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Sujet : Aurelian [Fr]

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Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:23:29

Hello, forummeur de SM !

Voilà, vu que j'ai la chance d'avoir ce magnifique livre d'Aaron Dembski-Bowden, qu'il n'est plus disponible (6000 exemplaires dans la monde) sur le marché et qu'il ne sera probablement pas réimprimé avant plusieurs années (et sûrement pas en français), j'ai jugé bon de vous faire partager ce récit incroyable. Vu que ce forum doit être l'un des plus peuplé (dans le domaine qui nous est cher, hein, c'est pas un MW3 ou un Skyrim), j'ai trouvé logique de vouloir le faire partager au plus de monde possible, donc voilà, bande de veinard. La traduction est faite par mes soins, je fais de mon mieux.

Alors voilà un résumé.

Après la destruction de Monarchia et les réprimandes de l'Empereur, le Primarque Lorgar a passé de longues années à rechercher dans les étoiles les vérités universelles du cosmos - quand il en est finalement arrivé à regarder profondément dans l'Oeil de la Terreur, il constate que l'Oeil a l'a regardé en retour. Maintenant, guidé par le démon Ingethel, il entreprend un voyage spirituel dans le cœur du Chaos lui-même et voit que le destin entier de l'humanité et de l'Imperium pourrait reposer sur quelques événements majeurs. Alors que la Grande Croisade se consume dans la trahison et la duperie, Lorgar pèsent le coût de ses ambitions et scelle son destin vers la damnation éternelle.

Ça en jette hein ? Je précise (bien que cela coule de source) QU'IL NE S'AGIT AUCUNEMENT DE MA PROPRE ŒUVRE. JE N'AI ENTREPRIS QUE LA TRADUCTION DES ÉCRITS DE L'AUTEUR, AARON DEMBSKI-BOWDEN.

Juste pour qu'on soit sûr.

Vu que j'ai commencé à posté tout ça sur un autre forum (que je citerai pas pour que vous alliez pas tout vous poiler là-bas), les cinq premiers chapitres arriveront assez vite. Le reste, ma foi, je le posterai le plus souvent possible, mais vous devez garder à l'esprit que c'est un travail compliqué et long, et que j'ai une vie à côté (no shit Sherlock). Et Skyrim aussi.
J'espère que ça vous plaira.

Enjoy !

PS : J'ai le "Borlan's Seal of Approval", alors le faites pas chier sinon ils vous envoie au four (FROUTCH!!!)

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:33:27

Aaron Demski-Bowden

AURELIAN

-L’Œil observe-

Traduction libre par Lupercal_06
© Games Workshop Ltd 2011. Tous droits réservés.

____________________________________________

L’Hérésie d’Horus

Nous sommes dans un temps de légende…

Des héros continuent de se battre pour régenter la portion de galaxie que les vastes armées de l’Empereur de Terra ont conquise durant leur Grande Croisade. Une myriade de races extraterrestres ont été écrasées par les combattants d’élite de l’Empereur et effacées des annales de l’histoire.

L’aube d’une ère de suprématie s’annonce pour l’Humanité. Des citadelles d’or et de marbre célèbrent les nombreux triomphes de l’Empereur. Sur un million de mondes sont érigés les monuments rappelant les exploits épiques de ses plus formidables guerriers.

Premiers parmi tous ceux-là, les Primarques, des personnages surpuissants, imposants et magnifiques, l’aboutissement ultime des expérimentations génétiques de l’Empereur, ont mené leurs armées de Space Marines de victoire en victoire.

Les Space Marines sont les plus puissants guerriers humains que la galaxie ait jamais connus, surpassant chacun plus d’une centaine de soldats ordinaires. Organisés en légions de dizaines de milliers d’entre eux placés sous les ordres d’un Primarque, ils ont conquis l’immensité spatiale au nom de l’Empereur.

Le plus illustre parmi ces Primarques est Horus le Glorieux, l’Astre Brillant, favori de l’Empereur.
Le décor est planté.

_____________________________________

DRAMATIS PERSONAE

LES PRIMARQUES

LORGAR AURELIAN : Primarque des Word Bearers
FULGRIM : Primarque des Emperor’s Children
ANGRON : Primarque des World Eaters
HORUS LUPERCAL : Maitre de guerre, Primarque des Sons of Horus
PERTURABO : Primarque des Iron Warriors
ALPHARIUS OMEGON : Primarque de l’Alpha Legion
MAGNUS LE ROUGE : Primarque des Thousand Sons
KONDRAD CURZE : Primarque des Night Lords
MORTARION : Primarque de la Death Guard

LA LÉGION DES WORD BEARERS

ARGEL TAL : Maître des Gal Vorbak
KOR PHAERON : Capitaine, Première Compagnie

LA LÉGION DES EMPEROR’S CHILDREN

DAMARAS AXALIAN : Capitaine, Vingt-Neuvième Compagnie

HABITANTS DU GRAND ŒIL

INGETHEL : Émissaire de la Vérité Primordiale
AN’GGRATH : Gardien du Trône des Crânes
KAIROS LE PORTEUR DE DESTIN : Oracle de Tzeentch

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:33:52

« Il est trois choses qui ne peuvent être cachées longtemps : le soleil, la lune, et la vérité. »
- Ancien proverbe Terran

« Je souhaiterais, avec chaque fibre de mon âme, l'avoir tué quand j’en eut la chance. Cet éclat momentané d’incrédulité et de chagrin, cette seconde d’hésitation causée par le dégoût du fratricide, nous coûta plus que quiconque puisse l’imaginer. Horus mène les Légions dans l’hérésie, mais Lorgar est le cancer qui ronge le cœur du Maitre de Guerre. »
- Le Primarque Corax

« Tout ce que j’ai jamais désiré fut la vérité. Rappelez-vous ces mots alors que vous vous apprêtez à lire ceux qui suivent. Je n’ai jamais prévu de renverser le royaume de mensonge de mon père à cause d’une fierté mal-placée. Je n’ai jamais voulu saigner mon espèce à blanc, purgeant la moitié de la galaxie de toute forme de vie humaine dans cette amère croisade. Je n’ai jamais rien désiré de tout cela, bien que je connaisse les raisons pour lesquelles cela doit être fait.
Mais tout ce que j’ai jamais désiré fut la vérité. »
- Lignes d’ouverture du Livre de Lorgar, Premier Cantique du Chaos.

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:35:56

PROLOGUE
HÉRAUT DU DIEU UNIQUE

Colchis
Il y a de nombreuses années

L’ARCHIPRÊTRE REGARDA AU travers de la fenêtre de la cathédrale alors que sa ville brûlait.

- Nous devrions faire quelque chose.

Sa voix était un grondement profond, pourtant accompagné d’une douceur qui lissait ses paroles et les rendait presque délicate. Elle était faite pour raisonner, pour questionner, pour rassurer – non pour crier, cracher, ou beugler.
L’archiprêtre se détourna de la fenêtre.

- Père ? Quand les feux cesseront-ils ?

Kor Phaeron parcourut la pièce, ses sourcils desséchés froncés, profondément enfoncés dans son visage, comme une coupure dans du vieux cuir. Il se pencha sur les vieux parchemins sur la table centrale, ses lèvres fines bougeant à mesure qu’ils les lisaient.

- Père ? Nous ne pouvons rester ici alors que la ville brûle. Nous devons aider le peuple.
- Tu n’as pas parlé depuis que nous nous sommes appropriés la Cathédrale de l’Illumination, dit l’homme âgé en le regardant un court moment. Et tes premières paroles après avoir gagné cette guerre sont de savoir quand les feux s’éteindront ? Tu viens de conquérir un monde, mon fils. De plus grandes choses doivent te préoccuper.

L’archiprêtre était un homme jeune, beau dans un sens qui transcendait les notions de beauté physique. Sa peau tannée brillait de minuscules tatouages à l’encre dorée. Ses yeux étaient sombres sans être froids, et il pouvait passer des jours entiers sans sourire, sans pour autant en devenir sinistre.

Il se détourna de la fenêtre. Dans son esprit, il s’était toujours représenté la fin de la croisade à cet endroit même, les avenues de la Cité des Fleurs Grises inondées d’une foule réjouie, leurs prières joyeuses atteignant les cieux, secouant les élégantes tours de leurs anciens maîtres.

Mais la réalité en était bien éloignée. Les rues étaient inondées, oui, mais inondées d’émeutiers, de pillards et de violentes bandes de guerriers en robes, alors que les derniers combattants de l’Alliance se battaient jusqu’au dernier contre les envahisseurs.

