A la demande du Seigneur, Tyr entra dans la salle d'audience. C'était très grande pièce peu lumineuse, sombre qui était éclairée uniquement par quelques sources. Parmi ces sources l'on trouvait de multiples hologrammes présents aux quatre coins. Ces hommes représentaient les dirigeants les plus influents de Surgia. Rois locaux, président, diplomates importants le gratin du Domaine était présent ici sous forme d'hologramme et observait la rencontre. Cependant une figure très importance, celle du Roi d'Anchor manquait à l'appel.

Une allée gigantesque menait à l'îlot central, là où est homme dos tourné au Grimurd prenait place debout. Cet homme impressionnait de par sa longue taille. Atteignant facilement les deux mètres, l'homme possédait une corpulence svelte mais impressionnait de par sa carrure. Tout comme la femme étant sorti de la salle, il dégageait aisément quelque chose et même pour ceux peu initiés à la magie. Le Seigneur Hokr transpirait une sensation d'effroi terrible. Au fur et à mesure que Tyr se rapprochait, les souvenirs se ravivaient.

L'Attaque de Nibal'len, la quasi extinction de son peuple, le meurtre de sa mère, tout ça était à cause de cet homme. Douze ans après, ils se retrouvaient l'un en face de l'autre, mais malgré toutes ces années d'entraînement, les deux hommes n'étaient pas du même monde ... Tyr était encore bien trop faible pour rivaliser avec le Seigneur Hokr, c'est pour cela qu'il ne tenta absolument rien. Arrivé à proximité du Mystique, le membre du Conseil Noir se retourna présentant sa face à l'Agent du Dominion. Un visage gravé dans la mémoire du jeune homme ...

Dès lors que le Seigneur Hokr prit la parole, tous les hologrammes des différents dirigeants disparurent. Ne laissant plus que trois hommes dans la salle ...

"- Agent Tyr, commença le Seigneur Hokr, depuis votre entraînement sur Antivan, j'entends de nombreux éloges à votre sujet. Sur vos qualités d'assassin, de sang-froid, de stratège et si à l'annonce de votre recrue dans l'équipe je fus surpris ... Les récents événements viennent de me confirmer quelque chose ...

Le Seigneur Hokr était une personne incroyable. Sans même intimider le Grimurd en face de lui, il le faisait se sentir comme un moins que rien. Dans la sagesse de ses paroles et ses connaissances sur le monde, ses interlocuteurs ressentaient le plus souvent une certaine pression mentale. Peut-être l'oeuvre de la magie ou bien d'un charisme incroyable ...

- Suite à la retraite de l'ancien Général Asemir Lotkrieg, je viens vous faire une proposition. Le Soldat Jarvin Arson est une personne respectée de Surgia qui assurera sans problèmes la succession en tant que Général des Forces Armées de Surgia, dit-il en indiquant un homme à l'écart dans la salle d'audience, mais j'ai d'autres projets pour vous ... SpoilAfficherMasquerJarvin Arson:

Le Seigneur fixa du regard le jeune Grimurd qui se tenait droit devant lui. Il analysa le visage de l'agent cherchant à lire dans ses pensées mais il ne trouva absolument rien. Comme lors de leur dernière rencontre, le Grimurd demeurait impassible, n'exprimant aucune émotion sur son visage. Il avait en lui une profonde envie de tuer l'homme qui se tenait devant lui, le Seigneur Hokr devait également s'en douter mais pour n'importe qui d'autre cela serait impossible à voir.

- Devenez une personnalité importante de Surgia et du Dominion, continua-t-il, mes yeux ainsi que mes mains dans toute la galaxie. Le leader de votre propre équipe, Agent Tyr, remplacez l'ancien Général Lotkrieg en tant que Main de Surgia.

C'est à ce moment que le jeune Grimurd comprit la signification des paroles de son oncle. Bien qu'il ne s’attende pas à monter en grade de sitôt, devenir la Main de Surgia était une occasion rêvée. En tant qu'Agent principal du Seigneur Hokr il allait pouvoir apprendre, mais surtout apprendre à connaître son adversaire pour leur affrontement futur. Le jeune homme déterminé, donna une réponse au Lord du Conseil Noir.

- J'accepte. Prononça le froid Tyr

- Bien mais avant tout ... Vos actes récents au sein de la Station méritent récompense. Beaucoup d'Hommes sont intéressés par la richesse, de beaux quartiers ou encore de belles femmes ... Tyr quel sera votre choix ?

En posant cette question, le Mystique testait les motivations de sa nouvelle main. Comme il l'a dit de nombreux hommes bêtes auraient choisis les bonheurs de la chair à cette question mais pas Tyr. Le Grimurd n'était pas spécialement intéressé par les plaisirs de la chair ni par une richesse tout ce qui l'importait était le pouvoir et le fait d'avoir des personnes dignes de confiance à ses côtés. Après avoir réfléchi légèrement à la question, il donna une réponse qui surprit le Seigneur Hokr.

- La prisonnière Absale,commença le Grimurd, je veux que vous la libériez. Non pas pour qu'elle devienne mon esclave ou ma servante, laissez-lui le choix de sa future destination.

- Très bien.

La réponse du jeune homme surpris dans un premier temps le Savant Mystique. Après cette réponse il était sûr de son choix, c'était visiblement le bon. Tyr venait de le conforter dans son idée. Le Seigneur fit un signe à des servants du palais et continua sa discussion avec sa Main.

- L'époque de la Sguad Feidh est révolue, vous et votre équipe serez dorénavant appelés la Sguad Ulfur. Mes yeux et mes mains à travers la galaxie, vous bénéficierez d'un accès aux cercles privés et mystérieux. Un nouveau vaisseau vous sera remis. Mais avant tout parlons de votre prochaine mission ...
Vous serez envoyé sur le vaisseau du Seigneur Aatrox, un autre membre du Conseil Noir. Un Seigneur trop imprévisible. Vous l'aiderez tout en gardant un œil sur ses agissements, je compte sur vous."

L'audience levée, le jeune loup sortit des quartiers gigantesques de son nouveau Seigneur. Les événements s'étant rapidement enchaînés, le Grimurd n'avait pas vraiment pas conscience de la progression qu'il avait effectuée depuis son départ d'Antivan. En sortant de la salle d'audience, il trouva ses anciens partenaires. Tous avaient l'air particulièrement marqué par le "départ" de leur chef. Tous avaient des liens avec lui, une certaine redevance et en sortant, Tyr s'adressa à eux.

