poursuivre.

- Nous avons un nouvel allié. Un allié plutôt singulier... Votre Majesté, si vous voulez bien entrer.

Un homme fit son entrée dans la pièce, vêtu d'une longue robe rouge et d'un minuscule chapeau. Dès que Ikeda posa l'oeil sur lui, elle comprit et s'agenouilla, suivie par les autres samurais. Ils n'avaient pas affaire à un seigneur, mais à l'Empereur lui-même. Supposément confiné au Palais de Kamakura, il se trouvait maintenant ici... Bien qu'il n'ait aucun pouvoir sur le pays, il demeurait un descendant des dieux, un héros divin. C'était l'Empereur Yamato Narutoku.

- Ainsi, ce sont les fameux Rois des Enfers ? Et la jeune borgne qui portera mon étendard ?
dit-il d'un ton glacé.

- Exact, répondit Oda. Le visage glacial de l'empereur se transforma en un sourire.

- Eh bien, eh bien, cela me rappelle les contes anciens d'autrefois. Je vous souhaite bonne route, dame Ikeda. Mais j'ai également un message à faire parvenir aux Thuriniens, une invitation à l'Empereur.

Il s'approcha et sortit une lettre scellée de l'une de ses longues manches. Miyu l'attrapa maladroitement, peinant encore à réaliser que l'Empereur était présent. Quels services Hidetada avait-il bien pu rendre pour obtenir une telle faveur ?

- Je ne reconnais plus la légitimité du clan Taira au shogunat, et en ce qui concerne les prétendants à cette guerre, je ne vois que Hidetada comme digne de soutien. Il est temps de faire comprendre au faux Shogun que son heure est venue. Quant au clan Uesugi, je refuse de voir Yamato sombrer sous leur croyance fausse et ridicule. C'est pourquoi je souhaite que vous remettiez cette lettre à l'Empereur de Thurinian, afin que nous puissions parvenir à un accord plus favorable.

Le regard de Miyu s'écarquilla légèrement et se fixa sur Oda Hidetada, qui lui fit un discret pouce levé.

- Tu partiras demain à l'aube, Miyu. Tu seras escortée jusqu'à l'Empire, mais une fois là-bas, tu seras seule. Jusqu'à présent, tu as fait tes preuves et démontré ta capacité à te débrouiller. Si tu découvres quelque chose d'utile à notre cause, tu as carte blanche. L'avenir de Yamato repose sur tes épaules.

- Vous m'honorez
Répondit Miyu, surprise.

[Miyu - Yamato]

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La nuit fatidique s'installa, privant la guerrière du clan Ikeda du repos salvateur. Élevée dans les bras de la guerre, Miyu n'avait jamais quitté sa contrée natale auparavant, mais maintenant, elle se tenait au seuil du monde, prête à se lancer vers un royaume inconnu, portant l'espoir de la victoire pour son Seigneur.

Elle avait parcouru maintes lectures sur l'Ouest, écouté les récits excentriques d'Oda Hidetada, et une curiosité persistait en elle face aux marchands étrangers venus du continent. Mais cette fois-ci, c'était elle qui se trouverait étrangère, plongée dans un Empire dont les coutumes lui demeuraient en grande partie étrangères.

Assise paisiblement dans sa chambre décorée, Miyu tirait doucement sur une pipe en bambou et cuivre, laissant la fumée de son tabac s'élever tandis qu'une gourde de saké reposait à ses côtés. Son regard se perdait dans la lueur de la pleine lune qui brillait au-dehors.

- Miyu.

Une voix masculine, grave, sonnant derrière elle.

- Mon Seigneur.

Répondit-elle avec calme, sans se détourner. Oda Hidetada s'approchait, tenant une boîte laquée entre ses mains.

- Je sais que cette mission diffère de ce à quoi tu es habituée. Je sais que tu ne souhaites pas abandonner notre pays. Mais je suis convaincu que tu trouveras une grande appréciation pour les Thuriniens. Toi qui as un amour pour le combat, je n'ai aucun doute que tu te familiariseras avec leur culture guerrière.

- Et pour Kenshin ? S'il lance une offensive, nous aurons besoin d'un maximum de forces.
Fit remarquer Miyu.

- Il n'est pas en position de lancer une telle attaque. Mais parlons plutôt d'une autre tâche que je te confie
Répondit-il en ouvrant le coffret, dévoilant ainsi une petite statue en bois gris représentant une divinité entourée de flammes.

- Fudo Myo-o.
Murmura Miyu.

- Oui. Comme tu le sais, lorsque Nagao Kagetora est parti vers l'Ouest, c'est en tant qu'Uesugi Kenshin qu'il est revenu, avatar de Bishamonten. On dit que Bishamonten est originaire du pays de Bharatavarsa, un dieu du Sanata Dharma...

- Et Fudo Myo-o est un Dieu eflique...
Intervint Miyu, montrant ainsi qu'elle avait déjà une idée de la direction de la conversation.