- Tant est toujours la proie des flammes, dit l’archiprêtre. Nous devons faire quelque chose.

Kor Phaeron murmura pour lui-même alors qu’il lisait les parchemins usés.

- Père, dit l’archiprêtre en se retournant à nouveau, regardant le prêtre plus âgé prendre un nouveau parchemin.
- Hmm ? Qu’y-a-t-il, mon garçon ?
- La moitié de la ville est en feu. Nous devons faire quelque chose.

Kor Phaeron sourit, l’expression laide mais pas désobligeante.

- Tu dois te préparer à ton couronnement, Lorgar. L’Alliance n’est plus, et les Anciens Rites ne seront plus que blasphème aux yeux du Dieu Unique. Tu n’es plus l’Archiprêtre Envoyé des Dieux, tu es l’Archiprêtre de tout Colchis. Je t’ai donné un monde.

La silhouette dorée se retourna vers la fenêtre, les yeux plissés. Quelque chose s’immisça dans sa voix, quelque chose de dur et froid, un présage de tout ce qui adviendrait dans les siècles à venir.

- Je ne désire pas régir, dit-il.
- Cela changera, mon fils. Cela changera quand tu verras que nul autre que toi n’est à même de diriger. Cette réalisation changera tes propres besoins désintéressés. Il en va ainsi pour tous les hommes de pouvoir. La route qui mène à tout trône est pavée de bonnes intentions.

Lorgar secoua la tête.

- Je ne désire rien de plus que la vérité pour notre peuple.
- La vérité est le pouvoir, dit l’autre prêtre en retournant à ses parchemins. L’ignorant et le faible doivent être trainés dans la lumière, quel qu’en soit le prix. Il importe peu combien ils saignent et pleurent sur le chemin.

Lorgar regarda sa nouvelle ville brûler, voyant ses fidèles massacrer les derniers blasphémateurs des Anciens Rites dans les rues en contrebas.

- Je sais que l’ai demandé bien des fois, dit-il doucement. Mais ne pensez-vous pas à tout cela, alors que la croisade prend fin ? Vous croyiez comme ils croient.
- C’est toujours le cas, sourit Kor Phaeron. Mais je crois aussi comme toi. Je crois toujours qu’il y a plusieurs dieux, Lorgar. Ton Dieu Unique est simplement le plus puissant.
- Il viendra bientôt.

L’archiprêtre regarda les cieux qui s’assombrissaient. Colchis était un monde assoiffé, et les nuages porteurs de pluie étaient rares au paradis.

-Un an à partir d’aujourd’hui, mais pas plus. Le jour de son arrivée, son vaisseau descendra au travers d’une tempête.

Kor Phaeron se rapprocha, posant sa main sur l’avant-bras de l’homme plus grand que lui.

- Quand ton Dieu Unique viendra, nous verrons si j’avais raison de croire en toi.
Lorgar regardait toujours le ciel bleu, le voyant se faire étouffer par les fumées venant de la ville en proie aux flammes. Il sourit en entendant les mots de son mentor.
- Ayez foi, Père.

Kor Phaeron sourit.

- J’ai toujours eu foi, mon fils. As-tu déjà rêvé du nom de ce dieu ? Les masses le demanderont bientôt. Je me demande ce que tu leur diras.
- Je ne crois pas qu’il ait un nom.

Lorgar ferma les yeux.

- Nous le connaitrons seulement comme l’Empereur.

Babadon-le-Fluo Babadon-le-Fluo
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:46:16

Merci, c'est vraiment très sympa de ta part :-)

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:47:52

Un plaisir :ok:

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 13:48:12

UN
FRATERNITÉ

Le Vengeful Spirit
Quatre jours après Isstvan V

HUIT DE SES frères étaient présents, bien que seulement la moitié d’entre eux se trouvât dans la pièce. Les quatre absents n’étaient rien de plus que des projections : trois d’entre eux se manifestaient autours de la table sous les formes vacillantes et grises de simulacres hololithiques, formés de lumière tremblotante et de bruit blanc. Le quatrième apparaissait comme une image plus lumineuse, d’un argent éclatant, ses traits et ses membres trainant des spirales de feu magique. Cette projection, Magnus, inclina la tête dans sa direction pour l’accueillir.

~ Salut à toi, Lorgar, dit la voix de son frère dans son esprit.

Lorgar hocha la tête en retour.

- Es-tu loin de nous, Magnus ?

La projection psychique du Roi Écarlate ne montra aucune émotion. Un homme grand, sa tête coiffée d’une couronne sculptée, Magnus le Rouge refusa d’établir le contact avec l’œil qui lui restait.

~ Très loin. Je lèche mes plaies sur un monde distant. Il n’a pas de nom, hormis celui que je lui ai apporté.

Lorgar acquiesça, conscient de l’hésitation qui teintait les mots de son frère. Ce n’était pas le moment pour tenir de tels discours.

Les autres le saluèrent l’un après l’autre. Curze - un avatar hololithique palpitant et cadavérique – offrit la plus subtile suggestion d’un hochement de tête. Mortarion, un spectre émacié même sous sa forme physique, n’était guère avantagé par son immatérialité électronique. Sa représentation s’estompait, se divisant étrangement à cause des distorsions de distance. Il baissa la lame de sa Faucheuse en signe de bienvenue, ce qui, en soit, était un accueil plus chaleureux que ce à quoi Lorgar s’était attendu.

Alpharius était le dernier de ceux présents via communication longue portée. Il se tenait casqué, alors que tous les autres étaient tête nue, et son image hololithique était stable alors que celles des autres souffraient de corruption due à la distance qui séparait leurs flottes. Alpharius, plus petit presque d’une tête que ses frères, était empreint d’une majesté reptilienne, son armure à écaille de crocodile brillant dans la fausse lumière de sa manifestation. Son salut était le signe de l’aquila, le symbole personnel de l’Empereur, fait en croisant ses mains sur son plastron, pouces écartés.

Lorgar renifla. Combien cela était désuet.

- Tu es en retard, interrompit un de ses frères. Nous t’attendions.

La voix était une avalanche de syllabes sans merci.

Angron. Lorgar se tourna vers lui, se gardant de lui offrir un sourire conciliateur.

Son frère guerrier se tenait prostré dans la position menaçante qui caractérisait son langage corporel, l’arrière de son crâne déformé par les implants neuraux enfoncés dans l’os et connecté aux tissus de son tronc cérébral. Les yeux injectés de sang d’Angron se rétrécirent alors qu’une nouvelle vague de douleur lui traversa le système nerveux – un héritage des améliorations que ses anciens maîtres lui avaient implanté. Alors que les autres Primarques étaient rapidement devenu les dirigeants des planètes sur lesquelles ils avaient atterri, seul Angron avait été retenu captif, un esclave de techno-primitifs sur un monde marécageux quelconque qui n’avait jamais mérité de nom. Le passé d’Angron courait toujours dans son sang, des étincelles de douleur nerveuse jaillissant dans ses muscles sans prévenir.

- J’ai été retardé, admit Lorgar.

Il ne regarda pas son frère pendant trop longtemps. C’était une des choses qui faisaient enrager Angron ; comme un animal, le seigneur des World Eaters ne pouvait supporter d’être fixé du regard, et ne pouvait maintenir de contact oculaire pendant bien longtemps. Lorgar ne désirait aucunement le provoquer.

Kor Phaeron avait une fois dit que le visage du World Eater n’était qu’un masque grimaçant d’articulations serrées, mais Lorgar ne trouvait aucun humour là-dedans. A ses yeux, son frère était une statue fissurée : des traits qui auraient dû être composés et beaux avaient été pervertis en une expression déchirée et grimaçante, viciée par des élancements musculaires qui en étaient presque des spasmes. Il était facile de voir pourquoi les autres pensaient qu’Angron était constamment au bord de la furie pure. En vérité, il ressemblait à un homme luttant pour rester concentré à travers une agonie épileptique. Lorgar haïssait le bâtard froid et grossier, mais il était difficile de ne pas admirer son endurance à toute épreuve.

Angron grogna un borborygme dédaigneux, regardant les autres.

- Cela fait neuf jours, et nous connaissons nos tâches, gronda-t-il. Nous sommes déjà déployés dans le vide. Pourquoi nous avoir convoqués ?