"- Je viens de devenir la nouvelle Main de Surgia. J'aurais besoin de quelques personnes de confiance à mes côtés mais je ne peux pas vous demander de m'accompagner ... Vous vous êtes engagés pour Asemir Lotkrieg, je ne suis pas cet homme. Faites ce que bon vous semble, c'est peut-être l'occasion de vous offrir une nouvelle vie, loin du danger permanent."

En entendant les paroles du jeune homme, les différents membres le remercièrent. C'était l'occasion de repartir de zéro, de mener une nouvelle vie. Et si Rhakoo ainsi que Jett adressèrent des poignées de main viriles au Grimurd, signes de leur départ, la pilote rousse resta. Il n'avait pas besoin de lui demander, Lysithea voulait partir de la nouvelle Sguad Ulfur. Au même moment, Yr'elia sortit libérée par des gardes, elle se dirigea directement en direction de ses deux amis, le sourire aux lèvres.

- Qu'est-ce que tu comptes devenir Yr'elia ? Interrogea Lysithea

- Je crois pas avoir quelque chose de plus intéressant à faire. Je pense me plaire au sein de l'équipe. Finit l'Absale avec un sourire

C'est de cette manière que se forma la nouvelle génération de la Sguad. La Sguad Ulfur naquit avec comme premiers membres Lysithea pilote sanguinaire, Yr'elia voleuse aux doigts d'or et Tyr, l'ombre de Surgia.

Veanil sombre déjection anale

[Elsis 2 - Bordure extérieure]

Elsis 2 était l'une de ces planètes nouvellement colonisées, encore largement inexplorée, dont la population ne dépassait guère le million d'âmes. Son peuplement se faisait à un rythme plutôt lent, étant donné que les environs, dans ce secteur de la Bordure Extérieure, n'étaient guère d'immenses foyers de peuplement. Le voile de mystère qui l'entourait n'avait pas encore été levé, tant que l'immense majorité de cette terre demeurait sauvage et inconnue.

Dans un tel contexte, des rumeurs commençaient à circuler, des bruits portant sur une sorte de présence éthérique qui se terrerait sur cette planète. Un revenant, un esprit, les versions se contredisaient toutes, mais ce qui était certain, c'est que de la magie était à l'oeuvre.

Alors que Garo s'attendait à fêter le passage à la nouvelle année dans un night club ou un bordel, comme il se devait, ses compagnons en avaient décidé autrement. Pour ce début d'année 2500, ils iraient dans les montagnes à l'est de la ville, à la chasse aux fantômes. Ils étaient près d'une vingtaine à s'y diriger, plus intrigués que motivés par un quelconque appât du gain. La bande de Torch était au complet, dans le vaisseau qui les amenait à leur objectif.

Cette petite bande de brigands avait fui les accueillantes terres du Cyclone depuis qu'ils s'étaient mis à dos les puissants Soleils Noirs de Fist, et avaient du errer jusqu'à ces obscures contrées peu développées de la Bordure Extérieure pour pouvoir se poser calmement, et se refaire les dents. Leur leader, Torch, était un thorien comme Fist, un dur à cuire avec beaucoup d'expérience et une ordure de la pire espèce. S'ils faisaient profil bas depuis qu'ils étaient sur Elsis 2, ce n'était que temporaire, jusqu'à ce qu'ils aient reconstitué une bande assez puissante.

En tout cas, ce qui rendait Garo pensif pendant le trajet, c'était l'objectif qu'ils avaient. Ce n'était pas du genre de Torch de se préoccuper d'affaires aussi mystiques, lui qui était d'habitude un chef très terre à terre et motivé par le seul appât du gain.

Comme s'il devinait ses pensées, le chef se tourna vers Garo, avec un sourire en coin.

"Tu dois te dire que je perds les pédales, hein Garo ? T'aurais préféré fêter le nouvel an dans le minou d'une Absale, je parie.
- Nan, pas du tout chef ! C'est juste... qu'on m'a pas expliqué. Ca ne vous ressemble pas, ce genre de coup.
- C'est parce que tu ne connais pas toutes les données du problème.
- Hein ?"

Le chef ne répondit pas au jeune humain du groupe, car le pilote les informa qu'ils arrivaient à destination. Une fois l'atterrissage effectué, la troupe de brigands sortit pour faire connaissance des lieux, et déballer leurs équipements. Torch prit ensuite la tête du groupe et les emmena sur un sentier de montagne, qui débouchait sur l'entrée d'une véritable caverne, creusée dans la montagne.

Le thorien se retourna alors vers sa petite troupe, pour enfin tous les mettre au courant.

"Alors, bande de sacs à merde, comme j'allais l'expliquer à Garo... Ce soir, on est là pour se faire des couilles en or, on va s'enrichir à un point, vous y croirez même pas ! Sur quoi je me base pour dire ça ? Eh bah, pour commencer, j'ai discuté avec le maire du bled d'à côté, ce vieux croûton... Il me dit que pas mal de blaireaux sont déjà partis s'engouffrer là-dedans, car c'est là que se terre notre fameux fantôme, ou peu importe ce que c'est. Ce qui est vraiment intéressant, c'est que parmi tous ces glandus qui y sont rentrés... Eh bien, très peu en sont ressortis. Et ils racontaient tous les mêmes conneries : y'a une espèce de cave cristalline, au plus profond de la grotte, mais... elle est lourdement minée. Y'a des pièges de partout, des mines, des runes magiques et tout ce bordel. C'est pour ça que j'ai insisté pour qu'on prenne tout ce matos. On va déblayer tout ça bien prudemment, centimètre par centimètre. Si cet endroit est aussi lourdement protégé, c'est qu'il cache des trucs dont on a même pas idée. Des trucs comme... un trésor, par exemple. Alors, bande de tocards, vous me suivez ?"

Il y eut très exactement quatre secondes de silence avant que les premières approbations se manifestent, d'abord mesurées, puis tournant à l'acclamation générale. Torch avait su convaincre ses troupes, Garo compris, et ils allaient tous entrer dans cette caverne pour découvrir le putain de trésor qui s'y cachait.

[Elsis 2 - caverne cristalline - Bordure extérieure]

Ils y étaient enfin arrivés. Après huit heures d'efforts acharnés et de déblayage intensif, ils étaient enfin arrivés au bout du chemin. Ils avaient perdu cinq de leurs camarades dans le processus, mais l'instinct de Garo lui disait que cela valait largement la peine, un sentiment que son boss devait sans doute partager avec lui.