- Oui, des divinités rivales. Si Kenshin a obtenu les faveurs de Bishamonten à Bharatavarsa, alors je te confie cette mission : gagne les faveurs de Fudo Myo-o à Tir Edessa. On dit que les Tours Exaltées servent d'ancrages divins en ce monde. Cette statue fut sculptée à partir d'une branche de la Tour de Jade Blanche, il y a des siècles, et appartenait à la famille impériale. Ramène-la avec toi, elle sera la clé

- Moi qui vous prenait pour un non croyant ?
Lança Miyu, posant la main sur la statue et la scrutant de son unique œil, avant de lever son regard vers son maître.
Le visage sérieux d'Oda se tourne en un sourire un peu gêné.

- Je suis ouvert, voilà tout.
Répondit Oda avec un sourire légèrement gêné.
Miyu s'empara fermement de la statue, la contemplant un instant avant de laisser échapper un léger sourire.

- Bien. J'essaierai de voyager léger, je prendrai mon Daisho ainsi que mon pistolet; des rations de riz, mon armure et une gourde d'alcool.

- Voilà ce que j'aime entendre. Amène nous la victoire, Miyu. Je compte sur toi, pas seulement en tant que seigneur mais... Tu es un peu comme une fille pour moi.

- Si mon père entendait ça.
Ria t-elle.

- Je suis sûr qu'il me renverserai haha. Bien, repose-toi, tu partiras à l'aube.

[Introduction]

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La nuit était noire, sans lune, faisant régner un ordre ténébreux et désespéré sur la forêt. C'est dans cette ambiance-là que Hjalmar courait, hache en main. Le guerrier Skaelun, brave parmi les braves, semblait pourtant en position de faiblesse.

Il cavalait à toutes jambes, évitant par des petits bonds les buttes de bois et les irrégularités rocheuses qui parsemaient un chemin incertain, qu'il se créait en forçant le passage à travers les feuillages. Il... fuyait ?

Incertain de son chemin, et trop dans l'urgence pour réfléchir convenablement, il ignorait dans quelle direction il allait. Trouverait-il bientôt refuge ? L'horreur qui le poursuivait l'attraperait-elle avant ?

Finalement, un sentier sembla se dégager petit à petit. Un fin tracé au sol, qui lui offrait une issue encourageante. L'obscurité reculait, de fins rayons de lumière pointaient désormais à travers les branchages. Et puis soudain... La délivrance. La sortie de la forêt. Plus d'arbres devant lui, seulement une vue dégagée sur l'horizon et sur le ciel nocturne. Il cessa sa course, persuadé d'être désormais en sécurité, et reprit du souffle.

Il se retourna pour contempler une dernière fois cette forêt maudite, hantée par les esprits les plus terrifiants que l'on puisse imaginer... Mais il n'y avait plus un seul arbre devant lui. Rien, seulement une sorte de grande flaque noire et opaque, aux ondulations menaçantes.

Soudain, un bras squelettique émergea du liquide, et agrippa le sol juste devant Hjalmar. Le noble Skaelun hurla comme un ours féroce, se donnant de la force, et abattit avec violence sa hache sur le membre squelettique, qui fut littéralement scindé en deux au niveau du poignet.

Que lui arrivait-il ? Incapable d'enchaîner les pensées cohérentes, Hjalmar contempla ce bras tranché, et son attention fut attirée par une lueur brillante.
La main squelettique était munie d'un anneau en or sur son auriculaire.

Le chef de la garde Varunna s'en empara, intrigué, avant de blêmir en remarquant qu'il connaissait cet anneau. Tout d'or plaqué et serti d'un rubis minuscule, mais étincelant, représentant la gueule de dragon, il ne s'agissait de rien de moins que de l'anneau d'Ambrosius, symbole de pouvoir et possession des empereurs Rianon depuis plus d'un millénaire. Cet anneau était la propriété de Morwaydd Rianon, actuel empereur de Thurinian et maître de Hjalmar.

Que faisait-il dans un lieu pareil ? Pourquoi, et surtout comment ? Toujours plus confus et craintif, Hjalmar fixa le ciel une nouvelle fois, et cette fois, atteint le comble de l'horreur. Le ciel était désormais envahi par une masse gigantesque, un astre ténébreux et envoutant se dressait, voilant le monde entier.

Cette terreur cosmique paralysait tout par sa simple présence, et semblait hypnotiser le Skaelun. Finalement, après quelques minutes d'un silence horrifié, il parvint à mettre des mots sur ce qu'il voyait.

"La Lune Noire... La Lune Noire ... !"

C'est alors qu'il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Tout cela n'avait été qu'un rêve, étrange et terrifiant. Bien sûr que rien de tout cela n'était pas réel, pour la simple et bonne raison que Hjalmar n'éprouvait pas la peur. Retrouvant rapidement sa contenance, il regarda où il se trouvait.

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Le cadre était autrement plus chaleureux que ses rêves nocturnes. Une chambre propre, un feu de cheminée quasiment mort duquel émanait une douce odeur de bois chaud, deux femmes aux courbes envoûtantes étendues de part et d'autre du large lit sur lequel il était, profondément endormies...