Horus, Maitre de Guerre de l’Imperium brisé, ne répondit pas tout de suite. Il fit signe à Lorgar de prendre sa place autour de la table, à la droite d’Horus lui-même. Contrairement au vert d’eau de la céramite de sa Légion, Horus se tenait engoncé dans une immense armure Terminator noir charbon, redorée du brillant Œil de Terra sur sa cuirasse. Le cœur noir de ce dernier signe, symbole de son autorité en tant que maître des armées de l’Imperium, avait été changé en une fine pupille de serpent. Lorgar se demanda, alors qu’il voyait le sourire pale et élégant d’Horus, quels secrets Erebus avait bien pu souffler aux oreilles du Maitre de Guerre durant les récents mois.

Lorgar prit sa place entre Horus et Perturabo. Le premier présidait au bout de la table, tout souci d’égalité volatilisé à la suite d’Isstvan. Le second se tenait dans son armure de bataille rivetée polie, s’appuyant sur le manche d’un immense marteau avec un admirable air d’indifférence superficielle.

- Lorgar, murmura Perturabo pour l’accueillir.

Deux douzaines de câbles d’énergie d’épaisseurs variées plongeaient directement dans la tête nue de l’Iron Warrior, et ce même au niveau de sa mâchoire et de ses tempes, le reliant aux processeurs internes de son armure couleur gris-métal. Les chaînes qui pendaient aux plaques de son plastron cliquetèrent lorsqu’il fit son salut rapide.
Lorgar le lui retourna, mais ne dit rien. Ses yeux sombres passèrent sur les autres, cherchant sont dernier frère.

- Bien, dit Horus en souriant de toutes ses dents. Nous nous sommes réunis de nouveau, enfin.

Tous les regards se tournèrent vers lui, sauf celui de Lorgar. La dissipation du dix-septième fils passa inaperçue alors qu’Horus continuait.

- Ce rassemblement est le premier du genre. Ici, maintenant, nous nous unissons avec la présence de l’autre pour la première fois.
- Nous nous sommes réunis sur Isstvan, grogna Angron.
- Pas tout le monde.

L’image hololithique incolore d’Alpharius n’avait toujours pas révélé son visage. La voix de la projection convoyait peu d’émotion, voire aucune.

Les neuf Légions s’étaient dispersées après Isstvan. Avec une galaxie à conquérir et de grandes armées à lever sur la route vers Terra, les Légions loyales à Horus s’étaient séparées dans le vide, s’éloignant rapidement du monde mort qu’elles avaient laissé derrière elles.

Les yeux d’Angron se plissèrent, comme s’il luttait pour se rappeler. Il hocha la tête un moment plus tard.

- C’est vrai, dit-il. Lorgar a refusé de venir. Il priait.

Horus, ses traits magnifiques illuminés par la lumière rouge de son gorgerin, sourit.

- Il méditait sur sa place dans notre grand plan. C’est différent, mon frère.

Angron hocha de nouveau la tête sans pour autant se montrer convaincu. Il semblait se soucier uniquement de se débarrasser de la conversation et changer de sujet.
Horus parla de nouveau :

- Nous connaissons tous le prix à payer de la campagne à venir, et nos destinées qui vont avec. Nos flottes sont en route. Mais après, disons, l’expérience désagréable qu’a été Isstvan, ceci est notre première réunion en tant que fraternité.

Horus fit un geste en direction de son frère à la peau dorée. Cela n’était pas intentionnel, mais le geste fut rendu menaçant par l’immense griffe du Mechanicum enveloppant sa main droite.

- J’espère que tes méditations furent fructueuses, Lorgar.

Lorgar fixait toujours son dernier frère. Il n’avait pas arraché son regard de la dernière silhouette depuis qu’il avait détourné les yeux de Perturabo.

- Lorgar ? gronda presque Horus. Je commence à me lasser de ton incapacité à te conformer au plan établi.

Le ricanement de Curze fut un croassement de vautour. Même Angron sourit, ses lèvres abîmées dévoilant plusieurs dents de fer.

Lorgar prit doucement, doucement, la masse ornée qui était dans son dos. Alors qu’il sortait l’arme en présence de ceux de son propre sang, ses yeux restèrent focalisés sur l’un d’entre eux, et tous ceux présents physiquement sentirent le profond froid psychique dévorer leurs armures.

Les mots du Porteur de la Parole quittèrent ses lèvres dans un murmure intimidant et vicieux.

- Toi. Tu n’es pas Fulgrim.

lelutinvert2 lelutinvert2
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 14:12:04

jerry au "borlan's seal and aprouval" :hap:

nan merci c'est super sympa de ta part :)

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 14:31:05

Pourquoi tu ries, c'est pas drôle. Tu me fais chier, tu gicle :(

:noel:

Pas de quoi, c'est mon cadeau de fin d'année.

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 14:42:50

TROIS
MAGNUS ET LORGAR

IL N’ATTENDIT PAS longtemps, pas plus qu’il ne s’était attendu à devoir en faire autant. En effet, son frère l’attendait dans sa chambre.

~ Nous devons parler, toi et moi.

La forme fantasmagorique ondula, illuminée de feu magique, projetant une myriade d’ombres sur les murs du sanctum intérieur de Lorgar. La chambre était froide, toujours trop froide, et l’air était toujours humide dans le système de ventilation. Le climat sec de Colchis manquait au Primarque.

Il fit reposer Illuminarium, l’immense crozius, contre le mur.

- Magnus, dit-il au spectre.

La silhouette de feu argenté baissa respectueusement la tête.

~ Cela fait bien longtemps que nous n’avons plus parlé de choses concrètes.

Auparavant, il n’y avait pas si longtemps de cela, il aurait souri de voir son frère le plus sage et le plus puissant. Désormais, le sourire était feint, et n’atteignit pas les yeux de Lorgar.

- Tu exagère, dit-il. Nous nous sommes souvent parlé ces dernières années.

L’œil qui restait à Magnus suivit son frère alors que Lorgar s’installait à sa table d’écriture.

~ Le dernier dialogue qui en valu la peine fut dans ta Cité des Fleurs Grises, il y a presque un demi-siècle. Des choses autres que des plaisanteries polies ont-elles circulé entre nous depuis ?

Lorgar regarda l’œil de Magnus. La forme argentée tressaillit quand la voix de Lorgar résonna autour d’elle.

+ Les temps changent, Magnus. +

Le Cyclope trembla, bien qu’il continuât de sourire.

~ Je l’ai senti, même ici. Tu es devenu puissant.
+ J’ai vu la vérité sur ce Pèlerinage que tu m’as demandé de ne jamais entamer. Et après Isstvan, un voile s’est levé de devant mes yeux. Il n’y a plus de nécessité à se retenir. Si nous nous retenons, nous perdrons cette guerre, et l’Humanité perdra sa seule chance d’illumination. +

L’image du Primarque distant trembla à nouveau. Pendant un moment, Magnus sembla en proie à la douleur.

~ Tu cries ta puissance dans le Warp sans précautions. Un vaisseau doit naviguer sur les courants aethériques, Lorgar, de peur de se briser contre eux.

Lorgar rit, produisant un son aimable et patient.

- Une leçon, de ta part ? J’ai vu ton passé et ton avenir, Magnus. Tu es avec nous uniquement parce que notre père t’a rejeté. Tu es comme le roi couronné d’une Légion de damnés.
~ Ma Légion ? De quoi parles-tu ?

Lorgar sentit les sondes interrogatives de son frère, un doux contact psychique dans son crâne. Il ne lui demanda qu’un simple effort pour renvoyer les psi-sondes insidieuses d’où elles venaient.

+ Si jamais tu cherches à nouveau à capturer mes pensées, je ferai en sorte que tu le regrettes +

Le sourire de Magnus devint forcé.

~ Tu as vraiment changé.
- Oui, dit Lorgar en écrivant sur un rouleau de parchemin. Tout a changé.
~ Que voulais-tu dire au sujet de ma Légion ?

Lorgar était déjà distrait alors qu’il travaillait.

- Fais attention à la grande vrille dans l’écheveau du destin, frère, dit-il en trempant sa plume dans son encrier et en se remettant à écrire. Tu n’es pas débarrassé des mutations physiques que ta Légion craignait. Prends garde à ceux parmi tes fils qui ne l’acceptent pas comme le cadeau que cela est vraiment.

Magnus resta silencieux pendant un moment. Le seul son dans la pièce était le scritch-scratch de la plume de Lorgar, et le murmure omniprésent des générateurs des ponts de l’enginarium.

~ Fulgrim est mort.
- C’est ce qu’il semble.

Lorgar s’arrêta d’écrire assez longtemps pour lever les yeux.

- Depuis combien de temps le sais-tu ?

Magnus s’approcha du mur, approchant sa main comme si ses doigts pouvaient toucher les représentations de Colchis qui y étaient accrochées.