Ils avaient fait exploser la dernière porte et étaient arrivés au plus profond de la caverne, une immense pièce à l'atmosphère bleutée à cause de la couleur des cristaux qui abondaient sur les murs. Ils pouvaient également palper la curieuse atmosphère qui régnait sur les lieux, mais seul le mage du groupe, l'elfe Nuryon, parvenait à l'expliquer : la pièce était chargée en magie, tout simplement. Un ponton naturel se présentait à eux, et les menait droit au point le plus brillant de la pièce : le trésor, à portée de vue !

S'avançant en groupe, ils virent au bout du chemin un petit promontoire rocheux qui formait un autel naturel, avec, posé dessus, sur un linceul, un énorme saphir brillant encore plus intensément que les cristaux des alentours, d'une forme parfait et si gros qu'il pouvait tenir tout entier dans la main de Garo.

Tous étaient ébahis par leur trouvaille et savouraient le moment, si bien que plus personne n'osait s'avancer. C'est leur chef qui prit finalement l'initiative de s'avancer, examinant rapidement le linceul blanc, avant de s'emparer du trésor tant convoité. Son intuition avait été encore une fois juste, car avec un tel caillou, ils allaient pouvoir vivre comme des seigneurs pendant un bon bout de temps.

Mais alors qu'il prenait le saphir et le brandissait fièrement, il sentit subitement que quelque chose n'allait pas. L'atmosphère changea, les cristaux perdaient en éclat, et le saphir se mettait à vibrer bizarrement... Soudain, Nuryon fut pris de violents tremblements, se prit la tête entre les mains et se jeta au sol, tout en hurlant de douleur. Une brume non-naturelle s'empara des lieux, et le sol fut secoué de tremblements, tandis que la confusion et la peur régnaient désormais dans les cœurs du groupe de bandits.

"C'est quoi ce bordel !"

https://www.youtube.com/watch?v=IOPjSYyLHyo&feature=emb_title

Instinctivement, Torch lâcha le saphir, animé par une étrange pulsion de rejet, tandis que la brume s'épaississait. Il y eut alors un flash aveuglant, et toute la brume présente dans la pièce s'épaissit en fumée, et convergea vers le cristal, comme si elle était aspirée. C'est là qu'elle se mit à adopter une forme, vague au début, puis de plus en plus précise, humanoïde. Quelques secondes plus tard, ils pouvaient contempler un être vivant de chair et d'os, un elfe plus exactement, assez bien bâti, à la peau pale et aux longs cheveux argentés, lisses et tombant derrière ses épaules. Habillé comme un sorcier, l'elfe était en lévitation à quelques centimètres du sol, yeux clos. C'est lorsqu'il posa pied à terre qu'il prit une grande inspiration, pour humer l'air libre, et ouvrit ses yeux.

"Vous ne pouvez pas comprendre ce que je ressens, mais sachez juste... que ça fait un bien fou."

Devant une assistance médusée, l'elfe se fendit d'un sourire dont on ne pouvait lire les intentions, car si sa voix trahissait un vrai soulagement, ses yeux étaient froids comme de la glace.

"Oh, bien sûr... Où avais-je la tête ? Mankar Faloran, pour vous servir ! Si ce nom ne vous dit absolument rien, c'est tout à fait compréhensible, il a dû disparaître depuis des lustres, maintenant. À ce propos... En quelle année sommes-nous ? C'est une question très sérieuse."

Après un silence gênant qui dura de longues secondes, la voix tremblante de Garo s'éleva, à sa propre surprise.

"On... on est en 2500, depuis quelques heures, en fait.
- Oh, alors je reviens pile pour la nouvelle année ? Quel heureux hasard. Bien ! Messieurs, vous avez tous mes remerciements. Je vous suis reconnaissant de m'avoir sorti de mon profond sommeil, alors dans ma grande générosité, je vous propose de ne pas tous vous tuer sur le champ, et qu'on se sépare bons amis !"

Apparemment satisfait de sa proposition, Mankar Faloran s'avança avant même que le gang ne lui ait donné sa réponse, mais fut immédiatement arrêté par un tir de blaster, qui s'était logé à quelques centimètres devant ses pieds, pour lui barrer la route. C'était Torch, le leader, qui avait agi de la sorte.

"Tu vas nulle part. Donne-nous le caillou, si tu veux pas plonger dans un sommeil encore plus profond. Il sera définitif celui-là, c'est moi qui te le dis.
- Oh. Eh bien... si vous n'aviez rien dit, j'aurais peut-être été disposé à vous le céder, mais avec ce ton menaçant, je pense que je vais le garder pour moi. Et je vais tous vous tuer.
- Dégommez-le !"

Avant que le thorien n'aboie son ordre, Mankar avait déjà préparé ses défenses, et une barrière magique des plus solides s'érigea autours de lui pour le protéger de la pluie de tirs. En même temps, il leva sa main gauche avant de l'abaisser, et sous son ordre, trois gros blocs cristallins se détachèrent du plafond pour aller s'écraser au sol, tuant sur le coup six bandits.

Alertés, les survivants s'arrêtèrent immédiatement de tirer et reculèrent de manière désorganisée, la peur ayant désormais gagné leurs rangs. Mankar sourit et tendit son autre main, pour que l'unique sortie de la pièce se retrouve barrée par deux imposantes colonnes de flammes. Désormais, aucun d'entre eux ne pourrait en réchapper sans son bon vouloir.

L'Archonte s'avança tranquillement vers eux, remarquant un congénère elfe au sol, toujours pris de convulsions depuis un long moment.

"Ah oui. Désolé, j'avais senti un autre mage, et j'ai préféré te neutraliser dès le début... Si j'avais su que tu n'étais qu'un petit magot de foire, je t'aurais sûrement laissé tranquille. C'est le destin, que veux-tu."

Au moment où il s'apprêtait à mettre fin aux jours du bandit, Mankar sentit une présence supplémentaire dans son esprit. Il parvint rapidement à en déceler la nature, car elle ne cherchait pas à être discrète. Cette présence... semblait avoir une résonance gigantesque, une portée incroyable. Une voix retentit alors dans sa tête.

Tend l'oreille, ô Monde de chair et de sang
Toi qui es suspendu à mes lèvres,
Je porte le message de ton anéantissement
Car prochainement s'achèvera cette ère

lorsque l'Ultime accomplit son ascension
les racines de la mort s'immiscent dans les branches de la vie
le cinquième pilier s'effondre dans l'affliction
et toutes les cendres de la galaxie

Sont balayées par ces vents hasardeux
Car ni la nation de la Déesse Bénie
Ni les empires solaires et ténébreux
Ni aucun monde de chair et de vie

Ne sortira indemne du Cataclysme
Porteur de mort et de renaissance

"Que... Qu'est-ce que c'était... que ça... Tu l'as entendu, toi aussi ?"