Pas de doute, il était au Neckar Ivre, une taverne de la capitale très fréquentée des riches voyageurs... Et l'un de ses terrains de jeu favoris, pour aller se détendre avec ses rustres collègues. L'hydromel et la bière coulaient à flot, les putains étaient les plus réputées du quartier, et toujours, sans doute pour bien se faire voir auprès de personnages aussi importants, le patron était d'une extrême complaisance avec Hjalmar et ses gardes Vardruna.

Rassuré, le colosse du Nord se glissa discrètement hors des draps, pour ne pas réveiller ses compagnes d'un soir. Il s'habilla en silence, veilla à bien attacher sa hache à sa ceinture, et quitta le lieu en laissant son dû sur le comptoir de l'auberge.

Dehors, il faisait toujours nuit, mais une nuit claire, parsemée d'étoiles et rassurante, contrairement à son rêve. Le doux et lointain bruit des premiers manants éveillés, ainsi que celui des vagues, tout cela mettait un certain baume au cœur de Hjalmar.

L'aube allait commencer à pointer le bout de son nez. Il était plus que temps de se rendre au Palais impérial. De la colline sur laquelle était situé le quartier de l'auberge, il pouvait distinguer au loin les grandes tours, représentant l'immense complexe palatial dans lequel vivaient l'empereur et sa famille. Il en aurait pour un peu moins d'une heure de marche.

En ce matin de veille du Festival du Lion, il y avait des préparatifs à effectuer, concernant les déplacements de l'empereur et sa sécurité. Tout un tas d'affaires fastidieuses et peu intéressantes, auxquelles il n'échappait malheureusement pas en tant que capitaine de la garde Vardrunna... Sans oublier que les Faramons avaient promis de s'en mêler... Les têtes de Con, comme Hjalmar les appelait.

Les Faramons, d'origine purement noble et thurinienne, étaient l'autre groupe qui servait de garde impériale aux empereurs, avec donc les Vardrunna de Hjalmar, d'origine Skaelun. L'ambiance entre les deux groupes n'avait jamais été saine, alimentée par une rivalité permanente liée au prestige et à l'origine de chacun.

Les Faramons détenaient le privilège de chevaucher des Wyvernes aux côtés des Rianon et de leurs dragons durant les guerres, alors que les Vardrunna n'avaient que leurs pieds. Toutefois, la loyauté des Faramons avait été mise à mal plusieurs fois dans l'histoire de l'empire, alors que celle des Vardrunna était restée inflexible. Autant de motifs de discorde et de rivalité, qui n'arrangeaient pas les affaires impériales.

Lorsqu'il arriva au palais, la première personne qu'il vit était son lieutenant, Haestein, adossé contre une colonne, qui semblait l'attendre. Haestein était un brave homme, légèrement plus vieux et expérimenté que Hjalmar, plus sage aussi. Contrairement à son chef, il n'était pas d'origine noble, et avait atteint un poste prestigieux par la seule force de son mérite et de ses bras.

"Je savais que tu arriverais par là. L'entrée des courtisannes...
- À propos de courtisannes, si tu savais ce que t'as loupé hier soir !"

Echangeant un rire complice et une accolade virile, les deux Skaelun échangèrent des grivoiseries sur le chemin de leurs quartiers, situés non loin de ceux de l'empereur. À une heure aussi précoce, leurs voix résonnaient seules dans les immenses couloirs du palais, réveillant sans ménagement les serviteurs. Ces discussions grivoises avec son second permettaient au noble Skaelun de chasser ce mauvais rêve de son esprit.

Le festival du Lion était un événement bienvenu pour Hjalmar, lui qui rêvait d'aventure, de combat et d'inattendu, il pourrait quelque peu s'évader l'esprit le temps d'une journée. Il avait rêvé d'être un aventurier, mais son rang et ses responsabilités l'avaient appelé à autre chose.

Il pourrait au moins profiter de combats spectaculaires à l'arène, voir des guerriers et des voyageurs venus de contrées lointaines...

Toutefois, il n'avait pas idée de ce qui l'attendait, en vérité. Ce jour allait bouleverser sa vie ... Et le monde entier.

[Miyu - Empire]

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Après un périple éreintant, la samurai pénétra enfin dans l'Empire de Thurinian, une civilisation d'une splendeur remarquable. Les architectures des villes et villages qu'elle avait traversés semblaient d'une autre planète, radicalement différents de ce qu'elle avait connu à Yamato. En contemplant l'Occident de son unique œil, elle comprit ce qui avait conquis le cœur de son seigneur.

Selon les indications qu'elle avait reçues, Tir Edessa ne devait plus être très éloignée. À peine quelques centaines de mètres supplémentaires parcourus et sortant d'une forêt, elle aperçut au loin la majestueuse capitale. Son regard s'illumina et, ébahie, elle admirait la cité imposante et sa tour exaltée, érigées à proximité. Elle ne désirait qu'une chose : explorer ce qui s'y trouvait. Cependant, soudain...

- UNE SORCIÈRE ! UNE PEAU GRISE !