~ Je l’ai su dès que je suis arrivé dans la salle du conseil, dit-il en retirant lentement ses doigts. Comme toi, je suis familier avec les entités du Warp. L’une d’entre elles anime son corps, désormais.
+ Des entités ? Nomme-les, frère. Des démons. +

L’image de Magnus trembla à nouveau, presque soufflée par les vents de la voix silencieuse de Lorgar.

~ Contrôle-toi, Lorgar.

Lorgar retourna à son écriture.

- Tu aurais dû me dire la vérité il y a cinquante ans.
~ Peut-être, dit Magnus avec une mélancolie presque assez puissante pour lui caresser la peau. Peut-être l’aurais-je dû. Je ne cherchais qu’à te protéger. Tu étais si sûr, si arrogant dans tes convictions.

Lorgar parla en continuant d’écrire.

- Je me tiens à la droite du nouvel Empereur, commandant la deuxième plus importante Légion dans tout l’Imperium. Tu es une âme brisée, menant une Légion détruite. Peut-être n’étais-je pas celui qui avais besoin de protection, pas plus que mon arrogance ne me conduisit à ma chute. Tu ne peux pas en dire autant, Magnus. Nous connaissons tous deux la vérité, mais seul l’un d’entre nous l’a affronté.
~ Et quelle vérité.

Un l’amusement amer enveloppa les sens de Lorgar.

~ La galaxie est un lieu répugnant. Nous ne faisons que le rendre plus répugnant encore. As-tu déjà pensé qu’il vaudrait mieux mourir dans l’ignorance que de vivre avec la vérité ?

Lorgar repoussa les émotions de son frère avec un éclat d’irritation. Le spectre miroita à nouveau et faillit se dissoudre dans l’air.

+ Y as-tu pensé, Magnus ? Si oui, pourquoi es-tu en vie ? Pourquoi ne t’es-tu pas rendu à la mort hurlante qui vint pour toi, quand Russ te brisa le dos sur son genou ? +

L’image fantomatique de Magnus rit, mais c’était un son forcé, qui atteignit à peine l’esprit de Lorgar.

~ En sommes-nous arrivé là ? Es-ce donc l’amertume que nous avons cachée pendant un demi-siècle ? Qu’as-tu vu à la fin de ton Pèlerinage, mon frère ? Qu’as-tu vu quand tu as fixé les abysses ?

+ Tu sais ce que j’ai vu. J’ai vu le Warp, et ce qui nages dans ses courants. +

Il hésita un moment, sentant ses doigts se serrer en poings de rage.

+ Tu es un lâche ; connaitre la Vérité Primordiale et ne pas l’embrasser. Le Chaos Incarné n’est grotesque que si l’on ne le regarde avec des yeux de mortel. Quand nous nous élèverons, nous serons les fils choisis par les Dieux. Quand… +
~ Assez !

Trois des peintures prirent feu ; la sculpture de cristal du palais de l’Alliance vola en d’inutiles fragments de verre. Lorgar tressaillit sous l’assaut psychique de son frère. Il renifla du sang.

~ J’en ai fini avec cette plaisanterie triviale. Tu penses connaitre la vérité qui se cache derrière notre réalité ? Montre-moi. Dis-moi ce que tu as vu à la fin de ton maudit Pèlerinage.

Lorgar se leva, éteignant les petites flammes d’un geste élégant. Du gel parcourut le bout de ses doigts alors que les feux disparaissaient, privés d’air. Pendant un moment, il regretta profondément que lui et son plus cher frère en étaient réduits à cela.

Mais le temps change tout. Il n’était plus le perdu, le faible, le frère en proie au doute.

Lorgar hocha la tête, ses yeux réduits à de dangereuses fentes.

- Très bien, Magnus.

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31 décembre 2011 à 15:58:37

DEUXIÈME PARTIE
LE PÈLERIN

QUATRE
UN MONDE MORT

Shanriatha
Quarante-trois ans avant Isstvan V

IL FIT SES premiers pas sur la surface du monde, entendant le doux bruissement de sa respiration calme dans son armure scellée. Des croix de ciblage se déplacèrent paresseusement sur le décor vide, alors que l’affichage tête haute de son casque listait ses données biologiques en un courant estompé.

Lentement, il avança dans le vent. De la poussière craqua sous ses bottes, le sol était si mort et sec qu’il défiait la possibilité même de la vie. Ses rêveries furent accompagnées par le cliquètement du sable du vent contre son armure bourdonnante.

Pendant un moment, il se retourna vers son vaisseau. Les vents violents le recouvraient déjà de ce sable rouge qui existait en abondance sur ce monde.

Ce monde. Il supposa qu’il avait autrefois eu un nom, bien qu’il n’ait probablement jamais été prononcé par des lèvres humaines. Ses mornes désolations couleur rouille lui faisaient penser à Mars, bien que la planète-sœur de Terra était un bastion industriel et possédait bien peu d’étendues sauvages. Ses cieux étaient également plus calmes.

Il ne leva pas les yeux ; il n’en avait pas besoin, car il savait qu’il n’y avait rien de nouveau à voir. D’un côté de l’horizon à l’autre, un tapis de nuages torturés bouillonnait, tels des cumulonimbus se percutant et créant des vagues de blanc, de violet, et d’un millier de rouges.

Le Warp. Il l’avait déjà vu, mais jamais comme cela. Jamais tout autour d’un monde. Jamais à la place d’un vrai climat. Jamais au travers d’un millier de systèmes solaires, pareil à une tumeur, une nébuleuse pourrissante dans le vide spatial.

~ Lorgar, dit une voix essoufflée et sans genre derrière lui, émanant d’un endroit où personne ne s’était tenu auparavant.

Il ne se retourna pas pour lui faire face, pas plus qu’il ne prit son arme. Le Primarque se tourna lentement, ses yeux chargés de patience et d’une curiosité brillante et bien trop humaine.

- Ingethel, salua-t-il l’aberration. J’ai voyagé jusqu’au cœur de la folie. Maintenant, dis-moi pourquoi.

INGETHEL GLISSA UN peu plus près. Sa part humanoïde s’arrêtait au niveau de sa taille, qui était la queue écailleuse et épaisse d’un ver des profondeurs marine ou d’un serpent. Les membranes muqueuses sous sa queue étaient déjà couvertes de poussière. Son torse lui-même n’était humain qu’au sens le moins strict du terme : quatre bras squelettiques sortaient de ses épaules, dans une parodie d’une ancienne divinité Hindusienne, et sa peau était d’un cuir sec gris et tacheté.

~ Lorgar, répéta la créature.

Des dents malformées se heurtaient alors que sa mâchoire s’agitait. Ce qui autrefois avait été le visage d’une femme était désormais une ruine sauvage – des crocs et de la fourrure sale, et une bouche léonine qui ne pouvait se fermer autour de ses créneaux de dents. Un œil fixait, enflé et injecté de sang, et saillait de son orbite. L’autre était une pépite inutile enfoncée profondément dans le crâne de la bête.

~ Pourquoi as-tu choisi ce monde ? demanda la créature.

Le Primarque vit sa gorge trembler de l’effort de parler, mais aucun mot humain ne quitta ses terribles mâchoires.

- En quoi cela importe-t-il ? se demanda Lorgar, sa propre voix émergeant de la grille grimaçante de son casque. Je ne vois pas pourquoi cela importerait.
~ Depuis l’orbite, tu as dû apprendre plusieurs choses : tu ne peux respirer l’air de ce monde, pas plus qu’il n’y a de signe de vie sur sa surface. Pourtant, tu as choisi d’atterrir et de voyager ici.
- J’ai vu les ruines. Une ville engloutie par les plaines poussiéreuses.
~ Très bien, dit la chose, comme si elle s’attendait à une telle réponse.

La créature voûta ses épaules sous le vent, détournant sa tête pour protéger son œil gonflé. Depuis son épine dorsale et ses omoplates jaillissaient des ailerons d’os brûlé – les ailes d’un ange, sans plumes ni muscles.

- Qu’es-tu ? demanda Lorgar.

La langue de la bête saigna quand il lécha son armurerie de dents.

~ Tu sais ce que je suis.
- Vraiment ?

Le Primarque dominait n’importe quel mortel, mais Ingethel était plus grand encore, se dressant haut sur sa queue.

- Je sais que tu es une créature incarnée sans âme. Je ne vois rien de la vie que je vois dans l’Humanité. Aucune aura. Aucune étincelle au cœur de ton être. Mais je ne sais pas ce que tu es ; je ne sais que ce que tu n’es pas.