Son interlocuteur étant encore secoué par de violents spasme, il finit par l'ignorer et s'avança vers les autres.

"Vous avez entendu ?
- Quoi ?
- Mais qu'est-ce qu'il raconte ?
- C'est un taré, un fou furieux, on aurait jamais dû venir ici !"

Visiblement, il était le seul à avoir entendu ce message. Pourtant, il semblait avoir une portée plus... universelle. En réfléchissant, Mankar remarqua que cette diction et ce vocabulaire cryptique lui disaient bien quelque chose, et puis la forme du message en faisait clairement une prophétie... Il venait d'entendre l'Oracle.

"Bon... Il semblerait que j'ai vraiment été réveillé au bon moment. Je vous suis reconnaissant jusqu'au bout. Pour la peine... Je ne vais pas vous tuer, en fait..."

Une sphère rougeâtre lumineuse apparut dans le creux de sa main. Il la jeta au milieu du groupe, et elle eut l'effet d'une bombe, explosant et se répandant tout autours d'elle. Nullement dangereuse, cette explosion ne fit aucun dégât autours d'elle, mais les particules magiques qu'elle avait provoqué s'insinuaient dans les cerveaux de tous. S'en suivit alors une mêlée générale, où chaque bandit se ruait sur son voisin pour essayer de l'abattre, avec la férocité de bêtes sauvages.

"C'est vous qui allez le faire."

Croisant les bras, l'Archonte regarda le spectacle de ces esprits faibles, influencés par un puissant sort d'illusion, certes, se massacrer les uns les autres. De cette mêlée sanguinaire ressortit le leader, Torch, visiblement pas affecté par la magie de Mankar.

"Oh, c'est une belle surprise. C'est vrai que les thoriens sont souvent pleins de ressources.
- Sale fils de pute... Qu'est-ce que t'es, au juste ?
- Un mage. Vieux, mystérieux, avec des surprises dans son chapeau, comme tout bon mage qui se respecte.
- RAAAAAAAAAAAAH !"

Ayant perdu son blaster dans la mêlée, Torch se rua sur ledit mage avec un couteau de combat à la main. En réaction, Mankar tendit sa main en avant et prononça sobrement :

"Elek."

Une boule d'énergie sombre et violette se matérialisa sur le chemin du thorien, et lorsque les deux énergies entrèrent en contact, une explosion concentrée engloutit littéralement la moitié du corps de l'infortuné. Mankar n'ajouta rien et prit seulement la peine d'enjamber le semi-cadavre, désireux de connaître l'issue de la mêlée meurtrière qu'il avait enclenché.

À son grand étonnement, au milieu de la marre de sang et de corps se tenait debout un homme, relativement jeune, haletant et recouvert de sang. Mankar claqua des doigts, et l'effet de son sortilège s'estompa. Avant que son interlocuteur ne puisse manifester son état de choc, l'elfe le regarda droit dans les yeux avant de le questionner.

"Si je te garde en vie, tu n'essayeras pas bêtement de te venger ?
- N...n...non...
- Alors c'est entendu. Nous allons faire un peu de chemin ensemble.
- Ah ...?
- Ne fais pas cette tête d'ahuri, dis-moi ton nom plutôt.
-Euh... Je m'appelle Garo.
- Eh bien, Garo, moi c'est Mankar, comme je l'ai dit tout à l'heure. Nous allons sortir d'ici, j'aurais ensuite besoin d'un vaisseau, et de quelques renseignements. Je dois... me remettre à jour. Il s'est sûrement passé énormément de choses pendant que je dormais, et j'ai besoin de tout savoir. Viens, sortons d'ici, l'odeur de mort m'incommode un peu.
- .... D'accord..."

[Surgia]

Avant de partir pour le vaisseau du Seigneur Aatrox, la Sguad Ulfur alla en direction des anciens quartiers d'Asemir Lotkrieg. La feuille qu'avait passé le Général à son neveu indiquait une série de coordonnées menant à cet endroit bien précis. Intrigué par les dernières informations transmises par son oncle, le jeune homme et ses compagnons firent un léger détour avant de filer.

En entrant dans ces quartiers, ils virent tout ce qu'il y avait de plus banal pour un homme de sa carrure. Un endroit spacieux où était entreposé des étagères bien remplies, un tas de trophées et médailles en tous genres ainsi que de sublimes décorations. Les trois membres de la Sguad Ulfur fouillèrent les moindres recoins des quartiers du Général mais en vain. Au bout de quelques temps, ils furent obligés d'admettre que leurs recherches étaient jusqu'à là peu concluantes.

Néanmoins la femme Absale ayant l’œil pour fouiller et dénicher les perles rares trouva une porte secrète. Une porte recluse de toutes les autres salles. Fière de sa trouvaille, elle appela Tyr et la pilote rousse qui arrivèrent aussitôt.

"- Je crois avoir trouvé quelque chose. Prononça Yr'elia "

La porte était néanmoins scellée. Complètement versatile, il était impossible d'exploser la porte ou encore de rentrer par la force. Le seul moyen de franchir le seuil était d'inscrire un code. Code qu'avait transmis le Général à son neveu comme dernier cadeau.

Après avoir franchi le seuil de la porte, les membres de la Sguad Ulfur descendirent un escalier qui n''en finissait plus, jusqu'à finalement atteindre un sous-sol gigantesque. Un sous-sol de plusieurs kilomètres était présent en-dessous des quartiers de l'ancien Général Lotkrieg. Mais le fait le plus marquant est qu'il était peuplé. Peuplé par toutes sortes d'individus, tant des Thoriens, des Absals qu'une multitude de Grimurds. Les tables raffolaient de nourritures, si bien qu'ils ne manqueraient probablement jamais de faim. Un véritable havre de paix pour réfugiés c'est ce qu'Asemir Lotkrieg avait caché dans ses quartiers.

Si, il n'avait pas transmis d'indication directe à Tyr, le jeune homme comprit sa pensée. Asemir voulait que Tyr protège cet endroit, protège ces réfugiés. Et son neveu, redevable d'avoir été sauvé comptait bien respecter cette dernière volonté.

"- Le Général a toujours eu un grand cœur. Dit Lysithea "

La Sguad Ulfur referma les portes du refuge avant de cette fois définitivement partir en direction du vaisseau du Seigneur Aatrox.