Une voix masculine interrompit les pensées de la guerrière. Elle tourna la tête en direction du cri, provenant d'une forêt d'où elle venait juste de sortir, à quelques dizaines de mètres à peine. Sa main se posa instinctivement sur le katana de son daisho, et silencieusement, grâce à ses sandales de paille, elle s'approcha.

C'est alors qu'elle se retrouva nez à nez avec une situation fortuite. Une elfe noire acculée contre un tronc d'arbre, tandis que trois hommes l'encerclaient. Deux d'entre eux étaient revêtus d'armures basiques et brandissaient haches et boucliers, mais celui qui semblait être leur chef, un imposant homme habillé de plates de la tête aux pieds, impressionna Miyu. L'elfe, quant à elle, portait une tenue à l'apparence de carapace d'insectes géants, et son front scarifié était singulier. Les humains arboraient des blasons en forme de croix rouge. Ikeda était quelque peu perplexe face à la situation.

- Nous avons quelques questions à te poser, l'elfe, commença le chef du groupe.

- Oui ? répondit l'elfe noire avec une innocence déconcertante.

- Nous avons reçu des témoignages sur une sorcière de Noldeor rôdant dans les bois et terrifiant les civils. Donne-moi une raison de ne pas t'envoyer six pieds sous terre.

- Les sorcières ne sont-elles pas vieilles ? répliqua l'elfe, ce qui lui valut un coup de poing au visage de la part d'un des chevaliers.

- Aïe ! Ce n'était même pas vraiment une question !

Lorsque l'un des guerriers leva sa hache, Miyu intervint en s'avançant vers le groupe, son armure rouge ne passant pas inaperçue.

- Qu'est-ce que c'est encore que ça... ? demanda le chef du groupe de combattants.

- Je suis le général Ikeda Miyu, au service du légitime shogun Oda Hidetada. Et toi, guerrier de l'Ouest, décline ton identité.

Un court silence s'installa, témoignant d'une certaine incompréhension chez les assaillants.

- Circule, femme. Nous sommes de l'Ordre de Valengaard et nous maîtrisons la situation. Cette peau grise terrorise les environs depuis quelques jours. C'est une sorcière de Noldeor.

Les sourcils de la samurai se froncèrent, et son unique œil se posa sur la jeune mage acculée. Leurs regards se croisèrent brièvement, et un léger sourire amusé se dessina sur le visage pâle de la samurai dissimulé derrière son épais menpo. Les elfes étaient rares à Yamato, à l'exception de quelques poches d'elfes des neiges au Nord, et les mages se faisaient rare en raison de la guerre civile prolongée.

- Trouvez quelqu'un d'autre à abattre. Elle vient avec moi, déclara-t-elle.

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- Alors vous mourrez toutes les deux , rétorqua le chevalier, pointant son épée vers la samurai.

Celle-ci posa sa main sur le pommeau de son wakizashi, le dégaina rapidement et le tint fermement au-dessus de sa tête, prête à frapper. Le chevalier se lança à l'attaque, son bouclier en avant, mais la samouraï esquiva habilement son assaut. L'acier des lames siffla lorsqu'ils s'entrechoquèrent pour parer sa seconde attaque. Miyu attrapa le bras portant l'épée du guerrier et, grâce à une force surhumaine, le tira vers elle. Leurs corps se retrouvèrent l'un contre l'autre, et l'unique œil de Miyu Ikeda perça à travers le casque du guerrier de l'Ordre de Valengaard. Les deux compagnons du chevalier s'apprêtèrent à intervenir, mais se retrouvèrent soudainement immobilisés. L'elfe noire à l'arrière libéra le sang canalisé à travers son bâton d'ébonite, paralysant les deux combattants et affichant la peur sur leurs visages, car ils étaient face à une mage du sang.

- Vous avez peur d'une gamine ? ironisa-t-elle.
Puis sa main se crispa, et comme par télékinésie, les bras de l'un des combattants se déchirèrent, tombant au sol tandis qu'il hurlait de douleur. Surprise par cette tournure des événements, Ikeda fut poussée au sol par le chef du groupe, qui se précipita sur elle. Lorsqu'il lui sauta dessus pour la frapper avec son épée, elle roula sur le côté et le plaqua, un tanto en main. Elle fit glisser rapidement la lame sous le gorgerin du combattant, lui tranchant la gorge nettement sous son armure.

Le dernier homme encore en vie, libéré de l'emprise de l'elfe, restait paralysé, cette fois par la peur. Ikeda passa la main à sa ceinture pour y dégainer un pistolet.

- Tu vas respirer par un autre trou dans ta tête, déclara-t-elle avec entrain.

Un bruit assourdissant retentit, et l'homme s'effondra, mort sur le coup.

- Waouh ! Vous êtes incroyable, mademoiselle... ! s'exclama l'elfe, pendant que Miyu inspectait les corps. Elle reprit son wakizashi pour trancher les têtes, une par une.

- Merci. Je pourrais en dire autant de toi, mage du sang. Je me dirige vers le Festival du Lion. Tu veux m'accompagner ?