Le vent s’intensifia, arrachant les rouleaux de parchemin accrochés à l’armure de bataille de Lorgar. Il les laissa à la tempête, ne les regardant même pas alors qu’ils s’envolaient en tournoyant dans l’air. Un avertissement rétinien apparut dans le coin de son œil droit, proclamant une nouvelle chute de température. La nuit tombait-elle ? Rien n’avait changé dans les cieux au-dessus ; aucun soleil ne pouvait être vu. Lorgar effaça l’avertissement en un clignement d’œil alors que son armure se mettait à bourdonner plus fort. Le générateur dorsal grogna produisant plus de puissance, entrant dans un cycle de dégel sidéral.

- La température est de deux-cents degrés en dessous de celle à laquelle l’eau gèle, dit-il au monstre. Presque aussi froid que l’espace.
~ Une autre raison qui me fait me demander pourquoi tu as choisi ce monde.

Lorgar serra les dents derrière son casque gris granite.

- Je suis protégé pour survivre à de tels extrêmes. Qu’es-tu pour te tenir ici et ignorer une atmosphère assez froide pour changer le sang en glace en un battement de cœur humain.
~ Ceci est l’endroit où le royaume de la chair et celui de l’esprit se rencontrent. Les lois physiques ne veulent rien dire, ici. Il n’y a pas de limites à ce qui pourrait être. C’est le Chaos. D’infinies possibilités.

Lorgar inspira profondément l’air propre et recyclé de son armure. Cela avait le goût des huiles rituelles de purification, un goût cuivreux qui lui restait dans les sinus.

- Donc, je pourrais respirer, ici ? Je ne gèlerais pas ?
~ Tu es unique parmi les fils de l’Anathème. Tous tes frères sont entiers, Lorgar. Toi seul es perdu. Ils ont maitrisé leurs dons depuis leur naissance. Ta propre maitrise viendra avec la compréhension. Quand cela sera le cas, tu auras le pouvoir de remodeler des mondes entiers suivant tes caprices.

Lorgar secoua la tête.

- Je suis fait du meilleur de l’Humanité, mais je suis toujours un homme. Tu peux être ainsi dans cette tempête. Cela me détruirait en un moment. Nous sommes trop différents.

La créature fit face au Primarque, son œil gonflé couvert de sable rouge.

~ Une seule différence existe entre le Warp et la chair. Dans le monde physique, la vie nait avec une âme. Dans le monde des pensées brutes, toute vie est sans âme. Mais toutes deux sont vivantes. Le Né et le Jamais-Né, des deux côtés de la réalité. Destinés à la symbiose. Destinés à l’union.

Le Primarque s’accroupit, laissant de la poussière s’écouler entre ses doigts gantés de métal.

- Jamais-Né. J’ai étudié l’histoire de mon espèce, Ingethel. Ça n’est rien de plus qu’un mot poétique pour « démon ».

La créature se tourna à nouveau dos au vent, mais ne dit rien.

- Comment ce monde est-il nommé ?

Lorgar leva les yeux, mais ne se releva pas. La poussière fut avalée par la tempête, laissant ses doigts couverts de rouge.

~ Les Eldars l’appelaient Ycressa avant la Chute. Après la naissance de Slaa Neth, l’Assoiffée, il a été renommé Shanriatha.

Le Primarque rit doucement.

~ Tu connais la signification de ce mot ?
- J’ai appris la langue eldar quand ma Légion les a rencontrés pour la première fois. Oui, je sais ce que cela veut dire. Cela signifie « jamais oubliée ».

Le démon passa sa langue fine sur ses mâchoires, inconscient des blessures sanglantes qu’il s’infligeait.

~ Tu as rencontré les âmes brisées ?
- Les âmes brisées ?
~ Les Eldars.

Lorgar se remit sur ses pieds, effaçant les dernières traces de poussière.

- L’Imperium les a maintes fois rencontrés. Certaines flottes expéditionnaires les ont combattus, pour les bouter hors de l’espace Impérial. D’autres sont venus en paix. Mon frère Magnus faisait toujours partie des plus cléments quand il les rencontrait.

Il hésita un moment.

- Les vôtres connaissent mon frère Magnus, n’est-ce pas ?
~ Les dieux eux-mêmes connaissent Magnus, Lorgar. Son nom se répète aussi souvent que le tien dans la toile du destin.

Le Word Bearer regarda l’horizon.

- Cela ne me réconforte guère.
~ Avec le temps, cela te réconfortera. Parles-moi des âmes brisées.

Il continua, plus lentement.

- Ma Légion les rencontra peu de temps après notre premier départ de Colchis. Une flotte d’Eldars, leurs vaisseaux faits d’os, dérivant dans le vide et alimentés par d’immenses voiles solaires. J’ai rencontré leurs prophètes, pour déterminer leur place dans la galaxie de l’Homme. Durant ces semaines, j’ai maitrisé leur langue.

Lorgar respira profondément, en repensant à cette époque.

- Il était facile de les mépriser. Leur inhumanité les rendait froid ; leur peau empestait l’huile amère et la sueur alien, et leur sagesse allait de pair avec une condescendance méprisante. De quel droit leur race mourante pouvait-elle nous juger inférieurs ? Je le leur ai demandé, et ils n’ont pas su me répondre.

Il rit à nouveau.

- Ils nous appelaient mon-keigh, leur terme pour les soi-disant races inférieures. Et pourtant, bien qu’ils aient été faciles à haïr, il y avait tant à admirer chez eux. Leur existence est tragique.
~ Et qu’en est-il de ta Légion ?
- Nous les avons détruits, admit le Primarque. Le coût en hommes et en vaisseaux fut lourd. Ils ne se soucient que de leur survie – le besoin féroce de faire perdurer leur existence sature leur culture. Aucun ne meure facilement, pas plus qu’il ne tombe facilement.

Il s’arrêta un moment.

- Pourquoi les appelles-tu « les âmes brisées » ?

Si un sourire pouvait se faire jour sur le visage d’Ingethel, cela fut le cas.

~ Tu sais quel est cet endroit. Pas ce monde, mais cette région de l’espace, où les Dieux et les mortels se rencontrent. Une déesse naquit ici. Slaa Neth. L’Assoiffée.

Lorgar leva les yeux au ciel, regardant l’après-naissance cosmique faire rage. Il savait que cette tempête ferait rage pour l’éternité. Et elle grandirait, dans les siècles à venir, pour engloutir encore plus de systèmes solaires. Cela s’ouvrirait grand pour contempler le cœur de la galaxie comme l’œil d’un dieu.

- J’écoute, dit-il calmement.
~ Dans sa genèse, rendue possible par le culte des Eldars, elle réclama les esprits de la race entière. Ils sont les âmes brisées. Quand un mortel meure, son esprit dérive dans le Warp. C’est ainsi. Mais quand un Eldar meure, il est envoyé directement dans la gueule de la déesse qu’ils trahirent. Elle a soif d’eux, car ils sont ses enfants. Elle les boit quand ils meurent.

Ensemble, le démon et le fils de l’Empereur se mirent en mouvement vers l’ouest. Lorgar se déplaçait contre le vent, sa tête casquée baissée alors qu’il écoutait le discours psychique de la créature. Ingethel ferma les yeux du mieux que son visage déformé le lui permettait, son passage sinueux laissant des ondulations dans le sable.
Les marques qu’ils laissaient étaient cependant vite oblitérées par la tempête, qui effaça toutes traces de leur passage.

- Tu as dit quelque chose qui correspond aux Anciens Rites de Colchis.

Il cita un verset des textes de la religion même qu’il avait autrefois renversé au nom du culte de l’Empereur.

- Il est dit que « dans la mort, les âmes libérées dérivent dans l’infini, pour être jugées par un dieu assoiffé ».

Ingethel émit un gargouillement. Il fallut un moment à Lorgar pour réaliser que la créature riait.

~ C’est le cœur d’un million de fois humaines à travers l’histoire de ton espèce. La Vérité Primordiale est dans le sang de l’Humanité. Vous la recherchez tous. Vous savez tous que quelque chose vous attend après la mort. Le croyant, le loyal, seront jugé avec bienveillance et résideront dans les domaines de leurs dieux. L’infidèle, l’incroyant, dériveront dans l’aether, servant de repas pour les Jamais-Nés. Le Warp est la fin de tous les esprits. C’est la destination de toutes les âmes.

- Cela ressemble peu au Paradis promis par la plupart des religions humaines.

Lorgar retroussa ses lèvres.

~ Non. Mais c’est le même Enfer que ton espèce a toujours craint.

Le Primarque était d’accord sur ce point-là.