Asemir Lotkrieg, Cerf d'Argent, roi de la forêt, roi peureux.

[Soyou - Hôtel impérial Yin Zheng II]

La planète Soyou, située au cœur de l'Empire Fenzien, était connue pour son climat agréable, ses océans d'un bleu plus pur que le cristal, et pour avoir au fil du temps développé une forte industrie du tourisme de luxe. Les plus hauts fonctionnaires impériaux avaient pour habitude de s'y rendre lors de leur temps libre, et se disputaient âprement les places dans les établissements les plus réputés, tel que l'hôtel impérial Yin Zheng II, sans conteste le joyau de tout ce monde hôtelier de Soyou.

Puiyeng, maître concierge depuis plus de quinze ans au Yin Zheng II, avait l'habitude de traiter avec les riches et les puissants de tout Fenzien. Il savait quelle attitude adopter avec eux, comment leur parler, les flatter, se plier en quatre pour satisfaire leurs besoins, et c'est toujours avec un flegme impeccable qu'il recevait ses prestigieux clients. Pourtant, aujourd'hui, il se trouvait dans une situation des plus inconfortables, qui le faisait douter de ses capacités professionnelles. L'hôtel tout entier avait été réquisitionné, vidé de tous ses clients, et bouclé. Tout cela pour satisfaire la requête de deux clients des plus exceptionnels, surpassant tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent.

En salle de cuisine, il apostrophait violemment son personnel, insistait sur chacune de ses consignes et se répétait sans cesse. Finalement, après en avoir eu assez de les haranguer, il veilla à ce que les multiples plats soient bien amenés dans la grande salle de réception, où devaient se rencontrer les deux convives ainsi que leur maisonnée. Car ces deux invités de marque n'étaient pas venus seuls, comme en témoignaient les multiples véhicules garés dans le parking de l'hôtel.

Puiyeng apprit l'arrivée de l'un des deux invités à la salle de réception, et se précipita aussitôt vers la suite luxueuse où était sensé se prélasser le second, afin de le prévenir. Lorsqu'il sonna devant la porte, on lui ouvrit après une attente qui lui avait semblé interminable, et tomba nez à nez avec deux gardes du corps aux regards féroces. Impressionné, le concierge tenta de garder sa consistance pour leur faire parvenir son message.

"Si ces messieurs veulent bien transmettre ce message au général... Le seigneur Renpa est arrivé à la salle de réception, il n'attend plus que votre illustre présence.
-Ouais ouais, on va lui dire...
- Bouge de là maintenant."

Alors que de multiples goûtes de sueur perlaient sur son front, Puiyeng entendit un léger ricanement, qui portait depuis le salon principal de la suite. Un ricanement bref, mais audible, à la fois poli, presque contenu, et en même temps emprunt d'une certaine mesquinerie. C'était lui. Sa voix porta à nouveau, cette fois pour annoncer son départ.

"Ne soyez pas brusques avec ce brave maître d'hôtel, il ne fait que son travail. Dites-lui plutôt que nous nous mettons en route.
- Je... Mille mercis, seigneur. Je vais m'assurer que tout est en place.
- Fais donc, et veille à ce que nous ne manquions de rien. Après tout, ce n'est pas souvent que cette vieille branche de Renpa m'invite à ces petites sauteries."

Sans voir son interlocuteur, Puiyeng effectua une courbette avant de tourner les talons, et de quitter les lieux.

"Petite sauterie ? C'est comme ça qu'il considère le Yin Zheng ? Je t'en foutrais moi, des petites sauteries ! J'espère que ces brutes de militaires auront un palais assez subtil pour apprécier ce qu'on leur sert, autrement ce serait comme donner du caviar à des cochons !"

Écumant de rage, il ne pouvait exprimer sa colère car cela pouvait bien signifier son arrêt de mort face à un invité tel que le sien. Alors il se défoulait mentalement, en déversant des torrents d'insultes dans sa tête, tandis qu'il faisait de son mieux pour garder un visage de marbre et rester le plus professionnel possible.

Lorsqu'il arriva à la fameuse salle de réception, il ouvrit les portes et tomba nez à nez avec le second invité, celui qui avait pris l'initiative de privatiser l'hôtel tout entier pour son bon plaisir. Une figure légendaire de Fenzien, l'un des hommes les plus craints de toute la galaxie, le grand général Renpa, des Six Grands Cieux. En la présence du général, qui en plus d'être d'une immense stature dégageait une aura de férocité indescriptible, le petit concierge qu'il était se liquéfiait. Le regard de braise que Renpa porta sur lui acheva de le terroriser, alors qu'il n'avait même pas encore porté son attention sur les autres convives.

En effet, Renpa n'était pas venu seul, il avait avec lui sa maisonnée de fidèles lieutenants, ses plus proches vassaux ainsi qu'une ribambelle de gardes du corps, tous taillés comme des armoires à glace et pourtant inférieurs en stature au général. Puiyeng distingua à sa gauche le colossal Kaishibou, dont les motifs de coeurs arborés sur sa tunique contrastaient singulièrement avec sa réputation de force de la nature brutale et sanguinaire. Moins imposants, à la droite de Renpa se trouvaient le frêle mais génial stratège Genbou, ainsi que le commandant Rinko, qui sous ses airs de jeune homme poli dissimulait sa vraie nature d'assassin impitoyable aux ordres de son seigneur.

Renpa toisa sévèrement le concierge, avant de détourner son regard et de se détendre légèrement lorsqu'il vit arriver les autres convives.

"Ah, te voilà enfin ! Mais vous êtes obligés de porter vos foutues armures même pour cette occasion ?"

Enfin, le général Ouki était arrivé, également accompagné de ses fidèles. Derrière lui se trouvaient ses quatre commandants, tous rivalisant en férocité les uns avec les autres : de gauche à droite, Puiyeng distinguait l'ombrageux Kanou, le féroce Rokuomi, le mesquin Rinbou et le sérieux Doukin. À ses côtés figurait son fidèle lieutenant, Tou, réputé pour être comme l'ombre d'Ouki, d'une compétence et d'une loyauté exceptionnelles. Enfin, le général, vêtu de son armure à épaulettes classique, arborait son légendaire et terrifiant sourire, qui ne le quittait en aucune circonstance. Son regard féroce portait toutefois une lueur d'amusement à la vue de son ennemi juré d'antan, et camarade d'aujourd'hui.

Toutes ces personnes dégageaient une aura martiale terrible, et la simple confrontation visuelle des deux groupes dégageait une tension phénoménale, qui plongeait les serveurs et le personnel hôtelier dans une situation de profond malaise.