- Oh... quelle aubaine, moi aussi, j'ai quelque chose à retrouver là-bas ! Et euh... Pourquoi couper leurs têtes ? demanda l'elfe.

Ikeda regarda l'elfe avec évidence.

- Pour les offrir à l'Empereur de Thurinian. Je suis sûre qu'il sera honoré de ce présent !

- Oh! Dans ma tribu aussi, on les fait réduire pour les offrir! L'Empereur devrait adorer!

Miyu plaça les trois têtes dans un sac en cuir épais, puis se releva. Les deux sottes échangèrent un regard amusé.

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Un soir de pleine Lune, celle-ci absorbait la lumière du Soleil pour la refléter sur la surface d'une petite ville qui avait été construite le long d'une rivière et qui se nommait Riverwood. Un lourd silence s'imposait dans les rues et les cours de la petite cité dont le vent caressait les tuiles des toits et le chapeau des cheminées. Les seules sources de lumières perceptibles étaient celles émises par les torches de personnes portant des armures légères et ressemblant à des soldats, ou du moins des combattants. Ils rodaient tous autour d'une demeure bien bâtit et plutôt grande comparée aux autres maisons. De toute évidence, ces personnes n'étaient pas la par hasard, ils devaient garder la maison. Dans la ronde de deux personnes, celles-ci venaient à se croiser tandis que les deux gardes se lançaient un regard.

"- Eh bien, encore un soir plutôt calme." S'exclama l'un deux.
"- Oui, mais restons aux aguets tout de même. Je te rappelle que la tête de notre boss est mise à prix et que cette bande de chasseur de tête rôde dans la région." Répondit-il.
"- Bah, t'en fais pas... Je suis sûr qu'ils sont à des centaines de kilomètres de nous à cet instant."
"- J'espère que tu as raison, Karl." Dit-il, avec un air non très serein.

Alors qu'ils se séparaient, une ombre se faufila juste derrière eux, ce qui eux pour effet de créer un très léger courant d'air qui percuta l'oreille d'un des garde, qui retourna brièvement la tête.

"- Que... ?! Eh, tu as senti ça ?" S'inquiéta le garde.
"- Hein ? Tu délires ?" Répondit le second, surprit.
"- J'ai vraiment senti quelque chose... !"

Tendant sa torche face à lui, il tentait d'analyser les recoins et s'éloigna légèrement pour approcher l'endroit où il avait senti cette présence mystérieuse. Mais vraisemblablement, il ne trouva rien qui lui semblait anormal, hormis l'oeuvre de son imagination.

"- Ah... J'ai peut être besoin de repos... AH !"

Sa torche tomba contre le sol et il s’effondra soudainement à ses côtés sans crier gare. En une fraction de seconde, l'autre garde se retourna brusquement pour apercevoir que son compagnon venait de chuter contre le sol, ne présentant plus aucun signe de vie, ou du moins il semblait inerte.

"- Qu'est-ce que... EH ?!"

A son tour, il sentit en l'espace d'un instant sa conscience le quitter sauf qu'il avait ressenti un puissant coup lui frapper la nuque avant de subitement s'évanouir. Une ombre resurgit derrière lui, formant une silhouette humaine et semblait, en vue de la posture de sa main, être l'auteur de cette attaque.

"- Faut pas vous promener seul dans la nuit, les gars..." S'exclama l'ombre, un tantinet plaisantin.

Levant la tête vers un grand mur, il prit son élan avant de sauter et de poser la main au sommet puis se hisser avec ses bras. Se laissant ensuite tomber, il atterrit dans la cour arrière de la maison où se tenait un garde qui lui était de dos. Rapidement, il se faufila derrière lui avant de lui asséner un coup rapide et indolore dans la nuque pour l'envoyer au sol sans pousser un cri.

"- Ok, et maintenant..." Murmura-t-il.
"- PAS UN GESTE !"

Tournant soudainement la tête, l'intrus remarqua un garde qui avait pointé le bout de son nez. Il avait clairement manqué de vigilance et ce dernier s'élança pour lui asséner un coup d'épée mais il se prit subitement un kunaï qui se planta au milieu de son front.

"- Tu deviens négligeant, Desmond." S'exclama une voix.

Se posant à ses côtés, une jeune femme fit son apparition. Elle portait un kimono blanc orné de divers motifs bleus qui donnent un charme oriental, de la même couleur que sa jupe. Mais plus important, elle avait des oreilles de renard qui couvraient ses cheveux blancs et ses yeux bleus assortis à sa tenue et arborait plusieurs queues, montrant son appartenance à un certain clan de Yamato.

"- Izumi... ! Tu tombes à pic ! Tous les archers dissimulés sont morts ?" Demanda-t-il, la toisant du regard.
"- Tu faisais quoi, au juste ? On avait dit qu'on se retrouvait ici lorsque la Lune était à son pinacle et c'était le cas il y a au moins 30 minutes !" Répondit la jeune kunoichi, à la limite de l'agacement.
"- J'ai eu un petit empêchement, tu me connais bien." Dit l'homme avec un léger sourire.