~ Tu désires voir les ruines de ce monde, dit Ingethel en serpentant à ses côtés.
- Ce fut autrefois une grande cité.

Lorgar pouvait voir les premières tours écroulées sur l’horizon, couvertes de plusieurs générations de poussière rouge. Quelque fut la dévastation tectonique qui avait eu lieu ici, elle avait traîné la cité dans un profond cratère, jetant à bas ses flèches. Ce qui dépassait désormais du sol ressemblait à la cage thoracique d’une bête morte depuis longtemps.

~ Ces ruines ne furent jamais une vraie cité. Quand les âmes brisées fuirent la naissance de la déesse, les survivants embarquèrent dans de vastes plateformes d’os vivant, emmenant les restes de leur espèce dans les étoiles pour un exode final.
- Les vaisseaux-mondes. J’en ai déjà vu un, dit Lorgar en continuant d’avancer dans le vent. Il était magnifique, dans son style alien étrange.

Le rire d’Ingethel ne fut qu’à moitié avalé par le vent.

~ Plusieurs de ces vaisseaux-mondes ne purent échapper au cri de naissance de Slaa Neth. Ils se sont dissous dans le vide spatial ou se sont écrasés sur ces mondes abandonnés.

Lorgar ralentit, jetant un regard au démon.

- Nous marchons vers la tombe d’un vaisseau-monde ?

Ingethel se racla la gorge dans un nouveau rire.

~ Tu es ici pour voir des merveilles, n’est-ce pas ?

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31 décembre 2011 à 15:58:50

ET ILS SE dirigèrent donc vers une ville morte, tombée du vide pour s’enfoncer dans la poussière sans vie de la planète.

L’architecture d’os couvert de rouge pouvait se voir aussi loin que le regard pouvait porter, saillant des fondations avec la grâce d’une bouche remplie de dents brisées. Lorgar et son guide se tinrent au bord du cratère, regardant la tombe d’une cité de l’espace extra-terrestre.

Le Primarque resta silencieux un moment, écoutant le hululement du vent et le tintement du sable sur son armure. Quand il parla, il continua de fixer l’ancienne annihilation en dessous.

- Combien sont morts, ici ?

Ingethel se percha sur sa queue, observant avec ses yeux vils. Quatre bras s’écartèrent dans de grands gestes, englobant tout ce que le démon pouvait voir.

~ C’était le vaisseau-monde Zu’lasa. Deux-cents-mille âmes brûlèrent lors de la naissance de Slaa Neth. Sans guide, une folie pernicieuse en son propre sein, le vaisseau-monde tomba.

Lorgar sourit.

- Deux-cents-mille. Combien dans tout l’empire Eldar ?
~ Une espèce entière. Des trillions. Des décillions. Des tridécillions. Une déesse était née dans l’esprit de chaque Eldar vivant, et se fraya un chemin dans le royaume de l’espace froid et de la chair.

Le démon se voûta, penchant ses quatre bras sur le bord du cratère.

~ Je sens tes émotions, Lorgar. Plaisir. Respect. Peur.
- Je ne ressens aucun amour pour les espèces xenos de la galaxie, confessa le Primarque. Les Eldars n’ont pas su embrasser la vérité de la réalité, et je ne ressens aucun chagrin pour eux. Seulement de la pitié que des êtres vivants puissent mourir dans l’ignorance.

Il reprit sa respiration, toujours en fixant le vaisseau-monde enterré.

- Combien furent pris dans la naissance de la déesse ?
~ Un grand nombre. Encore aujourd’hui, certains dérivent dans les courants du Warp – maisons silencieuses de souvenirs et de fantômes d’aliens.

Lorgar ignora le vent qui déchirait sa cape, et fit ses premiers pas sur le versant du cratère.

- Je sens quelque-chose, Ingethel. En bas.
~ Je sais.
- Sais-tu ce que c’est ?

Le démon s’essuya précautionneusement les yeux avec ses griffes.

~ Un revenant, peut-être. L’écho d’une vie Eldar, respirant pour la dernière fois, s’il respire toujours.

Lorgar prit son crozius, gardant son pouce près de la rune d’activation de la masse. L’arme attrapa la lumière tumultueuse au-dessus, reflétant la tempête sur ses épines polies.

- Je vais voir ça de plus près, dit-il.

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31 décembre 2011 à 18:10:32

SIX
LA DERNIÈRE PORTE

– JE CONNAIS CET endroit, murmura-t-il dans le silence. C’est la Porte de l’Éternité.

Lorgar regarda le hall sans fin – assez large pour permettre à mille hommes de s’y tenir de front, assez long pour accueillir toutes les bannières d’honneur des régiments de l’Empereur. Cent-mille bannières, à portée de vue. Un million derrière elles. Deux millions. Trois.

Encore, encore, et encore, aussi loin que pouvait porter le regard, représentant fièrement chaque monde tenu par le poing de l’Imperium. Chaque monde levait un nombre incalculable de régiments, leur drapeau de guerre flottant et formant une immense tapisserie. Le hall lui-même, s’étendant sur des heures et des heures, était en partie une cathédrale, un musée, et un sanctum d’honneur.

Dans les coins les plus profonds, se tenant dans les ombres, deux massifs Titans Warhound à crâne de loup gardaient le grand portail, leurs armes tueuses de villes pointées vers les marches de marbres.

Le portail lui-même ne pouvait être décrit. Des mots tels que « porte » ou « portail » supposaient une échelle compréhensible, quelque chose que les esprits mortels pouvaient imaginer sans difficultés. Ça n’était rien de cela. Construire une telle barricade devait avoir épuisé un quart entier des ressources d’adamantium de Mars, et ce avant que l’or soit ajouté en couches successives sur le cœur extérieur de céramite.

Une barrière si grande, si impossible de par sa taille et sa majesté, ne pouvait protéger que les secrets d’un être parmi tous les autres. Lorgar n’avait été là que peu de fois, car la Porte de l’Éternité était le portail du sanctum le plus personnel de son père, là où l’Empereur gardait ses laboratoires génétiques privés scellés et loin de ses fils et serviteurs.

Pendant un moment, Lorgar se tint sous le drapeau d’un régiment de l’Armée clamant le nom du monde nommé Valhalla. L’image sur le drapeau montrait un monde blanc et des hommes en longs manteaux qui tenaient des fanions au service de l’Empereur. Lorgar n’avait jamais mis le pied sur leur monde et se demandait à quelle distance il se trouvait par rapport à Terra. Peut-être ce peuple était-il aussi froid et peu accueillant que la glace sur laquelle ils vivaient.

– Pourquoi me montrer cela ? demanda-t-il, se détournant des bannières.

Ingethel sortit des ombres, la fourrure autours de son œil bulbeux sombre et humide à cause des fluides sécrétés.

– Tu pleures ? demanda Lorgar à la chose.
~ Non. Je saigne.
– Pourquoi ?

Les mâchoires du démon cliquetèrent.

~ Cela n’a pas d’importance. Dis-moi, que vois-tu ici ?

Lorgar inspira, goûtant l’air chaud et humide du système de ventilation de son armure.

– Puis-je respirer, ici ?
~ Oui. Nous ne sommes plus sur Shanriatha.

Lorgar déconnecta les joints de son gorgerin, et ôta son casque. De l’air froid lui caressa le visage, alors que son inspiration suivante apporta un bain d’air frais dans ses poumons en feu.

Il posa ses yeux calmes et scolaires sur le démon.

– Comment avons-nous quitté le monde mort ?
~ Nous sommes ici, et nous sommes là. Tu comprendras, une nuit, Lorgar. Pour le moment, les explications sont un gaspillage de temps et de souffle. Il est des vérités qui ne peuvent être assimilées par l’esprit humain.

Le Primarque sourit.

– Pour un guide, tu ne guides que très peu.
~ Je suis un émissaire. Un intermédiaire.

Ingethel serpenta sur le tapis rouge, laissant une trace collante.

~ Tu es ici, c’est tout ce qui compte. Tu peux respirer ici, mourir ici si nous ne faisons pas attention. Le Warp est tout et rien, et tu dérives dans ses courants.
– Très bien.

Cela ferait l’affaire, il supposa, pour le moment.

~ Tu entends cela, Lorgar ?

Lorgar inspira une nouvelle bouffée d’air frais.

– Une bataille au loin ? dit-il tout haut en secouant la tête. Cette vision est un mensonge. Le Palais Impérial n’a jamais été assiégé.
~ Non ? Tu regardes ces couloirs sans fin avec des yeux de mortel. Utilise une vision d’immortel.