"Hoho... Mon cher Renpa, c'est toujours quelque chose de te voir en vrai. Je me sens excité, même... bouillant !
- Il en va de même pour moi, Ouki !"

[Ouki - Soyou : salle de réception]

Alors que l'on vantait souvent le raffinement et la délicatesse de la cuisine Fenzien, ainsi que ses arts de la table, l'ambiance dans la salle de réception peinait à faire honneur à cette description : ce repas auquel participaient les hommes des deux Grands Cieux ressemblait davantage à un banquet bruyant et festif. Bien que nombre de soldats présents venaient de grandes familles et avaient appris à manger avec politesse et retenue, la norme était plutôt de se remplir la panse sans se soucier le moins du monde des bonnes manières. Le vin coulait à flot, et les serveurs étaient mis à rude contribution pour faire en sorte qu'il n'en manque jamais à table.

Dans cette atmosphère baignée de rires gras, de plaisanteries vulgaires et d'exclamations, Ouki et Renpa profitaient de leur repas à une table séparée des autres, dont ils avaient l'exclusivité rien que pour eux deux. Mangeant à leur faim sans abus, les deux figures historiques de Fenzien échangeaient des banalités et des petites anecdotes du temps où ils étaient ennemis, plus d'un millénaire auparavant.

"Et tu te souviens de la bataille du système Guanzou ? Quand Rinshoujo et moi, on t'a poursuivi jusqu'à cette petite planète paumée là... Elle était toute marécageuse et fétide. Tes hommes avaient pas dû apprécier le voyage.
- Fufufu... Tu parles sûrement de Juping. C'est vrai que ça avait beaucoup râlé... J'avais même dû faire exécuter quelques hommes qui menaçaient d'abandonner et de se rendre. En tout cas, ça a dû être l'une des batailles où tu m'as causé le plus de problèmes, Renpa.
- Ha, tu parles ! Ce n'est même pas moi qui avait conçu le plan de base, c'était Rinshoujo.
- Ce bon vieux Rinshoujo... Je m'en doutais, à vrai dire. Ça me semblait être un plan trop élaboré et calculé pour quelqu'un comme toi.
- Dis tout de suite que je suis un idiot, Ouki !
- Hohoho... Je n'oserais pas, voyons. Je disais juste que tu aimais la simplicité avant tout.
- Tu n'as pas tord... Par exemple, ce jarret de porc, là... Il est délicieux."

Et pour accompagner sa pièce de viande, Renpa se saisit d'un large bol rempli de vin, et en avala la moitié en une traite, ce que ne manqua pas d'imiter Ouki. L'appétit et la soif d'un grand général était, à l'image de leur ambition, sans limites.

"Ah, c'est vraiment pas dégueu. Vu le prix que ça m'a coûté, ils avaient intérêt à assurer, sinon j'aurais fait voler quelques têtes.
- C'est effectivement délicieux. Ce qui m'amène à penser, mon cher Renpa... j'apprécie beaucoup l'invitation, mais c'est tout de même surprenant de ta part, de m'inviter comme ça, à tes frais, en cette période agitée... Je sens que tu as quelque chose d'important à me dire, je me trompe ?"

Le tigre de Zhao fronça les sourcils et ne répondit pas immédiatement. Un petit silence s'installa entre les deux généraux, qui pouvaient entendre leurs hommes, attablés un peu plus loin, profiter bruyamment du repas. Quelques insultes fusaient, probablement entre Rokuomi et Kaishibou, les deux sanguins respectifs des clans d'Ouki et de Renpa.

Lorsque ce dernier reprit la parole, il arborait une expression non plus joviale, mais mortellement sérieuse. Il entrait dans le vif du sujet.

"Tu as vu juste. Par où commencer...
- La prophétie, j'imagine ?
- Oui, voilà, la prophétie. Ça fait deux mois, maintenant. Les premières vagues de panique collectives ont cessé, mais elle reste dans toutes les têtes. Même l'empereur en serait très affecté, c'est dire.
- C'est compréhensible... Après tout, je ne suis pas un expert pour déchiffrer ce langage occulte, mais elle affirme clairement que l'Empire n'en sortira indemne.
- Tout à fait. Et même si personne ne sait quelle forme prendra ce grand cataclysme, ce qui est certain... c'est qu'il est de notre responsabilité de Grands Cieux de Fenzien de nous tenir prêts à tout. La galaxie toute entière va être secouée par des tempêtes, et il se pourrait que, pour la première fois depuis des siècles, Fenzien entre en guerre."

"Nous y voilà. Allez, Renpa, crache le morceau."

"Ouki... Tu as consulté tes statistiques sur les simulateurs, récemment ?
- Depuis quand la guerre est une affaire de statistiques ? Renpa, tu sais très bien que c'est mille fois plus complexe que ça.
- Je sais, oui. Mais pour le coup, je les trouve... édifiantes. Il y a 1500 ans, nous avons livré des dizaines de batailles l'un contre l'autre au bas mot, et ce qui est certain, c'est qu'il est impossible de nous départager là-dessus. Le bilan de nos affrontements... était un équilibre parfait. Plus que tout, j'adorais faire la guerre contre toi. Tu trouvais toujours le moyen de me surprendre, de me pousser à me surpasser. Bons dieux, rien qu'à voir tes formations, je ressentais une pression incroyable. Je me disais... "comment je vais pouvoir l'atteindre ?", c'était comme se jeter nu dans un océan de métal.
- Fufufu... Tu es un sacré flatteur. Comme si tu avais à rougir de mes tactiques, alors que les tiennes mettaient même en difficulté le grand Hakuki.
- Tu as compris ce que je voulais dire ! L'époque était différente, Fenzien était une réalité abstraite, que Qin et Zhao tentaient de construire chacun de leur côté, sans oublier ces connards de Chu. Mais aujourd'hui, depuis que nous avons été réanimés...
- Ressuscités, tu veux dire.
- Ouais, bon, je n'apprécie pas trop ce terme. Toujours est-il que depuis qu'on nous a sorti de nos tombes, nous n'avons pas connu la moindre guerre, alors on passe notre temps à nous confronter sur ces foutus simulateurs. Et c'est là que je veux en venir. Ouki, sur nos dernières confrontations l'un avec l'autre... je te bats plus souvent que l'inverse. J'oserais même dire... que je te suis nettement supérieur. Avant, nos affrontements étaient comme pile ou face. 50/50, les mêmes chances de chaque côté, à conditions égales. Aujourd'hui, c'est du 60/40. Et ce n'est pas parce que je me suis amélioré, non... À mon âge, on ne progresse plus vraiment. C'est toi, Ouki... C'est toi qui a perdu de ta superbe. Alors je te le demande, en face à face... Qu'est-ce qui cloche chez toi ?"