S'affichant hors de l'ombre, l'homme sortit des ténèbres pour montrer son visage. Il portait une longue veste rouge et portait une épée sur son dos. Ses cheveux étaient argenté et les yeux aussi bleus. Il paraissait plus âgée et avait une barbe non rasée de quelques jours.

"- Bon, j'imagine que l'on n'a plus énormément de temps avant que la cavalerie débarque. Ils vont rappliquer dès qu'ils n'auront plus de nouvelles des sentinelles. Faudrait pas qu'on se traine et qu'il nous file entre les doigts. Dépêchons nous !" Fit Desmond à sa camarade.
"- Heureusement que j'ai pensé à tout." Répliqua-t-elle, sortant un jeu de crochetage de ses habits.

Quelques secondes plus tard, la porte arrière s'ouvrit grâce aux compétences de voleuse de la femme renarde et les deux personnes pénétrèrent dans l'enceinte du bâtiment sans avoir été repéré. Se regardant dans les yeux, ils se firent un signe de la tête avant de se faufiler dans la structure. Bien entendu, le bâtiment était gardé et ils progressaient, l'un derrière l'autre pour neutraliser chaque cibles qu'ils rencontraient discrètement. Leur coopération était précise et démontrait qu'ils travaillent ensemble depuis quelques temps. Pendant que Desmond attrapait un garde pour l'immobiliser et l’assassiner, Izumi se faufilait pour attraper le suivant et lui trancher la gorge. Suivant ce fonctionnement efficace, ils arrivèrent face à une porte.

"- Bon, à mon tour..." Fit la renarde, sortant son jeu de crochetage.
"- On a plus le temps pour ça !" Envoya Desmond, s'élançant vers l'avant.

D'un grand coup de pied, il enfonça la porte en bois qui s'écrasa sous la puissance de sa botte. La renarde resta abasourdi par la brutalité de son compagnon un instant avant de le suivre. Les deux assassins pénétraient un bureau où était assis une personne qui se leva brusquement à leur arrivé, l'air affolé.

"- Qui va la ?!" S'écria la personne.

Il avait l'apparence d'un riche homme d'affaire, bien habillé et portait sur lui de nombreux bijoux tel que des bagues ou une montre à gousset dorée. Les deux intrus qui lui faisaient face affichaient un léger sourire, presque amical tant ils avaient l'air content de le retrouver, contrairement à leur homologue.

"- Je vous reconnais... ! Red Moon !" S'écri-t-il encore, inquiet.
"- Salut, Sergio. Depuis ton trafic d'esclaves, tu mènes la belle vie, on dirait. T'as une belle prime sur la tête, si tu veux tout savoir." Répondit l'homme à la veste rouge.

Ce dernier s'avança doucement, posant doucement la main sur le manche de son épée avant de la dégainer, s'approchant de l'hôte des lieux.

"- Non, pitié !"

En une fraction de seconde, un jet de second aspergea la fenêtre et l'homme s'effondra sur le sol, le torse taillé profondément par un coup d'épée rapide et indolore. Tournoyant son épée d'un mouvement de poignet, il la replaça à la lanière qui lui traversait le dos.

"- Voila une bonne chose de faite. Partons." Fit-il, se tournant vers sa camarade.

La jeune femme était tournée vers la fenêtre et apercevait des lumières venir des coins de rue. Ils s'approchaient dangereusement de la résidence où ils se tenaient.

"- On a un sérieux problème, la... Les gardes !" Fit-elle, jetant un regard à Desmond.
"- Ouais. On va pas rester ici !" Répondit-t-il, s'apprêtant à courir.

Les deux intrus se hâtèrent pour s'enfuir et sortir du bâtiment d'où ils étaient venus et étaient maintenant dehors. Il se retrouvèrent face à un grand portail dans la cours qui les menaient à l'extérieur de l'enceinte. Malheureusement, les lumières des gardes encerclèrent le bâtiment et se regroupaient face au portail pour l'enfoncer et faire face au duo. Les autorités avaient eu l'information que quelque chose se tramait. On pouvait en compter une dizaine juste devant eux.

"- On vous tient, cette fois !" S'écria l'un d'eux, portant une épée.
"- Putain... !"

https://youtu.be/iLyZeX1_DRA

Alors qu'ils se préparaient à se défendre contre l'assaut, une silhouette s'élança face à eux et se posa brutalement face au groupe de gardes. Il portait une immense cape qui recouvrait l'intégralité de sa silhouette. D'un lourd mouvement de la main, il frappa un garde qui fut envoyé droit dans un mur. Ce dernier se retrouva lacéré par ce qui avait semblé être un puissant coup de griffe. Le porteur de ce coup était imposant, voir immense par rapport aux gardes et sa seule présence suffisait à les faire hésiter à attaquer.

"- Qu'est-ce que c'est que ce monstre... ?!" Fit l'un deux, apeuré.