Plus facile à dire qu’à faire. Son sixième sens, jamais fiable, était un cœur tourbillonnant dans son esprit, et résistait soudainement d’être ainsi débloqué dans cet endroit. En se concentrant, il réussit à profiter de son don psychique, comme s’il séparait les doigts serrés d’un poing fermé.

Lorgar parvint à dire :

– Je…

Puis il fut aspiré dans la bataille qui faisait rage autour de lui.

DES FANTÔMES GUERROYAIENT dans toutes les directions, leur corps spectral tombant sous la morsure des bolters et des lames.

L’illusion était assez parfaite pour que son corps réagisse en conséquence – le cœur s’emballait, la respiration qui s’accélérait, le besoin crucial de croiser le fer en se jetant dans la mêlée. Il se considérait comme un chercheur, quelqu’un de scolaire, avant d’être un soldat, mais l’intensité de la bataille exigeait une réaction instinctive. Les dents serrées, Lorgar regarda des guerriers à la silhouette agressive des armures des Legiones Astartes se battre et mourir à ses pieds.

Au milieu de leurs rangs chaotiques se tenaient des choses inhumaines et retorses, leur visage tordu et leur corps en sang servant de preuves irréfutables de leur origine Jamais-Né. Des griffes sifflaient et claquaient ; des tendons de chair et de peau barbelée se trémoussaient et se tordaient dans tous les sens ; des visages dépourvus d’yeux hurlaient au-dessus du staccato agressif des bolter. Des milliers et des milliers de combattants, mortels et immortels, détruisant et tuant, rugissant et hurlant. Beaucoup avaient des ailes de feu et de fumée ; d’autres planaient dans les cieux sur des ailes chiroptéennes, jetant des ombres de chauve-souris sur les combats en dessous. Ces derniers jetaient les corps d’Imperial Fists capturés, bombardant les guerriers en-dessous avec leurs propres frères.

Lorgar relâcha la respiration qu’il n’avait même pas réalisé retenir depuis quelques temps. En une exhalation, il prononça les mots :

– Et que je sois témoin, sous mes yeux, du véritable cœur de l’hérésie.

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31 décembre 2011 à 18:10:54

Ingethel s’approcha de lui. Le tumulte se reflétait dans son œil bulbeux.

~ Tes propres mots, Fils de l’Empereur ?
– Non. Une citation, tirée d’un ancien texte de l’Alliance.

Lorgar fixa une silhouette géante, plus grande encore qu’un Primarque, qui pulvérisait une phalange d’Imperial Fists. La créature portait des fragments brisés de céramite, l’image même de la pureté brisée d’un Légionnaire. La familiarité brutale d’un casque Mark II grimaçant était devenue une monstruosité dentelée, couronnée par de grandes cornes incurvée de métal et d’ivoire. Ses mains, autrefois humaines et entourée de ses gantelets renforcés, étaient des griffes enflées se terminant en faux d’os noir, comme les serres d’un oiseau de proie. Même depuis cette distance, l’aberration suintait de quelque chose d’empoisonné – une malignité envahissante et perverse, promettant la mort au moment où sa douceur touchait la langue. La senteur létale et corrompue émanait du léviathan en vagues.

– Cette créature, dit Lorgar en la regardant avec de grands yeux. Cela porte l’armure des Légions, mais je ne puis distinguer son allégeance.

Ingethel fit bouger ses deux bras gauches.

~ Vois-tu ces guerriers en rouge cardinal ?

Lorgar ne pouvait pas ne pas les voir. Une Légion entière, inconnue, leurs bolters crachant des flammes alors qu’ils avançaient en rangs mixés avec les Jamais-Nés. Les Impérial Fists reculaient devant eux, leur nombre diminuant à chaque instant.

~ Ils sont les Porteurs de la Parole.
– Ils…
~ Oui, Lorgar. Ce sont eux.

Et cela était bien eux. Sa Légion, ses fils loyaux, portant des armures de la couleur du sang et du fer oxydé. Des rouleaux de prières s’étalaient dessus, leur piété déclamée avec défiance alors même que les parchemins étaient arrachés et voletaient dans la fureur de la bataille. De nombreux heaumes portaient des cornes comme les couronnes des officiers, et chaque épaulière arborait le visage tordu d’un démon moulé dans du bronze noirci.

Les observer fit retentir leurs chants. Qui étaient ces guerriers, qui se paraient de crânes et de visages démoniaques, psalmodiant des versets rituels alors qu’ils avançaient ? Qu’était-il advenu de sa Légion ?

Ingethel surprit les pensées de Lorgar.

~ Le futur prévoit de nombreux changements, Lorgar.

Il ne répondit pas. Lorgar marcha parmi les Légionnaires en guerre, complétement ignoré par chacun d’entre eux. Les combattants bougeaient autour de lui pour tirer, mais ne prenaient pas garde à son existence. Hésitant, il poussa l’épaulière d’un des Word Bearers. Le guerrier jura quand il rata sa cible, se repositionna et ajusta son arme. Le bolter fit feu quelques instants plus tard, criant son refrain tumultueux.
Submergé par les Légionnaires en marches, le Primarque regarda son guide. Ingethel serpenta plus près, son corps de ver musclé et sinueux séparant les guerriers avec facilité.

~ Ce moment se situe à cinquante années du moment où nous nous tenons sur Shanriatha.
– Pourquoi portent-ils le rouge ?

Ingethel s’approcha d’un des Word Bearers, ses ongles grinçant sur le visage démonique sur son épaule. Le Légionnaire hésita ; un moment, Lorgar se demanda si le démon avait fait connaitre leur présence. Au lieu de les remarquer, le soldat rechargea son arme, ajoutant ensuite son tir à l’assaut.

~ L’ancienne armure de la Légion fut rejetée pour accueillir les changements qui s’emparent de l’Humanité. Ils ne sont plus les Porteurs de la Parole de l’Empereur, Lorgar. Ils sont les Porteurs de la tienne.

– Cela ne se peut, dit le Primarque en sursautant quand un bolt éclata près de lui, tuant un Word Bearer. Tu ne m’as toujours pas dit ce qu’était cette créature – celui qui porte l’armure de ma Légion dans cinquante ans.

Il regarda la chose bouger sa musculature de concert avec les câbles d’alimentation exposés et la céramite écarlate de son armure. Alors qu’il déchiquetait un Imperial Fist avec ses immenses griffes, la fumée noire qui émanait de ses ailes fut comme une ombre acide, dévorant lentement l’armure dorée des Imperial Fists aux alentours.

– Trône de l’Empereur-Dieu, murmura Lorgar.

Dans la poigne du monstre, l’Imperial Fist tranché en deux continua le combat, faisant feu avec son bolter sur le visage du démon. La créature blindée jeta les jambes du guerrier, détournant son visage des détonations qui craquaient contre son casque. Lorgar regarda en silence le démon ailé empaler le demi Imperial Fist sur sa couronne taurine, sur sa corne droite. Cela, enfin, mit fin à la défiance du guerrier. Son bolter lui glissa des mains, rebondissant sur les ailes enveloppées d’ombres. Le démon combattit ainsi, pas même gêné par le poids du torse accroché à sa couronne d’ivoire.

– Quelle est cette chose ? demanda le Primarque une nouvelle fois. Son âme est… je n’ai pas de mots pour décrire cela.

Lorgar regarda par-delà le carnage, plissant les yeux pour voir ce qu’il y avait sous la chair de la monstruosité. Là où une émanation vibrante palpitait chez un être vivant, et où un abîme sans fond aspirait la lumière chez un Jamais-Né, cette créature possédait les deux. Un charbon ardent brûlait dans l’obscurité sous sa peau.

– Cela n’est pas humain, dit Lorgar d’une voix tendue par l’effort fourni pour percer la brume autours des ailes de la créature. Mais cela le fut.

Il se tourna vers Ingethel.

– N’est-ce pas ?

Ce n’était pas vraiment une question.

Cette fois, le ton d’Ingethel trahit une part de son hésitation. Cela lui inspirait de la répugnance, ou de l’admiration, peut-être.

~ Il s’agit de son fils, Lorgar. C’est Argel Tal.

Le tonnerre gronda depuis la Porte de l’Éternité, alors qu’une autre silhouette ailée atterrissaient dans la mêlé. Ses ailes étaient froissées et fatiguées, ses plumes blanches parcourues de trainées de sang. Son armure était une armure ruinée faite de métal fondu et d’or poli, et son visage était masqué par un heaume doré. La lame dans sa main grondait de flammes psychiques, assez lumineuses pour brûler les yeux de tout témoin.