Un blanc complet s'installa dans la grande salle de réception. Renpa ne l'avait pas remarqué immédiatement, mais lors de sa longue tirade, il s'était mis à parler de plus en plus fort, jusqu'à capter l'attention de tout le monde dans la salle. Ce long silence gênant, durant lequel les hommes des deux généraux se fixaient tous dans le blanc des yeux, s'attendant à ce que la situation dégénère, fut brisé par le doux ricanement d'Ouki. Son rictus s'était agrandi, et Renpa pouvait déceler dans ses yeux, sous ses airs faussement joyeux, une pointe de colère. C'était ainsi qu'il exprimait ses sentiments, en souriant, encore et toujours.

Le général de Qin jeta un rapide regard à ses subordonnés, et ceux-ci reprirent leurs discussions avec le clan de Renpa, comprenant que ce que leur seigneur avait à dire ne les regardait pas. Avec son flegme habituel, il répondit ensuite au tigre de Zhao.

"Me mettre dans une telle position devant mes propres hommes... Tu es culotté, Renpa, c'est le moins que l'on puisse dire.
- Bah, fallait que ça sorte, écoute ! Mais avoue que je n'ai pas tord.
- ... Tu vois juste, comme souvent. Bon, il n'y a probablement qu'à toi que je peux le dire. Depuis qu'on nous a ramené, dans ce merveilleux vingt-cinquième siècle, sans nous demander nos avis, je me sens... différent. Bien sûr, j'ai été très excité au début, d'avoir l'opportunité de travailler avec toi et avec les plus grandes figures militaires de l'histoire de Fenzien qui nous ont succédé, Riboku en tête. Seulement... C'est une ère sans guerre pour Fenzien. Nous sommes des hommes de guerre, et il nous faut quelque chose de réel, de palpable, pour lequel nous battre. Ces simulateurs, même si la réalité virtuelle parait bluffante aux premiers abords, m'ennuient profondément. Dedans, nous nous battons sans aucune conséquence derrière, il n'y a rien de vrai dedans. Tu crois que je décline ? Peut-être, ou bien peut-être que c'est tout simplement parce que je ne prends pas ces jeux puérils au sérieux.
- Si je comprends bien, c'est une erreur de casting de t'avoir ressuscité. Ils auraient dû prendre quelqu'un de plus adapté à cette ère.
- Bien sûr. Mais maintenant que je suis là, autant profiter des bienfaits de l'époque. D'ailleurs, cette discussion m'a donné une idée. Je veux savoir quelles possibilités m'offre le destin, pour cette seconde vie.
- Tu comptes... aller rencontrer l'Oracle ?
- Je ne m'y étais jamais intéressé, il y a 1500 ans. Mais aujourd'hui, je crois bien que j'ai envie de voir s'il y a quelque chose pour moi avec cette nouvelle vie.
- Ca ne te ressemble pas tellement.
- Les gens changent, vieille branche. Après ce copieux repas, et un peu de repos... Je partirais probablement sur Dune. Tu pourras l'annoncer à la hiérarchie ? Si je leur annonce moi-même la nouvelle, ils pourraient très bien refuser. Mieux vaut qu'ils soient informés après coup.
- Hahaha ! On dirait un enfant qui va faire une bêtise dans le dos de ses parents.
- Bonne comparaison. Après tout, toi et moi sommes semblables sur ce point. Nous sommes de grands adultes sanguinaires qui ont gardé une âme d'enfant. Ça n'a pas changé, même 1500 ans plus tard.
- Alors, buvons à nos âmes enfantines ! Et au succès de ta petite quête !
- Santé, mon brave Renpa !"

Les deux colosses trinquèrent, et la bonne humeur se répandit dans toute la salle, plus bruyante et festive que jamais.

[Anastasia - Ravager]

...
...
...

Je pousse un hurlement portant et sens un spasme violent me forcer à ouvrir les yeux, et me lever, de la sueur coule sur tout mon corps, et je porte instinctivement ma main à ma gorge, l'autre à mon ventre, j'halète. Mon coeur va exploser, j'ai l'impression de mourir. Quelle horreur !
Mais... Tout va bien, visiblement. Il en faut peu pour que je me calme, j'ai fait un cauchemar atroce, mais impossible de m'en rappeler.

- Ah...

Je ferme les yeux et essaie de détendre mes épaules, voyant que je suis habillée, entre autre du moins. J'ai les seins à l'air, et j'avoue qu'il fait froid ici. Je relève ma tunique, enfile une manche, puis l'autre, et referme bien le tout. Puis un frisson parcourt mon dos. On m'a rien fait, j'espère, si ? Je grimace instinctivement, avant d'être un peu rassurée sur ce sujet. Des machines vrombissent calmement, on peut y voir des électrocardiogrammes, débranchés cependant, et d'autres outils d'infirmerie. Un centre médical ? Dans un vaisseau, si mes sensations sont bonnes. Comment je suis arrivée là ?
Je sens des fortes présences Magiques, ici. Beaucoup de Mages sont présents dans le vaisseau. Pas des Lames j'espère. Je fronce les sourcils rien qu'à l'idée, mais les accoutrements des autres gens allongés ici ne ressemblent pas trop à des tenues de Lames. Ah. Ils sont morts.

- ...

Je suis la seule en vie ici, j'ai du être chanceuse... Mais impossible de savoir ce qui m'est arrivé. Qu'est-ce que je fais ici ?
Mon regard doit sembler vide, je suis perdue dans mes pensées à essayer de me remémorer de ce qui m'a fait finir là, en vain. En tout cas, on dirait que les autres ne sont pas là.

- Tu trouves ce que tu cherches, parmi les morts ?

C'est qui ? Je me tourne instinctivement pour poser mon regard sur le grand homme, qui devait m'avoir observé depuis le début. Merde. On ne peut pas dire qu'il ressemble à un infirmier non plus, c'est clairement un Mage, à vrai dire.
Un homme adulte, brun, à la barbe un peu grisonnante, et portant une bure et une sorte d'armure, son visage possède une cicatrice bien visible, et son allure semble calme.

- Qui... Es-tu ? Et où on est ?

L'homme garde sa posture calme, il ne semble pas me vouloir de mal non plus.