L'assaillant plongea sa main dans la capuche qui le recouvrait et en ressortit une gigantesque épée qu'il planta dans le sol. L'arme qu'il avait sortit était en réalité très étrange car elle possédait un "coeur" qui battait en son sein. Celui-ci scintilla d'une lumière rougeâtre inquiétante tandis que le possesseur de l'imposante épée hurla, enflammant sa lame qui se rependit dans le sol avant d'emporter le sol et les gardes avec dans un torrent de flammes et d'hurlements de douleur.

"- Arkhan !" S'écrièrent le duo en apercevant la personne.

Cette dernière rangea son épée à travers sa cape et retira sa capuche, toisant du regard les deux compagnons à qui il venait de porter secours. Son apparence était très singulière, notamment à cause de ses cornes mais aussi des marques sur son visage. De toute évidence, il ne paraissait absolument pas humain mais ressemblait plutôt à un démon.

"- Heureusement qu'on avait dit : "Pas de déboire" !" Fit le dénommé Arkhan, d'une voix grave.
"- Héhé... Ne t'inquiète pas, je te payerais un coup pour te remercier. Tu as le chariot que je t'ai demandé d'apporter ?" Répondit Desmond, heureux de voir son compagnon.
"- Ici même."

D'un mouvement de la tête, il montra un chariot accompagné de chevaux qui se tenait à quelques dizaines de mètres d'eux.

"- Parfait, tirons nous d'ici !"

Les cris des gardes s'intensifiaient autour de la résidence et se dépêchaient pour rejoindre le point où se trouvait le combat, mais ils arrivèrent trop tard. Les assaillants se dépêchaient de rejoindre le chariot pour s'échapper de la ville à toute vitesse, laissant derrière eux une nouvelle mission bien achevée, non pas sans bavure. Le trio de mercenaires n'étaient pas inconnus des autorités du pays et étaient présentés comme de dangereux criminels dont leurs têtes étaient mise à prix pour une jolie somme. Ils étaient un des trio les plus recherchés de l'Empire connu sous le nom de "Red Moon".

[Introduction]

Une lame brandie trancha la chair d'un homme qui s'écroula au sol, son sang vint peigner le sable chaud de l'arène. C'est dans un ultime râle que ce guerrier prononça un nom.

"Nacho..."

Et dans un élan d'entrain, la foule installée dans les gradins venue assistée à ce spectacle, clamait à répétition ce même nom haut et fort, en chœur.

"Nacho! Nacho! Nacho!"

Un homme de grande taille, au teint bronzé et à la chevelure rousse, vêtu d'une armure légère, brandissait ses deux cimeterres en direction du public qui l'acclamait. Une expression de joie intense pouvait se lire sur son visage et à son tour, il poussa un cri de fureur.
Au centre des gradins, légèrement surélevé en hauteur par rapport aux autres spectateurs, se trouvait un homme assis confortablement sur un siège, il était vêtu d'une longue toge et portait plusieurs bijoux de grandes valeurs, allant du collier jusqu'aux anneaux. Il s'agissait d'un noble Calderos. Plusieurs gardes étaient postés à ses côtés. Il était en train de déguster un délicieux verre de vin, avant de le reposer sur un plateau à sa droite tenu par une servante, puis se leva d'un coup et la foule en folie se calma immédiatement à sa vue. Il prit ensuite la parole tout en jetant un rapide coup d'œil au guerrier prénommé Nacho.

"Bien, il est temps de conclure les festivités. Mes amis, j'annonce la finale désormais ouverte ! Guerriers et guerrières, vous n'avez qu'un seul but, remplissez l'Arena Varga de sang ! Que la Calderia toute entière profite de ce splendide spectacle macabre!"

Il tendit sa main en avant puis l'abaissa pour faire signe aux gardes positionnés aux extrémités de l'arène d'ouvrir les cages et de libérer les redoutables gladiateurs qui se ruèrent tous aussitôt sur Nacho afin d'en découdre. La foule était à nouveau en délire et hurlait le nom de leur champion toujours de plus en plus fort.
Le noble se rassit dans son siège pour profiter des combats mais fut interrompu par un de ses gardes qui vint lui dire quelques mots à l'oreille.

"Don Eladio, une affaire urgente requiert votre attention."
"Ah oui? Eh bien je n'ai pas le temps, ça attendra la fin des festivités."
"Il s'agit de la..."

Le garde se tut et le Calderos se figea un instant lorsqu'il aperçut au loin une guerrière assez singulière entrer dans l'arène. Cette dernière dégaina son sabre et taillada les gladiateurs qui se dressait contre elle avec une telle aisance que l'on pouvait presque croire qu'elle dansait. Elle se fit rapidement remarquer par Nacho qui détourna le regard dans sa direction, il tomba immédiatement sous son charme, il n'avait jamais vu une femme d'une beauté pareille.
Elle terrassa le dernier gladiateur qui se trouvait face à elle puis tourna le regard à son tour en direction du champion de l'arène. Ils étaient désormais les deux seuls candidats encore en lice, Nacho observait sa prochaine adversaire qui lui faisait face. Elle portait une longue jupe bleue, des talons, des épaulières ainsi qu'une brassière de métal faisant office d'armure, un style vestimentaire plutôt étrange pour une femme dans ces contrées. Elle portait également plusieurs bijoux, sûrement d'une grande valeur, ainsi qu'un bouclier orné de plusieurs pierres précieuses, accroché à son dos.