– Non, murmura Lorgar.

~ Et c’est ton frère, dit le démon. Sanguinius, Seigneur des Anges. C’est ainsi que mourra Argel Tal.

LORGAR SE FIGEA après son premier pas. Il avait inspiré dans le hall devant la Porte de l’Éternité, et avait expiré sous un ciel torturé par des volcans grondant.
L’air était fétide – celui qui sortait d’un tombeau ouvert. Malgré l’horizon en flammes et étouffé par la cendre des volcans en éruption, peu de chaleur atteignait sa peau. Aucun vent ne soufflait pour rafraichir l’air. Le sol trembla longuement, lâchant un grognement sourd de torture tectonique sous la surface de la terre grise. La planète elle-même s’insurgeait devant ce qui se passait à sa surface.

Lorgar ne pouvait voir au-delà du tapis de cendre qui cachait le ciel. Pour couvrir les cieux ainsi, les volcans devaient être en éruption depuis des mois, au moins.
Il se tourna vers le démon, le sentant approcher de derrière lui.

– Où sommes-nous ? Pourquoi nous as-tu menés ici ?
~ Un monde sans nom. Nous sommes ici car tu as vu tout ce qu’il y avait à voir pour toi.

Le Primarque rit sans le vouloir. Alors qu’il se contrôlait pour parler, un second éclat de rire s’échappa de ses lèvres.

~ Je ne parviens pas à voir ce qu’il y a d’amusant, Lorgar.
– Tu me montre mes armées faisant le siège du palais de mon père, alliées avec des démons, guerroyant contre mes frères, et tu demandes pourquoi je voulais voir plus qu’un poignée de secondes ?

Lorgar secoua la tête et le rire mourut.

– Désormais je ne serai plus mené par le bout du nez dans tes leçons prévues à l’avance, créature.
~ Tiens ta langue quand tu t’adresses à l’un des choisis des Dieux, bava Ingethel.
– Je suis ici car je le veux bien. Je quitterai cet endroit de la même façon.
~ Oui, dit le démon en se tenant plus droit, et faisant craquer ses vertèbres. Continues de te dire cela, Lorgar.

Le Primarque agrippa son crozius, voulant sortir l’arme et la balançant avec colère, regagnant le contrôle de sa vie grâce à la violence. En cela, il était comme ses frères, et il le savait. Le désire était toujours présent. Quel meilleur moyen pour plier la réalité selon son désir ? Saigner ceux qui s’opposeraient à lui, et détruire toute opposition. Le chemin du destructeur était toujours un chemin facile. Il revenait aux constructeurs, aux visionnaires, de faire le travail difficile.

Lorgar fit quelque chose qu’aucun de ses frères n’auraient fait à sa place. Il lâcha l’arme, la laissant dans on fourreau, et respira un grand coup.

– Je suis ici pour connaitre la vérité divine, Ingethel. Et tu es ici pour me la montrer. Ne me tance pas.

Le démon ne dit rien. Lorgar fixa son œil bouffi, qui pleurait toujours de l’ichor.

– Me comprends-tu ?
~ Oui.
– Maintenant, dis-moi pourquoi tu m’as convoqué ici. J’ai entendu l’appel de cet endroit, mon nom crié à travers les tempêtes solaires. Je suis venu à maturité sur un monde où nos anciens textes sacré parlaient de cet empire alien décédé comme étant le paradis. Je veux des réponses, Ingethel. Je les veux tout de suite. Pourquoi ai-je été formé dès ma naissance pour être mené en ce lieu ? Que me veut le destin ?

Le démon bava à nouveau. Ses babines saignaient à présent, et deux de ses bras étaient recourbés sur son torse.

– Que t’arrive-t-il ?
~ J’arrive au terme de mon incarnation. Mon essence n’est plus retenu par cette cage d’os et de chair.
– Je ne désire pas te voir mourir.
~ Je ne mourrai pas, pas comme tu en perçois le concept. Nous sommes les Jamais-Nés. Nous sommes aussi les Infinis.

Lorgar avala son irritation, ne la laissant pas poindre.

– La véritable immortalité ?
~ De la seule façon possible, dit le démon en regardant l’horizon, tout comme Lorgar quelques instants auparavant. Tu poses une question, tout en connaissant déjà la réponse. Tu es ici, maintenant, car tu as été convoqué. Tu es ici, maintenant, car ta vie a été faite pour que cet instant ait lieu. Tu es ici, maintenant, car les Dieux en voulaient ici. Dans les écheveaux emmêlés de la toile du temps, J’ai vu un nombre incalculable de futurs possibles où tu ne venais pas à nous, Lorgar.

Dans l’un, tu mourrais jeune, l’enfant-martyr doré de Colchis, tué par des assassins cherchant à restaurer les Anciens Rites. Quand l’Imperium arriva, il trouva un monde mort par sa propre faute, perdu par les croisades âpres des fanatiques.

Dans l’autre, tu étais empoisonné trois nuits après avoir conquis la capitale pour gagner le cœur des habitants de Colchis. Tu étais tué par le vin dans ton verre, par le poison placé dans ce verre par la main de celui que tu appelais Père, car il craignait qu’il ne serait plus capable de te manipuler.

Dans l’autre, tu ne savais pas te contenir, comme beaucoup de tes frères : dans une confrontation avec Sanguinius, tu lui planta un couteau dans le dos, et étais en retour abattu par Horus pour ton péché.

Dans l’autre, tu défiais l’Anathème – la créature que tu nommes l’Empereur, le considérant à tort comme un homme – et tu étais exécuté par tes frères Curze et Russ. Ton cœur était arraché de ta poitrine, et un puissant sort alliant alchimie et génétique fut jeté sur tous ceux qui partageaient ton sang. Ta Légion était empoisonnée, réduite à la folie, et finalement annihilée par les flottes du Royaume d’Ultramar.

Dans l’autre, tu…
– Assez.

Lorgar se sentait blême, et il soupçonnait que seule sa peau dorée masquait se fait.

– Assez, s’il te plait.
~ Comme tu le souhaites.

Les montagnes continuaient de gronder dans la distance alors que le monde cracher des flammes dans le ciel.

Lorgar ouvrit enfin ses yeux.

– Pourquoi moi ? Pourquoi m’a-t-on mené ici ? Pourquoi pas Horus ou Guilliman ? Ils sont les généraux que je ne serai jamais. Pourquoi pas Sanguinius ou Dorn ?

Il rit, sous le coup du destin.

– Pourquoi pas Magnus ?

Ingethel grimaça, dans la mesure que lui permettaient ses mâchoires.

~ Les Dieux ont touché nombre de tes frères, tant de manière explicite qu’implicite. L’un d’eux porte des ailes sur son dos. Cela fait-il partie des plans génétiques de ton Empereur ? Ne voulait-il pas détruire toute allusion religieuse ? Pourquoi alors créer un fils qui a les attributs d’un ange incarné ?

Lorgar balaya le point.

– Assez d’idiotie déguisée. Pourquoi pas Magnus ? Il est le plus puissant d’entre nous tous, sans l’ombre d’un doute.
~ Magnus. Magnus le Rouge. Le Roi Écarlate, rit Ingethel dans l’esprit de Lorgar, alors qu’il faisait signe vers les plaines. Il est déjà avec nous, qu’il l’admette ou non. Il est venu à nous sans avoir besoin d’être convoqué, et sans jamais considérer la notion de foi. Il est venu pour le pouvoir, car c’est pourquoi toute chose faite de chair et de sang vient à nous. Et dans cinq courtes décennies, quand la galaxie commencera à brûler, il viendra ici de lui-même.

Contemple ce monde, Lorgar, dans cinquante ans.

Pseudo supprimé
Niveau 10
31 décembre 2011 à 18:23:25

Chaud le truc sur sanguinius, ça va pas plaire a tout le monde :(

lelutinvert2 lelutinvert2
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 18:32:23

tu m'etonne :ouch:

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 19:07:39

Ah ? Moi j'ai pas été particulièrement choqué par quoi que ce soit.

Pseudo supprimé
Niveau 10
31 décembre 2011 à 19:09:07

Osef, sweet :noel: !

Lupercal_06 Lupercal_06
MP
Niveau 10
31 décembre 2011 à 19:44:12

Eh oh ! Je voudrais bien t'y voir :( :noel:

Demain si j'ai le temps. La suite est sympa en plus (z'avez vu comme je vous fais baver :noel: ?).

Pseudo supprimé
Niveau 10
31 décembre 2011 à 19:46:16

C'est quoi c'te teasing de mayrde :noel: !?

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