- Je me nomme Cassius, et nous sommes sur le Ravager SS-1, le Cuirassé de l'illustre Seigneur Aatrox, du Conseil Noir du Dominion.

Le Dominion... Le Conseil Noir... ? Je cille quelques instants, avant de répondre, confuse.

- D'accord... Je m'appelle Anastasia, je suis désolée, mais je préfère ne pas en dire plus. Es-tu un membre de ce Dominion ?

Dès que je pose ma question, il réagit d'un petit rire amusé, comme si c'était absolument absurde, mais il répond rapidement.

- Non, aucun de nous deux ne devrait être là, mais il semblerait que la Magie elle-même ait fait en sorte que nous nous rencontrions. C'est un signe.

Ses mots sont étranges, mais dans un sens, il n'a pas tort. Je n'ai aucun souvenir de comment j'ai pu me retrouver là. L'allure de cet homme est étrange, et je peux clairement sentir qu'il est un mage.

- Peut-être. Mais toi, es-tu un membre des lames ?

Il se remit à sourire, comme si c'était là-aussi une blague, puis il se retourne, secouant lentement la tête.

- Non. Mais ces derniers ne tarderont pas à venir ici. Très bientôt, je le sens. La Galaxie subit de lourdes tensions, le Dominion et l'Alliance, deux factions au même destin, se tiennent l'une à l'a gorge de l'autre. Nous allons nous retrouver au milieu de ce chaos. Je me demande ce que les Lames, ou les Seigneurs du Dominion, te feront lorsqu'ils te sentiront. Ou peut-être te sentent-ils déjà.

Je fronce les sourcils, qu'est-ce que j'aurais de spécial ?

- Sentir quoi ? Ma dernière douche était hier. Je crois.

- Tu utilises l'humour, mais tu ne comprend pas, me tromperai-je ? J'aurais cru que tu t'en rendrais compte. Met de côté tes sens, ce que tu vois. Tu es une mage. Non. Tu étais une mage. Plus maintenant. Un vide se présente en toi. Quelque chose d'impossible s'est produit, mais a été permit par la Magie elle-même. Magie dont tu es dénuée, tu es un vide.

Un vide ? C'est dérangeant. Je me concentre, essaie de faire circuler ma Magie pour entrer en méditation. Et c'est devenu comme essayer de bouger un membre imaginaire. Quelque chose qui n'est pas là, faire une action impossible... Une sorte de terreur presque naturelle m'envahit, et de la sueur perle sur mon front. Comment... Comment c'est possible ? Mes paupières se ferment avec plus de force. Non... Je me sens presque faible. Quelque chose ne va pas... Il a raison. Je rouvre les yeux, avec une expression désemparée, même moi, je ne comprend pas comment c'est possible. Comment... Comment ?!
Je n'ai... plus de magie. Plus aucune. Même un brin d'herbe est plus sensible que moi. Je n'ai jamais été exceptionnelle mais... Maintenant, je n'ai plus rien.

Sans que je n'aie plus de temps pour réfléchir à ça, la porte s'ouvre, révélant un soldat en armure noire, et un homme en bure grisâtre, un Gladius dans la main.

- Voilà les intrus.

Fit le soldat, ce à quoi l'homme en bure enleva sa capuche, révélant un visage blanchi par la corruption du côté sombre. Un geste vif de la main fait s'étendre la lame rouge sang de son arme. Cassius le regarde de façon neutre, et empoigne vivement un blaster posé au sol parmi les affaires d'un des morts de cet endroit, il pointe le soldat et le tue d'un projectile à bout portant à travers son casque.
Le mage en face ne bronche même pas, faisant un geste de la main en usant de télékinésie pour désarmer Cassius. Comme je suis plus en avant, c'est moi qu'il a l'air de viser en premier, par contre.

- Alors c'est vous les espions des Lames. Aatrox sera content de dévorer vos os, et c'est moi qui vais le lui présenter.

Son arme tournoie, entrant même en contact avec le sol fondant sous chaque moulinet. Merde... Si j'avais un Gladius, ça serait plus facile, au moins. Mais non... Si j'ai plus de Magie non plus ça risque d'être imposs... Attend.
Je met une main dans ma tunique, dégainant une lame de mon clan, en métal simple, et très courte, c'est une sorte de couteau. L'homme sourit en me regardant sortir cette piètre arme, mais je lui affiche un sourire plus amusé encore. C'est totalement du bluff, j'ai aucune idée de si ça va marcher, et au pire, tant pis je meurs.

- A ta place, j'irais directement pleurer dans les jupons de ce Aatrox.

Il fronce les sourcils face à cette pique.

- Tu feras moins tourner ta langue quand elle sera tranchée.

D'une impulsion vive, il bondit vers moi en faisant tournoyer son arme, prêt à m'abattre, mais au même instant, je plante ma lame en plein dans ma main, elle ressort même du dos de celle-ci, du sang coule en abondance, et je retiens un grognement. Putain... C'est vrai que ça fait toujours aussi mal... !
Mais douleur ou pas, il faut que ça marche. Mes yeux se lèvent, rencontrant ceux surpris de l'homme figé en l'air, son corps entièrement crispé, ne posant pas le sol malgré tout. Il est pris d'une sorte de paralysie. Alors ça a marché.
Je m'en doutais un peu. La Magie du Sang fonctionne différemment. N'importe qui peut s'en servir, en admettant qu'il sache quoi faire.

- De... La Magie du Sang ? Tu n'es pas une Lame... !

- Bingo.

J'utilise ensuite un peu de sang coulant encore pour créer une sorte d'impulsion violente, résultant en une concussion qui risque de le laisser inconscient pendant assez longtemps.
Cassius me regarde, comme amusé.

- La Magie du Sang... Une force qui n'est alimentée que par toi-même. Dangereuse à manier. Le fait que tu arrives à t'en servir est surprenant. Il semblerait que la Magie elle-même ait permit ton existence dans ce tel état de vide, si tel est le cas, elle ne peut sans doute pas forcer ta fin non plus comme elle manipule tout être vivant. Tu es libre. Elle doit avoir une raison pour autoriser cela, quelque chose qui la mettrait elle-même en danger, alors que la prophétie de l'Ultime a été annoncée. Elle t'a appelée, comme un chien appelant son maître, et comme celui-ci, si elle voulait te détruire, il lui faudrait faire des efforts.

- La... Prophétie de l'Ultime ?

Il hoche la tête, et moi, je hausse les sourcils. C'est quoi ce truc ?

- Nous n'avons que peu de temps restant, je vais t'expliquer.