Mais la chose qui interpella le plus le gladiateur, c'était son apparence physique, comme lui, elle était de très grande taille, arborait une puissante musculature ainsi qu'une longue chevelure rousse attachée, le teint bronzé ainsi qu'un long nez aquilin, à l'exception de ses fines oreilles en pointe comme une elfe. Elle n'était définitivement pas originaire de la région ni même du continent nord.
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La foule ne disait plus rien, les gradins étaient étrangement très silencieux.

"Qui es-tu ?" demanda le champion, intrigué.

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'étrangère et elle ricanait légèrement, elle provoqua Nacho avec deux doigts en lui faisant signe de venir. Ce dernier serrait les dents et empoigna avec force le manche de ses deux cimeterres et bondit en avant, lames brandies en direction du ciel pour les abattre d'un coup rapide sur son adversaire féminin. Celle-ci riposta à grande vitesse en déployant son bouclier pour contrer à temps l'assaut féroce du gladiateur et même le repousser de toutes ses forces dans un bruit métallique assourdissant.
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Nacho réussit à se rattraper à temps en s'agrippant au sol brûlant mais il était déjà trop tard pour réagir, l'étrangère était déjà au dessus de lui, prête à lui asséner un coup fatal avec son sabre. Il n'eut pas d'autre choix que de rapidement ramener sa jambe droite afin d'infliger un puissant coup bas dans les chevilles de son opposante qui la déstabilisa immédiatement. Profitant de cette fenêtre de court répit, le guerrier mit aussitôt de la distance en effectuant plusieurs saltos arrières et ramassa ses deux cimeterres qui avaient été elles aussi éjectées durant la riposte. Il se mit ensuite à tourner autour d'elle pour la jauger.

Nacho n'en revenait pas qu'elle lui donnait autant de fil à retordre, il n'avait pas connu cette difficulté depuis bien trop longtemps, elle, de son côté, se tenait droite et confiante, elle le toisait. Alors qu'il s'apprêtait à enchaîner sur un deuxième assaut, il remarqua qu'un des gladiateurs, auparavant terrassé qui jonchait sur le sable brulant de l'arène, était en train de se relever, il était situé dans le dos de la guerrière. Sans crier gare, il empoigna son arme et bondit sur elle pour l'attaquer. Nacho allait donc profiter de cette attaque éclaire et inattendue pour à son tour lancer l'assaut mais quelque chose le stoppa immédiatement dans son élan.

L'étrangère souriait et leva d'un coup sa main droite en direction du ciel puis claqua des doigts et un éclair vint immédiatement frapper son assaillant sous les yeux ébahis du public dans les gradins.
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Elle ne s'arrêta pas en si bon chemin, elle profita alors du moment d'inattention de Nacho pour bondir dans sa direction et lui asséna un puissant coup de pommeau avec son sabre en plein visage. Il s'écroula alors au sol et sentit une lame toucher sa gorge. Il essuya le sang qui coulait le long de son arcade sourcilière et observait avec un regard empli de haine son opposante, il marmonnait quelques jurons avant de réellement prendre la parole.

- Qui es-tu bordel?!
- Ton pouvoir est encore endormi à ce que je vois démon, tu es si pathétique, je m'attendais à un peu plus de résistance pour un champion d'arène tout de même ! s'exclama l'étrangère.

Nacho serrait les dents ainsi que les poings et fixait intensément la guerrière qui venait de le battre et de l'humilier publiquement devant son public. Cette dernière perdit d'un coup son sourire lorsqu'elle aperçut la colère noire de son adversaire, ses yeux vinrent au rouge écarlate et une aura de la même couleur commençait à recouvrir le corps du champion.
L'étrangère recula alors d'un pas, paniquée mais ce ne fut que bref, Nacho se calma aussitôt puis se releva.

- Assez ! s'écria le maître des lieux. Dame Neyrelle, vous me faîtes un honneur d'être venue jusqu'ici, c'est un plaisir de vous recevoir mais j'aurais préféré que vous m'en parliez avant de débarquer à l'improviste et d'humilier mon champion de la sorte !

Neyrelle baissa la tête et reprit son air enjoué habituel, elle tourna les talons puis se mit à quitter l'arène comme si de rien était.

- Attends ! cria Nacho pour la retenir. Tu n'es clairement pas quelqu'un d'ordinaire, dis moi juste qui tu es, tu sembles me connaître ! Ces oreilles, tu n'es pas une elfe malgré ta magie, je le sens. Tu as même un air... familier. Tu me dois des réponses!
- Tu sauras tout en temps et en heure, démon. En attendant, continue de t'entraîner, nous nous reverrons au festival du Lion à la capitale. Byeee~.

Elle leva alors sa main en l'air et fit un signe d'un au revoir tout en quittant les lieux sans dire un mot de plus, laissant le gladiateur dans la confusion.